Vous souvenez vous du coup de sang de
Virginie Despentes à la sortie fracassante d'Adèle Haenel aux Césars 2020? Et bien le nouveau roman de l'autrice est de cette verve là: salvatrice, libératrice, jubilatoire et d'une efficacité redoutable!
Pas une page sans, à minima, une fulgurance! Ces échanges sont d'une lucidité et d'une finesse d'esprit époustouflantes! L'autrice maitrise parfaitement les échanges épistolaires 2.0 : on s'adresse à quelqu'un mais on ne parle jamais que de soi. C'est l'écran qui créer ça, on ne peut intéresser à l'autre à cause de ce filtre: alors on rebondit sans cesse sur ce qu'il dit pour revenir à sa propre pensée, à ce qu'on veut raconter, à une image qu'on envoie de soi. Cette image nous plait avant de plaire à l'autre. Les échanges d'Oscar et Rebecca sont des lettres virtuelles, lancées dans le grand Tout, qui permettent à deux solitaires de communiquer. Et quand on réapprend à communique avec du temps, sans l'immédiateté d'un sms, d'une appli qui va sonner dès vos mots envoyés, d'un Direct Message, alors nos pensées ont à nouveau l'occasion de se construire, d'être consistante et d'apporter une analyse. Et comme
Virginie Despentes maîtrise bien l'analyse! Qu'elle parle de féminisme, de confinement, de Gangsta Rap, de relations parentales, de drogue, de sexe, de solitude, de célébrité, d'amour, de littérature, des réseaux sociaux, d'alcool, de viol, de famille, de harcèlement, qu'elle s'accapare de n'importe quel sujet qui emplit nos vies:
Virginie Despentes en fait une autopsie rigoureuse, piquante et qui fait tellement de bien à l'âme! Et là encore, l'autrice maîtrise son sujet: jamais elle n'assène! Jamais elle n'impose! Elle propose des pistes de réflexions au travers de ses personnages, qui se répondent et ajoutent leur nuances les uns aux autres. Elle ouvre des portes et, à chaque seuil, vos pensées entreront dans une maison différente de celle d'un autre lecteur. Elle souligne des faits, met en lumières des rouages sociétaux, décortique des mécanismes désespérément humains et vous en ferez bien ce que vous voulez, ou ce que vous pouvez… Mais soyez certains que cela résonnera en vous longtemps et soyez assurez que vous aimerez cela: réfléchir!
Cher connard est un roman à lire si vous êtes prêts à écouter les gens, à les entendre, sans avoir besoin d'être d'accord avec eux.
Virginie Despentes signe un chef d'oeuvre bouleversant de vérité.
S'il y a un sujet, dans son roman, dont Virginie Despente ne fait pas la méticuleuse analyse, c'est l'amitié. Pourtant elle transpire à chaque page. de la première à la dernière, on en ressent toute la force, toute la bienveillance, toute la complexité, toutes les failles et tout le bien qu'elle fait à nos vies. L'amitié c'est savoir que quelqu'un existe pour nous quelque part. C'est être réel et important, de quelque manière que ce soit, pour un autre.
Cher connard est un roman d'amitié(s) et notre monde en a cruellement besoin