AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 429 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fin décembre 2003, l'écrivaine et journaliste Joan Didion et son mari John Gregory Dunne rentrent chez eux pour dîner, après avoir rendu visite à leur fille Quintana, hospitalisée en soins intensifs à New York. John s'effondre brusquement, victime d'une crise cardiaque. Durant un an, Joan Didion écrit l'expérience de la mort, du deuil, de la maladie. La solitude de celle qui reste. Qui assiste à l'effondrement des socles de sa vie en toute impuissance. Pour conjurer l'immense chagrin, elle construit une « pensée magique », durant un an, ressuscitant, questionnant, interpellant son mari défunt. Et surtout, elle utilise son principal outil pour dompter sa douleur : l'écriture.

Il en ressort un texte absolument magistral d'une remarquable intelligence. Plutôt qu'un journal de ses émotions, Joan Didion embrasse les mécanismes du cerveau et de la mémoire comme objet d'étude. Au-delà des émotions, elle convoque la raison pour analyser le phénomène du deuil qui la submerge. Par la force de son style, elle parvient à nous faire re-vivre ses souvenirs, inlassablement, douloureux et nécessaires. Derrière les termes cliniques, parfois très durs à lire, nous confrontant à l'imminence du « silence définitif », se devine un sentiment d'urgence : durant cette « année de la pensée magique », Joan Didion affronte (littéralement) les problèmes de santé de leur fille Quintana – qui succombera peu après la publication de ce livre. Un essai bref, très dur mais exceptionnel, dont la portée est universelle.
Commenter  J’apprécie          00
Depuis hier, je lis enfin L'Année de la pensée magique, The year of magical thing de Joan Didion.
La mort tellement présente semble s'acharner à ravir qui elle peut, qui elle veut.
Joan Didion s'interroge avec les grecs (Euripide) sur la Frontière entre la vie et la mort.
Elle crie, hurle son manque, celui de son mari, John.
Elle le cherche dans les traces qu'il a laissées en elle et autour d'elle. Notamment dans les livres.
Je ne pensais pas lire cela dans un journal ou l'entendre. Pourtant, c'est le cas dans le 1 n°452 du mercredi 21 juin 2023
"tragédie après tragédie, nous faisons le deuil de notre humanité." Eric Fottorino.
C'est ce même jour que je finis, anéantie une nouvelle fois par les aléas de la vie, le livre de Joan Didion.
Grâce à ce livre et d'autres qui ont suivis, Joan Didion a conservé toute son humanité et la partage avec son lecteur. La vie et la création sont deux choses différentes et certains, comme elle, savent très bien transformer les aléas de la vie en espace d'humanité retrouvée et confirmée, pour donner espoir toujours. Nous en avons tant besoin. Avoir de l'humanité c'est avoir confiance en l'avenir malgré tout, pas de façon déraisonnable mais en s'appuyant sur les beautés de la création et de la vie sans cesse renouvelées.
Commenter  J’apprécie          30
Se confronter à la mort, la regarder en face, penser à celui qui n'est plus, aussi sûrement qu'il a rempli votre vie, voilà l'apanage de ceux qui restent, quand le vide s'installe jusqu'aux limites de la raison, c'est l'analyse que nous propose Joan Didion dans cet écrit qu'elle rédige un an après la mort brutale de son mari.
En lisant ce texte, je n'ai pas pu me départir de l'idée que l'auteure de ces lignes n'est plus de ce monde et que d'autres autour d'elle ont pu décliner à leur manière ce qu'elle-même a vécu, ce soir de décembre 2003 et dans les mois qui ont suivi.
« On s'apprête à dîner et la vie telle qu'on la connaît s'arrête »
Joan Didion livre dans ce texte, une réflexion lucide et distanciée sur le sens de la vie après le deuil. Elle examine avec une précision chirurgicale ses propres réactions dans ce temps d'après. le titre du livre évoque avec poésie son propos, cette déraison qui s'installe dans le déni inconscient d'admettre la mort de l'autre, jusqu'à l'illusion de son retour possible.
Un très beau texte, mon premier contact avec cette auteure, qui donne envie de poursuivre la découverte.
Commenter  J’apprécie          80
Lu d'une traite, par soif de partager avec un autre être humain la détresse que je ressens de la perte de mon conjoint des 30 dernières années, par besoin d'essayer de trouver un sens à ce que sera le reste de ma vie. Joan Didion est elle-même décédée il y a un peu plus d'un mois, le 21 décembre dernier, ce que j'ignorais pendant la lecture de L'année de la pensée magique. Sait-elle, maintenant, si les signes prétendument reçus ne sont que la manifestation d'une "psychose hallucinatoire du désir"?
Ai-je trouvé du réconfort dans ce livre? Oui et non. Oui pour les manifestations du deuil si semblables aux miennes, non pour la suite des choses. Ce qui n'enlève rien au talent de l'écrivaine.
Commenter  J’apprécie          10
C'est en apprenant le décès de Joan Didion, fin décembre 2021, que j'ai décidé de m'intéresser un peu plus à cette auteure que je ne connaissais que de nom.
"L'année de la pensée magique" est un livre magnifique, éblouissant, triste et émouvant. Joan Didion arrive à mêler l'intime et l'universel.
C'est sans aucun doute le plus beau livre sur la mort et le deuil que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          40
