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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai un rapport particulier avec le photographe Raymond depardon, non que je connaisse l'homme personnellement mais son oeuvre m'est tout à fait familière depuis une quinzaine d'année, oeuvre autant photographique que littéraire ou cinématographique. C'est d'abord et avant toute autre chose un type que j'aime bien, il ressemble un peu à mon père avec ses grands yeux bleus qui semblent ne jamais pouvoir mentir. Et dans le même temps, il est aussi le parfait opposé de la figure paternelle dans le sens où le lieu dans lequel il s'ébat est aux antipodes du terrain d'existence de mon propre père, et quitte à tuer ce dernier, autant choisir avec soin le terrain du patricide. Celui du rêve m'ayant toujours parlé plus que de raison, j'ai choisi dés l'âge de décamper atteind d'emprunter les voies du flou et du piqué plutôt que celle trop jalonnées du monde "réel" - tel que celui-ci m'était représenté-.

Pour mes vingt ans, un livre que l'on m'offre assiera un peu plus l'emprise de l'oeuvre du photographe dans le petit système artisitique que je mets en place surtout dans ma tête. Il s'agit d'Errance, un bouquin dense, muet dans la succéssion de ses photographies mais non avare en explication dans sa préface. Ce livre me renverse tout à fait, j'y reviens encore très souvent, comment errer sur une planète ronde peuplée de plus de six milliards d'individus ? Où trouver une quête encore vierge ? Comment explorer, comment découvrir encore ? Où sont les Cartier, Colomb et Magellan du XXIème siècle ? J'aime ce livre parce qu'il pose une question philosophique pour préable et que le questionnement perdure sans être réellement épuisé une fois la dernière page tournée. J'aime ce livre aussi parce qu'il m'a longtemps trompé, c'est un livre de grabataire, peut-être même l'aigreur ou la déception l'ont motivé. Ce livre ne devrait pas avoir à frayer avec un gamin de vingt ans, il le trompe sur le monde. Et voilà comment un photographe au regard honnête et bleu peut - et parce qu'il suit son propre questionnement intime - camoufler à un gamin mal dégrossi que le monde est tout à découvrir pour lui.

Bizarrement ou non, cette Errance de Depardon a contribué à me rendre hésitant un appareil photo entre les mains, en tout cas ça a coïncidé avec une période de jeûne photographique ; des images des amis, de la famille et du chien oui, mais reprendre l'appareil en bandoulière et tirer une image d'un inconnu a pris fin vers cette période. Et même les Ackerman, Max Pam et autres baradoudeurs n'ont pas réussi à intercéder à ce moment-là.

Alors quand l'excellente revue trimestrielle XXI publie un long entretien avec Raymond Depardon, j'ai encore une fois envie de comprendre cette pierre angulaire de mes aspirations à travers ses mots et ses explications. Je me souviens qu'interviewé par Inter il y a quatre ou cinq ans, j'avais envoyé par mail à la radio une question qui me taraudait : "êtes-vous toujours dans l'errance ?" . La question l'avait fait sourire et il avait répondu que je me référais bien évidemment à un livre qu'il avait fait et que non, l'errance n'avait été qu'un passage.

J'avais été sot n'est-ce pas, de croire qu'un artiste créant sans cesse pouvait stopper son système de représentation en soumettant au yeux de tous ce processus même... J'y croyais et j'étais sot, mais j'aime toujours autant ce photographe et son oeuvre.
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Depardon c'est l'anti Pernaut absolu . Ce monsieur aime ce qu'il filme , ce qu'il immortalise dans ces photos . C'est un travail d'orfévre extraordinaire que l'on a ici . Une plongée dans les décors naturels , sans la débilité aliénante de Pernaut et de TF1. Une oeuvre inestimable à découvrir absolument .
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Sa plume, ses photos, il y a une identité Depardon, une cohérence. Méditations errantes. La pensée erre aussi. L'oeil se perd dans les images. C'est un livre de poche, chez point Seuil, qu'on lit deux fois. La première, on se concentre sur le texte, puis on revient aux photos.
Portions de routes vides, coins désolés dans le désert, images verticales sur lesquelles pèsent des ciels irradiants, goudrons dégradés, bitumes brisés. Ombres allongées, personnages solitaires en mouvement, surpris dans leur vie de pauvreté. Aridité générale (Je suis un photographe sec), lignes caillouteuses, monde de mers asséchées, revêtements de sols fracturés, défoncés, rues désertes à la banalité effrayante, toute une succession de ce qu'il appelle des temps faibles, par opposition à temps forts.
Ce questionnement qui est celui d'Errance, ces retour sur le passé, la ferme du Garets, la solitude du jeune provincial monté à Paris, c'est celui du grand artiste qu'il est. Il y a toujours une émotion, un message qui circule, une vie d'homme qui témoigne sur son temps.
Depardon n'est pas qu'un simple photographe, un cinéaste documentaliste prisé par les journaux culturels, un auteur aux phrases simples et mélancoliques, mais c'est quelqu'un qui a l'idée de photographier ce que les autres ne photographient pas, il ouvre des pistes, il donne des autorisations.
Depardon est un des plus grands artistes actuels, et j'ai l'impression qu'on ne le sait pas assez, que seuls les happy few le savent. Pourtant, quel art accessible. Et en train de se faire.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Encore une pépite trouvée pour 20 centimes chez Gibert !
J'avais déjà remarqué ces petits recueils de photos de Depardon, en poche. Ce que je trouve très chouette.
Et je m'attendais plutôt donc à un livre de photos. Pas n'importe quelles photos, il s'était donné un cadre, des contraintes : des photos en vertical, en noir et blanc, prises d'assez loin, et sur le thème de l'errance. Déjà en soi la moitié de l'ouvrage est passionnante.

