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sur 300 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Imaginez une campagne irlandaise aux couleurs plutôt délavées, avec quelques cottages et des ruines ténébreuses, des marécages et des volatiles, une campagne souvent embrumée et pluvieuse mais parfois ensoleillée (« À l'entour, un paysage de collines rousses, de futaies blêmes et de prairies vertes en damier, immuable sous la pluie comme dans le soleil, symphonie sans mélancolie que les frissons de vent argentaient »)
Transplantez-y des personnages insolites aux origines variées, parfois aux trajectoires troubles et aux caractères fluctuants («... peut-être est-il bon que certains êtres échappent aux explications et aux solutions tranchées. La marge d'ombre dans laquelle ils se meuvent a nom poésie, exerçant une attraction d'autant plus forte que nous avons l'impression d'avancer dans un brouillard délicieux où des formes mouvantes échappent à notre emprise et à notre soif de certitudes ») .
Ajoutez-y un rade, L'éperon, bourré d'autochtones.
Il manque encore un observateur à tout ce beau monde, alors prenez un narrateur expatrié là en quête de solitude, au ton résigné (« À me relire je trouve à mon ton de la lassitude (elle n'est pas affectée, elle est bien mienne). D'un autre je dirai : il pousse à l'extrême un ton monocorde. Rien n'est moins voulu.»)
Agrémentez d'intrigues amicales, amoureuses, de voisinage ou commerciales.
Mélangez le tout en y déversant une sauce à l'écriture majestueuse, de sorte que tout se confonde en volupté (« Mais peut-être la nature n'est-elle que le reflet miroitant et trompeur de nos âmes malades, errantes entre l'espoir et le désespoir, et, à la fin, si lasses qu'elles s'accommodent des bonheurs les plus simples dédaignés auparavant »).
Peut-être voyez-vous déjà un tableau envoûtant. Faites-y alors circuler un taxi mauve, et vous tenez un magnifique roman.
Mr Déon peut reposer en paix, il y aura souvent des étoiles dans les yeux de ses lecteurs.
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Michel Déon nous entraîne dans une histoire où chaque personnage est une énigme dans un pays énigmatique.
le voile qui entoure les histoires de chacun se lève pour aussitôt retomber et nous envoûter un peu plus.
Laissez-vous enchanter par le décor irlandais, beau et mystérieux .

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« Les mots sont inutiles, répéta-t-elle. Oui, c'est vrai. Je le sais. »

Et pourtant que n'ai-je lu des mots magnifiques dans ce roman ! Un régal.
Dans une Irlande pluvieuse, j'ai chassé quelques oiseaux en compagnie de personnages qui ne se laissent pas approchés facilement, sauvages comme la nature qui les environne. Silencieux et embrumés comme peut l'être une soirée humide lorsque le brouillard tombe dans les marais. Tout devient flou, invisible, et pourtant on pressent la présence de la vie qui grouille tout autour, de la magie qui sourd des tourbières et des secrets enchantements de cette Terre fertile pour l'imaginaire.

« Il est possible aussi qu'Anne n'ait existé que physiquement, dégagée des limbes par quelques mots abandonnés aux vivants pour qu'ils rêvent. Il est possible que tout ait été comédie, une immense farce jouée à l'abri et avec la complicité de Taubelman. Je ne sais pas. »

Le narrateur en fera l'expérience et tentera de relater ses expériences. Lui qui n'attendait plus rien sauf une fin, trouvera sur son chemin boueux des êtres aux multiples visages. Pourra-t-il les décrypter ? Difficile à dire, il n'est pas Irlandais. Il est dans l'attente du rien, du noir. Mais certaines rencontres vous troublent à tout jamais, et illuminent l'avenir.

« L'action se resserre, nous allons savoir la vérité si tant est qu'il y ait une vérité avec des types de cette envergure et des femmes aussi ambiguës. »

Anne, Sharon, Taubelman, Jerry, Seamus et tellement d'autres... Je crois que c'est une des forces de ce roman. Chaque personnage, qu'il soit sur le devant de la scène ou secondaire, existe par la plume de Michel Déon. Chacun devient une connaissance du narrateur et du lecteur. Tous sont ancrés dans ma mémoire car l'auteur a su me les rendre attachants, entiers. J'oublierais sans doute les prénoms mais pas la trace laissée dans mon souvenir. Et pour autant certains garderont une ombre, une image trouble, digne de ce pays aux légendes si vivantes. Il est des îles où il fait bon rêver. Des îles peuplées de farfadets, des îles sauvages qui vous font grandir, mourir mais aussi ...vivre.

