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3,89

sur 1294 notes
Un peu lourdingue dans sa démonstration comme dans son érotisme à deux balles. Mais malgrè tout, c'est du Diderot, donc ça reste brillant. Se souvient-on que dans les années soixante, le film tiré de ce roman avait été interdit par la censure ! autres temps, autres moeurs.
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Dénonciation de l'enfermement religieux, La Religieuse est un livre où l'innocence se heurte à tous les sentiments que la claustration impose inévitablement.
Le huis clos prolongé est toujours mauvais pour l'homme – dans son sens général puisqu'il s'agit là essentiellement de femmes –, cet animal ayant, comme tous les autres, un besoin vital d'espace. Et lorsqu'il est confiné, il met en danger son propre équilibre psychique. Ainsi, de la torture infligée par ses coreligionnaires aux assiduités d'une supérieure, Suzanne, l'héroïne, devient le témoin de tous les débordements de la nature humaine, depuis la jalousie, la cruauté jusqu'à la passion délirante. Certaines pages débordantes d'érotisme sont même d'anthologie. Suzanne n'a alors qu'une idée en tête : fuir.
Diderot dénonce là les moeurs moyenâgeuses et non moins liberticides d'un siècle hypocrite qui se vautre dans le libertinage tout en admettant l'enfermement à caractère religieux. Et si son anticléricalisme est manifeste, il trouve sa raison d'être précisément dans le destin de ces jeunes femmes forcées de prendre le voile, dont ce n'est donc pas le choix de vivre cloîtrées – c'est un chrétien qui parle, pourtant !
La question du choix renvoie alors à celle de la liberté, pour laquelle Diderot n'aura de cesse de militer.
Maintenant, le style : d'une fluidité telle qu'on croit lire un roman contemporain, à moins, bien entendu, de considérer la prose de la téléréalité comme la quintessence du français !
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Premier livre lu de cet auteur, sans regret!

moderne, toujours d'actualité, rebelle pour son époque, voila un auteur précieux sur un sujet trop peu traité.

a lire pour développer son sens critique et regarder un peu autour de soi

Merci Mr D. !
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Dans la Religieuse de Diderot, Suzanne est prise au piège successivement dans trois couvents différents. Par son voyage et ses expériences, Diderot se lance en réalité dans une dénonciation des institutions religieuses, de leurs organisations et des souffrances dont elles peuvent être responsables.
Mais Diderot fait avant tout une enquête : comment une jeune fille prend-t-elle ses marques dans un tel endroit ? Quelles analyses (car oui, Suzanne est avant tout une femme capable de réflexion et de résistance) et conclusions tire-t-elle de son univers ?
Si on peut se prendre d'autant d'affection pour Suzanne et son histoire, ce n'est précisément pas parce que c'est une simple victime. Certes, Diderot fait appel à notre sensibilité tout au long du roman, mais si l'on s'accroche autant à l'histoire, c'est bien pour la très bonne narration et l'utilisation d'un style littéraire naviguant entre dialogues, descriptions, scènes théâtrales, etc.
Suzanne est une femme innocente, pleine de finesse d'esprit et solitaire. Elle est ballotée dans un monde religieux, monde très hiérarchisé et qui est, derrière ses belles façades, capable de pousser des jeunes gens à vivre des expériences invivables.
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Oui, il faut lire ce livre. Depuis la Princesse de Clèves, qu'est ce qu'un roman, au XVIII°, sinon l'histoire d'une femme mariée à un homme qu'elle n'aime pas, ou contrainte de se réfugier dans les ordres pour y échapper?
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"La Religieuse" dès le titre le caractère exemplaire de l'ouvrage est posé. En effet, si ce roman est conçu comme le témoignage d'une expérience individuelle, il est avant tout une critique générale de la vie conventuelle. Dans cette vie carcérale ci, les chaînes et les barreaux de fer sont imposés à des êtres n'ayant commis aucun crime préalable. le couvent, Denis Diderot, le clame haut et fort, est une situation qui va tellement contre la nature de l'être humain qu'il pervertit ce dernier. L'austérité, le cynisme, l'indifférence, la répression sexuelle, le fanatisme, la peur, et le pouvoir oppressant de la hiérarchie sont dénoncés à travers ce roman qui ne fut publié qu'à titre posthume. le père fondateur de l'Encyclopédie démontre une fois de plus l'extrême modernité de sa pensée. Jamais un pamphlet aussi violent n'avait été écrit contre l'Eglise avant lui. le scandale qui suivit sa publication est encore dans une certaine mesure d'actualité. Comme le dit si justement Sophie Cheveau, bibliographe du philosophe des Lumières, "Diderot a encore aujourd'hui l'odeur du souffre".
L'auteur a d'autant plus choqué qu'il ne dénonce pas seulement la cruauté et la dureté de la vie des religieuses. En effet, un autre grand sujet tabou est développé dans toute la seconde partie du livre : l'homosexualité féminine. Diderot redonne ainsi aux épouses de Dieu leur âme humaine avec ses défauts et ses qualités et leur corps accompagné de toutes ses sensations.

