La couverture donne le ton d'un ouvrage qui en a sous la pédale ! Colorée façon crépuscule hippie, intrigante au possible, présentant pêle-mêle des humains perplexes au côté de créatures moitié humaines moitié animales, avec au premier plan tout ce qui pourrait s'apparenter à un hipster christique tenant dans ses bras le corps frêle d'un enfant aux longues pattes, cette couverture met en haleine. Et vous n'êtes pas au bout de vos surprises
C'est malin, c'est bien ficelé, on se fait très vite prendre au piège de cette bande dessinée. Sur la forme, le découpage carré au possible donne à l'ensemble une structure plutôt sage. Mais les couleurs viennent ajouter le piment nécessaire pour captiver nos yeux et leur offrir ce pour quoi on vient et on revient vers les ouvrages de
Ludovic Debeurme : on en prend plein la vue, et on en redemande ! Les tons pastel sont terriblement bien maîtrisés et font baigner cette pseudo-apocalypse dans une ambiance yéyé et rock'n'roll halluciné des plus agréables.
La différence, les tourments de l'enfance, le crépuscule de nos sociétés contemporaines, l'entrée dans le monde des grands …
Ludovic Debeurme ne manque pas d'interroger et de mélanger les thématiques fortes au coeur de ses ouvrages. Cela avait déjà été le cas dans bien d'autres des parutions du dessinateur, et le voilà qui remet le couvert dans Epiphania, en faisant appel cette fois à des créateurs angoissantes apparues à la suite d'une mini fin du monde. Bien que tous ces thèmes différents et si difficiles à traiter déjà individuellement s'entrechoquent entre les pages dans un brouhaha difficile à suivre parfois, Debeurme confirme tout le bien que l'on pensait déjà et apporte des réflexions bien senties, toujours sur la corde raide d'un moralisme qui a bon dos de nos jours. Mais l'équilibre est là, et c'est tant mieux. Garde tout de même pour les deux prochains tomes.