Virginie Despentes et
Bret Easton Ellis m'ont donné des impressions de lecture similaires.
Lorsque j'ai lu
Apocalypse bébé et
Lunar park, j'ai découvert des auteurs que je ne voulais plus lâcher. Avec
Suites impériales et
Vernon Subutex 1 dans lesquels on retrouve les auteurs dans leur version habituelle plus « trash », j'adhère beaucoup moins. Si j'apprécie les rythmes alertes et les tons modernes, je me détache facilement dès que l'univers devient trop provocateur.
Lorsque les auteurs nous plongent dans le monde dénaturé du showbiz où drogue, sexe et alcool sont la norme, j'ai beaucoup de mal à trouver le rêve et l'évasion que je cherche dans la littérature.
Certes,
Virginie Despentes peint une société urbaine actuelle avec beaucoup de couleurs et surtout avec un regard pertinent sur ses dérives. Réaliste, peut-être, mais tellement sombre avec des personnages d'extrême droite, des actrices de films X, des musiciens drogués et largués, des transsexuels, des bourgeoises hystériques, des lesbiennes, un trader omnipotent. Si bien que Vernon, cet ancien disquaire de cinquante ans, expulsé de chez lui pour loyers impayés depuis la mort de son copain chanteur, Alex Bleach fait figure de » mec à la coule » très attachant.
Dans ce premier tome, l'intrigue est sous-jacente. Vernon, après les morts successives des membres d'un ancien groupe de rock, détient les dernières confessions du chanteur Alex Bleach » insolent, beau, talentueux, enragé... » et cela semble faire trembler certaines personnes.
Mais ici, les choses se mettent simplement en place avec un nouveau personnage à chaque chapitre ou presque. Tous autant névrosés les uns que les autres, ma patience lâche.
Bien évidemment, j'aime le regard de l'auteur sur ce monde moderne. Elle sait bousculer le lecteur et le mettre face aux injustices de notre société, choisissant souvent la provocation pour bien insister sur le phénomène. Les allusions sont fines et percutantes.
J'aime aussi quand elle se montre plus humaine, avec des moments intenses comme les premières nuits de SDF, la souffrance d'une mère pour son fils aîné mort d'overdose, la peine des maîtres suite à la disparition de leur chien.
Alors, bien sûr, le style cru et violent et l'environnement provocateur sont nécessaires pour illuminer ces éclairs de lucidité sur notre monde moderne et ces tremblements d'humanité, mais franchement je ne me suis pas sentie bien dans cet univers.
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