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EAN : 9782073054609
144 pages
Gallimard (01/02/2024)
4.14/5   96 notes
Résumé :
« Les poètes meurent au combat même quand ils meurent dans un lit. Ils livrent bataille toute leur vie. »
Hanté depuis toujours par la mort, dès ses premiers écrits, Christian Bobin paria pour le salut par la poésie, plaçant sa vie « sous une pluie de lettres noires et blanches ». Même le dernier instant du poète — qui meurt juste après avoir achevé son dernier livre — y était vu de façon prémonitoire : « la bouteille d’encre noire renversée dans le fond de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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« Puisque je n'ai plus le temps, eh bien je vais le prendre ».

Bouleversant chant du cygne. Murmure du cygne devrais-je écrire car le poète Christian Bobin aura quitté la vie comme il l'a vécue et comme il écrivait : à bas bruit. Même si ici le mot murmure revêt un tout autre sens, bien plus symbolique et poétique.

« J'écris à bas bruit et j'écoute de même », « j'écris comme on s'absente […] j'écris comme se cachent les bêtes éprises de leur fin, blessées à mort par la beauté de vivre. »

Observateur et contemplatif invétéré, ce grand sensible avec cet ultime recueil achevé sur son lit d'hôpital alors que la maladie le mène «  au bout du langage », percute directement notre âme. Nous transfusant une dernière dose de vie avant de partir « tourbillonner dans la lumière ». « J'écris un livre de guerre. Pas pour faire des morts, mais pour faire des vivants ».
Ses mots cognent plus qu'ils ne résonnent. Non sans délicatesse. Avec Bobin la communication se fait du coeur au coeur.
Entre réalité et hallucinations son esprit, un peu brouillé par les opiacés, virevolte et vagabonde. Dès que son regard se pose et que ses sens s'éveillent, ses mots par ricochet animent les nôtres.
Son envahissante et communicative sensibilité nous plonge dans un voyage sensoriel profond où l'on croise beaucoup d'artistes (surtout des génies de la musique). L'amour, sa femme qu'il réconforte magnifiquement, sa mère, la vie , l'Humain, l'écriture, la poésie, la nature, la musique, le Temps, le silence…autant de thèmes évoqués avec force.

Dans cet ultime chant de vie il nous emporte de sa plume d'étourneau dans une nuée d'émotions et de sensations invitant à apprécier « les petits riens » de l'existence qui en font la quintessence pour qui sait ressentir et observer positivement. Réaffirmant que « La grande énigme n'est grande que d'être petite » il souligne avec sagesse et modestie que « rien est le tout de ce que je sais ».
Les choses simples de la vie passent dans le vortex émotionnel de sa création intérieure pour les sublimer.

Du grand Bobin.

Un coeur à coeur inoubliable et désormais éternel.
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La mort de Christian Bobin n'est qu'un murmure.
Un murmure comme un coup de tonnerre .
Et sa voix infuse le bleu du ciel.

La vie délivrée de la vie,
L'amour délivré de l'amour,
Ce froissement d'or, cette note pure.

C'est lui qui le dit
Et personne ne sait écrire comme lui,
Même si beaucoup ont essayé .

Il est arrivé dans ma vie au bon moment.
Immense gratitude.
Surtout pour un mécréant

On lui a reproché ses bondieuseries,
Mais le Dieu de Bobin est proche, comme celui de Spinoza
Des fleurs, des oiseaux et des simples.

Il dit: je sais que Dieu existe
Puisque l'homme l'a créé,
Et que tout ça est assez simple

Il a arraché le langage à l'enfer des opinions
Quelque chose chuchote quelque chose
L'écriture reprend ce chuchotement et l'amplifie.

La Part Manquante, Une Petite Robe de Fête, le Très-Bas
La Folle Allure, La Plus que Vive
L'Inespérée, Pierre, La Présence Pure

Il a ré-enchanté les mères, les coquelicots
La musique et l'outre-noir
Et puis l'amour, toujours

Alors lorsqu'il meurt, ça ne lui prend que deux mois,
Il revient à l'enfance. Fragments obscurs de clarté douloureuse.
Et puis il parle à Lydie, l'amour de sa vie:

