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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Essence pure de Dostoïevski, un condensé de son génie, cette nouvelle. Plus connu pour ses énormes romans, l'auteur russe signe là une nouvelle, très courte mais grandiose. Nous suivons les élucubrations d'un homme qui se dit être ridicule (le terme de ridicule au début du livre est confus…nous savons juste que plus il apprend des choses, plus il se dit être ridicule. C'est pour moi la conscience de notre petitesse face à la science et au savoir). Tentant de prendre de la distance pour devenir du rien, un zéro absolu jusqu'au fond de son âme, sans émotion et sans sentiment, il est prêt à se suicider. le revolver est acheté depuis deux mois, et une nuit particulière sera la bonne : « le ciel était terriblement obscur, mais on pouvait nettement distinguer les nuages, avec, entre eux, des taches noires insondables. Tout à coup, dans une de ces taches noires, j'ai remarqué une toute petite étoile, et je me suis mis à la regarder fixement. C'était parce que cette toute petite étoile m'avait donné une idée : j'ai décidé de me tuer cette nuit-là. ».

Pourtant, la rencontre inopinée avec une petite fille désespérée cette même nuit, détresse qu'il va ignorer et mépriser, fera surgir chez notre homme, face à son revolver, de multiples pensées et interrogations ; il finira par s'endormir. Alors, en rêve, lui est révélée la Vérité.

Dostoïevski nous transmet un message universel, celui du rejet d'une vie guidée par la raison et celui de l'Amour brut, viscéral. « La conscience de la vie est supérieure à la vie, la connaissance des lois du bonheur – supérieure au bonheur, voilà ce qu'il faut combattre ! ». Vivre les choses sans les intellectualiser, être heureux sans savoir pourquoi nous le sommes. L'Amour n'a pas de raison. le narrateur, suite à ce rêve, non seulement décide de vivre mais de prêcher cet Amour. Il devient alors ridicule mais le terme de ridicule prend à la fin de la nouvelle une toute autre signification : ridicule d'y croire, ridicule d'avoir cet espoir d'un retour du paradis perdu, ridicule d'aimer ceux qui se moquent de lui.

Nouvelle messianique, christique…ou plutôt critique du christianisme. Notre personnage critique ce paradoxe de vouloir à la fois ériger des temples, de prier pour un paradis alors que les fidèles font tout pour ne pas le faire advenir : « ils voulurent tellement redevenir innocents et heureux, l'être une fois encore, qu'ils succombèrent devant le désir de leur coeur, comme des enfants, déifièrent ce désir, érigèrent des temples, et se mirent à prier leur propre idée, leur propre “désir”, tout en croyant pleinement, dans le même moment, qu'il était impossible et irréalisable, mais l'adorant jusqu'aux larmes et se prosternant devant lui. ». Suffit-il de croire en un Dieu pour ensuite ne pas vivre selon ses préceptes ?

J'ai aimé dans cette nouvelle son côté fantastique, l'importance accordé au rêve. L'écriture fluide, directe. le ton ironique. A lire pour découvrir le talent de nouvelliste de Dostoïevski, à lire les yeux fermés !
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Si Dostoïevski est plus connu pour ses - énormes - romans, voici une nouvelle certes bien plus courte mais non moins exceptionnelle.
Nous voici, nous, lecteurs, plongés dans l'âme d'un homme moqué par tous, qui est et se dit ridicule. Acceptant la fatalité, il tente alors de se détacher petit à petit du Monde pour devenir jusqu'au fond de son âme, un zéro absolu, sans réelle pensée, sans émotion, sans attachement aucun à la Vie. C'est ainsi qu'un jour, se promenant dans la rue, il prend la décision de se suicider le soir même. Mais une fois assis, le revolver devant lui, il s'endort et alors lui est révélée la Vérité.

