AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 1627 notes
David Diop immerge le lecteur dans les pensées d'un soldat sénégalais durant la Grande Guerre. Il y décrit l'horreur des tranchées, les vies abîmées et la folie dans laquelle tombe ce soldat. « Par la vérité de Dieu » : c'est son chant incantatoire, sa prière, son cri d'injustice. Prix Goncourt des lycéens, c'est un roman fort, qui ne vous épargnera pas...
Commenter  J’apprécie          50
Un des meilleurs livres sur la guerre, de la vraie littérature, une langue qui donne de la beauté au ressassement, une totale justesse du point de vue adopté, quelle réussite !
Commenter  J’apprécie          50
Comment la langue française est tellement poétique? David Diop, né à Paris et grandi au Sénégal, mais retourné en France pour ses études , nous le montre de nouveau. Avec son deuxième roman, Frère d'âme en 2018 chez l'éditeur Seuil, il est le lauréat du Prix Goncourt des lycéens, un prix français d'importance. Tout justifié aussi ; ce livre raconte l'histoire de deux jeunes sénégalais qui se laissent recruter pour la lutte de ce pays mère lointain dans les tranchées de la première guerre mondiale. Lorsque le capitaine Armand siffle l'attaque contre l'ennemi allemand, Alfa Ndiaye et Mademba Diop se lancent des tranchées et en attaquant les soldats allemands, Mademba tombe sur terre, blessé, pour ne plus se lever vivant.

Alfa qui nous raconte ce récit est dévoré à cause de la mort de son « plus-que-frère » et de la blâme qu'il ressent pour des multiples raisons, d'abord car il ne peut pas faire ce que son meilleur ami lui avait supplié, de mettre fin à ses souffrances sur le champs de bataille même. Trois fois bibliques, il le refusera à son « plus-que-frère » et ça, il le regrettera de toute sa vie. A cause de cette blâme qu'il ressent, sa volonté de lui venger sur les « ennemis à yeux bleus », le devient ragé et presque fou, jusqu'au point qu'il effraye même ses camarades et qu'il est envoyé à l' « Arrière », vers l'hôpital militaire. Dans cet hôpital, Alfa parcourt pour le lecteur sa vie de jeunesse, il raconte sur ses parents, comment il a fait connaître son plus-que-frère et son premier et dernier amour.

Dans un style un peu naïf et répétitif mais poignant et poétique, nous apprenons la force de la violence, la haine et l'horreur de la guerre. le prologue et un grand part du récit se déroulent sur le champ de bataille, ce qui se démontre choquant, décrit très expressivement avec des images très dures et noires. de plus, le colonialisme fait de lui parler par les observations de l'attitude du capitaine et les autres soldats, par la langue et les mots utilisés (les soldats ‘Toubabs' et ‘chocolats'). Enfin, l'épilogue du livre est élevé jusqu'au niveau spirituel, ce qui rend le roman remarquable, inventif et fascinant.
Commenter  J’apprécie          50
Est-ce l'originalité de ce roman, dans son sujet(intéressant et assez peu traité) et dans son écriture, qui a séduit le jury de lycéens? je ne sais.
Pour ma part, je n'ai pas du tout été convaincue. Je n'ai pas aimé ce roman cruel dont le style ,qui veut sans doute se rapprocher de celui des conteurs Africains et "coller" au personnage du jeune villageois sans aucune instruction ,pétri de traditions africaines(où les contes ,récits jouent un rôle important), est pour nous lassant. Je ne comprends pas ce choix de l'auteur de faire porter le récit par un narrateur dont il est bien précisé qu'il ne parle pas un mot de français! ce qui donne un langage assez étrange, qui peut sembler artificiel.
Quant au mélange de scènes de guerre abominables, de souvenirs d'une jeunesse africaine( le plus plaisant ,finalement) et de scènes de sexe plutôt incongrues dans ce contexte, ça ne fonctionne pas bien.
Commenter  J’apprécie          50
Au risque de rompre la belle harmonie qui règne ici, et en reconnaissant que ce roman est emprunt d'une force réelle, je dois bien reconnaître ne pas avoir été renversé par sa beauté. Par la vérité de dieu je l'ai trouvé touchant et je le crois important mais aussi court soit-il, il m'a parfois été un peu pénible à arpenté.
Commenter  J’apprécie          50
Frère d'âme de David Diop est un très beau roman sur les invisibles de la guerre de 14-18, les tirailleurs sénégalais.

