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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
. Album « one-shot » de 2016 du duo belge Dorison/ Parnotte. Cadre temporel : le début du XVIème siècle ,sous le règne de François 1er au moment de la diffusion de la Réforme . Cadre spatial : les montagnes du Jura en hiver. L'intrigue se déroule sur deux plans : l'un personnel met en scène l'affrontement entre deux hommes pour la place de maître d'armes du Roi et la primauté de leurs conceptions personnelles sur le rôle du guerrier . L'autre plus historique met en avant la diffusion des idées de la Réforme ( traduction de la Bible en français) et les affrontements et persécutions entres catholiques et Réformés. La forme du récit , une poursuite ponctuée de combats (très peu de flash back) donne un rythme trépidant . le ton est résolument épique : personnages d'une résistance et d'une habileté hors du commun (mais pas monolithiques) , violence des sentiments, esprit de sacrifice , valorisation des objets emblématiques (l'épée, le manuscrit). Sur le fond il y a dénonciation du fanatisme (sans manichéisme) , exaltation de la solidarité et de la fidélité. Au total c'est excellent et le dessin magnifie l'ensemble.
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L'épée de fer.
A la charnière entre la fin du Moyen Âge et le début de la Renaissance, en l'an de grâce 1531, la France sous le règne de François Ier est prise de soubresauts et de convulsions car la technique évolue et les valeurs basculent. Ainsi, Hans Stalhoffer, maître d'armes du roi, aguerri au combat à l'épée remet-il son titre en cause chaque année mais cette fois-ci, il devra affronter en duel le comte Maleztraza, redoutable bretteur à la rapière, une arme nouvelle, plus souple et davantage maniable, frappant d'estoc. Tenu en échec, Stalhoffer remet sa démission et s'exile loin de Paris, dans la montagne jurassienne, travaillant au recouvrement de dettes pour un prélat local. L'ancien chirurgien du roi, Gauvin de Brême, accompagné du jeune Casper viennent solliciter Hans afin qu'il les escorte, par le col Gabriel, jusqu'en Suisse. Ils possèdent l'original de la Bible traduite du latin en français mais ils ont aussi aux trousses la Sorbonne c'est-à-dire des spadassins menés par Malestraza. Dans les hautes terres jurassiennes réside aussi le nobliau Thimoléon et toute sa bande de fanatiques idolâtrant la Vierge noire. Tout d'abord franchement hostile à l'entreprise menée par Gauvin, Hans Stalhoffer va devoir aller affronter ses vieux démons, l'orgueil, la chute et Malestraza.
One shot de 96 pages, le Maître d'armes déploie une histoire prenante avec des personnages qui se densifient à mesure que leur dénuement augmente. La course-poursuite dans la montagne sombre, pluvieuse et enneigée révèle les caractères. le jeune Casper touche au coeur le maître d'armes déchu avec des mots simples, directs, vibrants. Avec sa farouche détermination à s'extirper de sa condition de gueux, Casper propose à Hans de se racheter à ses propres yeux. Par cette seule passe d'arme réussie, le récit décolle et se satellise au firmament des oeuvres d'exception. Prenant à contrepied la phrase historique du roi François Ier à l'issue du désastre de Pavie (1525) : « Tout est perdu fors l'honneur ! », Caspar dira simplement : « L'honneur, quand on n'a plus rien, c'est tout ce qui reste ». le lecteur ne peut que louer les qualités graphiques, la mise en couleur et les cadrages de Joël Parnotte. La complémentarité du scénariste et du dessinateur est patente. D'autres réalisations en collaboration adviendront naturellement.
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Le maître d'armes, personnage fascinant et romanesque s'il en est, déjà exploité, entre autres, par JRR Martin avec celui qui enseigna l'escrime à Arya Stark et reste dans toutes les mémoires, et par Ayroles et Masbou dans la saga de Cape et de Crocs, en une superbe allégorie de Cyrano de Bergerac...
