«
S'enfuir. Récit d'un otage » c'est l'histoire vraie de Christophe André, racontée par
Guy Delisle dans une BD assez sombre et éprouvante. En effet, lorsqu'il se fait enlever en 1997, alors qu'il est en mission humanitaire, Christophe André ne comprend pas tout. Des raisons qui ont poussé ses ravisseurs à le choisir lui, à la confiance qu'il a en pensant que sa libération n'est qu'une question de jours, voire d'heures. Des jours qui se changent en semaines, qui elles-mêmes se changent en mois. Des mois qui passent. Des rebondissements. Des faux-espoirs. Mais toujours cette confiance, et plus que tout cette attente, en silence.
L'univers de la BD est oppressant. Et on a du mal à imaginer le calvaire et le quotidien qu'a été celui de Christophe André pendant ces plusieurs mois. Seul, sans échange ou presque, enfermé, menotté. Dans l'attente. Peut-être que la libération va arriver cette nuit. Ou pas.
Guy Delisle ne nous plonge pas seulement dans cette captivité, mais aussi et surtout, dans les pensées qui traversent Christophe André tout au long de cette période. Une période dont il n'a jamais perdu la notion, puisqu'il semblait s'obliger à se répéter chaque jour la date. Une façon de rester connecté à la réalité du monde alors qu'il était prisonnier ?
On remarque assez vite que les pensées qui reviennent sont toujours les mêmes. Mais on ne peut pas lui en vouloir, au contraire ! Car en effet, se raccrocher à l'espoir d'une libération imminente est la seule chose qui semble rester quand il n'y a aucune information, aucun contact.
Guy Delisle nous plonge dans le quotidien de Christophe André. On pourrait même parler de routine en fait. Mais une routine dont on n'imagine pas la force nécessaire pour ne pas devenir fou. En effet, on a souvent entendu des récits d'otage qui racontaient leurs échanges avec leurs ravisseurs, leur contact avec l'actualité, la vie. Ici, rien de tout ça. de l'enfermement. du noir. Des silences. Des pièces vides. Grandes. Encombrées. Mais toujours dans le silence et dans l'attente.
Ne connaissant pas l'histoire de Christophe André, j'ai été surprise par la fin. Et en même temps, nul ne peut imaginer l'état d'esprit dans lequel il aurait été après avoir traversé une telle situation.
Avec « S'enfuir »,
Guy Delisle met à jour le kidnapping dont a été victime Christophe André il y a des années. Plus qu'une simple BD ou qu'un simple récit, c'est une véritable plongée dans le quotidien d'un otage. Si les pensées de l'otage tournent en boucle, c'est bien parce que son cerveau se conditionne à une seule chose : s'en sortir vivant. Retrouver ses proches. Un mental qui dérive, qui divague, qui s'éloigne parfois mais qui reste, à chaque instant, en mode « survie ».
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