« Mais peut-être la nature n'est-elle que le reflet miroitant et trompeur de nos âmes malades, errantes entre l'espoir et le désespoir, et, à la fin, si lasses qu'elles s'accommodent des bonheurs les plus simples dédaignés auparavant. »

Vivre contre vents et marées grâce à cette chaleur humaine qui se cache sous les visages rugueux, cachée parfois à l'arrière d'un taxi. Mauve de préférence. Les lutins, les leprechauns sont de drôle de taquins, ils disparaissent sans crier gare.

« En un sens, je regrette d'être aussi peu explicite, mais ces derniers mois, comme on le verra, n'ont rien éclairé, et peut-être est-il bon que certains êtres échappent aux explications et aux solutions tranchées. La marge d'ombre dans laquelle ils se meuvent a nom de poésie, exerçant une attraction d'autant plus forte que nous avons l'impression d'avancer dans un brouillard délicieux où des formes mouvantes échappent à notre emprise et à notre soif de certitudes. »
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J'avais 16 ans quand je l'ai lu.Ce livre m'a donné envie de voir le monde.La beauté et le côté sauvage de l'irlande.Tous ces personnages venus d'horizons différents qui se rencontrent et font un bout de chemin ensemble .Ce fut une découverte.
Depuis j' éprouve une curiosité et un intérêt profond pour les autres et leurs histoires.
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Le narrateur est venu en Irlande pour se couper du monde, se retirer de la vie et attendre sa fin. Ses journées passent en longues ballades et en chasse avec un jeune homme fragile Jerry Kean. Peu à peu apparaissent des personnages , l'inénarrable Taubelman et son évanescente fille Anne, la Princesse et Moïra soeurs de Jerry et les habitants du coin.

Riches et pauvres, menteurs et honnêtes gens, hommes et femmes, à petits points, se croisent et se recroisent, et tissent la trame d'une belle tapisserie humaine avec pour fond des paysages irlandais à donner envie de se perdre dans la brume....

Ce n'est pas l'action qui guide ce récit, les mots se déroulent lentement pour mieux donner chair à l'humain et à ses méandres. L'écriture m'a complètement séduite et emportée savourant avec plaisir cette prose au point d'en ralentir la lecture pour mieux me couler dans cette fresque .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Quelques personnages en Irlande. C'est l'hiver, la pluie, la chasse, les chiens, les chevaux., le stout. le narrateur; qui y cultive une solitude désabusée, presque réconfortante, se trouve bousculé dans son détachement par Jerry, Sharon, Moïra, Anne, Taubelman et Seamus.
Chacun vont se révéler, bien plus complexes pour certains, bien plus fragiles pour d'autres.
L'air de rien, entre deux beuveries au bar de Willie et quelques tirs à la bécasse, la confusion des sentiments , le réveil, la fin des certitudes transparaissent au fil des pages.
Difficile de ne pas voir les acteurs du film de Boisset à la lecture mais aucune gène à cela (Les Noiret, Albert, Ustinov, Belli, Rampling et Astaire sont de bonnes incarnations).
JUne 1ère de lecture de Michel Déon que je suis heureux d'avoir trouvé si riche et si plaisante.
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Grand prix de l'Académie française en 1973.

Si j'étais un vieux gâteux ronchon, je prendrais une voix chevrotante et je vous dirais : "Ah, mon bon monsieur, des auteurs comme Michel Déon, en France, on en fait plus des pareils, on a cassé le moule !". Je ne suis ni vieux, ni ronchon, mais je vous le dis quand même : Michel Déon, qui nous a quitté en cette fin d'année 2016, était unique et grâce lui soit rendu.

