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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un livre bien étrange …

D'abord j'ai eu beaucoup de mal à comprendre ce qu'il fallait entendre par « homme ridicule »…. Faut-il comprendre « homme qui fait l'expérience de l'absurdité », un peu à la façon de Camus ? Et je penchais pour cette définition, surtout quand le protagoniste nous dit que plus il fréquente l'université plus il prend conscience de son ridicule et qu'il ajoute que tout lui est égal.

Ou devrait-on plutôt parler d'un homme qui refuse de jouer la comédie humaine, de donner le change, un homme mal adapté à son environnement ou à la vie, plus simplement, plus largement ? Qu'en aurait pensé ce cher Darwin ?

Ou alors plus simplement il s'agit peut-être d'un homme un peu naïf qui croit en la Vérité qu'il aurait rencontrée dans un moment d'illumination, au cours du fameux rêve.

Là aussi, avec ce fameux rêve, j'ai eu du mal à comprendre où Dostoïevski voulait en venir ! S'agit-il de nous faire comprendre que quoi qu'on fasse la corruption, la jalousie, le mal, … sont de ce monde, qu'il n'y a aucune alternative (un peu comme dans Ferrer et son Sud qui nous dit laconiquement « un jour ou l'autre il faudra qu'il y ait la guerre, on le sait bien », phrase douloureuse à chaque fois) ? Ou faut-il y voir un avertissement que la Science portée en religion ne sauvera pas l'humanité et j'y verrai un pressentiment des crimes de Staline dans la phrase « les ‘sages' s'efforçaient aussi vite que possible d'exterminer ceux qui ne l'étaient pas et qui ne comprenaient pas leur idée » ? Ou est-ce un formidable message de fraternité qui nous dit d'aimer notre prochain comme nous-mêmes et que rien d'autre ne compte? Oui, peut-être est-ce cela qu'il faut comprendre. À y réfléchir, c'est quand même l'amour du prochain, à travers la petite fille éplorée, qui sauva l'homme ridicule du suicide, non ?

Bon, vous l'aurez compris, j'ai du mal à rentrer dans l'univers de Dostoïevski, mais je m'accrocherai, je m'accrocherai…
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Un homme veut se suicider. Sensible ou amer ? On ne sait pas trop, ce qu'on sait, c'est que les autres le trouvent ridicule et qu'il s'est approprié cette identité qu'il a fait sienne. Puis il s'endort, et rêve à un autre totalement différent du nôtre...

Dans ce rêve, Dostoïevski recréé la topologie d'un Eden perdu, un monde d'avant le péché originel, où chaque individu est relié de façon interdépendante aux autres et non pas dans la concurrence ou la hiérarchie, où seule la bienveillance règne et non la jalousie, l'envie ou la compétition : chacun a une place pour former un grand Tout harmonieux.
Cette novela avait été présentée comme "un Petit Prince façon russe" par une YouTubeuse , pour ma part je la classerai plutôt en conte métaphysique, plus proche des récits de voyages imaginés par des philosophes comme Jonathan Swift ou Voltaire (et plus tard Lewis Carroll) pour explorer la nature même de notre humanité. C'est aussi une réflexion sur la beauté, la possibilité de connaître l'amour sans la souffrance et l'opposition entre raison et affect.

Ce qui est étonnant, c'est que loin d'un propos idéaliste où on imaginerait que le narrateur connaît alors un moment de grâce en compagnie de ces individus : il n'en est rien ! C'en est trop pour le narrateur ! Ce monde est trop différent et il n'est pas prêt à accepter autant de bon, alors il joue le rôle du Serpent.

Le propre de notre monde qui a introduit le rationalisme, l'orgueil et la cruauté, le pouvoir et la corruption est-il voué à ne vivre qu'avec le goût du sang ? Est-ce la condition pour qu'ils apprécient le beau ?
C'est ce à quoi le romancier et son narrateur nous invite à réfléchir.

Du Dostoïevski pure sucre, à ne pas lire un soir de déprime ou si on cherche à se lancer dans les classiques russes. Pour ma part, j'ai trouvé ce récit intéressant et je pense le relire plus tard.
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Ce livre est flippant!

"flippant" n'est pas un terme très littéraire, mais c'est le premier mot qui me vient à l'esprit, quand je lis ce livre:

l'écriture de la folie, les pensées de cet homme qui n'a plus gout à rien, des allusions inquiétantes à des personnes qui nous ressemblent finalement beaucoup... un monde brisé par la folie d'un homme, une histoire qui s'abasourdit elle-même, on tourne en rond, toujours le même schéma qui revient,... mais comment sortir l'humanité de cette spirale infernale?

Et pourtant, et pourtant! on en a lu des livres avec cette même trame d'histoire.
Mais quel chef d'oeuvre que celle là!
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Un homme, se qualifiant de ridicule, souhaite quitter ce monde qui ne lui convient pas. Il attend le bon moment pour se suicider. Tout est prêt. L'arme est posée sur son bureau. le jour fatidique arrive. Mais, une rencontre va remettre en cause son projet. Un soir, une petite fille l'interpelle. Elle a besoin d'aide. Il l'a repousse et rentre chez lui. Puis, il y repense. Il a peut-être été dur avec cette enfant. Il ressasse puis s'endort, profondément.
Dans son sommeil, il rêve à un monde meilleur dans lequel tout le monde est libre et joyeux, où le mal n'existe pas.

