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Jean-Paul Didierlaurent entre officiellement dans mon coeur de lectrice comme un de mes auteurs chouchous. ll arrive à nous plonger avec profondeur dans des univers parfois banals, qui en deviennent extraordinaires, à l'image de Guylain, simple usinier dans le liseur du 6h27, mais sauveur de pages de livres broyés, qu'il partage volontiers avec ses congénères du métro du matin. Dans Malamute, Jean-Paul Didierlaurent nous transporte une nouvelle fois dans un univers anodin mais féerique, en plein hiver montagnard.

Dans une ferme située au coeur d'un petit village des Vosges, vit seul le vieux Germain. Sa fille, inquiète de savoir son papa reclus seul dans une grande maison, passe un deal avec lui : elle va demander au fils de sa soeur, Basile, de venir s'installer quelque temps dans cette grande maison. Conducteur d'engins de damage l'hiver, Basile ne dit pas non à cette proposition, qui va lui permettre d'être logé gratuitement, tout en gagnant une petite commission payée par la fille de Germain. Mais le vieil homme, récalcitrant à cette idée, se montre particulièrement bougon et renfermé. Basile va devoir jouer de ruse pour l'amadouer et lui faire accepter sa présence. Et si la nouvelle voisine d'en face, également conductrice d'engins de damage, l'y aidait ?

L'histoire se sépare entre le présent expliqué plus haut et une partie du passé, avec une constance néanmoins : la présence de Germain, inaltérable, il souhaite rester jusqu'au bout dans sa maison natale. Dans les faits passés, nous rencontrons un couple d'étrangers, un ancien légionnaire et sa femme, qui s'installent dans la maison voisine de celle de Germain avec leurs quatre gros chiens (des malamutes), dans l'espoir de se reconstruire une vie paisible en France, en lançant leur entreprise de chien de traineau. Mais leur rêve ne se passe pas comme prévu, ils sont reniés par les villageois, obligés de quitter ce hameau pourtant d'apparence si paisible.

J'ai été séduite par l'atmosphère générale du livre, par la quiétude de ce village typiquement rural mais ressourçant, complètement encerclé par la neige. J'ai aimé ces personnages plus vrais que nature, simples mais très attachants : le vieux Germain bougon, le tranquille Basile, la fougueuse voisine, la citadine Isabelle. Malgré leurs différences, c'est ensemble qu'ils vont devoir faire face à un terrible drame : une tempête légendaire, qui oblige à évacuer l'ensemble des villageois. Mais dans ce chaos blanc, l'amour est là pour réchauffer les coeurs.

