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Lorsque j'ai souhaité découvrir cet incontournable auteur russe qu'est Dostoïevski, littérature pour laquelle j'ai beaucoup d'affection, je ne savais par lequel commencer. Je suis tombée sur Les pauvres gens en librairie, qui est son premier roman paru en 1846. Quelle meilleure façon de découvrir l'auteur que par son premier roman ?

Je me suis donc enfin plongée dans ce récit récemment et quelle belle découverte !

Les pauvres gens est un roman épistolaire, le seul de l'écrivain, qui suit sur plusieurs mois la correspondance entre Makar Alexéïevitch Dévouchkine, vieux fonctionnaire, et Varvara Alexéïevna Dobrossiélova, jeune orpheline déshonorée. Tous deux vivent dans des logements communautaires voisins et perçoivent leurs ombres à travers les rideaux alors ils s'écrivent.
A travers leurs échanges, c'est le tableau de deux âmes tourmentées par la rudesse et la pauvreté de la vie en Russie qui est nous est dépeint par Dostoïevski, et ainsi un reflet de la Russie du XIXème siècle. Leurs lettres se font de plus en plus affectueuses, Makar déborde de générosité envers sa voisine, davantage dans le besoin encore que lui, ce qui le plonge dans une profonde misère.

J'ai beaucoup aimé me plonger dans ces lettres, suivre le quotidien de ces deux protagonistes, leurs tracas, leurs soucis, leurs questionnements. Bien que j'aie trouvé le personnage de Makar à la limite du pathétique, c'est ce qui lui donne tout son charme et je me suis laissée emporter.

En bref, je suis curieuse de poursuivre ma découverte de Dostoïevski. Je suis d'ailleurs preneuse de recommandations quant aux prochains ouvrages à découvrir !
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Dans les récentes critiques que je viens de lire concernant les pauvres gens j'ai soulevé une phrase du dernier lecteur qui est d'une vérité incroyable. « Si Dostoïevski avait été fusillé en 1849 alors les seuls romans qu'ils nous aurait laissés sont les pauvres gens et le double et c'est bien dommage ». En effet je suis totalement de cet avis notamment concernant le double. Car ces deux livres ne sont pas « excellents » mais on peut tout de même soulever quelques petites choses intéressantes dans les pauvres gens.

Quelle surprise de lire le premier roman de Dostoïevski dans une forme épistolaire. Forme qu'on retrouve partiellement dans le double et qui est peut-être une des seules parts du roman que j'ai trouvé agréable à lire. Je ne suis pas assez qualifié pour vous dire si c'est réellement un hommage rendu au XVII siècle français, néanmoins c'est assurément une influence majeure. L'intrigue en elle-même n'existe pas, ce que je ne trouve d'ailleurs pas foncièrement négatif néanmoins vu que seuls deux personnages sont aux premières loges ce dont souffre le livre c'est cette malchanceuse redondance à la lecture. Beaucoup de lettres se ressemblent et c'est bien dommage. Si Laclos dans ses liaisons dangereuses parvient à maintenir le lecteur animé et passionné c'est par des effets de surprise et une pluralité de sentiments chez tous les personnages. Ici ce dont j'ai pu souffrir c'est tout d'abord du personnage de Macaire qui est affreux. Déroutant au possible, il a su trouver en moi la haine. Ses lettres sont d'une fausseté incroyable et là où Varvara a raison c'est que se trouver dans une extrême pauvreté n'est pas une justification à la méchanceté. Quand à elle, je n'ai rien à dire de plus, personnage merveilleux, une grande préférence pour le passage du récit sur sa jeunesse qui est juste captivant.

Enfin, la superbe particularité de ce roman, c'est que F.D, a travers un récit épistolaire et rarement narratif, c'est tout un essai sur la littérature qui se compose. Ce que je trouve sublime c'est que c'est une prise de risque pour un premier roman mais surtout que rares sont les auteurs qui définissent l'art ( en l'occurrence ici la littérature) dans leur propre production. « Il arrive qu'on vive sans savoir qu'à deux pas il existe un livre où votre vie est exposée un détail ». J'aurais aimé que le genre roman-essai sois plus présent mais je trouve déjà qu'il s'agit d'une prouesse énorme d'avoir tenter ceci.