Ce livre m'a boulversé, j'ai tout aimé! L'écriture de l'auteure, les sentiments qu'elle exprime, les questions qu'elle se pose et les réflexions qu'elle se fait...Je dois avouer que mon avis n'est certainement pas très objectif : j'ai perdu mon époux ce 3 mars 2021, je ne donnerai pas de détails sauf que je pense ne jamais avoir souffert autant. C'était aussi mon meilleur ami, mon confident, l'amour de ma vie et ce pendant 24 ans et tout comme l'auteure et son mari, nous étions inséparables, fusionnels, nous adorions être ensemble même sans rien dire pendant des heures lorsque nous lisions ou qu'il regardait la télévision et que je dessinais...Nous avons partagé tant de choses et il me manque profondément. Je remarque que l'auteur et moi avons tant de points communs. Je citerai la premier exemple : lorsqu'elle arrive à l'hôpital, on lui demande de se diriger vers une porte, cette porte qui donne sur le bureau d'une assistante sociale, elle le sait, ce n'est pas pour lui annoncer de bonnes nouvelles et se dit que si elle ne franchit pas cette porte, elle n'aura pas à entendre ce que cette femme a à lui dire. Lorsque j'allais voir mon époux qui était plongé dans un coma artificiel, j'évitais un les docteurs, je savais, du moins, je redoutais qu'ils me disent, m'annoncent des mauvais nouvelles, si je ne les voyais pas, j'avais encore de l'espoir, de l'espoir ou du déni... Il est mort de graves complications de ce fichu virus que nous connaissons tous, l'ennemi invisible, le ou la covid, peu importe... Je l'ai eu, moi aussi, mais j'ai eu "de la chance", je suis en vie...Lui a du être transporté d'urgence à l'hôpital pour avoir de l'oxygène, je ne pouvais pas l'accompagner et quand j'ai enfin été testée négative mi février, son état s'aggravait et n'a plus cessé de s'aggraver (il est rentré à l'hôpital le 28 janvier, nous nous téléphonions, c'est lui qui me remontais le moral, jamais je n'ai imaginé une telle fin. Ma soeur m'a offert ce livre que je n'étais pas sensée ouvrir avant l'année prochaine mais je n'ai pas résisté! Vous comprenez à présent pourquoi je ne suis peut-être pas tout à fait objective mais ma soeur qui a lu ce livre ainsi qu'un autre de Joan Didion trouve aussi qu'elle écrit vraiment bien! C'est aussi une scénariste, je ne sais pas si vous avez vu "Needle park" avec Al Pacino, c'est un excellent film que je recommande autant que ce très beau livre!
Commenter  J’apprécie          115
Ce que j'aime dans la lecture, c'est quand un livre en appelle un autre. Après avoir lu Vigile de Hyam Zaytoun (chronique en ligne), j'ai repensé à ce classique de la littérature américaine ainsi qu'à son auteure, figure intellectuelle majeure, et à son parcours assez exceptionnel, à souligner en ce mois de la femme.
.
Ce livre composé du malheur de l'autre nous plonge dans le monde parallèle dans lequel nous nous trouvons lorsque nous perdons un proche; ce point de basculement de la vie ordinaire « c'était même le côté ordinaire de tout ce qui avait précédé l'évènement qui m'empêchait de croire pour de bon qu'il avait eu lieu, de l'absorber, de le digérer, de le surmonter… nous nous étonnons tous de la banalité des circonstances dans lesquelles l'impensable se produit ». En une fraction de seconde, John, le mari de Joan Didion, s'écroule sous ses yeux. « Et puis plus rien-disparu ». Nous sommes le 30 décembre 2003.
.
Quelques mois plus tard, elle commence la rédaction de son livre où cette « pensée magique » lui fait imaginer que son mari n'est peut-être pas mort « pour de vrai », faire en sorte que la réalité ne soit pas complètement réelle. Cette « pensée magique » lui fait rembobiner le film de sa vie ainsi, John reste à ses côtés.
.
L'écriture forte et puissante mais aussi réaliste de l'auteure n'est pas morbide. Donner un sens à sa vie là où il n'y en a pas. Mettre des mots sur l'invisible et l'incompris. Un récit autobiographique qui devient le nôtre…
Commenter  J’apprécie          20
Magnifique !
Commenter  J’apprécie          00
C'est un témoignage poignant qui nous est proposé dans un de ces livres majeurs de l'année 2007 : Joan Didion, un des auteurs phares américains, raconte l'année de deuil qui a suivi la mort de son mari, l'écrivain John Gregory Dunne. Une année "particulière" qui est aussi celle de la grave maladie de leur fille. Peu d'auteurs ont su à ce point parler du deuil, l'événement le plus ordinaire et le plus terrible de l'existence humaine. le thème de ce document est certes difficile mais il est impossible de ne pas aller au bout de ce grand livre.
Commenter  J’apprécie          50
Il suffit d'un rien, de quelques minutes pour que le monde de Joan Didion s'écroule : son mari John Gregory Dunne meurt d'une crise cardiaque alors qu'ils allaient passer à table. le décès sera officiellement prononcé à l'hôpital quelques minutes plus tard. Pourtant, la « cérémonie d'adieu » n'aura lieu que quelques mois plus tard : Quintana Roo, leur fille unique, est plongée dans le comas des suites d'une pneumonie. Pour Joan, il faut donc essayer de vivre et de préserver sa fille – ce à quoi elle échouera, puisque Quintana comprendra très vite, après sa sortie du comas, qu'il est arrivé quelque chose à son père.