Un taxi mauve, au même titre que Les poneys sauvages et le jeune homme vert, est un des sommets de son oeuvre romanesque.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page.
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Une histoire étrange, dont on ne sait pas vers quelle direction elle se dirige et par quels moyens ; des personnages excessifs, inhumains, mais attachants ; une fin dramatique... Ce livre est un composite assez étrange, qui pourtant m'a séduit par son originalité et sa créativité ! J'ai suivi l'histoire en me laissant porter par les élucubrations de Taubelman ou les envies fantasques de la famille Kean. Que demander de plus à un livre que de nous embarquer avec lui ?
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Un taxi mauve
Michel Déon (1919-2016)
Grand Prix de l'Académie française 1973
le taxi mauve, c'est la voiture originale de l'inénarrable Dr Seamus Scully, personnage fantasque de ce récit, ami du narrateur.
le narrateur mène une vie retirée dans la campagne irlandaise avec son chien Grouse, ses disques et ses livres, et lors d'une partie de chasse fait la connaissance de Jerry Kean, descendant d'une grande famille qui a fait fortune en Amérique.
Jerry est un charmant jeune homme qui a déjà bien bourlingué et beaucoup fumé d'opium à New York. Il est venu se mettre au vert en Irlande.
Arrive alors en la verte Erin sa soeur Sharon, la princesse au charme acide. Elle a épousé un prince allemand et vit une vie de châtelaine. Sharon l'écervelée parle trop et assomme son auditoire d'inattendus. Une fille longue au visage étiré fendu d'yeux de biche, avec de belles mains aristocratiques qui semblent ne savoir manier que le fard et qui en réalité connaissent bien des secrets. Sa myopie lui prête un flou distingué et l'isole du monde. Une créature souveraine dont l'aisance fleure le dédain, mais dont le charme vénéneux trouble notre narrateur bien qu'elle ait tout pour agacer.
On fait ensuite connaissance de Taubelman, un homme hors du commun, un géant fabuleux qui a une fille qui ne parle pas. Mais qui retrouvera la parole dans des circonstances dramatiques. Anne à la magnifique et lourde chevelure noire adore le cheval et suscite l'intérêt du narrateur.
Taubelman fascine par ses talents de conteur, roi du discours et poète inspiré, tout autant qu'il répugne, véritable Gargantua lorsqu'il se met à table. Taubelman, un véritable héros de roman, avec ses outrances et ses ruses que le temps se chargera de démasquer au fil des pages.
Arrive ensuite Moïra, une belle brune pulpeuse aux yeux verts, au teint clair, irlandaise à mille pour cent, vedette de cinéma suivie de sa cour d'alcooliques et d'homosexuels.
Peu à peu, on en vient à se demander si Taubelman est vraiment le père d'Anne et la vérité va se révéler par petites touches : Taubelman aurait eu un frère dont la vie se mêlait à la sienne au point qu'ils avaient eu la même femme, Maria Schmitt del Tasso, pianiste célèbre, et d'elle une fille dont ils s'étaient disputé la paternité sans jamais pouvoir résoudre le problème.
Un très beau roman plein de charme et de mystère, se déroulant au coeur de la campagne irlandaise brumeuse aux tons délavés, subtilement écrit avec en musique de fond la Sonate en la majeur opus 120 de Schubert. Une galerie de personnages insolites grands amateurs de stout et de wiskey, et d'intrigues amoureuses. Comme l'ont dit certains critiques, l'intrigue est mince mais l'intérêt est ailleurs, notamment dans les descriptions somptueuses du comté de Clare et du Connemara.
Extrait : « C'était bien Anne, et quand nous approchâmes, courant dans les derniers cent mètres, la marée montante lui léchait déjà les pieds. Étendue sur le dos, un bras replié sous elle, maculée de vase, elle offrait au ciel son visage livide sur lequel le sang coulant du front avait déjà séché, engluant une paupière et les cheveux épars. Je défis son blouson de daim et passai la main sur sa poitrine. Une mince chemise protégeait un sein tiède qui se soulevait par saccades. »



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Ce récit se déroule en Irlande, où le narrateur a décidé de mener une existence simple et oisive. Il se lie d'amitié avec des personnes hors du commun, menant comme lui une vie retirée, et qui vont former un groupe aux relations complexes. L'arrivée d'une jeune femme bouleverse le quotidien fait d'amitiés et de silence. Dans ce pays sauvage, tout semble se dérouler paisiblement sauf quand ... Michel Déon signe un beau roman qui joue avec les apparences et qui les fait flamber lors d'un final ... justement flamboyant
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