Ici, Dorison nous le resitue dans un contexte historique assez bien documenté, le début des guerres de religion sous le règne de François Premier. Et dans un magistral one shot de 100 pages, fait assez rare pour le signaler.
Rude gaillard que ce Hans Stalhoffer... Je n'ai pas compté combien de gus il éventre, décapite et empale au cours de ce road movie/chasse à l'homme, mais il y en a un certain paquet, et il ne fait pas dans la dentelle (à noter qu'il est vraiment, mais alors vraiment très dur au mal, le garçon... Bon sang qu'est-ce qu'il se prend !) Heureusement, il n'est par ailleurs pas aussi rustre que cela, et sa longue expérience (confinant à la désillusion, à vrai dire) va rencontrer l'enthousiasme communicatif d'un jeune compagnon bien moins affûté que lui physiquement, et qui aura bien besoin de son aide musclée pour mener son entreprise à bien.
Rien de bien original dans ce type de relation me dira-t-on, mais la recette fonctionne à merveille : le tandem apporte à l'album une véritable profondeur et l'empêche de n'être qu'une suite de sanglants combats.
Hans s'avère même être presque "en avance sur son temps" en maudissant la stupidité de cette opposition entre huguenots et papistes, et paradoxalement en retard sur son temps en regrettant avec amertume le temps de l'honneur, de la noblesse et de la chevalerie, symbolisée ici par l'opposition épée/rapière (en vérité, la supériorité de la chevalerie et de la noblesse au combat avait déjà du plomb dans l'aile depuis les bombardes De Crécy en 1346, et avait été anéantie dans le massacre D Azincourt en 1415).
Autre paradoxe : ce Malestraza, partisan jusqu'au boutiste de la rapière que l'auteur se plaît à nous faire détester, champion du monde nouveau face à Hans, le champion d'un monde révolu, eh bien quand on y réfléchit bien, il représente les bourgeois, mais aussi le peuple, face à un Hans qui symbolise l'élitisme de la noblesse. Car après tout, "ces armes de lâche" que furent l'arbalète, la pique, la rapière et le pistolet, mirent ni plus ni moins que fin à la suprématie de la noblesse sur le champ de bataille, préfigurant ainsi la révolution et l'abolition des privilèges.
Sur le plan religieux, nouveau paradoxe : cette fois, Hans se bat (pas tout de suite, il est vrai) pour la démocratisation de la Bible, face aux faucons de la Sorbonne qui ne souhaitent pas que la messe soit dite autrement qu'en latin (et pour une raison toute différente de Brassens, faut-il le préciser ;-)
Rien de tout cela ne gêne, car l'humain n'est que paradoxes. Cela nourrit au contraire un propos extrêmement riche.
Le final va un peu au-delà de l'hommage très appuyé au film Rob Roy, puisqu'il reproduit quasiment au détail près la dernière explication musclée entre Tim Roth et Liam Neeson. On pardonne d'autant mieux que la scène est excellente, et s'avère une belle leçon contre l'arrogance, ce qui ne fait jamais de mal.
Le dessin de Parnotte, que je ne connaissais pas – Dieu me flagelle en latin et en français vulgaire – sublime véritablement le propos. C'est bien fait, c'est glacial, c'est sauvage, c'est crépusculaire, on est dedans. Les combats sont particulièrement bien orchestrés et réussis (l'aide d'un spécialiste du combat médiéval remercié en début de volume y a peut-être été pour quelque chose).
Malgré tout, mon seul reproche ira au dessin, en tout cas à certains endroits, mais notoirement stratégiques, où certains enchaînements se font mal, la faute parfois à certaines ellipses un peu hasardeuses d'une case à l'autre. Hop, ils sont avant la rivière, puis hop, ils sont après la rivière, par exemple... Sauf que tu ne le vois pas en première lecture et que c'est hyper important pour la compréhension. Plusieurs retours en arrière à des moments stratégiques m'empêchent donc de mettre la note maximale, je suis intraitable là-dessus, chacun son dada.