Cette année, cette écriture nous parle du deuil à une époque où le deuil est caché, où il est impossible de le vivre, réellement. Montrer sa douleur est impossible, et comme le souligne Joan Didion sont loués ceux qui ne montrent aucun signe de douleur. Elle se plonge même dans un « manuel » de savoir-vivre du deuil, qui dit non comment se comporter en cas de deuil, mais comment les personnes qui entourent une personne endeuillée doivent se comporter pour l'aider. A méditer, parce qu'on n'y pense pas assez.

Cette année, c'est aussi l'occasion d'apprendre à vivre sans lui, sans ce compagnon d'une vie, ce compagnon d'écriture, celui qui relisait toujours ses textes, ses articles, celui qui l'épaulait. Celui aussi avec lequel elle n'était pas toujours d'accord, avec qui elle pouvait se disputer. Ce livre est un hommage, le récit de moments heureux, de moments magiques, le moyen de le faire revivre à travers ces pages.

Pas de pathos, pas de témoignages larmoyants : le but n'est pas de faire pleurer dans les chaumières, et pourtant, que de douleurs dans ses lignes, que de difficultés pour simplement poursuivre, accomplir les gestes de la vie, retourner au chevet de sa fille. L'année de la pensée magique est un livre dans lequel il restait encore un peu d'espoir à Joan Didion : sa fille mourra peu après sa parution, et elle lui rendra hommage à son tour dans un livre désespéré : le bleu de la nuit.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          61




Lecteurs (1383) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1822 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}