Cette nouvelle a été publiée en 1877 dans le "Journal d'un écrivain". L'histoire est écrite à la première personne sous la forme d'un monologue sans que l'on ai plus d'élément sur le narrateur. Nous ne savons pas qui il est, mais seulement ce qu'il ressent.
Chaque jour, c'est un homme désespéré qui rentre chez lui en espérant pouvoir s'ôter la vie. Son projet est à chaque fois déjoué par un nouveau facteur. Alors il attend le fameux moment, celui où il disparaîtra à tout jamais de cette existence morne, sans avenir, sans aucun projet, sans désir.
Aujourd'hui, il était pourtant décidé à le faire. Mais pourquoi cette petite fille est-elle apparue ? Pourquoi l'a-t-elle perturbé ?
Alors, il réfléchit. Lui qui ne dort jamais et passe ses nuits assis dans son fauteuil, il sombre bizarrement dans un profond sommeil. Et il rêve.
Son rêve lui présente la vision d'un monde nouveau, celui d'une "vie nouvelle, grandiose, puissante, renouvelée".

Dans cette courte nouvelle, Dostoïevski s'interroge sur le monde qui l'entoure. Existe-t-il un monde meilleur ? y a-t-il un monde, ailleurs ? Après la mort peut-être ? L'auteur se questionne sur l'homme de manière générale, sur la bonté de l'être humain, sur l'amour, sur le bien et le mal, et sur la vie après la mort.
Cet écrit a été publié peu de temps avant la mort de l'auteur, il s'agit d'une de ses dernières oeuvres. Pour moi, il s'agit de la première que je lis et je trouve que c'est une belle entrée en matière.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Dans la version que j'ai lue, la nouvelle avait pour titre "Le rêve d'un drôle d'homme". Je ne sais pas quelle traduction s'approche le plus du russe, mais "drôle" suggère en français de l'humour - quasiment absent du texte, ou alors sous forme d'humour noir, cynique. Mais "drôle" est aussi un synonyme de bizarre, d'étrange. Et cela semble bien correspondre à ce Narrateur, mal à l'aise et pas à sa place dans sa société contemporaine - d'ailleurs, il n'a même pas de nom, c'est donc un personnage sans identité, ce qui montre bien son étrangeté. Il a fait des études dont il ne dit rien, a un travail qu'il ne nomme pas, des gens qui pourraient être ses amis mais à qui, tel un autre misanthrope, il annonce froidement au nom de l'honnêteté, des vérités déplaisantes. Il ne fait pas preuve de charité ou de compassion, même devant une petite fille en pleurs. Oui, "drôle" est bien un adjectif qui pourrait lui correspondre.
Après la présentation du Narrateur - présentation inhabituelle puisqu'on ne sait rien de ce qui serait sa "carte d'identité", c'est ensuite à un nouveau récit de la Chute auquel on assiste. Je me doutais que cette société idéale, idyllique, faisant penser au mythe du bon sauvage des philosophes des Lumières, n'allait pas durer, ce ton ne me semble pas habituel chez Dostoïevski. le Narrateur est alors présenté à la fois comme le Serpent, le tentateur qui amène le pêché, mais aussi comme un nouveau Sauveur qui amènerait la rédemption. le texte est donc emprunt de religiosité, mais aussi d'esprit des Lumières, de description crue, naturaliste, sur la pauvreté et la misère, mais aussi d'espoir possible comme le suggère la fin ouverte.
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"Je suis un homme ridicule"

Voici, les premiers mots de Dostoïevski dans cette nouvelle.

Après une rencontre fortuite, le narrateur de cette histoire va décider de ne pas se suicider. Désabusé, par une vie qu'il ne veut plus, le narrateur va nous raconter un étrange rêve. le songe d'une terre sur laquelle les hommes vivent en parfaite harmonie. Une terre cachée dans les étoiles, une utopie, un rêve chimérique. Sur cette terre, les éléments et les êtres vivants cohabitent en paix. Une terre sur laquelle le péché originel, et où la corruption, le meurtre, n'existent pas.

Réécriture du paradis, d'Adam et Ève, le caractère religieux et la foi, sont très présents dans ce récit.
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Dans cette nouvelle, nous suivons les réflexions d'un homme qui a décidé de mettre fin à ses jours le soir même. Mais en rentrant chez lui, il rencontre une petite fille qui va chambouler ses pensées. Il va finir par s'endormir et faire un rêve très étrange.

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle. Il s'agit d'un récit assez bizarre et onirique, et cela m'a beaucoup étonné que Dostoïevski ait écrit une histoire pareille à son époque. L'épisode du rêve m'a beaucoup plu mais je ne vais pas en parler car je ne veux pas vous spoiler l'histoire. Je vous recommande vivement de lire cette nouvelle que j'ai trouvé très moderne et perturbante.
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C'est un livre court et percutant que signé là Dostoïevski. On est dans les pensées d'un homme qui se dit ridicule. Ridicule parce qu'il connaîtrait et serait convaincu de l'existence d'un monde où les hommes vivraient dans la paix la plus totale. J'ai vu dans ce récit de nombreux liens avec L'Étranger de Camus. Ce revolver important dans le texte, l'hamartia constituée par la petite fille, le rôle de martyr assumé... L'absurde joue sans doute un rôle central dans cette prose. On est toujours sous l'effet de la plume incisive de Dostoïevski, tant de clarté et d'efficacité, ça secoue. J'ai beaucoup aimé cet ouvrage et le relirais encore.
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Agréable petite méditation qui rentre facilement une poche.
Dur à décrire, mais apporte une certaine profondeur au travers d'une certaine légèreté.
Peut être pris comme une épiphanie théiste ou chrétienne du personnage principal. Très spirituel, donc.
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