AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 73 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans une plantation de bananiers, loin des regards des habitants de ce petit village Congolais, mais sous les pouvoirs de tous les ancêtres enterrés dans cette luxuriante terre africaine, est né un petit garçon. De par sa naissance extraordinaire, on lui donna le nom d'un illustre ancêtre : Mandala Mankunku.
Ses yeux verts nyctalopes inspirent méfiance au sein du clan, n'est-ce pas le signe d'une malédiction ?
En grandissant, il ne peut se résoudre, comme l'exigent les règles du clan, à exercer le métier de son père. Avide de savoir et doté d'une fine intelligence, il oscille entre le respect des règles ancestrales et l'envie de bousculer cette petite société immuable qui ne répond pas à sa soif de connaissances.

Du petit village avec ses us et coutumes africaines, à la capitale où il va tenter de participer à l'évolution de son pays, Mankunku se heurte à la colonisation française, à la fin du monde des ancêtres, à l'arrivée d'un monde technocratique qui le dépasse.

Ce n'est pas un simple exposé d'une tranche d'histoire du Congo que nous livre ici l'auteur. C'est, à travers les interrogations pertinentes de Mankunku, une réflexion profonde sur le comment et le pourquoi du devenir de cette terre africaine.
Sur le chemin de l'Histoire de son pays, Emmanuel Dongala a réussi à me passionner tout au long de ma lecture.
J'ai été charmée par sa belle plume soutenue, au vocabulaire riche et instructif !
En posant les yeux sur les pas de Mandala Mankunku et de son peuple, j'ai découvert avec un intérêt grandissant la transformation inéluctable du Congo suite à sa colonisation.
Commenter  J’apprécie          120
"En ce temps-là, la semaine n'avait que quatre jours, l'année comptait ainsi beaucoup plus de semaines et les gens vivaient donc plus longtemps sur la Terre. L'enfant survécut à deux semaines, à trois, puis à quatre. On attendit trois lunes entières. L'enfant se mit à babiller, à gazouiller. Il devint beau et fort comme les hommes de la lignée de sa mère. Ce n'est qu'alors qu'il fut considéré comme une vraie personne, une créature indépendante qui méritait un nom bien à elle pour la distinguer du reste de la Création. Compte tenu de sa naissance extraordinaire, on lui trouva un nom prestigieux, le nom d'un de ces ancêtres dont les hauts faits se perdaient dans la nuit de l'histoire de son peuple. Toute la famille se réunit et le vieux Nimi A Lukeni, mémoire de la nation, le présenta aux ancêtres : “... Ainsi, à partir d'aujourd'hui, tu seras un homme appelé à vivre, tu auras un nom à toi, celui de Mankunku, celui qui défie les puissants et les fait tomber comme les feuilles tombent des arbres. Que l'esprit du grand ancêtre accepte, avec le vin de palme que je crache aux vents et les feuilles de kimbazia que je mâche et crache devant tous, de veiller sur toi. Tâche de devenir fort comme lui et de ne craindre personne, pas même les puissants. Sois digne de la lignée de ta mère.

Et le vent répondit en acceptant le vin, il le porta en gouttelettes fines dans les quatre directions, monta, baisa la face du ciel en effleurant le Soleil avant de retomber sur la mère et le père, grand forgeron. Et l'esprit de l'ancêtre accepta l'enfant en arrêtant définitivement la douleur qui n'avait cessé de mordre le bas-ventre de la mère depuis la naissance du garçon. On l'appela donc Mandala Mankunku."

Ces lignes p 18/19 relatent l'officialisation de la naissance du héros de ce roman. Ce n'est pas pour autant l'heure de son intégration car la découverte de ses yeux verts conduit à son ostracisme, "des yeux glauques, vert-de-palme, phosphorescents la nuit, [...] des yeux verts de fauve nyctalope, des yeux de sorcier malfaisant voyageant la nuit avec les chouettes et les hiboux", "C'est à cette époque-là que l'enfant reçut le nom de Mambou, enfant-de-la-discorde."

D'autres dénominations s'ajoutent au fil de l'histoire (Maximilien Massini Mupepe) de ce garçon "né sans naissance, sans origine donc sans fin" (p 324/325) et son histoire épouse celle de son pays : la colonisation, l'exploitation, la construction des chemins de fer congolais, la révolte, l'exode vers les villes, la fin de la colonisation, le départ vers l'Europe jusqu'à ce qu'il découvre "ce qu'il avait cherché pendant toute sa vie : retrouver, comme au premier matin du monde, l'éclat primitif du feu des origines."

