Compter les vagues…
Compter les vagues n’est pas pour savoir leur nombre
mais demeurer dans l’ombre de leur ressac
la tête comme un sac recluse
compter les vagues est pour perdre pied
n’importe où le regard se porte
les vagues font le vain jeu sans fin
d’émerger et disparaissent
des monceaux d’écume tentant de fuir l’onde
et marquant de leurs spasmes blancs l’océan vert
les yeux fermés, c’est le bruit du monde
rendu à son opacité de taie
marée concertante aux chevauchements sans fins
gronde en une seule plainte aux oreilles des noyés
Bibliothèque
(sixième rayon)
La mort attend ma colère
Tueurs sont sages
Du sang froid
Rhum et julep
On crève américain
Guère de paix
Mots à crédit
La mort la poésie
Frictions
Le lettré calera
L’écrit tuera la vie
Minutes silencieuses…
Minutes silencieuses où je cherche
et rien ne vient
puis une bribe se fait jour
un son une parole un visage
laisse de l’absence
comme celle de mer
où me fascinent les restes
ma chair est triste et hélas
je ne lirai pas tous les livres
ni n’écouterai tous les chants
ce pendant je jette ma voix
au milieu de toutes les autres
Bibliothèque
(quatrième rayon)
Dans la soute
Ça m’a jeté des mouches
Les hommes qui pleurent
Tandis qu’ils agonisent
Au loin dans la vaste mer
Ô cages d’acier
Le port est étroit
Terminal
Rivage d’humanité
En ce combat doute d’eux