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3,76

sur 429 notes
En voyant ce livre régulièrement à la bibliothèque, je me suis laissée tenter et je l'ai emprunté.

Joan Didion est une auteure née en 1934. Elle est connue comme journaliste, essayiste et romancière, ainsi qu'auteure de scénarios de film. Dans ses écrits, elle explore le trouble et l'agitation sociale et personnelle. Elle est considérée une auteure culte par beaucoup d'écrivains.
C'est donc une personne assez connue aux Etats-Unis (et pourtant, elle est relativement peu connue en France je trouve).

J'ai eu très peur un moment d'être incapable de lire ce livre. Perdre la personne qu'on aime et qui partage notre vie jour après jour est certainement une de chose qui me fait le plus peur.
Il y a des livres comme ça, dont le thème me fait trop peur, ou est insoutenable (cela m'était arrivé avec le roman "Nos étoiles ont filé" d'Anne-Marie Revol…très bien écrit, mais trop dur pour moi) et je décide de m'arrêter, pour ne pas me faire du mal.


Or ici, finalement, grâce à l'écriture de Joan Didion, je n'ai pas eu à m'arrêter. C'est sans aucun doute dû à son style exceptionnel.
Ce récit n'est pas -je trouve- très émotionnel. Joan Didion reste très calme, très scientifique, très impersonnelle : elle nous raconte cette première année terrible, en nous décrivant très spécifiquement ce qui s'est passée, ce qu'elle a pensé et ce qu'elle a fait.

Elle analyse le deuil en fait. Sans en faire un essai, elle le décrit, y pense, se documente, essaye de comprendre comment il fonctionne et qu'est-ce qu'il en ressort. Elle fait ce qu'on ose guère faire : mettre des mots sur ce drame, non seulement le drame lui-même, mais sur les jours, les uns après les autres, plusieurs mois après. La mort, on y pense tous, même si on évite. Joan Didion, elle s'y plonge et en ressort avec ce livre.

J'ai du mal à voir cet ouvrage comme un roman. Ce n'est pas romancé. Cela me fait penser à une sorte de témoignage à cause du contenu, mais aussi à un essai, à cause du ton très impersonnel qui est employé. Ton, qu'elle quitte à de très rares occasions, qui rendent le récit bouleversant.

Joan Didion a toujours pensé que le savoir, l'information et la connaissance permettaient d'avoir un certain contrôle sur la vie et sur les événements. "Savoir, c'est contrôler" est une phrase qui revient souvent.
D'où ce besoin de lire des ouvrages sur la pathologie de sa fille, sur ce qui a causé la mort de son époux et sur le deuil. Et d'une certaine manière, à la fin de ce livre, le deuil se retrouve nu, désacralisé. Et ça, c'est impressionnant, vu comment notre société y réagit.

J'ai beaucoup aimé ce qu'elle dit sur le deuil et la mort : Avant, la mort était tout le temps présente, l'être humain en avait moins peur car on la côtoyait régulièrement, puisqu'on ne pouvait que difficilement l'empêcher.
Maintenant qu'on arrive à la repousser, la mort nous fait très peur. On n'en parle pas, on tourne autour…surtout dans notre société qui refuse de vieillir, cherchant à prolonger la jeunesse au maximum.


Cela ne se fait pas d'afficher son chagrin.Le deuil doit être maintenu secret, ou alors être très discret et noble. Il faut être fort, ne rien montrer, craquer si on veut, mais rideaux fermés, chez soi et tout seul. Il faut surmonter rapidement, ne pas être trop triste. Ne rien montrer. C'est malsain et effrayant je trouve.

Avant, on ne pouvait pas rire ni danser, on était en noir pendant des mois et des mois (voir des années et des années pour les époux). A présent, il faut oublier au plus vite et passer à la suite. On est passé d'un extrême à l'autre.


Alors qu'elle essaye d'apprendre à vivre seule, d'apprivoiser la solitude, durant toute cette première année, il y a une pensée qui s'impose, alors qu'on la sait stupide, irrationnelle, impossible "Et si il revenait? Et si je pouvais le faire revenir?". C'est l'année de la pensée magique, celle où tout est encore possible, parce que la mort de son époux n'appartient pas encore au passé, c'est un drame qui s'est produit dans l'année. Il est encore possible de l'arrêter, de retourner en arrière où de changer le cours des choses.
Et ainsi Joan Didion cherche dans le passé, dans la chronologie (qu'elle dissèque au maximum : qu'avons-nous fait ce jour là? Et si j'avais fait ça? Et si on avait pris cette décision?) de manière irrationnelle (et elle le sait très bien, mais elle ne peut s'en empêcher) une façon de faire revenir son époux.