Je n'ai pas à proprement parler « adoré » ce livre, mais il réserve quelque chose d'intrigant et la dimension sensible et très bien réalisée que j'ai trouvé bien meilleure que dans le double.
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Pour mon premier Dostoïevski, j'ai choisi de débuter son oeuvre par son premier roman. Me voilà donc embarqué pour Les Pauvres gens, un roman épistolaire entre Makar Dévouchkine et Varvara Dobrossiolova. Une correspondance qui laisse transparaître une profonde affection teintée d'amitié et d'amour. Un roman qui illustre le quotidien de deux personnages dans la Russie du XIXe siècle, certes pas très riches mais pourtant dotés d'un capital culturel relativement élevé.

J'ai trouvé qu'on était bien porté dans cette Russie du XIXe siècle, Dostoïevski arrivant à illustrer avec succès les réalités d'alors. J'ai cependant eu du mal à entrer pleinement dans l'histoire et à m'accrocher par moment. Si certains passages ont pu me sembler quelque peu obscurs, j'ai cependant réussi à tirer pas mal de choses de cet ouvrage et ressort donc satisfait de ce premier contact avec l'auteur russe !
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Il y a deux Fiodor Dostoïevski. le premier est un jeune libéral révolutionnaire, humaniste et europhile qui publia Les pauvres gens et deux autres textes (Le double, La logeuse) avant d'être arrêté, condamné à mort et symboliquement exécuté en avril 1849 (Voir sur le sujet La première mort de Fiodor Mikhaïlovitch de S. Charpentier). le second naquit dans le bagne d'Omsk et a pris peu à peu la place laissée vacante par le « jeune Dostoïevski » : A l'opposé de celui qu'il était, il devint un fervent défenseur de l'ordre, de la religion, de la Russie et sans doute aussi misanthrope que réactionnaire. Si le deuxième nous est assez familier avec de longs et superbes romans comme Les frères Karamazov ou Crime et Châtiment qui explorent les tréfonds de l'âme humaine (en général) et de l'âme russe (en particulier), en revanche, le jeune Dostoïevski, ne nous a laissé qu'une biographie tronquée, interrompue par cette mort symbolique (et les années de bagne qui suivirent) ainsi que trois récits dont ce premier roman étonnant sur la forme comme sur le fond.

Sur la forme tout d'abord, le choix du roman épistolaire est aussi pertinente qu'inattendue. Inattendue car le genre parait alors très daté (il évoque davantage les XVIIe et XVIIIe siècles que ce milieu de XIXe) et que Dostoïevski déclarera plus tard mépriser les correspondances. L'écrivain va en effet adapter à la triste condition sociale des petites gens de son époque tout en usant des avantages et des ficelles que lui permettent ce type de narration : Les nombreuses ellipses lui permettent notamment de figurer le passage du temps ou de garder le flou sur un certain nombre d'informations (dont le lien exact entre les personnages qui restera indéterminé). de même, les lettres échangées permettent en utilisant la subjectivité de la narration de faire ressentir aux lecteurs, les affres, les angoisses deux des personnages ou de dresser subtilement l'évolution de leur relation.

Sur le fond, l'intrigue est plutôt mince et il est question des vies quotidiennes d'un humble fonctionnaire copiste Macaire Diévouchkine et d'une orpheline désargentée Varvara Dobrossiélova. le lien qui les unit reste flou : il est fait allusion à un vague lien de parenté et on sent une tendresse paternelle de l'homme mûr pour la jeune fille (quelques expressions et phrases équivoques suggèrent possiblement un sentiment amoureux latent). Mais le coeur du roman, c'est avant tout, cette lutte quotidienne des personnages contre la faim, le froid et surtout contre la honte de pour sauvegarder les apparences vis-à-vis d'une société russe très codifiée ou il faut tenir son rang aussi modeste soit-il (sur ce sujet, on peut penser à la nouvelle le manteau de Nicolas Gogol auquel il est d'ailleurs fait explicitement allusion). Les petits sacrifices, les économies de bouts de chandelles rythment la vie des personnages qui deviennent familiers du lecteur. le roman ne se limite toutefois pas à ces protagonistes puisque d'autres personnages nous sont présentés indirectement via le contenu des lettres comme le jeune Pokrovski, percepteur de Varvara ou l'infâme Anna Fiodorovna, sa parente.

