La pandémie, un événement qui nous confronte à nos limites matérielles.« Les facultés et établissements d’enseignement supérieur assureront des cours en ligne ».Le 28 octobre 2020 au soir, c’est par cette phrase que le Président de la République annonçait à toutes les universités françaises la manière dont elles allaient fonctionner pendant le deuxième confinement national. Mais la question de la place de l’enseignement en ligne se pose, ou plutôt s’impose, depuis le début de la crise sanitaire, et les débats qui s’ouvrent, avivés par la période très tendue, sont en réalité des débats qu’il aurait été utile de mener, plus sereinement, au cours de la décennie précédente.La pandémie de covid-19 que nous vivons depuis plus d’un an maintenant nous confronte à nos limites matérielles. Nous souhaitons continuer nos vies comme avant, sur le plan social, sur le plan personnel et sentimental, sur le plan professionnel, mais le virus s’y oppose.En nous obligeant à respecter la distanciation sociale, en nous interdisant les rassemblements, en limitant nos déplacements, en nous imposant de nous masquer, le virus sape les fondements de notre vie en société.
Parce que si le cours « magistral » peut être transmis d’une autre manière qu’en passant des dizaines d’heures en amphithéâtre, cela pourrait libérer du temps pour que le professeur puisse rencontrer ses étudiants par petits groupes ou mettre en place d’autres parcours pédagogiques, ce qui devrait supposer de reconstruire son cours.
Que voulez-vous proposer comme expérimentation à quelqu’un qui a déjà tout essayé avant vous ? Peu lui importe d’ailleurs si ce que vous lui proposez de faire est beaucoup plus riche que ce qu’il pratique, puisqu’il considère déjà avoir atteint le maximum de l’évolution que peut connaître son enseignement.
Le piège de l’exercice est là : chaque année, l’enseignant reviendra faire ce cours qui a tant plu aux étudiants de l’année passée et qui dans le même temps lui a procuré tant de satisfaction. Puis les années passeront, et les années passeront encore, et le cours restera toujours le même…
Si l’enseignement à distance n’est plus à inventer, il est en revanche à réinventer en permanence.