Ce petit ouvrage se lit fort rapidement et est tout à fait formidable. Prônant un message universel, Dostoïevski nous fait le portrait d'un narrateur, qui, transformé par son songe, est animé par le rejet d'une vie guidée par la raison, et prône l'Amour brut, sans conscience de lui-même. Il veut que les Hommes vivent la vie telle qu'elle est, menant ainsi au bonheur, plutôt que de continuellement rechercher ce qu'est la vie; et place la vie au-dessus de la conscience de la vie, et le bonheur au-dessus de la connaissance de ce qui fait le bonheur. Et ainsi, le plus naturel des sentiments de la Vie, qui mène au bonheur, hors de toute raison, est l'amour. le narrateur décide donc de prêcher l'amour, et privilégie la foi à la connaissance. Si croire est un acte naturel et irrationnel (propre à la nature de l'Homme, et donc inhérent à la vie), la raison qui privilégiera plutôt la connaissance de toute chose ne peut mener au bonheur qui est pourtant ici le bien suprême

Je ne peut que recommander cette nouvelle à tous, lecteur de Dostoïevski ou pas !
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Wouch ! Je crois que pour mon premier auteur russe (et oui, c'est la honte...), et pour mon premier Dostoievski, j'ai choisi le bon. le très bon, même !
Je l'ai commencé hier soir, alors que j'étais moi-même un peu cuite (C'est très ponctuel, je vous rassure, un motard alcoolo est un motard mort. La raison en étant comme qui dirait un besoin de "déconnecter" suite à de menus soucis de début de semaine qui ne m'intéressent plus du tout aujourd'hui...). le livre était à côté de moi et je l'ai attrapé.
La première page est étrange. Et j'ai tourné pour lire la seconde... Et ainsi de suite jusqu'à plus de 30 pages... Halluciné et Hallucinant voyage que de lire ce bouquin en étant soi-même un peu parti, c'est une étrange expérience.
Je pense que le nouveau traducteur, qui n'a pas cherché semble-t-il à "améliorer" quoi que ce soit du style ou de la façon d'écrire, rend exactement l'espèce de délire qui précède "le rêve".
Or, pour qui l'a vécu, cette sensation de "nonsense" est vraiment très réaliste. Alors oui c'est halluciné, mais en fait, non. Je ne suis pas claire, je sais. Mais pour moi, Dostoïevski a clairement vécu tout ce qu'il a écrit dans cette nouvelle, du moins ce qu'il se passe avant le rêve.
Après, le rêve mystique, en lui-même, redevient assez classique, et m'a moins touchée, même après l'avoir relu "à jeun" ce matin... le "paradis perdu", ma foi, ça me laisse assez froide, car je sais combien l'être humain peut être moche, au fond, et je ne crois pas une seconde qu'on pourrait échapper à la société qu'on a construit depuis des millénaires. Les cultures vont et viennent, mais à la base, c'est toujours la même rengaine, la loi du plus fort qui écrabouille et esclavagise les plus faibles.
Mais c'est une belle nouvelle, le rêve d'un homme ridicule, ridicule d'y croire, ridicule de vouloir ce monde-là, ridicule de rêver de coopération et non de compétition.
Je sais que je suis une femme ridicule... mais, contrairement au personnage du livre, je n'ai aucun espoir, je n'y crois pas une seconde.
Bref, j'ai un beau coup de coeur pour ce très court Dostoïevski, idéal pour découvrir l'auteur, ce qui était mon cas... ça donne envie de lire autre chose de lui !