Fiodor Dostoïevski nous rend ces personnages attachants et certains passages sont même véritablement émouvant comme celui très réussi narré par Varvara concernant l'achat d'un cadeau pour le jeune Pokrovski. de plus, en usant des avantages du format épistolaire, il nous immerge sans redondance inutile et sans pathos larmoyant dans la vie humble des personnages principaux.

Ces récits sont un peu différents des récits plus tardifs. Ici, si la vie des personnages est dure et que quelques personnages secondaires sont plus ou moins intéressés et vils, la majorité des protagonistes semblent plutôt bons et solidaires. On ne retrouve pas non plus le Dostoïevski tardif volontiers « moralisateur », pessimiste et conservateur et le récit est finalement assez optimiste quant à la nature humaine et me semble aboutir à un plaidoyer pour davantage de justice sociale vis-à-vis de ces « pauvres gens », résilients, solidaires et tempérants.

Si le roman me parait peu représentatif du reste de l'oeuvre de Dostoïevski, il m'a beaucoup intéressé justement en ce qu'il différait du reste de son oeuvre (et surtout des romans que Dostoïevski rédigera après ses années de bagne). de même s'il n'est pas à mes yeux le meilleur de l'écrivain, il reste tout à fait remarquable et très agréable à lire.


P.S. : Par un heureux hasard, j'ai lu peu avant ce livre la nouvelle le Manteau de Nicolas Gogol, je ne peux que recommander sa lecture en amont qui peut constituer une excellente introduction.
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Premier roman de Dostoïevski et peut-être pourrait-on le considérer comme une préface à l'ensemble de l'oeuvre de cet auteur. A travers ce roman épistolaire, on retrouve déjà le portrait de personnages écorchés par une vie difficile mais qui restent dignes malgré leur pauvreté, leurs souffrances et le peu de perspectives d'un avenir radieux. Des personnages sans prétention, sans fausseté, droits.
Le bonheur, ils ne le trouvent que dans les choses simples, insignifiantes.
Une leçon de vie au XXIème siècle où le monde est devenu matériel et superficiel, où tout sentiment vrai semble être denrée rare.
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"Les pauvres gens" est le premier roman de Dostoïevski, écrit en 1846, quatre ans avant son départ pour le bagne. On y découvre à travers la correspondance entretenue par un petit fonctionnaire d'âge moyen et une jeune couturière orpheline la sensibilité de l'auteur pour le sort des miséreux, acculés à vivre d'expédients et confrontés aux humiliations quotidiennes.
C'est une oeuvre qui débute dans une (fausse) sérénité et où le rythme des catastrophes matérielles et morales qui s'abattent sur les deux protagonistes va s'accélérant. La lecture en est de plus en plus oppressante, signe d'efficacité, d'autant que l'auteur a pris soin d'écarter tout élément de sensationnel pour mieux faire ressortir la détresse des situations de gêne extrême : les deux personnages ont un métier, un toit, mais l'enchaînement des circonstances nous fait redouter une issue épouvantable : la perte de leur logement, la mort par inanition pour le fonctionnaire, la prostitution pour la jeune fille.

Dostoïevski évite toute issue misérabiliste, et pourtant quelle tristesse que le sort de ces deux êtres enfermés dans une irrémédiable solitude intérieure !


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Pauvres gens est le premier roman de Dostoïevski, vingt-cinq ans, qui a immédiatement été acclamé par la critique. Sous forme de roman épistolaire, il raconte par l'échange de lettres l'histoire de Makar Djevuskin, quarante ans, fonctionnaire, et de Varvara Dobrosjelova, une jeune orpheline très pauvre, que Makar prendra sous son aile. Les deux vivent dans des quartiers pauvres de Pétersbourg dans des chambres sordides et se font face, avec des fenêtres donnant sur la même cour. Ils échangent des lettres en raison de l'impossibilité de se fréquenter, car Makar ne veut pas attiser les ragots sur leur relation dont la nature n'est jamais très claire : le fonctionnaire décide de s'occuper de l'orpheline par pitié mais la comble de cadeaux comme un véritable amant . L'attention de Dostoïevski à la misère humaine, aux humiliations à subir, aux comportements déplorables ou au contraire nobles et pitoyables sont des thèmes bien représentés et nous livrent des pages émouvantes. Très beau roman court et prenant, si vous n'avez jamais lu Fedor, commencez donx par celui-ci.

