Citations sur Paysans (15)
J'ai longtemps regretté de ne pas avoir filmé mon père. Est-ce qu'on peut filmer son père? Quand j'ai pensé à le filmer, il avait disparu, je ne sais pas si j'y serais arrivé... Aujourd'hui sans doute, mais il y a quarante ans, pas sûr. Le cadrer, lui poser des questions, j'en étais incapable.
J'imagine la souffrance silencieuse de mes parents de voir la ferme disparaître, avec un fils à Grenoble et un autre dans le grenier en train de rêver...
"Oh, des filles, il y en avait, mais soit elles voulaient une ferme et je n'avais pas la possibilité de m'installer, soit elles voulaient travailler en usine et je voulais rester. C'est comme ça. "
Jules Dirand.
"Que voulez-vous, dit Jules, cela ne nous manque pas. On écoute la radio, on lit le journal et, le soir, on est couché à neuf heures. C'est pour cela que nous sommes bien ici et que les jeunes ne peuvent plus rester. Nous n'avons bedoin que de vivre, mais pas eux, et c'est normal. La preuve? Ils ont d'abord passé le permis puis acheté des voitures, et après, ils sont partis."
Maintenant il n'est plus nécessaire de tourner de l'oeil pour traverser la rue. Il n'y a plus que les anciens, pour égrener le passé, car, de l'avenir, il ne s'en parle plus beaucoup. Mettez-vous à ma place. Vous ne pleureriez pas de regarder mourir votre village? Même s'il n'est plus connu de rien..."
Louise Bonnet.
"L'autre jour, monsieur Arnaud, d'Aulac, il me l'a bien dit dans le bureau: " Les petits comme vous, on n'en veut plus. On en a marre de descendre le quinze tonnes dans la merde pour cinquante litres de lait."
Ambroise Ouillon
"Moi, j'attends la retraite, et la mort derrière. Voyez, la vie, si c'était à refaire, je ne la referais pas. Parce que, du malheur, j'en ai eu plus qu'à mon tour."
Ambroise Ouillon.
" Au début, ça me disait trop rien de me marier.
Maintenant, c'est trop tard. Elles sont toutes parties en ville. Je regrette. Surtout la vaisselle et la lessive, ça fait peine. C'est le plus pénible. Et l'hiver, il y a des moments où ça manque quelqu'un avec qui on pourrait discuter."
Paul Argaud
Un jour, je suis repassé au Pont-de-Montvert, dans les Cévennes, j'avais une introduction dans une ferme de la région, au Villaret, chez la famille Privat. Je suis resté dix jours à dormir dans mon camion stationné dans la cour. Je buvais le café avec eux dans la cuisine à six heures du matin. Au bout de quelques jours, ils savaient plus de choses sur ma famille que je savais de choses sur eux.
" Moi, j'attend la retraite, et la mort derrière. Voyez, la vie, si c'était à refaire, je ne la referais pas. Parce que, du malheur, j'en ai eu plus qu'à mon tour."
Ambroise Ouillon