N'en demeure pas moins que c'est un ouvrage remarquable que je recommande chaudement, en dépit des hivers glaciaux dans la Franche-Comté du XVIe siècle.
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Une fresque fiction sur le maître d'armes de François Premier qui nous transporte jusqu'aux frontières de la Suisse par des combats épiques. Quand la rapière se mesure à l'épée....
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Je suis en train de développer un réflexe pavlovien, quand je vois Dorison sur la couverture d'un livre, il faut que je le lise. Ce n'est pas ma lecture du "Maître d'armes" qui va me guérir de mon addiction Dorisienne.

Dorison a encore pondu un scénario superbe, mêlant action, réflexion et émotion, le tout parfaitement dosé. Ce scénariste a un sens du romanesque assez impressionnant. La course-poursuite dans la montagne est haletante. Cet aspect du récit m'a fait penser à un survival, ici diablement bien mené. Une fois ouvert, impossible de refermer le livre.
Mais "le maître d'armes" n'est pas qu'une excellente histoire d'action. Derrière l'intrigue palpitante et les séquences d'action épiques, il y a un vrai propos humaniste. Pour servir ce propos, Dorison crée des personnages loin de tout manichéisme (à part un peut-être) et concocte des dialogues fins et subtils.

Quant au dessin de Parnotte, il participe pleinement à cette réussite. C'est visuellement très classique et les esprits chagrins regretteront un manque d'originalité (comme si originalité rimait forcément avec qualité) mais ceux-là oublient les qualités du classicisme, beauté et efficacité. Exceller dans ce registre demande une gerande maîtrise et quand c'est bien fait on se régale, ce qui est le cas ici.
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Excellent scénario, un dessin à l'avenant, on ne s'ennuie pas un instant et on prend beaucoup de plaisir à lire cette BD. Intéressante plongée dans cette fin de Moyen-âge, à la jointure avec la Renaissance vue sous l'angle d'un affrontement sans merci entre deux maîtres d'armes. Leur ambition, servir le roi et lui apprendre le maniement de l'épée.... ou de la rapière. On est là aussi entre 2 époques, le temps des chevaliers et de leur code d'honneur est terminé, place au marchands et aux bourgeois et à une autre façon de se battre. C'est aussi le temps où l'on s'étripe pour savoir qui est le plus dans la vérité, catholiques ou huguenots. Un excellent album !
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du grand art !
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Relecture d'une bande-dessinée de ma bibliothèque.
J'ai déjà crié haut et fort mon amour du travail de Xavier Dorison. Ce livre y a grandement contribué. On se retrouve dans un univers médiéval, fin XVIe siècle, aux portes de la Renaissance.
Nous suivons les pérégrinations d'un vieux maître d'armes, un peu dépassé par la jeunesse et l'apparition de la rapière, mais qui en a forcément sous le capot. Il y a un peu de Druss dans ce vieux guerrier. le voilà plus ou moins forcé de donner un coup de main à un jeune garçon lancé vers la Suisse pour faire publier la bible en français et ainsi permettre à tout le monde accéder à la parole divine. Evidemment, l'église n'entend pas céder aussi facilement la main mise sur ce précieux document.
Grande course poursuite à multiples protagonistes. de superbes combats et des dialogues au diapason font de cette bande-dessinée un grand moment d'aventures et de détente. Près de 100 pages de pur bonheur. N'hésitez pas !!!
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Après « Ulysse 1781 » et « Undertaker », Xavier Dorison nous plonge dans un récit moyenâgeux en compagnie du maître d'arme de François Ier.

