A 60 ans, juste avant une intervention chirurgicale, Marie, romancière reconnue, laisse remonter les souvenirs de sa vie, et ressent le besoin de les mettre par écrit, juste pour elle, pour enfin oser dire, pour tenter de comprendre, son destin et celui de son amie Blanche.
S'ensuit un récit qui prend rapidement une belle densité dramatique et qui nous emporte dans une saga familiale de la première guerre mondiale à la fin des années 70, plus souvent sombre que lumineuse, mais si riche.
L'écriture est recherchée, imagée, lyrique.
Laurence Depierre Nusse aime les mots, les belles phrases, la richesse de la langue française. Au début il faut se faire à son style, les phrases sont longues, toutes en circonvolutions, la lecture peut parfois accrocher. Elle a le défaut qu'elle fait porter à son héroïne : « je ne sais pas faire court. Mon père le disait bien : « il faut toujours que tu en rajoutes. » ». Et puis une fois que les personnages sont installés, que la direction du roman est prise, nous partons pour un beau moment de littérature, au charme suranné des textes classiques, bien écrit, captivant.
Le titre et la photo de couverture (qui représente la bouche de la vérité), énigmatiques, prennent leur signification à la fin du roman. Ils pointent le biais de l'interprétation dans le récit de la vie d'autrui, même avec les meilleures intentions du monde.
Quasi premier titre d'une toute nouvelle et discrète maison d'édition, je vous invite à découvrir ce véritable bijou d'écriture.