Lien : http://holophernes.over-blog..
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Sans-abris, défavorisés, isolés, démunis, SDF… Il existe une galaxie de mots pour vous désigner du bout des lèvres, vous, les invisibles trop visibles. Comme si vous affubler de noms changeants enlevait de la misère à la pauvreté. On pousse l'aveuglement jusqu'à vous conceptualiser dans des tableaux et des graphiques afin de vous placer sur la courbe de l'indigence. La dèche a-t-elle progressé un peu, beaucoup ou à la folie ? Vous transformer en chiffres nous empêche de voir la réalité à nu. Il y a toujours une raison dans le fond de nos poches pour éviter de vous aider : désolé j'ai pas l'temps, il l'a bien cherché, il va aller s'acheter des bières de toute façon, j'ai pas d'argent sur moi.

Et puis il y a la foultitude d'entre-nous qui passons devant vous sans-même vous calculer. Notre cerveau déploie sa faculté de déni poussée à son paroxysme et nous ignorons votre mendicité, votre carton et vos halls d'entrée. Il y a bien des jours où, grands princes, nous faisons tomber des pièces sonnantes et trébuchantes dans votre maigre escarcelle. Faire don de quelques poussières d'euros est un tel sacrifice que nous avons l'impression de donner un rein. Ça y est, nous venons de faire notre bonne action et nous nous sentons alors pousser des ailes qui nous emmènent déjà loin de vous, il ne faudrait pas entamer une discussion d'humain à humain, cela nous amènerait à faire tomber le masque de l'individualisme et de redevenir humain … trop humain (sic).

Au rayon des romans montrant une des facettes de la pauvreté, il y a Les Pauvres Gens de Fiodor Dostoïevski. Petite analyse.

Ce livre représente les débuts de l'auteur russe dans le monde littéraire puisqu'il s'agit de sa première oeuvre. Elle rencontrera, dès sa parution, un certain succès qui placera Dostoïevski sur l'échiquier des auteurs russes à 23 ans seulement.

Les Pauvres Gens est une fiction épistolaire entre deux personnes qui habitent l'une en face de l'autre dans des immeubles délabrés. Il s'agit de Macaire et Varvara. le premier un fonctionnaire sans cesse au bord de la ruine tandis que la seconde est une jeune fille que la vie continue de ne pas épargner. Ces deux personnes nous font entrer dans leurs petites joies mais, surtout, leurs tracas quotidiens dus à leur pauvreté. On découvre ainsi que Macaire vit dans le coin d'une cuisine d'un logement collectif et que Varvara est presque sans revenu depuis la mort de sa mère.

À travers la correspondance de ces deux personnages, Dostoïevski dévoile des tranches de vie typiques de la vie urbaine russe du XIXème siècle. Il déroule une histoire simple faites de variations comme l'existence seule peut en promettre, la pauvreté en toile de fond. Certes, Varvara et Macaire ne sont pas encore des héros dostoïevskiens caractéristiques mais on retrouve déjà l'intérêt de l'auteur pour tenter de percer l'âme humaine avec plus ou moins de succès :

" le plus fort, c'est que les gens riches n'aiment pas que les malheureux se plaignent à haute voix du mauvais sort. « Ils nous dérangent, ces importuns ! » disent-ils. La misère est toujours importune ; les gémissements des affamés les empêchent peut-être de dormir ! "

Comme dit plus haut, Les Pauvres Gens est un roman épistolaire qui va crescendo jusqu'à la séparation finale des deux protagonistes. C'est d'ailleurs dans cette dernière partie que l'on remarque le style barré de Dostoïevski qui fera sa renommée dans ses autres romans. En effet, le rythme des dernières lettres va, s'accélérant, jusqu'à l'ultime lettre de Macaire qui est un long monologue agité. Et si cette correspondance n'était rien d'autre que pure invention de ce personnage ? Lui qui aborde plusieurs fois dans ses missives le style, la littérature et un avis bien tranché sur celle-ci.