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un chef d'oeuvre tiré d'une réflexion d'un personnage des démons. Dostoïevski est sans aucun doute le plus grand écrivain. Probablement, l'inventeur du roman à plusieurs voix, avec les démons crimes et chatiments l'idiotles freres karamazov. Ce livre est à lire plusieurs fois par année. C'est une leçon de vie... impossible d'être indifférent... quant à la petite fille: j'irai, j'irai
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Ici encore, Fiodor Dostoïevski donne à voir des personnages en proie à la culpabilité. Toutefois, il ne s'agit pas, cette fois-ci, de la culpabilité liée à un crime de l'ordre du meurtre, comme dans les Frères Karamazov ou encore Crime et Châtiment (bien qu'il y soit effectivement question d'une morte dans la nouvelle Douce par exemple). Non. Chacun des personnages des différentes nouvelles de Dostoïevski partage, en réalité, la culpabilité d'exister, d'être.
En effet, il semblerait que la plupart des personnages de l'écrivain russe ait pour trait commun ce sentiment de dissonance entre leur propre individualité et les autres, entre la manière dont ils aimeraient paraître et leur incapacité à paraître tels qu'ils sont dans leur intériorité : maladresses, incapacités à exprimer, à agir de la façon dont la société russe aimerait qu'ils agissent... Ces personnages sont condamnés à ressentir de manière vive, une honte, une forme d'humiliation, à chaque fois qu'ils tentent d'imposer leur personnalité, leur originalité.
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'ai envie de classer ce récit parmi les utopies ou les dystopies. Brillant, une plongée dans l'âme humaine, presque délirant, presque suppliant. On ressent la noirceur, la crasse, et par-dessous tout, cette envie de s'extirper de ce monde, de cette vie, de comprendre le péché, comment même les coeurs bons peuvent être souillés. Très court, mais ouvre des vastes et longues réflexions, tant sur la religion, que l'origine de l'humanité. (plus sur Instagram)
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Voici une nouvelle d'une puissance sans commune mesure, un véritable vortex qui en quelques dizaines de pages seulement, nous emmène loin, très loin.

Dans sa visée, elle me rappelle "Ce que la vie signifie pour moi" de Jack London, cette dernière étant néanmoins plus politique, plus centrée sur son époque durant laquelle la lutte des classes atteignait son paroxysme, plus sociétale donc, mais comme la nouvelle de Dostoïevski, elle y approche l'homme dans sa globalité.

"Le rêve d'un homme ridicule" raconte le Tout, l'Humanité au sein de l'Univers, l'Amour et sa corruption, l'Ici-bas et l'Au-delà. Il y a une dimension philosophique bien sûr, mais également une dimension métaphysique, une autre fantastique et une onirique, quatre dimensions qui abolissent l'espace et le temps pour un voyage de l'autre côté...

Ecrit à la fin de sa vie, la nouvelle est une très bonne introduction à l'univers de Dostoïevski, elle préfigure la dernière oeuvre réalisée par l'écrivain, la plus importante sans doute, "Les Frères Karamazov".

A lire, à relire, à s'approprier, à faire sien du contenu...


Lien : https://www.nomadisant.com/
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Ce livre a été pour moi d'une profondeur abyssale. Sur le papier, j'ai lu 59 pages mais en réalité j'en ai retenu plusieurs centaines. La richesse offerte par ce récit a changé quelque chose en moi de manière indélébile.
J'espère que ce livre tombera un jour entre vos mains.
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C'est fou de faire un tel chef-d'oeuvre en cinquante-huit pages.
Un livre si petit qui résume l'humanité, qui nous explique le but et le sens de la vie, c'est magnifique.
Je ne m'étendrais pas, je vous laisserais découvrir.
L'une des mes meilleures lectures que j'ai pu faire sans aucun doute, tellement simple, tellement touchant, tellement juste et terriblement vraie.
Vous l'aurez compris, je vous conseille ce livre le plus chaudement possible.
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Faut-il qu'elle soit malade, notre humanité, pour que le fils de Jésus, le frère de l'Idiot, le père de Camus, cette âme (é)perdue, presque morte, dont la vie entière est tel Sisyphe : souffrance sans fin. Existence arraisonnée par un travail sens dessus dessous, toute de futiles occupations, de relations superficielles, où le prochain est l'Étranger et où la seule question qui demeure, vraiment est d'être ou ne plus être.
Faut-il qu'elle soit malade, de la pire des Pestes, qu'elle soit accablée de tous les Démons, pour ne pas avoir encore su voir, comprendre, retenir, réaliser « ce qui compte : aime ton prochain comme toi-même, voilà ce qui compte - c'est tout, et il ne faut rien d'autre : tu trouveras tout de suite comment construire. Et pourtant, tout cela, ce n'est rien qu'une vieille vérité qu'on rabâche, qu'on a lue des billions de fois, mais, voilà, elle n'a pas pris racine ! "La conscience de la vie est supérieure à la vie, la connaissance des lois du bonheur - supérieure au bonheur", voilà ce qu'il faut combattre ! »
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