Alfa Ndiaye et son « plus que frère », Mademba Diop, s'engagent et partent au combat sous le drapeau français. Ils espèrent revenir au Sénégal fortune faite, grâce à la pension d'anciens combattants qui leur sera versée s'ils s'en sortent. Mais rien ne se passe comme prévu… Mademba meurt au champ d'honneur et Alfa tombe dans la folie.

Ce roman est composé comme un long poème déclamé par un griot. Il y a de nombreuses répétitions qui rythment le texte du roman. Cela donne un texte puissant sur les horreurs de la grande guerre, avec comme respiration, le récit de leur jeunesse au Sénégal.

J'ai beaucoup aimé ce roman et surtout le style de l'auteur. Je n'ai qu'un reproche à lui faire : je n'ai pas compris sa fin. du coup, j'en ressors un peu « frustrée » d'où ma note. Mais si vous pouvez m'éclairer, j'aimerais bien lire votre avis sur cette fin un peu mystérieuse.
Lien : https://recettesetrecits.fr/
Commenter  J’apprécie          50
Le monde est embrasé par la première guerre mondiale. Dans le village de Gandiol au Sénégal, Mademda Diop s'engage au combat afin d'éprouver son courage et sa valeur accompagné de son ami d'enfance, Alfa Ndiaye. Ces deux jeunes hommes partent fièrement avec des rêves de bravoure et de retour glorieux.

Positionnés en première ligne sur le front français, ils se voient attribuer une fonction par les chefs militaires : terroriser l'ennemi allemand en faisant acte de sauvagerie. le coupe-coupe réglementaire à la main lors des assauts, ils se retrouvent à jouer un rôle dans une cruelle et sanglante comédie savamment orchestrée par la propagande.

Blessé mortellement par la baïonnette d'un soldat ennemi sur le champ de bataille, Mademda agonise sous les yeux de son ami paralysé, ne trouvant pas le courage de répondre aux longues supplications. Dès lors, Alpha va basculer dans la folie en menant sa propre guerre vengeresse. Il suscite désormais de la peur auprès de ses compagnons de tranchée et la décision est prise de l'envoyer à l'Arrière. Cet éloignement des combats marque pour lui un temps d'introspection, de retour à ses origines. Alfa est écrasé par une immense culpabilité : Pourquoi n'a-t-il pas su se montrer humain et mettre fin aux souffrances de son ami ? Quelle est sa part de responsabilité dans la mort de Mademda ?

L'auteur a été bouleversé par des lettres intimes de poilus mais a constaté qu'il n'existe pas d'équivalent du côté sénégalais. Face à ce manque, il a inventé dans ce livre une intimité avec l'un d'eux. Il s'agit donc de donner une voix à ces tirailleurs sénégalais trop souvent oubliés dans le récit de la Grande Guerre.

S'ouvrant sur une mort, ce roman de guerre à la première personne est une entrée directe et poignante aux pensées et à la sensibilité d'Alfa Ndiaye. L'écriture de David Diop parvient à retranscrire la tradition orale forte dans laquelle les deux soldats ont grandi. Ce court récit, très imagé, foisonne de métaphores poétiques ce qui lui donne la tonalité mythique d'un conte africain. Celui-ci est particulièrement horrifiant et glaçant.