Une plongée dépaysante au coeur d'un village rural des Vosges, encerclé par la neige. Un roman envoûtant, original, qui a su me charmer. J'ai déjà hâte de voir dans quel univers me transportera Jean-Paul Didierlaurent pour ma prochaine lecture !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Je viens de terminer mon dernier Jean Paul Didierlaurent, que nous appellerons comme il aimait le signer lui-même jpdl. Jean Paul Didierlaurent. Au quel des quatre voulez-vous parler ? parodiant la célèbre blague concernant Paul Emile Victor.
Jpdl est parti dans un monde parallèle il y a deux ans. Il avait alors l'âge que je vais bientôt avoir. Saloperie de vie, saloperie de cancer.
Se savait-il condamné ? Après avoir situé ses quatre premiers romans dans des lieux aussi improbable que cette commune perdue au coeur du Larzac qui n'a pour singularité que d'avoir un autre village à l'autre bout de la planète, son opposé (en admettant qu'on puisse tirer un trait passant par le centre de la Terre). Vérifiez : aucune ville, aucun village n'a son double, la plupart du temps, ces lignes imaginaires aboutissent dans l'immensité des océans (70% d'eau, forcément). Bref, après avoir tourné autour du pot, voilà qu'il pose ses valises chez lui, dans le monde qui l'a vu naître et grandir.
Jpdl est né dans le même village que moi, peut-être dans la même salle de maternité (aujourd'hui devenue maison de retraite, logique). Sa mère a peut-être occupé le même lit que ma maman.
Malamute se déroule dans les Hautes Vosges. Alors, bien sûr, je suis de parti pris. le plus beau coin du monde, si toutefois une sphère puisse avoir des coins.
J'ai tout reconnu : le petit lac où se mirent les sombres sapins, les chaumes, la fermette isolée en lisière de forêt, les déviations de la route menant à ce village, une station de sports d'hivers. La Voljoux. Ne cherchez pas son nom sur une carte, ne tapez pas le nom chez Google maps. Vous n'obtiendrez rien. La Voljoux, c'est la Bresse, mais évidemment ça sonne mieux. Dans un roman, comme dans un film, la réalité est toujours plus belle. Il fait toujours beau et quand il pleut, c'est qu'il doit pleuvoir, que l'action ou les sentiments l'exigent. Les personnages sont plus sympathiques ou plus méchants. En tout cas, plus profonds. La Bresse s'est reconstruite en 1945 au confluent de deux vallées : la Vologne et le Chajoux. Vol – Joux. Bien sûr.
Avant d'ouvrir le roman, je ne savais rien des malamutes. Moi, je croyais qu'il s'agissait d'un nom propre (comme pour Malataverne de Clavel). Un malamute, c'est un chien de traîneau, plus costaud que les mieux connus huskies.Plus âpres, plus solitaires, plus rugueux. Tout comme les Hauts Vosgiens, à l'image du grand père, Germain, qui vit reclus dans cette ferme sur les hauteurs du village. J'ai tout de suite vu où elle se situait. Si vous me le demandez, je vous y emmènerai un jour de printemps où les jonquilles égaillent les prés et où les ruisseaux chantent.
Germain est un collectionneur un peu particulier.
Et Germain conserve un lourd secret.
Là, on pense un peu à l'été meurtrier de Japrisot. Mais non, pas vraiment.
Basile, c'est un dameur. Un gamin qui, comme tous les gamins, rêvait de piloter de gros engins, pelleteuse, bulldozer, 747, navette spatiale... Lui a réalisé son rêve. Chaque hiver, il dame les pistes. Il travaille la neige pour que vous puissiez dévaler les pentes en toute sécurité.
Il y a aussi une fille. Il y a toujours une fille dans les romans. Elle aussi cache un secret.
Et il y a... la neige !
Tant attendue dans ces moments de dérèglement climatique. Quand elle arrive trop tôt, comme cette année-là, à la mi-novembre, ce n'est pas bon signe. A Noël, il ne reste plus rien que ces névés pouilleux et ces bordures sales qui se noient dans les fossés. Alors, on organise une procession pour demander à Dieu d'intervenir.
Malamute ravira d'emblée les natifs de cette haute vallée Vosgienne, mais il n'est pas utile d'être né dans ce petit paradis pour apprécier la plume de jpdl qui, cette fois, se fait un brin plus rude que d'habitude. Comme s'il nous laissait son testament. A la manière d'un Pierre Pelot, davantage ours que malamute. Mais Pierrot est originaire de la vallée d'à côté, la Moselle. Rien à voir.  Toujours cet antagonisme qui pousse les voisins à se déchirer, alors vous pensez bien, un couple venu d'au-delà des frontières de l'Est !
Un seul regret dans cette plongée « comme à la maison », c'est que le personnage de Germain, 80 ans passés, n'ait pas ces expressions typiquement Vosgiennes (môon ! Pour exprimer l'étonnement, « trempé mouillé » parce que, dans les Vosges, c'est 4 mois de neige, 6 mois de pluie et le reste que du mauvais temps) et l'accent...
Mais, l'accent sur une page, ça ne rend pas.
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"Ouvrir un livre comme on pousse la porte d'une maison inconnue " et
se laisser porter par l'écriture de Jean-Paul Didierlaurent.

Principale protagoniste LA NEIGE
et ce voile cotonneux qui semble tout étouffer et fait, cependant, ressortir
les sentiments avec encore plus d'acuité.

Sous des mètres de neige, la vie, les secrets, les rivalités et l'amour.

La vie des dameurs sur leurs engins, qui, tels de gros insectes mordent la neige et la lissent inlassablement.

Germain, qui s'adonne à la dendrochronologie dans les profondeurs de sa cave depuis des lustres.
Germain, vieil ours, taiseux qui va cohabiter, contraint forcé par sa fille, avec Basile et faire connaissance avec sa jeune et jolie voisine, pas si étrangère que ça.

