La Voljoux est un village des Vosges perché à flanc de montagne. Germain, octogénaire acariâtre, vit dans la solitude de sa maison décrépie et dans le marigot de souvenirs qui le tancent çà et là d'une culpabilité sourde. Quand Basile, son petit neveu missionné par sa fille, s'installe chez lui pour la saison d'hiver, sa vie tranquille et bien réglée vole en éclat. D'autant que la maison mitoyenne abandonnée depuis une bonne trentaine d'années reprend vie : Emmanuelle, une femme qui travaille à la station de ski, vient de s'y installer. Avec ces deux jeunes gens, les souvenirs enfouis ressurgissent et avec eux de vieux comptes qu'il va falloir solder.
«
Malamute » est le quatrième roman de
Jean-Paul Didierlaurent, auteur qui s'est fait connaître, notamment, par le succès qu'a connu son premier roman : «
le Liseur du 6h27 ». J'ai pu découvrir «
Malamute » grâce à une opération spéciale Masse Critique.
L'intrigue est construite autour d'un même lieu, le village de la Voljoux, un nom doux et rond en bouche qui pourtant va condenser bien des drames. A partir de ce lieu unique, l'auteur va déployer différentes facettes : un mystère enfoui depuis une trentaine d'années et qui, peu à peu, va révéler ses contours et sa vérité ; une petite touche de fantastique qui fait basculer le roman vers un huis-clos ; quelques notes d'humour ici ou là ; du désir, entre attirance malsaine et amour fou ; et puis les paysages montagneux, le froid et la neige, les animaux, chiens, loups et bêtes ; en filigrane, des rêves avortés et beaucoup de noirceur sous le blanc immaculé des montagnes.
Si «
Malamute » joue sur des ressorts classiques (secrets de famille qui franchissent des générations, rancoeurs enfouies, culpabilité, attirance, …), l'écriture de l'auteur et la construction de l'intrigue lui donnent un talent certain : derrière la poésie triste de certains passages, l'humour dosé à bon escient, la noirceur de l'âme humaine n'est jamais loin, ni le gouffre insondable du mal qui peut l'habiter.
L'intrigue et son style peuvent sembler « simples » mais derrière cette apparence, se cache un roman pluriel et riche en émotions qui conte habilement la nature humaine, ses travers, sa lâcheté, mais aussi ses forces, ses espoirs et sa capacité de résilience. Une fois «
Malamute » refermé, il est bon de relire la citation de
Joseph Incardona en incipit qui s'éclaire sous un autre jour et donne le sentiment d'une boucle qui vient de se clôturer.
Je tiens à remercier Babelio et les éditions Au diable Vauvert pour cette très belle découverte, tout à la fois glaçante, noire et brillante !