Marie van der Vynckt
Commenter  J’apprécie          50
Enfin un auteur sorti du lot dans cette rentrée littéraire d' automne! Cette écriture de conteur, cette histoire qui prend aux tripes, ce personnage principal attachant, cette fin surprenante et ouverte...David Diop a tout d' un grand écrivain!
Commenter  J’apprécie          50
Un roman sur la Grande Guerre, vue de l'intérieur par un tirailleur sénégalais qui adopte un style oral, candide, un peu niais, pour raconter son vécu des terribles et meurtriers combats de la première boucherie du siècle.
Alfa Ndiaye et Mademba Diop vivent tous deux dans un village au Sénégal, État alors colonisé par la France. La mère d'Alfa, belle femme peule, a disparu, et l'enfant de neuf ans est recueilli par la famille de Mademba. Les deux amis sont inséparables, « plus que frères », même s'ils sont très différents : Alfa adulte est un bel homme, athlétique, et pas du tout porté sur les études, Mademba est chétif, laid, mais brille à l'école et parle français. Lui veut faire des études en France et pense que s'enrôler est le moyen d'y parvenir. Alfa le suit pour le protéger, après avoir connu l'amour avec la belle Fary, secretement bien sûr.
Alfa Ndiaye est le narrateur. Dans les tranchées, le capitaine Armand lance ses soldats, Blancs et Noirs, à l'assaut, régulièrement, même s'ils ont peu de chance d'en revenir vivants. Mademba est ainsi blessé, éventré et Alfa assiste à son agonie, refusant d'y mettre fin comme le lui demande son ami. Il agit au nom «du devoir», des préceptes inculqués par les Anciens (entendre la religion), et quand Mademba est mort, Alfa, dans sa culpabilité, comprend que désormais il doit «penser par lui-même» et agir selon sa conscience, librement, devenir plus «humain» en quelque sorte.
Courageux et rusé, il met son chagrin et sa colère au service de représailles barbares, consistant à tuer des soldats allemands et à emporter leur main droite et leur arme. Salué pour ses exploits au début, il est ensuite considéré comme un dément. Son rituel bestial le ramène à une condition de sauvage, voire de sorcier, de «dévoreur d'âmes».
Il est alors envoyé à l'arrière, aux bons soins du docteur François, il dessine pour éloigner les horreurs de la guerre et les siennes propres. Il évoque pour le lecteur ses souvenirs, son parcours accidenté mais bienheureux en Afrique, les chemins de la transhumance que prenait son grand-père, éleveur peul, et qui passait par les terres d'un vieux cultivateur, lequel obtint en cadeau sa mère. Celle-ci finit par s'ennuyer de cette vie sédentaire, voulut retrouver les siens et disparut, probablement enlevée par des Maures...
David Diop nous offre de belles pages quand il questionne le cheminement psychologique d'Alfa après la mort de son ami, puis la progression de sa démence, ainsi que ses souvenirs africains. Il exhorte le lecteur à réfléchir à l'âpreté de la guerre, à l'amitié qui peut justifier la folie quand elle est brisée, à la dissolution de la personne acculée à la violence et condamnée à la sauvagerie, à la culpabilité quand on renonce, à raison, aux enseignements de sa culture, etc.
Ce qui pose question dans ce roman, c'est le style. Bien sûr, Alfa n'est pas pourvu d'un bagage intellectuel prodigieux, et son intelligence rusée est un bon substitut à cette relative indigence, que masque par ailleurs une traduction plus ou moins subtile à partir de sa langue natale. L'écriture qui en découle est ainsi limitée, besogneuse, répétitive, et si au début elle aide à comprendre le personnage et son fonctionnement mental, elle finit par friser la pauvreté littéraire et conceptuelle.
Lien : https://lireecrireediter.ove..
Commenter  J’apprécie          50
Cela se passe pendant la première guerre mondiale. La France se bat contre l'Allemagne. le capitaine siffle l'attaque. Mademba Diop, un des tirailleurs sénégalais de l'armée française est le premier à s'élancer hardiment vers le champ de bataille. Il veut prouver à son ami d'enfance Alfa Ndiaye qu'il n'est pas un « fanfaron » dont le totem n'est qu'un « volatile orgueilleux ». Blessé à mort après cet acte téméraire, il supplie Alfa, au nom de leur amitié, de l'égorger pour mettre fin à ses souffrances mais le jeune soldat n'ose pas, parce que les lois humaines et la religion le lui interdisent, parce que seul Dieu a le droit d'ôter les âmes, parce qu'il y a ce qu'on appelle « l'honneur » – de façade –.

