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3,29

sur 2689 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je pensais juste mettre une note, persuadé qu'il y aurait déjà énormément de critiques et forcément une bonne note ... Je suis donc surpris. J'ai regardé les avis déjà postés. Il me semble que beaucoup (pas tous!) ont été dérangé par le contenu du livre et le trouve " cliché", " ultra féminsite" ,etc.
Il faut d'abord rappeler que c'est un roman et donc ce n'est pas une étude sociologique donc l'auteur a bien le droit, je crois, d'accentuer son propos ...

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé donc. J'aime le style épistolaire qui rend toujours la lecture dynamique et agréable. Quant au contenu, je n'ai pas été choqué et je ne trouve pas qu'Oscar soit présenté comme la pire personne au monde, bien au contraire ... J'ai trouvé, au contraire, que les personnages ne sont pas manichéens et que même le féminisme n'est pas idéalisé ...
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Un roman de Virginie Despentes que je conseille vivement. Sa construction est originale : pas de dialogue mais une suite de monologues. Il est en effet construit à partir des courriels que s'envoient une femme et un homme. le point de départ est un post insultant de lui sur elle sur un réseau social.
L'homme (Oscar, romancier) et la femme (Rebecca, comédienne) commencent ainsi à se « parler » par mails. Petit à petit, le règlement de compte laisse la place à des échanges sur leurs souvenirs, leur quotidien, leurs addictions (alcool et drogue) et leur volonté pour en sortir, sur le féminisme, le phénomène me too, les rapports homme -femme, les réseaux sociaux, le harcèlement. Et ce que je retiens encore plus, c'est la relation d'amitié qui se construit à distance car de connard, Oscar va devenir le copain puis l'ami.
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J'étais heureuse de retrouver la plume de Virginie Despentes, après avoir beaucoup aimé King Kong Théorie et Bye Bye Blondie.

Cher Connard est un roman épistolaire dans lesquels on suit les échanges de trois personnages :
- Rebecca, une actrice cinquantenaire au fort capital de séduction.
- Oscar, un écrivain accusé de harcèlement par son ancienne attachée de presse.
- Zoé, l'ancienne attachée de presse d'Oscar qui tient un blog féministe.

Ce roman m'a frappé par la pluralité des thèmes abordés : les divisions du féminisme, #MeToo, le harcèlement en ligne, les addictions, patriarcat et capitalisme, le traitement des femmes âgées dans l'industrie du cinéma, les transfuges de classe.

Le roman traite de nombreux sujets, peut-être trop pour être abordés en détails, mais avec beaucoup de justesse (et de hargne), ce qui m'a plu.

J'ai trouvé cet ouvrage extrêmement libérateur, de par les sujets abordés et le ton vindicatif de Despentes.

Ce roman m'a toutefois pas mal déstabilisé. Si le début est fort, trash, je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne une autre tournure. Malgré leurs différences d'opinions et d'idéologies, les personnages se lient d'une improbable amitié, et le ton s'assagit.

Cher Connard mêle donc colère et rage, avec consolation et acceptation. Despentes nous présente des personnages complexes, et ça m'a déstabilisé d'être amenée à ressentir de l'empathie pour les personnage d'Oscar.

C'est une lecture qui ne m'a pas laissé indifférente, je vous la conseille !
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« Cher connard » c'est un livre qui sauve, je ne vois pas comment le dire autrement. Il te sauve de doutes, de décalage et de souffrance, d'inaptitude à vivre en paix dans une telle société vouée aux désastres humains en te racontant qu'en fait ça va, c'est normal de ne pas être heureux dans un monde pareil et que ce n'est pas grave, si tu te sens parfois mal et nulle malgré tes efforts et tes quelques éclatantes victoires. En extraits :

Nous sommes dans le monde des centaines de milliers à dire la même chose et ils sont des centaines de milliers de patrons à le prendre à la rigolade. Ils convoquent des féministes mortes et enterrées pour dire qu'avant c'était mieux. Puisque même le féminisme leur appartient. le bon vieux temps de la domination bien comprise par les dominées. L'émancipation masculine n'a pas eu lieu. Ne vous libérez surtout pas de vos chaînes, vous risqueriez de briser les nôtres dans le mouvement.

