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EAN : 9781949028379
120 pages
Aftershock Comics (12/01/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
It’s the celebrity wedding of the century, set in an undisclosed, remote location, with no access to wifi, cell phone reception or the outside world. But the dream wedding becomes a nightmare when, one by one, the guests are brutally slaughtered by a serial killer who brands his victims with a hashtag.

A searing horror story that doubles as a topical, satirical critique on society’s obsession with technology, social media and the cult of celebrity, BA... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nomophobie
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Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Juan Doe qui s'est également chargé du lettrage et des couvertures, sans oublier le logo. Seul le design de la publication a été conçu par un autre créateur : Corey Breen. Cet auteur avait déjà réalisé un autre récit singulier pour le même éditeur, avec le scénariste Jeff Loveness : World Reader Vol. 1 (2017).

Une interview entre Seth Friedkin l'animateur et Blaise Bordeaux-Davis, un auteur sur la liste des meilleures ventes du New York Times, et également un techno-éthicien. La conversation porte sur son dernier ouvrage Hashtag Se mettre hors réseau, sur le rôle d'un techno-éthicien, sur la manière de réintroduire un code morale basique dans les relations humaines dématérialisées, sur le fait que les propriétaires des réseaux sociaux tirent plus de bénéfices des attitudes antagonistes que elles bienveillantes, et que les individus ne sont pas les clients mais les produits des réseaux sociaux, les clients étant les annonceurs. Puis elle porte sur le fait que la publicité a toujours influé sur la manière de consommer les médias, sur le phénomène de dépendance aux réseaux sociaux, et donc à son téléphone portable. L'intervieweur fait observer que tout en critiquant l'importance grandissante des réseaux sociaux, l'auteur s'en sert pour promouvoir son ouvrage sur la déconnexion. Puis il évoque le mariage à venir de Blaise Bordeaux-Davis avec la personnalité Gaia, actrice, chanteuse, représentante de causes caritatives, et surtout l'être humain avec le plus d'abonnés au monde. Contre toute attente, les deux tourtereaux ont décidé de se marier lors d'une cérémonie avec très peu d'amis, et surtout sans téléphone portable, les invités les laissant à l'entrée dans un coffre-fort, dans une demeure à l'écart, dans une zone sans réseau.

Quelques jours avant la cérémonie, dans leur chambre très spacieuse, Gaia et Blaise passent en revue les derniers préparatifs. le futur époux rassure la future épouse sur le fait qu'elle peut survivre sans être connectée pendant plusieurs jours. Ils passent en revue la liste des invités pour 24 heures totalement déconnectées. Gaia va bien sûr inviter son agente Liz Ritz, ainsi que Damaris Vega, sa meilleure amie depuis la fac, Aaron le réalisateur qui lui a fait tourner son premier film, Ignacio Monteverde le chef cuisinier chargé des repas, et Gavin Ambrose le photographe qui travaillera en argentique, les futurs époux ayant fait aménager une chambre noire pour qu'il puisse développer ses photographies sur place. de son côté, Blaise va inviter Jurek, un combattant de MMA, et sa compagne Anastasia, elle aussi professionnelle des réseaux sociaux, ainsi que Redd-I, un rappeur célébrissime. Il ne reste à l'un comme à l'autre qu'à les inviter en personne.

Juan Doe a fait d'énormes progrès depuis American Monster Volume 1 (2016) avec Brian Azzarello : ses dessins sont moins géométriques, avec plus d'informations descriptives, sans rien avoir perdu de leur singularité. Il travaille à l'infographie pour un résultat où les couleurs priment sur les traits encrés. Il soigne l'ambiance lumineuse de chaque scène, souvent adoucies vers des tons pastel. Pourtant s'il prend un peu de recul, le lecteur s'aperçoit que l'artiste utilise des teintes inattendues : une teinte verdâtre ou jaunâtre pour la peau humaine en fonction de l'éclairage, du violet pour une teinte nocturne, mais aussi pour la couleur d'une chemise, une autre teinte de vert pour le ciel nocturne, etc. À chaque fois, cela installe une ambiance un peu décalée sous-entendant que ce qui est en train de se passer sous les yeux du lecteur n'est pas normal. Effectivement, la silhouette des personnages est moins géométrique que par le passé, détourée par un trait très fin, presque cassant par endroit, pour mettre en valeur leur élégance éthérée. Pour autant, ils ne donnent pas l'impression d'être fragiles car ils ont des postures bien campées sur leurs pieds, et un langage corporel assuré, chacun à leur manière. La silhouette de Gaia est longiligne et élancée, parfaite comme il se doit pour une célébrité des réseaux sociaux, avec 750.000.000 d'abonnés. Blaise est également grand et bien découplé, sans avoir des muscles de culturiste. le lecteur peut faire la comparaison quand il se tient en face du champion de MMA, à la carrure imposante, la taille encore plus haute, et des muscles développés et entretenus tous les jours. L'artiste ne se limite pas à un seul type de morphologie : Liz Ritz est bien en chair et même en surcharge pondérale. Tommy, le père de Gaia est visiblement âgé et également avec un indice de masse corporelle trop élevé. le chef cuisinier et le réalisateur sont un peu rondouillards. Tous savent sourire et apparaissent sympathiques, vouant une amitié sincère au couple.