En 2002, nous avons étudié en 2nde ce roman publié en 1987 chez Albin Michel pour en 2001 au Serpent à Plumes. C'était l'année où Emmanuel Dongala, professeur de chimie et de littérature aux États-Unis venait à Paris faire la promotion de son dernier livre Johnny Chien méchant ce qui nous a permis de le faire venir au lycée pour une rencontre mémorable. Alors que je m'apprête à me débarrasser de mes vieux dossiers, il fallait bien que j'en garde une trace !
Lien : http://www.lirelire.net/2020..
Commenter  J’apprécie          100
De la naissance de Mandala Mankunku dans la forêt, à sa mort dans cette même forêt, le roman nous invite à découvrir la vie d'un homme et tout autant celle de son pays, le Congo.

L'enfance de Mandala se déroule dans une Afrique ancienne, où le culte des ancêtres et le respect des traditions prennent toute la place, positionnant chaque individu à une place définie dont il ne peut quasiment pas bouger. Mandala va chercher, lui, à faire vaciller ces lignes, frontières invisibles qui cloisonnent le clan. Il va remettre en cause certains principes et surtout chercher à comprendre le pourquoi ... Autant dire que ces relations avec ceux du village ne sont pas lisses.

Et puis les Blancs vont arriver, violences, massacres, viols, exploitation des hommes noirs, rien ne sera épargné aux habitants du pays. Mandala va suivre le mouvement, s'impliquer dans ce changement pour comprendre d'où vient le pouvoir de l'homme blanc.

La guerre emportera les dernières illusions des Congolais. La paix leur ramène peu d'hommes, en mauvais état et qui racontent l'envers du pays des Blancs. le temps de l'indépendance est venue même si les Blancs ne le savent pas encore.

Tout au long de cette colonisation et décolonisation, Mandala cherche à comprendre et à trouver sa place et à réunir ce qu'il sait "d'avant" à ce qu'il sait de "maintenant" , il veut trouver un sens, une dimension qui explique le monde . La quête de Mandala, parallèle à l'histoire du pays est profondément touchante et juste. C'est un bien beau personnage que Mandala Mankunku!

Le roman quant à lui, est à mon avis une pure réussite. Sans affadir les monstruosités de la colonisation, un questionnement est posé sur la place et les choix faits ou non par les Congolais, les sortant du rôle passif de victime. le charme de l'Afrique est dans la langue utilisée, dans la magie qui affleure, dans le lien aux éléments naturels.

Un très très beau roman !
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          92
J'ai dévoré le "Le Feu des origines" du génial Emmanuel Dongala. Un récit épique, puissant, truculent, contant l'Afrique de la première moitié du XXe siècle à travers le personnage haut en couleur, quasi mythique, de Mandala Mankunku.
La prose est remarquable, le lexique délicieusement rare : "munificence"; "suffusion"; "cespiteux"; "cynocéphales"; "pers"; "noctiluques"; "nyctalopes"; "ferralitique"; appariés"; "gravide"; "alépine"; "jabiru", etc. et l'incipit sans doute l'un des 5 plus puissants de la littérature contemporaine...
Plongez sans hésitation au coeur des sylves africaines, dans cette "fable poétique au souffle épique" et goûtez de la saveur si particulière du continent de nos origines humaines, par le truchement d'un de ses plus grands auteurs.
Commenter  J’apprécie          20
D'une belle écriture, Dongala nous fait voyager d'un village en brousse avec ses rites animistes jusqu'aux régimes politiques africains d'aujourd'hui. On ne peut que regretter avec le héros qu'une fois la cause du bouleversement évanouie (l'esclavage et la colonisation) le fleuve qu'est la vie ne nous ramène jamais au statu quo ante.
Commenter  J’apprécie          20
Le lecteur vit les événements à travers les yeux de Mankunku;le langage évolue aussi au fil du roman. D'une incroyable vigueur poétique au début, il devient plus factuel lorsque Mankunku s'installe en ville, pour finir, à la vie de sa vie, par devenir une rhétorique du questionnement. Car en plus d'être un document sur l'histoire de la colonisation et sur la culture du Congo, on retient de ce roman la quête de sens qui le traverse, et qui fait dire à Mankunku au crépuscule de sa vie : "je sais que je ne sais rien". le fait de mêler histoire, poésie et réflexion philosophique en fait un grand roman.
Lien : https://undeuxtroispetitscai..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (209) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}