Mais La Religieuse ne doit pas être lu seulement pour sa dimension philosophique, idéologique et sociologique. Il s'agit avant tout d'une oeuvre qui provoque une émotion profonde chez le lecteur.
On ne peut ignorer à travers, les pages de ces Mémoires, la voix de Suzanne Simonin, jeune fille contrainte par sa famille à prononcer ses voeux. Elle s'élève en un cri de douleur déchirant. On ne peut que partager ses peines et ses espérances.
En somme, je n'ai qu'un mot d'ordre sus à vos bibliothèques et à vos mouchoirs afin de dévorer ce grand roman !

PS aux consciencieux : Je recommande également l'édition critique qui l'accompagne. Il est important de lire la correspondance de Grimm et de Diderot. Elle enrichit encore la complexité de cette oeuvre.
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"La Religieuse" est une oeuvre choc pour la société du XVIIIème siècle.
Pour faire revenir à Paris un ami parti finir ses jours loin de la capitale, Diderot emprunte à une vraie religieuse le scandale de son appel à l'aide et concocte un récit suceptible de toucher le Marquis de Croismare.
Mais très vite il se prend au jeu, et avec passion il achève une oeuvre polémique, pamphlétaire et dénonciatrice sur la claustration au nom de la religion. Sans doute pense-t-il, en écrivant, à sa propre soeur, dont la santé mentale fut enterrée dans un couvent.
Suzanne est une fille illégitime, placée en couvent afin d'expier le péché de sa mère à sa place ; mais cette voie n'est assurément pas la sienne. Cette vie privée de la société des autres hommes déshumanise et dénaturalise ses victimes. La tyranie, la violence, l'impudeur. Suzanne est, dans un premier temps, victime des ses consoeurs, puis favorite d'une Mère Supérieure. Mais où qu'on la place, elle ne trouve que la folie.
Ce récit est percutant. Suzanne, pantin sous la plume de Diderot, se veut libre, et se fait la porte-parole révélatrice de l'injustice de la claustration, une faute sociale grave et génératrice de déshumanisation.
Un être humain n'est pas fait pour être enfermé. Il a besoin de la société de ses semblables, dans un rapport libre , sans clôture. Enfermer une jeune personne parce qu'on la considère comme une gêne est un crime.
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Lu au moment de la sortie du film "Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot", durant la polémique qui a entouré sa censure. Je ne l'ai pas lâché alors et j'y ai trouvé toute la force de la dénonciation de l'oppression sur la femme au XVIIIème siècle qui résonnait étrangement à l'aube des années 68 et des réactions d'un monde qui ne voyait pas qu'il changeait, qu'il devait évoluer. Un classique.
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Suzanne la narratrice a seize ans, deux soeurs, un père avocat avec "plus de fortune qu'il n'en fallait pour les établir solidement".
Problème, son père n'est pas son père, les deux soeurs auront chacune la moitié de la fortune et Suzanne se retrouvera dans un couvent pour expier le péché de sa mère.
le souhait de ses parents n'est pas le sien et elle tentera tout pour sortir de ces couvents qui lui réserveront des moments cruels.

Pour écrire ce livre, Diderot est parti d'un fait réel. "Ouvrage d'une utilité publique et générale car c'était la plus cruelle satire qu'on eut jamais faite des cloîtres".
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a lire absolument chef d oeuvre
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