« Tout est parfait. Toi et moi on est au coeur des poèmes maintenant.
La nuit qui s'annonce est sacrée. Elle est plus belle qu'un couronnement royal.
C'est une nuit unique
Je suis au bout du langage. La poésie n'est rien, l'écriture n'est rien, la musique n'est rien.
Mais ce qui n'est rien ignore la mort. Les larmes et les sourires sans cause survivent à la fin du monde.
On va vers des jours extraordinaires. »

Les dernières pages sont un éblouissement de larmes et d'étourneaux
Dans un ciel rouge
Tourbillonnant

Et je murmure:
Merci

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Ce sera son dernier ouvrage qu'il finira sur son lit d'hôpital. C'est le genre de livre qui va définitivement l'inscrire parmi les Grands Poètes. Mon style est forcement pauvre et mon propos ridicule à propos de cet homme et de son oeuvre. Néanmoins, il faut s'exercer à l'hommage, le plus objectivement possible. D'abord, des phrases et une poésie d'une beauté inouïe. Des phrases qu'on relit parce qu'elles claquent, elles sont belles Mais... La beauté ne fait pas tout. Mon (petit) bémol quand même : elle n'est pas facile du tout cette lecture, décousue, fastidieuse, empreinte, comme toujours, de religiosité. Pas facile ? J'avoue que nombre de phrases me laissent sur le bord de la route à n'avoir pas tout compris. Certes, le beau n'est pas toujours compréhensible, et la poésie est de cet ordre. Je préfère dire que c'est de ma faute : parce que, malheureusement humain que je suis, j'ai encore voulu lui donner du sens, une histoire, une logique, à cet opus. Je le laisse refermer son livre, son oeuvre, avec tous ses mystères. Peut-être faut-il (seulement) y voir des brides fulgurantes et des éclats de diamant, quelques élucubrations sous forme d'adieu, offerts à titre posthume par l'un des plus grands poètes. Les dernières pages sont superbes, avec le pourquoi de ce titre magistral. A-dieu.
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Tenir entre ses mains le dernier livre de Christian Bobin est très émouvant. Un dernier recueil qui rime avec cercueil d'où s'échapperaient des mots éternels, fruits des pensées dernières du poète‐écrivain. L'on tend l'oreille pour entendre le murmure de ce presque mourant si vivant. Il nous fait entendre les notes de Chopin jouées par Sokolov, qui le temps d'un concert lui fait écrire "Joue une seule note et je serai guéri”. Il voit Sokolov "comme une muraille : une muraille contre la mort. Il supprime la foule, rallume chaque personne en son secret". Sans trahir je l'espère Christian Bobin, son secret est d'avoir gardé jusqu'au bout son âme d'enfance. Et quand le médecin entre dans sa chambre d'hôpital lui disant "d'un ton doucement contrarié : « Je ne sais pas qui vous êtes, mais c'est complètement anormal. Avec ce que vous avez, vous devriez être terrassé ! » " Christian Bobin d'écrire alors : "Ce spécialiste ne connaît pas les ressources des bébés. Je n'ai pas de ruse. Moi, j'arrive sur mes jambes de quatre ans – et je cause. Je saute à pieds joints dans toutes les flaques de découragement qui sont devant moi et je les change en étincelles". Ce recueil ne parle pas que de la mort ou de la maladie, il étincelle de vie, de beau, de nature, d'amour. Comme toujours le regard se fait poétique, les souvenirs re-suscitent, les couleurs et les odeurs jaillissent, la lumière resplendit. Dernières pensées certes, derniers adieux peut-être, mais un hymne à la nature, aux arbres, aux fleurs, au ciel, à la vie, au beau, au vrai, à l'amour... à l'essentiel.
Alors qu'à la lecture de cet ultime recueil, l'émotion nous étreint, les mots réconfortent et réjouissent, nous donnent à espérer. Les mots eux ne meurent jamais. L'homme Christian Bobin n'est plus, mais le poète demeure, éternellement.
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C'est un livre très émouvant
Peut être aussi sommes nous tristes de le savoir parti. Mais les magnifiques dernières pages nous font comprendre le titre du livre et surtout que cette disparition n'est qu'un épisode d'une histoire qui continue
Ainsi Christian Bobin conclut une oeuvre littéraire majeure où se côtoient le divin et la beauté du monde
Le lecteur peut ne pas adhérer à sa vision spirituelle
Il restera toujours la beauté des textes et une certitude : Christian Bobin a rejoint le cercle fermé des plus grands poètes français
Heureux les lecteurs et lectrices qui ne le connaissent pas
Vous serez éblouis par la richesse de la langue et par sa créativité
Adieu, ou plutôt ,au revoir ,et des remerciements éternels
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critiques presse (7)
LeDevoir
08 avril 2024
Dans ces pages douces et sans apitoiement, l’auteur de La plus que vive et d’Autoportrait au radiateur persiste aussi à dire, dans un dernier souffle et malgré les rieurs, l’énigme de la vie, sa quête de l’absolu et son amour de Dieu. Une idée, rappelle-t-il, créée par l’homme. Tout comme la musique, les livres et l’amour lui-même.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeSoir
28 février 2024
Quinze mois après avoir rendu l'âme, l'écrivain du Creusot nous est revenu avec « Le murmure », superbe testament amoureux, achevé sur son lit d'hôpital.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
26 février 2024
Un recueil à la fois modeste, déchirant et joyeux, jamais mièvre [...] pas un cliché, pas une ligne qu’aurait pu générer une intelligence artificielle. « L’écriture est un linge frais tendu sur un fil d’encre », invente-t-il, par exemple, dans les premières pages. En bref, un miraculeux condensé posthume de Bobin.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Marianne_
21 février 2024
Mort en novembre 2022, Christian Bobin a laissé derrière lui un monde assoiffé d'amour, privé de source vive, qu'il contribuait à réenchanter à chaque fois qu'il nous faisait cadeau d'un de ses livres. Nombreux sont les lecteurs qui vont accueillir son ouvrage posthume comme une bénédiction
Lire la critique sur le site : Marianne_
LeSoir
16 février 2024
Quinze mois après avoir rendu l'âme, l'écrivain du Creusot nous revient avec « Le murmure », superbe testament amoureux, achevé sur son lit d'hôpital.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeFigaro
15 février 2024
Il y est question de musique, d’enfance, de femmes, «des caravanes de charme», et d’écriture puisque feu Bobin y est entré comme en contemplation.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
OuestFrance
12 février 2024
Avec « Le Murmure », l'auteur disparu en novembre 2022 livre un ouvrage testamentaire marqué par les souvenirs d'enfance teintés d'onirisme. Un texte empreint d'optimisme.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
J'attends devant la table vide. Rêver, c'est se taire. Ce sillon de silence à mes lèvres est mon plus grand voyage.