J'aurais encore tellement de choses à dire sur ce livre…mais je vais m'arrêter là, ma critique est déjà bien assez longue. Je ne peux dire qu'une chose : c'est un livre à lire.


—————————————-

Un livre assez exceptionnel dans son genre, dont je ne regrette pas du tout la lecture.
C'est un livre que j'ai apprécié et qui -je pense- doit aider les personnes dans la même situation qu'elle. Je vais essayer d'en savoir plus sur cette écrivaine. Elle a vraiment une écriture incroyablement bonne.
Lien : http://writeifyouplease.word..
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L'événement dont parle ici l'auteur est la mort subite de son mari, l'écrivain George Gregory Dunne, après quarante ans de mariage, vers neuf heures du soir, le 30 décembre 2003, à New York, à la table du dîner qu'ils étaient en train de prendre. Crise cardiaque. Mort immédiate et foudroyante.
Ils venaient de rentrer de l'hôpital où Quintana, leur fille unique, avait passé les cinq dernières nuits, inconsciente, dans une unité de soins intensifs d'un hôpital new-yorkais. Elle venait de se marier quelques mois auparavant.
C'est neuf mois après que Joan Didion, romancière culte américaine, peu traduite en France, écrit très vite ce roman encensé par toute la critique aux Etats-Unis et déjà considéré comme un classique couronné par le National Book Award dans la catégorie « Non fiction ».
L'année de la pensée magique est le récit de ses mois de deuil quand elle vivait dans cette sorte de folie lucide consistant à croire et à agir comme si son mari allait revenir, avec le sentiment de pouvoir contrôler les événements par la seule force de la pensée.
C'est ainsi qu'elle ne peut se résoudre à se séparer des chaussures de son mari pour qu'il puisse les retrouver au cas où il reviendrait!
Ecrivains célèbres tous les deux dans leur pays, ils ont travaillé ensemble quarante ans, côte à côte, 24 heures sur 24. Ils ont tout partagé, travail, vie de couple, vie de famille mais la vie, d'une simple touche a «fait voler en éclats la séquence du temps», alors maintenant elle écrit «pour montrer simultanément tous les instantanés de mémoire qui lui viennent, pour trouver le sens.»

Quelque temps après avoir terminé d'écrire ce livre et avant même sa parution, Joan Didion verra sa fille mourir à 39 ans mais elle ne retouchera pas ce qui vient d'être écrit.

J'ai aimé ce livre pour son honnêteté et sa rigueur. C'est une femme qui souffre mais qui ne pleure pas. Elle veut comprendre ce qui se passe en elle. La sécheresse du style atténue l'émotion. Les faits dominent avec une précision toute scientifique. Il s'agit de comprendre l'incompréhensible, de tenir à distance cette pensée magique qui déforme le réel, de se regarder vivre le grand bouleversement de la mort dans la vie.
«Il fallait s'adapter à ces changements !»

Un grand, très grand livre!
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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C'est un essai que je souhaitais lire depuis longtemps mais j'en reculais le moment car le sujet est difficile et touche de près son auteure. Joan Didion perd brutalement son mari, John Gregory Dune, également écrivain, pratiquement sous ses yeux alors qu'ils traversent une période déjà éprouvante car leur fille, Quintana, est hospitalisée et décédera d'ailleurs moins de deux ans après.

Perdre l'homme qui partageait sa vie depuis plus de 40 ans est un choc terrible et même si elle a fait ce qu'il fallait faire dans l'urgence (appeler les secours, préparer les papiers nécessaires etc...) l'auteure revient inlassablement sur tous les détails, minutieusement, sur ces minutes cruciales qui la marqueront à jamais et de ce qui a suivi : les formalités, le deuil, les lieux qu'ils ont partagés, les souvenirs du travail en commun ou ceux rattachés à Quintana qu'ils avaient adoptée à sa naissance.