Mais ce qui m'a surprise c'est qu'en fait je crois que j'ai encore plus aimé le texte ! Je trouve que Depardon se livre incroyablement dans ce bouquin, parlant du métier de photographe, de ses difficultés, et sans faute humilité.
Ça m'a passionnée, et beaucoup de ses doutes ont raisonné en moi.
Je pense que beaucoup d'artistes devraient lire ce bouquin, quel qu'on soit le prix ! ;)

Tout le thème sur l'errance pour moi sera à relire car c'est assez complexe, mais très intéressant évidemment. Depardon est dorénavant, pour moi, un écrivain !
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Errance

Errer avec Depardon c'est surtout se laissé guidé par le mots, se perdre dans l'image et imaginé cet homme marcher dans des contrés reculées.
Un livre poétique, sincère. Il nous offre une parole de photographe libéré du photojournalisme. Comme souvent, il y parle d'ennui, de temps long, de non rencontre. Il met l'accent sur la solitude du métier de photographe. Les images sont toujours efficaces, il faut plusieurs lectures pour en apprécier toutes la poésie.
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Je continue mes lectures "photographiques" avec bonheur. J'aimerais pouvoir m'offrir plein de livres!!! Heureusement que les amis sont là pour me prêter quelques lectures passionnantes comme ce livre texte et photos de Raymond Depardon, un grand nom de la photo!

J'ai pris note de pages, de citations qui incitent à la réflexion, au questionnement... Après la lecture de ce livre, je me dis que l'errance "photographique" est un luxe, un magnifique luxe. Et quel luxe!!! Cela me fait rêver...
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Magnifique petit ouvrage. Une invitation au voyage et à la reverie solitaire.
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Passionnée de photographie depuis des années, je cherchais un ouvrage parlant de l'art photographique sans entrer forcément dans les détails techniques. Cet ouvrage intime de l'auteur m'a touché, j'ai aimé cette promenade silencieuse à ses côtés, écoutant ses pensées mises à nues. Il y raconte des sentiments que je connais comme la solitude du regard mais également comment notre pratique de la photographie est imbriquée dans notre état mental. Errance c'est lui qui erre, qui photographie en liberté, tout en ayant des règles imposées par lui-même, et le flot de ses pensées durant ce trajet. Je retiens la phrase p.136: " L'idée forte de l'errance, c'est qu'on ne prend rien à personne. "
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J'ai beaucoup aimé cette édition.
On y alterne entre une page de texte et une photographie petit format. Ce choix de taille d'image fait de ce livre une sorte de carnet, non pas de voyage, ce n'est pas le sujet ici, mais plutôt un journal de bord, où on navigue au gré des pensées du photographe. Depardon nous y déroule ses réflexions autour de l'errance. Son texte n'est ni descriptif ni explicatif, il remonte le fil de son projet en nous racontant ce qui l'a conduit à ce sujet. Il revient sur sa construction de photographe à travers ses expériences et ses différentes carrières. Il réfléchit sur lui-même, son identité, son rapport à la solitude, aux gens et au monde. Cela donne un ensemble très fluide, avec un texte, comme les photographies qu'il illustre, d'une grande honnêteté et d'une belle sobriété.
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