... la lecture ne peut se construire que sur une solide maîtrise du langage parlé.
Lorsque l'enfant se décide à parler, stimulé par son milieu ou des circonstances particulières, c'est un linguiste depuis bien longtemps !
Un collègue plaisantait : "Dans le débat sur l'inné et l'acquis, on a sous-estimé les deux !"
- Mais est-ce que le test du QI correspond à quelque chose de visible dans le cerveau ?
- Oui. Il y a des corrélats cérébraux. C'est bien admis aujourd'hui. [...]
- Par conséquent, s'il est vrai que le QI n'est pas toute l'intelligence, ce test n'est quand même pas absurde.- Non, puisqu'il existe un réseau cérébral qui y est attaché.
Mais il y a une seconde erreur, très courante, et qui consiste à penser que notre QI est fixe, donné une fois pour toutes sur une base génétique. C'est complètement faux. Il rst très dépendant du contenu des tests et surtout de l'éducation des sujets.
Notre cerveau est en travaux pendant très, très longtemps. Jusqu'à la fin de l'adolescence, et même au-delà, il reste immature et instable, ce qui nous permet de profiter au maximum de cette phase d'apprentissage. Nous sommes une espèce "néoténique", un terme technique qui signifie "nouvelle extension" : là où la période de plasticité est de quelques semaines chez la souris, elle est de quelques années chez nous !
La syntaxe est donc l'expression de l'intelligence de notre langue.
Le lexique des chiens peut atteindre plusieurs centaines de mots, et certains singes ont appris des dizaines de symboles ou des gestes. Mais ce qui leur manque, c'est la syntaxe, cet arrangement des mots, les uns par rapport aux autres dans un ordre bien précis, avec une structure organisée et qui fait sens; C'est exactement là que se situe la singularité de l'espèce humaine.
L'apparition du langage a découlé, à mon sens, de cette capacité nouvelle de se représenter l'esprit d'autrui.
On dit qu'un bébé Cro-Magnon que l'on éduque serait aujourd'hui pourrait sans doute passer le bac.