J'ai été surprise de la lucidité avec laquelle Joan Didion analyse la perte, donnant une multitude d'éléments, revenant sur ses pensées et sentiments, comme si elle était détachée de l'événement parfois, comme une observatrice des faits puis basculant vers un travail de documentation médicale, d'enquête, cherchant à tout comprendre, tout maîtrisé, comme si le fait de détenir toutes les réponses allait alléger sa peine, l'absence. Il y a également un fort sentiment de culpabilité, se reprochant de n'avoir peut-être pas eu les bons gestes, de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, d'avoir les bons réflexes mais aussi les petits signes, les prémonitions de John sur une fin prochaine.

Oui c'est un sujet difficile mais c'est un témoignage fort sur la perte brutale d'un être cher pour expliquer peut-être certains comportements qui peuvent sembler étranges à l'entourage, certaines réactions dans une telle situation mais je l'ai également lu comme un travail de mémoire et peut-être de survie pour arriver à comprendre, à accepter ce qui est inacceptable. Dans de tels moments, chacun fait comme il peut et en tant qu'écrivaine, Joan Didion écrit, note, cherche des informations, dissèque et je dois avouer cela peut paraître à certains moments très distancié, gênant voire même froid et j'aurai aimé, quitte à parler d'un tel événement, ressentir un peu plus de profondeur dans ses sentiments mais le style de l'auteure nous tient à distance.

Je mets cela sur le compte de la pudeur et aussi sur le fait qu'elle devait tenir pour affronter, dans l'année qui suivit, la maladie de sa fille, jeune mariée, qui l'emportera elle aussi, mais même concernant les détails sur celle-ci, on est surpris de la force qui la fait tenir, gérant son deuil et l'assistance qu'elle porte à Quintana, se refusant à la moindre faiblesse. 

Une lecture que j'ai eu envie d'abandonner à certains moments parce qu'elle évoque un drame personnel éprouvant, traité à la façon d'une enquête mais qui m'interrogeait sur la façon dont elle traitait le sujet et que j'ai voulu finalement découvrir  jusqu'au bout pour comprendre la démarche de Joan Didion et il faut reconnaître du courage et du talent pour un tel exercice.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Se confronter à la mort, la regarder en face, penser à celui qui n'est plus, aussi sûrement qu'il a rempli votre vie, voilà l'apanage de ceux qui restent, quand le vide s'installe jusqu'aux limites de la raison, c'est l'analyse que nous propose Joan Didion dans cet écrit qu'elle rédige un an après la mort brutale de son mari.
En lisant ce texte, je n'ai pas pu me départir de l'idée que l'auteure de ces lignes n'est plus de ce monde et que d'autres autour d'elle ont pu décliner à leur manière ce qu'elle-même a vécu, ce soir de décembre 2003 et dans les mois qui ont suivi.
« On s'apprête à dîner et la vie telle qu'on la connaît s'arrête »
Joan Didion livre dans ce texte, une réflexion lucide et distanciée sur le sens de la vie après le deuil. Elle examine avec une précision chirurgicale ses propres réactions dans ce temps d'après. le titre du livre évoque avec poésie son propos, cette déraison qui s'installe dans le déni inconscient d'admettre la mort de l'autre, jusqu'à l'illusion de son retour possible.
Un très beau texte, mon premier contact avec cette auteure, qui donne envie de poursuivre la découverte.
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30 décembre 2003, l'écrivain John Gregory Dunne s'écroule sur sa table à manger. Sa mort est quasiment instantanée, alors que sa fille Quintana vient d'être plongée dans un coma à la suite d'une mauvaise pneumonie.
Près d'une année plus tard, sa veuve, Joan Didion, publie ce qui peut être qualifiée d'oeuvre de deuil. Grande figure de la vie intellectuelle américaine, elle tient à distance les émotions et fait plus volontiers appel à Philippe Ariès, l'historien de la mort au Moyen-âge, ou à d'éminents neurologues. le récit alterne entre un cheminement personnel et les souvenirs d'une vie de couple et de famille. L'auteur rapporte avec finesse et précision les fragments d'une vie partagée sans en écarter les écueils.
Encensé par les critiques, ce documentaire malgré sa grande tenue littéraire m'a laissée perplexe. Comme souvent pour ce genre de témoignage, je m'interroge toujours sur ce qui pousse un individu à publier. D'autant plus dans ce cas particulier où l'auteur s'écarte délibérément du récit de vie larmoyant. Cette démarche me rendrait presque cynique. Ces évènements sont bien dramatiques, leurs recensions abouties, mais à quoi bon ?
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J'ai pris au hasard ce livre dans la bibliothèque de ma commune et j'avoue avoir été sidérée par ce texte. Je pense sincèrement que c'est le meilleur essai que j'ai lu sur la perte d'un être cher.
Ce n'est absolument pas larmoyant, c'est une analyse, une étude du vécu sur l'année qui a suivi la mort. Une analyse presque chirurgicale parfois. Peut-être trop... Il est clair que l'aspect "sentiment" est mis de côté.
Etonnant !
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Rien n'est plus éloigné de mon univers que la vie de Joan Didion, figure de l'intelligentsia américaine qui gravite entre diners mondains, souvenirs innombrables de séjours dans des hôtels luxueux, ses maisons californiennes sa vie New Yorkaise. Donc le cadre de vie envahit un peu trop, à mon goût la narration.
Et pourtant ce récit de deuil m'a parfois bouleversé : toute personne confrontée un jour à la perte d'un être cher y retrouvera des pensées, des attitudes, des actes auxquels il pourra s'identifier.
La description méticuleuse et distanciée des pensées et sentiments au cours d'une année suivant le décès de son mari est vraiment d'une grande finesse psychologique.
Après la mort d'un proche chacun accomplit le travail de deuil à sa manière ; Joan Didion semble y être parvenue par l'écriture.