Beaucoup d'émotion et de fluidité dans l'écriture de cet auteur que j'avais déjà beaucoup aimé dans "Le Liseur du 6h27" ;

"Malamute" est d'un genre très différent, mais je ne l'en ai pas moins apprécié.

L'auteur nous a malheureusement quitté en 2021, à l'âge de 59 ans, il n'en reste pas moins un Conteur né.

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Une lecture agréable. Même si parfois un peu invraisemblable. Mais nous sommes dans une fiction et pourquoi ne pas prendre des libertés avec les aléas climatiques.
On se laisse prendre par l'histoire et ses personnages.
Un bémol, il n'y a pas de surprise. Mais on y croit et Jean-Paul Didierlaurent arrive à nous entraîner dans ce village pris dans une tempête de neige qui dure et ses secrets .
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La montagne et la nature, la neige, sont omniprésents de manière très agréable dans ce livre. le présent cohabite avec le passé à travers un carnet que le vieux Germain détient. L'histoire est cousue de fil blanc: vieux ronchon à la Tatie Danielle, histoire d'amour prévisible, et les amoureux d'engins de chantier de neige seront comblés 😉. Ceci dit, malgré quelques manques, on s'évade complètement avec ce livre 😊
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C'est le dernier livre écrit par l'auteur, mort précocement d'un cancer. J'avais apprécié " le liseur de 6h17" mais la fin m'avait déçue. Celui-ci, plus abouti, je trouve, m'a davantage plu.

le malamute , chien de traîneau d'Alaska, est en effet au coeur de cette histoire, se déroulant en 2015, dans une région que j'aime: les Vosges. Trois personnages vont devoir cohabiter, un peu contre leur gré pour les deux premiers. Il s'agit d'un octogénaire bougon , Germain, et de son petit-neveu, Basile, à qui la fille de Germain a demandé de veiller sur le vieil homme, en logeant chez lui. Basile est en effet , durant les mois d'hiver, dameur sur les pistes de ski.

le troisième personnage , Emmanuelle,est une femme ayant souffert du manque d'amour de ses parents d'origine slovaque envers elle. Elle exerce le métier de dameuse aussi. C'est elle qui va , par son arrivée dans la maison que son père et sa mère ont fuie, bouleverser les existences...

La neige, tant attendue, qui tombera durant de nombreux jours de cet hiver 2015 sera également un élément perturbateur. le récit prend alors l'aspect d'une parabole. Une neige destructrice, qui révèle le poids du passé...

L'auteur a un indéniable sens du récit, il sait captiver le lecteur et manie aussi l'humour.. Les extraits du journal de la mère d'Emmanuelle , tenu en 1976, viennent entrecouper le présent et l'éclairent. On se doute assez vite de ce qu'il s'est passé. Cependant, les descriptions des paysages ensevelis sous la neige, du métier particulier de dameur, le mystère de la Bête lié aux malamutes que le père d'Emmanuelle aimait passionnément relancent l'intérêt du livre.