La narration visuelle de cet artiste présente des particularités très personnelles. Cela commence avec le prologue de 10 pages, composé de 4 doubles pages noires, avec une trace de sang de gauche à droite, de plus en large d'une double page à la suivante. Sur ces pages noires sont apposés les cartouches de texte qui correspondent à la discussion entre journaliste et éthicien, chacun disposant de sa couleur de fond pour bien distinguer qui parle. le lecteur comprend bien l'intention esthétique, mais il se demande quand même si ce minimalisme ne constitue pas une forme de moquerie vis-à-vis de lui. Il change d'avis avec la séquence suivante, construite comme une bande dessinée classique, et même un peu plus ambitieuse, avec la discussion entre Gaia et Blaise occupant les trois quarts supérieurs de la double page, et une progression en vue subjective dans le quart inférieur. Non seulement, les personnages sont bien distincts avec une apparence facile à mémoriser, mais le dessinateur investit aussi du temps pour représenter les lieux. le lecteur peut ainsi laisser promener son regard dans la chambre des futurs époux avec un lit vraiment très large, s'assoir sur le fauteuil à coté de Gaia à bord de son jet, lever un verre à la santé des époux dans la magnifique demeure qu'ils ont investie pour ce week-end déconnecté, s'installer au bar de cette demeure, regarder le photographe travailler dans la chambre noire, ou encore s'assoir sur un fauteuil de jardin en regardant le porcelet cuire à la broche.

Le récit s'inscrit dans le registre du thriller et dans celui du polar : un meurtrier sévit lors de ce mariage, et les invités ne peuvent contacter aucun secours puisqu'ils n'ont plus leur portable à portée de main, et en outre il n'y a pas de réseau. Il s'en découle des images mémorables telles qu'une pointe à travers un globe oculaire, un cadavre embroché et mis à cuire, une personne sectionnée en deux par une énorme lame circulaire dentée, etc. Évidemment, le lecteur peut estimer que certains aspects du récit ne sont pas réalistes, à commencer par le fait que la localisation de cette demeure n'ait pas été découverte par les paparazzis. Il s'agit simplement d'une convention de roman policier, ne nécessitant pas forcément une quantité importante de suspension d'incrédulité consentie. En fait, le lecteur se laisse facilement emporter dans ce jeu de massacre, où il apparaît rapidement que le tueur a décidé d'assassiner ses victimes par nombre croissant d'abonnés. du coup, le thème de l'addiction aux réseaux sociaux reste présent tout du long. L'objectif de l'agent représentant Gaia est de lui faire atteindre le milliard d'abonnés, ce qui ne semble pas si délirant que ça, une touche d'anticipation très plausible en fait. Il apparaît également que la plupart des invités entretient une relation avec Gaia découlant de sa célébrité virtuelle, soit parce qu'ils en profitent directement (son agente Liz Ritz), soit parce qu'ils en profitent indirectement (le chef cuisinier choisi pour une telle occasion). Il est visible que le scénariste s'amuse bien avec les conventions du policier de type tueur en série, avec la marque qu'il laisse sur ses victimes, son mode opératoire, son coup d'avance systématique, son caractère insaisissable, et avec les victimes potentielles qui ne coopèrent pas forcément. Tout du long, l'auteur continue à développer son thème sur la célébrité virtuelle, de manière organique, que ce soit l'inquiétude que 24 ou 48 heures sans connexion entraîne une chute vertigineuse du nombre d'abonnés pour Gaia, ou que celle-ci doit sa célébrité essentiellement aux stratégies mises en oeuvre par son agent. Juan Doe sait marier ces différentes composantes, meurtres en série, petites vacheries entre amis, réflexion sur la célébrité, avec une touche d'humour noir, pour un récit haletant avec des personnages pour lesquels le lecteur ressent de l'empathie.

Un récit de plus publié par Aftershock, mais avec une couverture qui sort de l'ordinaire, et un thème à la mode, la célébrité virtuelle sur les réseaux sociaux. Sa curiosité ainsi en éveil, le lecteur commence par découvrir 10 pages à la narration visuelle minimaliste, mais aux réflexions sur les réseaux sociaux ne se limitant pas aux échanges de comptoir. Il découvre le principe de l'intrigue : passer plus d'une journée dans une maison isolée, sans accès aux réseaux sociaux, à l'occasion d'un mariage. La mise en couleurs sophistiquée l'immerge dans une ambiance très particulière, lui faisant oublier ce qui l'entoure, comme un bon polar. La mécanique des meurtres en série le happe dans un thriller bien ficelé, et la narration de l'auteur raconte une farce macabre fascinante et intelligente dans l'addiction aux réseaux sociaux.
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