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Il suffit d'un rien, de quelques minutes pour que le monde de Joan Didion s'écroule : son mari John Gregory Dunne meurt d'une crise cardiaque alors qu'ils allaient passer à table. le décès sera officiellement prononcé à l'hôpital quelques minutes plus tard. Pourtant, la « cérémonie d'adieu » n'aura lieu que quelques mois plus tard : Quintana Roo, leur fille unique, est plongée dans le comas des suites d'une pneumonie. Pour Joan, il faut donc essayer de vivre et de préserver sa fille – ce à quoi elle échouera, puisque Quintana comprendra très vite, après sa sortie du comas, qu'il est arrivé quelque chose à son père.

Cette année, cette écriture nous parle du deuil à une époque où le deuil est caché, où il est impossible de le vivre, réellement. Montrer sa douleur est impossible, et comme le souligne Joan Didion sont loués ceux qui ne montrent aucun signe de douleur. Elle se plonge même dans un « manuel » de savoir-vivre du deuil, qui dit non comment se comporter en cas de deuil, mais comment les personnes qui entourent une personne endeuillée doivent se comporter pour l'aider. A méditer, parce qu'on n'y pense pas assez.

Cette année, c'est aussi l'occasion d'apprendre à vivre sans lui, sans ce compagnon d'une vie, ce compagnon d'écriture, celui qui relisait toujours ses textes, ses articles, celui qui l'épaulait. Celui aussi avec lequel elle n'était pas toujours d'accord, avec qui elle pouvait se disputer. Ce livre est un hommage, le récit de moments heureux, de moments magiques, le moyen de le faire revivre à travers ces pages.

Pas de pathos, pas de témoignages larmoyants : le but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières, et pourtant, que de douleurs dans ses lignes, que de difficultés pour simplement poursuivre, accomplir les gestes de la vie, retourner au chevet de sa fille. L'année de la pensée magique est un livre dans lequel il restait encore un peu d'espoir à Joan Didion : sa fille mourra peu après sa parution, et elle lui rendra hommage à son tour dans un livre désespéré : le bleu de la nuit.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Le genre de livre tellement personnel qu'on ne peut pas le critiquer.
Je n'ai pas trop aimé, ni l'écriture, ni le ton, la tonalité du livre et de son auteure.
Mais bon, laissons aux morts et aux endeuillés écrire ce qu'ils veulent.
J'aurais pu me passer de lire ce livre sans m'en sentir amoindri. de même cette lecture ne m'édifie pas particulièrement.
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C'est un témoignage poignant qui nous est proposé dans un de ces livres majeurs de l'année 2007 : Joan Didion, un des auteurs phares américains, raconte l'année de deuil qui a suivi la mort de son mari, l'écrivain John Gregory Dunne. Une année "particulière" qui est aussi celle de la grave maladie de leur fille. Peu d'auteurs ont su à ce point parler du deuil, l'événement le plus ordinaire et le plus terrible de l'existence humaine. le thème de ce document est certes difficile mais il est impossible de ne pas aller au bout de ce grand livre.
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