Un très prenant moment de lecture. J'aimerais découvrir les nouvelles de l'auteur, trop tôt disparu.
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Ce roman se déroule de nos jours, à La Voljoux, un petit village isolé, dans les Vosges.
Le vieux Germain, bougon, vit seul dans sa ferme des Vosges qu'il ne veut pas quitter. Sa fille lui impose la présence de Basile, un lointain neveu, saisonnier comme dameur dans la station voisine. Il veillera sur lui, en échange du logement.
Depuis peu, la seule ferme à côté, restée à l'abandon pendant 40 ans, est occupée. Dans cette maison ont vécu Dragan et Pavlina, appelés "Les Russoffs", avec leurs chiens, des malamutes, et leur projet d'organiser des balades en traineau.. Emmanuelle, une jeune femme, également conductrice de dameuses s'y est installée.
Après une absence de neige et une procession organisée pour la faire tomber, le village va se retrouver peu à peu englouti et isolé sous la neige qui tombe sans s'arrêter. La situation devenant préoccupante, les villageois devront quitter le village.
L'auteur alterne le récit de cette période avec les pages du journal de Pavlina, de 1976 à 1978.
Germain, ancien bûcheron, passionné par les arbres et leur histoire, est mangé par les remords et la culpabilité.
En expiation, il offre des présents et même un sacrifice, à une mystérieuse Bête qui décime les troupeaux de moutons et brebis. Emmanuelle, est elle aussi à la recherche du passé. Elle veut comprendre pourquoi ses parents ne l'ont jamais aimée. Basile a vécu un drame deux ans auparavant et a du mal à s'en remettre. le trio va affronter ensemble la tempête de neige.
Les personnages sont bien brossés et attachants : la douce Pavlina et Clothilde, la femme de Germain, Basile et Emmanuelle.
L'auteur nous offre de belles descriptions de la nature en hiver et des arbres, avec une trame solide, où l'on découvre peu à peu ce qu'il s'est passé entre les différents personnages, mélange de haine, de désirs, de peurs, de rancoeurs.
Ce roman est sombre comme les lourds secrets, les accidents, l'indifférence, la haine, et lumineux comme la neige qui tombe sans discontinuer, l'amour qui nait, l'amitié, l'entraide.
Lien : https://www.unebonnenouvelle..
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Que dire ...je ressors un peu troublé de ma lecture . Attention je l'ai appréciée et la recommande . Ce 4/5 me parait mérité . Mais vous l'aurez compris pour ceux ayant été dans ma situation , j'ai ouvert ce roman juste après avoir fermé le liseur du 06h27 , du même auteur , que j'aurais souhaité noter 7/5 et qui est mon dernier gros coup de coeur ...Comme lu dans un commentaire précédent peut être ne faut il pas enchainer plusieurs oeuvres du même auteur . Mais ma considération et admiration pour Mr DIDIERLAURENT reste intacte. Lui qui est malheureusement parti trop tôt ... dieu seul sait quels émerveillements il aurait encore pu nous faire vivre ..Merci pour ce que vous avez déjà fait
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Par sa plume descriptive et poétique, l'auteur entraîne le lecteur dans le froid des Vosges au coeur d'un paysage reculé et enneigé. Il met les éléments naturels à l'honneur en usant de synonymes et de métaphores. Mais la nature, aussi belle soit-elle, est difficile à apprivoiser tout comme le coeur des habitants d'un petit village. Pavlina et Dragan en font les frais lorsqu'ils s'installent à La Voljoux des rêves plein la tête. Ces derniers sont brisés avant même d'avoir commencé ; les villageois empêchant leur réalisation au seul motif que leurs propriétaires sont étrangers. le rejet des nouveaux arrivants est immédiat, sans aucune chance de s'intégrer. Les pages du journal de Pavlina, parsemés dans le récit, démontrent le grand écart entre l'arrivée du couple et leur départ précipité où l'espoir fait place à la fatalité. Il est douloureux de partager cette meurtrissure au côté de cette femme. Outre les parenthèses personnelles de ce couple, le liseur fait connaissance avec de nombreux personnages au caractère affirmé dont trois principaux : Germain, Basile et Emmanuelle. Trois solitudes. Certains enfouissent des secrets sous leur carapace revêche quand d'autres cherchent à en déterrer. L'ensemble donne un chassé-croisé de destins qui se rejoignent malgré eux. L'histoire de chacun des protagonistes est touchante voire bouleversante entre l'absence d'amour de la part de parents et une culpabilité qui vous hante ou vous ronge.
Deux révélations clôturent ce récit dont la conclusion est envoutante. Jusqu'à la dernière ligne, l'auteur prouve son talent de conteur avec un texte tragiquement beau. Si l'une des confidences est attendue, l'autre ne l'est pas et, lors de sa découverte, l'objet livre prend consistance entre les mains du liseur : titre, couverture. C'est un instant très spécial, un moment important, un éclair percutant !
Des hauts et des bas rythment l'intrigue. L'esprit du lecteur en profite pour s'évader et celui-ci décroche un court instant des lignes qu'il parcourt. Malgré cela, l'ensemble de la découverte est agréable et émouvante. Un bon roman !
Lien : https://livresratures.wordpr..
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Un beau roman dépaysant avec une écriture très agréable. L'histoire est originale: Basile, jeune saisonnier dans les Vosges, va loger chez son grand-oncle à la demande de Françoise, la fille de celui-ci. Basile est dameur sur les pistes et a vécu un drame. Une de ses collègues, Emmanuelle, habite la ferme d'à côté et se révèle être la fille des anciens propriétaires qu'à bien connu le grand-oncle. Ces personnages vont s'entrecroiser jusqu'au dénouement final.
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