À cette époque, la société est en pleine mutation, entre le Moyen-Âge et la Renaissance. Cette période charnière est aussi marquée par l'affrontement entre les Papistes (catholiques) et les Réformistes (protestants). Ce monde en mouvement est également symbolisé par les deux personnages clés de cette aventure. Il y a d'une part Hans Stalhoffer, ancien maître d'armes à la cour du Roi François Ier, vaillant défenseur de l'art du combat, qui manie sa lourde épée avec noblesse et efficacité. En face il y a Maleztraza, son prétendant, qui manie une arme d'un nouveau genre, plus légère et plus facile à manier : la rapière. Outre ces deux hommes qui symbolisent deux générations différentes, le récit met également en scène l'ancien chirurgien du Roi et grand ami de Hans Stalhoffer, qui se retrouve pourchassé par les mercenaires de la Sorbonne afin de récupérer la traduction de la Bible en français. Il s'apprête en effet à faire imprimer ce manuscrit à Genève afin de diffuser la parole de Dieu au plus grand nombre. À une époque où seuls les clercs savent lire le latin et où la détention de la parole de Dieu est synonyme de puissance, les intentions de l'ami Gauvin risquent bel et bien de mettre le feu aux poudres…

Sur fond historique, Xavier Dorison nous livre un affrontement épique entre deux hommes, deux religions et deux époques. Cette chasse à l'homme parfaitement maîtrisée est admirablement servie par le dessin de Joël Parnotte, qui s'installe immédiatement au diapason de ce scénario riche en hémoglobine et en rebondissements. Restituant à merveille l'ambiance glaciale et hostile des montagnes du Jura en plein hiver et proposant des personnages aux gueules aussi ravagées qu'expressives, sa mise en images cinématographique et énergique porte véritablement cet excellent récit.

Un album que vous retrouverez évidemment dans mon Top BD de l'année!
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Quel souffle épique ! C'est le duel terrible de l'épée et de la rapière dans la rigueur de l'hiver en Franche comté, une course poursuite dans le froid et la nuit pour empêcher qu'une Bible traduite en Français puisse être imprimée en Suisse.
En commençant cette BD, j'ai été prise dans l'intensité de cet affrontement idéologique et viril entre deux maîtres d'armes qui surpasse l'horreur et la violence de la guerre de religion absurde qui a dévasté l'Europe du 16 eme siècle, dont les auteurs rendent compte avec maestria .
J'ai vraiment aimé cette aventure et ses personnages sombres qui se dévoilent peu à peu dans leur complexité, au cours d'un récit plein de rebondissements, à l'issue totalement imprévisible.
Si Hans est un authentique chevalier, fort et fidèle auquel on confierait sa vie, Casper le jeune apprenti de Maître Gauvin, que rien ne prédestine à devenir un héros se découvre avec courage un destin dans les épreuves. Giancarlo, le rival n'est pas un méchant intégral, Il représente un autre monde. Les ennemis mortels s'estiment mutuellement. Il y a de l'ancien et du nouveau monde dans chacun d'eux.
Des couleurs de deuil, des tâches rouges sang dans la neige, un dessin dynamique qui restitue l'action, et des portraits magnifiques, de vraies gueules de personnages de tragédie . C'est une réussite esthétique.
Il y a 500 ans, en Allemagne, il en a fallu du courage à un homme pour contester l'autorité de l'Eglise toute puissante, et risquer sa tête et le bûcher, le tarif pour l'impertinence et l'hérésie de l'époque. C'était la Réforme et son acte fondateur, l'accès aux écritures, à la lecture, propagée par les progrès de l'imprimerie. Des hectolitres de sang versés n'ont pas pu contenir la force de ce mouvement humaniste d'accès à la connaissance qui a dépassé de beaucoup cet affrontement de chapelles.
Xavier Dorison et Joël Parnotte rendent admirablement compte de cette époque troublée, de son incroyable bouillonnement d'idées et de la fin des certitudes anciennes .
J'ai beaucoup aimé cette BD et son propos original qui résonne juste à notre époque contre tous les terrorismes idéologiques .
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