Alors que les dameurs s'organisent pour préparer les pistes de ski dans la station de la Voljoux, dès la première neige tombée, nous, c'est une piste bien noire que l'auteur nous propose de dévaler en nous entraînant dans un huis-clos glaçant, à la limite de l'apocalypse, et dont l'atmosphère se densifie au fur et à mesure du récit, pour devenir carrément oppressante.
Une piste noire, imprégnée de secrets et de rêves avortés, éclairée par un amour naissant, saupoudrée de fantastique et recouverte de vives émotions.
Un vent de fraîcheur glacial souffle sur les protagonistes. Parmi eux, Germain Grosdemange, un vieil homme, adepte de dendrochronologie (je ne connaissais pas ce terme ;-), bougon, tiraillé par son passé qui vit seul depuis le décès de sa femme et qui est loin de mener la vie saine que lui recommande ardemment sa fille unique Françoise.
« Germain lisait les arbres de la même manière que d'autres lisent les livres, passant d'un cerne à un autre comme on tourne des pages, sans autre prétention que celle d'interroger les géants sur la marche du temps, à la recherche d'une certaine logique dans ces successions concentriques. L'arbre du jour présentait soixante-quatre cernes. Après un rapide calcul, l'octogénaire inscrivit sur le registre l'année où l'arbrisseau était sorti de terre: 1951. Une rapide consultation de l'encyclopédie chronologique lui apprit que le hêtre qu'il avait sous les veux avait pointé ses premières feuilles l'année de la mort de Pétain. »
Heureusement, Basile, son petit neveu, un doux, fougueux et jeune rêveur, dameur sur la station, accepte de venir vivre chez lui le temps de la saison hivernale, l'esprit pourtant encore bien tourmenté par un accident survenu deux années auparavant. Et l'arrivée d'une nouvelle voisine, Emmanuelle, une jeune femme qui n'évolue pas par hasard dans un milieu d'hommes, va chambouler le quotidien de ces deux hommes et réveiller certains démons.
Se glissent, ponctuellement, dans ce présent admirablement bien conté, les pages d'un journal intime vielles de trente ans ; avec elles, remonte la part d'ombres des habitants de ce village.
Un grand merci à la masse critique privilégiée de Babelio et aux éditions
Au Diable Vauvert pour ce beau moment de lecture. Une lecture extrêmement fluide, idéale pour rafraîchir les journées estivales !
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