La peur de perdre sa respectabilité, ça c'est bourgeois. Au sens péjoratif du terme. Dire qu'on est un artiste et vouloir être aimé, ça n'a pas de sens. Je n'ai jamais privilégié l'amour du plus grand nombre à ma sincérité. C'est mon courage d'être sincère que je vends. D'être précisément moi, que ça te plaise ou non. Ce qui fait qu'on m'a choisie, c'est que j'ai le cran de ne pas ressembler à tout le monde. Tu ne peux pas marquer les esprits si tu crains d'être qui tu es. La seule provocation qu'on supporte, c'est celle qui vient du pouvoir. (le cancre était à l'opposé de la logique des RS d'aujourd'hui, de la pêche aux likes)

Le monde, si tu l'envisages comme un consommateur de crack, ça fonctionne. Si tu remplaces crack par « rémunération des actionnaires », ça marche. Tout le monde sait que cette économie nous conduit à la catastrophe. Les gens aux manettes répondent exactement comme des tox frénétiques : « je n'irai pas en réhab, plutôt crever. »

Qu'est ce qu'on peut faire pour l'ami qui veut retomber ? Pour l'amie qui rencontre la mauvaise personne et ça se voit qu'elle va prendre une trempe carabinée et on sait qu'elle n'en sortira pas indemne mais elle est possédée, aimantée, et n'a que faire de notre mise en garde. On attend. On répond aux textos un peu vite. On suggère. Rien. Pourvu que ça passe. Être là. En priant pour qu'il reste quelque chose de l'ami qu'on avait.

Ce qui est bon pour le coeur est fatal pour l'économie et vice versa – c'est quand même un problème, cet antagonisme.

Se pardonner le mal qu'on nous a fait, ça c'est indépassable. Si nous nous y étions pris autrement. Coupable d'avoir laissé faire, permis de faire, surtout de ne pas avoir su inventer une autre façon, avoir manqué l'occasion de permettre à l'autre de cesser d'être un bourreau. La victime est toujours celle qui croit qu'elle a raté quelque chose. Moi, au moins, je peux me dire je n'ai pas fait de famille je n'ai pas trouvé de travail régulier j'ai été une déception sur tous les plans. Toi, je te détestais parce que tu échouais aussi lamentablement que moi. C'est le mal que tu as mérité qu'on te faisse, et on ne sait pas comment sortir de cette imbécillité néfaste.



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Virginie Despentes aborde avec courage et un immense talent l'idée centrale qu'il faut se nier, pour devenir autre que soi pour s'affirmer vraiment, se perdre en autre chose pour se retrouver. Une triade identitaire ou l'aliénation est le moteur du dépassement de cette pionnière littéraire dans le genre. Chaque moment des histoires, les protagonistes dépassent un stade de l'esprit. Mais, tour à tour chacun de ces trois moments englobe un mouvement logique de négation et finit par se dépasser dans la destruction pour s'affirmer elle-même en décrivant les rapports humains qui font de l'autre un objet qui obéit, esclave certes! mais qui finit par devenir maître à sa façon.
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Oscar insulte Rebecca sur les réseaux sociaux. Oscar, c'est un type un peu perdu, frappé par un scandale #meetoo et qui se retrouve à la dérive.
Rebecca est une femme bien affirmée, incisive et libre qui n'a pas sa langue dans sa poche. Alors évidemment, elle rétorque durement alors qu'Oscar tente de s'excuser de son attitude. S'installe alors entre eux un échange de messages dans lequel, pendant qu'elle lui ferme porte sur porte, il s'étend sur sa vie et toutes ses faiblesses.

Je découvre enfin Virginie Despentes et sa plume qui cogne fort! J'ai beaucoup aimé à la fois le côté incisif et celui très pointu de son style qui ne connaît pas les détours.

Au travers des personnages, elle parle de l'homosexualité, du succès social, des réseaux, du harcèlement, du patriarcat, des dépendances, des féminicides entre autres.
Elle dépeint de manière fracassante une société avide de drames, d'images et les limites inexistantes d'une société qui est prête à détruire des vies pour se sentir exister et entendue.

Au travers d'Oscar et Rebecca, deux extrêmes, elle aborde la destruction de soi, la rédemption et 40 ans d'évolution d'une société qui se perd.