Et c'est quand Mademba a lâché son dernier souffle, abandonné à sa douleur atroce, qu'Alfa « a su », « a compris » que pour sauver la pureté de sa propre âme devant le ciel, il avait ‘‘au nom de l'humanité'', tué son frère d'âme, son plus que frère, deux fois.

Retrouvé seul, livré à son chagrin, déchiré par les remords, Alfa sombre peu à peu dans la folie. La morale et ses croyances n'ont plus aucun pouvoir sur lui ; il avait été « inhumain par obéissance aux voix du devoir » « qui commandent de ne pas être humain quand il le faudrait », maintenant il était devenu « libre de ne plus les écouter » … La cruauté s'empare de sa raison.
Pour expier sa faute, il veut se venger de « l'ennemi aux yeux bleus » et tel un « dëmm », dévorer les corps et les âmes. 
Ainsi, devenu « sauvage par réflexion, inhumain par choix », à chaque tombée de la nuit, il jaillira de la tranchée, comme accouché par le ventre de la terre, et se jettera sur ‘‘un seul'' des ennemis d'en face, pour le tuer « à [sa] manière, tranquillement, posément, lentement. » Il le ligotera, lui ouvrira le ventre et l'égorgera « proprement, humainement » puis retournera à la tranchée – comparée à un sexe féminin démesuré – rapportant dans ses mains deux trophées : le fusil du soldat ennemi et la main qui le tenait. Sa sauvagerie sera applaudie, saluée par le capitaine et ses amis de guerre « Toubabs et Chocolats » ; mais dès la quatrième main, on commencera à le craindre…
Le « bizarre » était devenu « fou » puis le « fou » était devenu « sorcier ». Alfa « le soldat sorcier ».

C'est alors que le lecteur voyagera, tout au long de ce psycho-récit, dans les pensées tourmentées d'Alfa. Au coeur de la violence, le jeune homme nous chantera, comme dans un poème, son histoire, ses peines, ses regrets et la nostalgie de son enfance à Gandiol, au Sénégal. Il nous fera connaître sa famille, nous fera découvrir les traditions africaines et peules, nous parlera de la disparition de sa mère d'une beauté sans pareil, du grand chagrin de son père après ce drame et enfin, il nous racontera son amour pour Fary Thiam la fille à « la voix douce comme les clapotis du fleuve sillonné par les pirogues les matins de pêche silencieuse. »
Avec son style oral, ses nombreuses anaphores, ses expressions répétées telles un refrain, ses phrases courtes et son rythme saccadé, le texte devient un long cantique à la fois de la folie, de la mémoire et de la fraternité.
Tout y est croisé et entremêlé… Tout est dualité… Entre le bien et le mal, la vie et la mort…
« Je suis le jour et la nuit [..] l'innocent et le coupable [..] le début et la fin [..] le créateur et le destructeur. Je suis double. »
Le décès de Mademba Diop devient la naissance d'Alfa Ndiaye…
Leurs âmes se confondent...

« Frère d'âme » nous touche, nous bouleverse et nous fait réfléchir sur la cruauté et l'absurdité de la guerre. Toutefois, ce roman fascinant est avant tout une oeuvre engagée à travers laquelle David Diop donne voix aux « barbares » qu'on a longtemps ignorés, méprisés, fuis… Ces soldats sénégalais qui ont perdu leurs vies pour ne pas maculer de sang un drapeau qui n'est pas le leur, pour protéger une terre qui leur est étrangère, dans laquelle ils ne sont que des « Nègres sauvages ».
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (3199) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3211 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}