p. 18
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il faut éloigner beaucoup de choses pour écrire un livre fort - je veux dire un livre qui s'envole et va non pas aux cieux qui sont purs et illisibles, mais auprès de quelqu'un qui en a vitalement besoin
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J'ouvre un de ces livres, la première phrase force mes yeux, inonde mes veines, jaillit dans mon coeur. Je redescends nimbé de neige et de cendres...J'ai laissé le livre à sa place , il m'a tout donné.
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J'écris à voix basse comme parle le lilas dans la nuit profonde et qu'il donne les dernières gouttes de son sang mauve. ... J'écris comme se cachent les bêtes éprises de leur fin, blessées à mort par la beauté de vivre.


Les yeux d'un homme qui pense se plissent dans l'extrémité de l'étang du regard, là où bruissent les roseaux d'un songe.
La vie nous longe.
Nos rêves informulés ne nous quittent jamais.


La petite cuillère, à peine creuse, contient pour ma joie l’abbatiale de Conques, le tilleul de la rue Traversière, la paresse d’une feuille morte traînant les pieds sur le trottoir, le bruit de nos pas dans Paris désert, le front bombé de la petite châtelaine de Camille Claudel, les alvéoles du pain de l’enfance, les éclairs du malheur et les moussons d’écriture – tout ce qui fut, est et sera. 


pp. 15-6, 22 & 55
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Un château habité par des statues. Dans le parc une rose. Une seule. Elle se balance au vent des siècles. Elle est et elle n'est pas. Parfois une statue inquiète appuie son front contre une vitre du château pour mieux la voir. Son inquiétude vient un instant appuyer sa joue contre la joue de la rose et s'en trouve soulagée.

Une rose est un temple dont les murailles circulaires sont plus légères que l'air. Son parfum est un voile qui protège, au centre du temple, quelque chose qu'on ne sait bien nommer : le vide, l'amour, la perte – ou notre visage reconnu, rendu à nous-même.


Il suffit de s'asseoir auprès d'une fleur dormante ou mourante, c'est la même énigme.


pp. 54 & 117
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Videos de Christian Bobin (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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