C'est un roman percutant, très riche en sociologie et psychologie qui ne manquera pas de vous marquer et de vous faire réfléchir!
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Un peu sceptique en début de lecture, j'ai tout de même continué car, il faut l'avouer, le style oral et décontracté de Cher Connard permet une lecture simple et sans prise de tête. Puis, au fil de ma lecture, j'ai finalement été totalement absorbé dans la relation entre Oscar et Rebecca et son évolution.
Cette conversation épistolaire entre deux personnes qui ne se connaissent pas et qui ne s'étaient jamais vues (ou presque) leur permet de s'ouvrir complètement et d'aborder beaucoup de thèmes de société : la parentalité, l'orientation sexuelle, le féminisme, le harcèlement, la drogue...
C'est tellement fluide qu'on est parfois étonné de ne pas s'être rendu compte d'un changement de sujet. Sans crier gare, on peut passer de la musique qu'écoute l'un des personnages à la description d'une scène de viol. C'est crû, mais jamais dans l'excès, car c'est aussi le reflet de ce qui arrive in real life. On est là, on mène notre petite vie, et un truc nous tombe dessus. Parfois on se demande ce qu'on a fait pour mériter ça, on se demande à quel moment on a merdé, parfois c'est simplement une conséquence naturelle de notre passé, et on fait ce qu'on peut pour le gérer.
On peut s'identifier à tous les personnages, jamais totalement mais toujours un peu.
Cher connard, c'est une leçon d'humilité, on est face à soi-même et à ses propres peurs, angoisses, regrets, faiblesses, on est à vif du début à la fin.
Je recommande.
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Je continue ma plongée dans l'univers Despentes juste après ma
lecture de King Kong Théorie. Et c'est intéressant car dans Cher connard on retrouve des thèmes développés dans King Kon Théorie, modifiés, affinés ou littéraux. Ce livre est un vrai plaisir intelligent, très actuel, qui évoque des thèmes transversaux et pour partie contemporains : les réseaux sociaux, le cyber harcèlement, la jeuness et l'enfance perdue, la mort, l'addiction, la dépression, le confinement, le sexe, le désir, l'identité sexuelle, la colère, le pardon, l'évolution, l'amitié, la paternité, …. Et bien d'autres. Je me suis régalée et l'écriture est au top…
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Quelle claque ! Quelle pépite ! Quelle audace !
Et, surtout, quelle joie de retrouver la plume de Virginie Despentes et les sujets qui lui sont chers, même si abordés d'un point de vue différent, dans un style différent.

Ici, Oscar - jeune écrivain de talent - et Rebecca - actrice, de talent, elle aussi, mais sur le déclin - s'écrivent des lettres, des e-mails. Tous les opposent, mais un scandale médiatique les amène à échanger et ils se racontent leurs vies dans un contexte social particulier et inédit. Tout y passe : leur passé, leurs addictions, leurs idées, leurs envies, leurs relations, etc.

Mais ce qui fait la force de ce roman, c'est qu'il n'est pas seulement féministe, qu'il n'aborde pas seulement le féministe, mais aussi plusieurs thématiques comme le vieillissement, les addictions, les relations familiales et celles que l'on a par rapport aux médias sociaux. Situé dans le contexte de la crise du Covid-19, l'auteure analyse vite et bien tout ce que cela a changé dans nos quotidiens. Tout ce qui est dit est analysé avec férocité et un esprit vif, percutant, impactant de justesse, portant celui ou celle qui le souhaite à la réflexion et à l'ouverture d'esprit.

Un roman brillant sur notre société ! A lire de toute urgence !
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Un chef d'oeuvre. le monde est contenu dans cet échange épistolaire : la sexualité, l'âge, la vieillesse, le travail, l'éducation, la drogue, le rapport au monde et aux réseaux sociaux…

Le style de Virginie Despentes est dingue, avec des phrases et paragraphes écrits au vitriol. Des envolées lyriques et philosophiques.

L'histoire est passionnante, avec ces personnages cassés qui essaient de se reconstruire ensemble. Ils sont tous plus touchants, attachants dans leur imperfection les uns que les autres et réalistes.

En somme une oeuvre qui fait réfléchir, que tout le monde doit lire et qui n'a besoin de personne pour la commenter : elle se suffi à elle-même.
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