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Citations sur Le monolinguisme de l'autre, ou, La prothèse d'origine (54)

Chaque fois que j'ouvre la bouche, chaque fois que je parle ou écris, je promets.
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Si, par exemple, je rêve d'écrire une anamnèse de ce qui m'a permis de m'identifier ou de dire je à partir d'un fond d'amnésie et d'aphasie, je sais du même coup que je ne pourrai le faire qu'à frayer une voie impossible, à quitter la route, à m'évader, à me fausser compagnie à moi-même, à inventer une langue assez autre pour ne plus se laisser réapproprier dans les normes, le corps, la loi de la langue donnée […].
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la mère, comme la langue maternelle, l'expérience même de l'unicité absolue qui peut seulement être remplacée parce qu’elle est irremplaçable, traduisible parce que intraduisible, là où elle est intraduisible (que traduirait-on autrement ?), la mère est la folie: la mère « unique » (disons la maternité, l'expérience de la mère, la relation à la mère « unique ») est toujours une folie et donc toujours, en tant que mère et lieu de la folie, folle. Folle comme l'Un de l'unique. Une mère, une relation à la mère, une maternité est toujours unique et donc toujours lieu de folie (rien ne rend plus fou que l'unicité absolue de l'Un ou de l'Une).
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Rien n'est intraduisible pour peu qu'on se donne le temps de la dépense ou l'expansion d'un discours compétent qui se mesure à la puissance de l'original.
Mais « intraduisible » demeure - doit rester, me dit ma loi - l'économie poétique de l'idiome, celui qui m'importe, car je mourrais encore plus vite sans lui, et qui m'importe, moi-même à moi-même, là où une « quantité » formelle donnée échoue toujours à restituer l'événement singulier de l'original, c'est-à-dire à le faire oublier, une fois enregistré, à emporter son nombre, l'ombre prosodique de son quantum. […] Dès lors qu'on renonce à cette équivalence économique, d'ailleurs strictement impossible, on peut tout traduire, mais dans une traduction lâche au sens lâche du mot « traduction ».
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Si j'ai toujours tremblé devant ce que je pourrais dire, ce fut à cause du ton, au fond, et non du fond. Et ce que, obscurément, comme malgré moi, je cherche à imprimer, le donnant ou le prêtant aux autres comme à moi-même, à moi comme à l'autre, c'est peut-être un ton. Tout se met en demeure d'une intonation.
Et plus tôt encore, dans ce qui donne son ton au ton, un rythme. […]
Cela commence donc avant de commencer. Voilà l'origine incalculable d'un rythme.
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Parfois je me demande si cette langue inconnue n'est pas ma langue préférée. La première de mes langues préférées. Et comme chacune de mes langues préférées (car j'avoue en avoir plus d'une), j'aime à l'entendre surtout hors de toute « communication », dans la solennité poétique du chant ou de la prière.
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je ne voudrais pas me servir trop facilement du mot « colonialisme ». Toute culture est originairement coloniale. Ne comptons pas seulement sur l'étymologie pour le rappeler. Toute culture s'institue par l'imposition unilatérale de quelque « politique » de la langue. La maîtrise, on le sait, commence par le pouvoir de nommer, d'imposer et de légitimer les appellations. On sait ce qu'il en fut du français en France même, dans la France révolutionnaire autant ou plus que dans la France monarchique. Cette mise en demeure souveraine peut être ouverte, légale, armée ou bien rusée, dissimulée sous les alibis de l'humanisme « universel », parfois de l'hospitalité la plus généreuse. Elle suit ou précède toujours la culture comme son ombre.
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Dès que je parle, avant même de formuler une promesse, une attente ou un désir comme tels, et là où je ne sais pas encore ce qui m'arrivera ou ce qui m'attend au bout d'une phrase, ni qui, ni ce qui attend qui ou quoi, je suis dans cette promesse ou dans cette menace - qui rassemble dès lors la langue, la langue promise ou menacée, prometteuse jusque dans la menace et vice versa, ainsi rassemblée dans sa dissémination même.
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Notre question, c'est toujours l'identité.
Qu'est-ce que l'identité, ce concept dont la transparente identité à elle-même est toujours dogmatiquement présupposée par tant de débats sur le monoculturalisme ou sur le multiculturalisme, sur la nationalité, la citoyenneté, l'appartenance en général ? Et avant l'identité du sujet, qu'est-ce que l'ipséité ? Celle-ci ne se réduit pas à une capacité abstraite de dire « je », qu'elle aura toujours précédée. Elle signifie peut-être en premier lieu le pouvoir d'un « je peux », plus originaire que le « je », dans une chaîne où le « pse » de ipse ne se laisse plus dissocier du pouvoir, de la maîtrise ou de la souveraineté de l'hospes […].
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Quelle est la nature de ce trait d'union ? Qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qui est franco-maghrébin ? Qui est « franco-maghrébin » ?
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