« Varinka, mon amie, mon petit oiseau, mon trésor ! On vous emporte, vous partez ! Ah ! Ils feraient mieux de m'arracher le coeur de la poitrine que de vous enlever à moi ! Comment acceptez-vous cela ? … Vous pleurez et vous partez ? à contrecoeur ; donc on vous emmène de force ; donc, vous avez pitié de moi, donc vous m'aimez ! Et comment, avec qui vous allez vivre maintenant ? Là-bas, pour votre petit coeur ce sera la tristesse, la nausée, le froid. […] Si vous ne m'emmenez pas, je courrai de toutes mes forces, jusqu'à en perdre le souffle. Savez-vous seulement où vous allez ma petite amie ? »

Enfin, une autre oeuvre du répertoire russe est sans doute à l'origine de ce roman. Il s'agit de la nouvelle le manteau de Nicolas Gogol. Les deux récits parlent d'un fonctionnaire qui s'évertue à devenir quelqu'un malgré les différentes vexations. du côté de Gogol cela donnera naissance à une histoire burlesque et fantastique, tandis que Dostoïevski s'en inspirera pour créer le personnage de Macaire, fonctionnaire lui aussi mais plus sentimental et dramatique que celui de Gogol.

À bientôt 😉
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Une oeuvre très émouvante, très triste et très belle, comme l'indique l'adjectif du titre. En effet, les "Pauvres gens", ce sont d'abord des personnages qui souffrent de la pauvreté. La question de l'argent - et de son manque - est ici centrale, toute l'intrigue tourne autour d'argent à emprunter à plus aisé que soi, de petits cadeaux ou de dons entre proches, de charité - dans son acceptation chrétienne de vertu théologale lorsqu'une femme héberge ses parentes éloignées. C'est l'argent qui permet de vivre au quotidien, matériellement, on ne parle pas ici de spéculation ou d'argent gagné ou perdu au jeu. Non, cet argent qui manque empêche de manger à sa faim, de réparer les semelles de ses bottes, de s'acheter un manteau plus chaud, ou de se faire de rares petits plaisirs - quelques bonbons, un peu de tabac. Pour le gagner cet argent, il faut travailler à la sueur de son front et donc souffrir. Devouchkine est ainsi un modeste employé qui s'épuise dans des tâches non reconnues, peu valorisées. Pour gagner son salaire, il est prêt à toutes les brimades et les humiliations infligées par ses supérieurs. Il cherche même des travaux de copies supplémentaires. Varvara pense elle à devenir institutrice, fait de la couture...
Les "pauvres", ce sont aussi ceux qui ont un aspect misérable, comme Devouchkine, petit, aux cheveux blancs, rampant devant ses supérieurs, retrouvé parfois ivrogne dans la rue. Comme Varvara aussi, amaigrie, pâlie, aux traits creusés par sa maladie.
Les "pauvres", ce sont donc ceux qui font pitié, qui émeuvent, qui, même, tirent une larme. La relation entre Varvara et Devouchkine est très belle, remplie de dévouement, d'amour filial et paternel, pleine de non-dits et de pudeur. Enfin, ne peut-on y voir une référence biblique : "heureux les pauvres d'esprit, le royaume des cieux est à eux"... Si Varvara est une martyre, Devouchkine est lui un saint ignoré et qui s'ignore.
Mais ce qui m'a marqué, c'est que c'est aussi une oeuvre sur l'écriture. Devouchkine dit n'écrire que pour noter ses idées, sans style, sans recherche. Mais il se forge peu à peu une opinion sur les auteurs russes, découvre la poésie. S'il fait d'abord rire par son manque de goût littéraire, son écriture s'embellit par la souffrance et la douleur, comme le témoigne les dernières lettres dans sa dernière lettre non envoyée "maintenant, mon style se forme... [...]. Je ne sais pas ce que j'écris, je ne le sais pas du tout, je ne sais rien, je ne me relis pas et ne corrige pas mon style, je ne pense qu'à vous écrire, à vous écrire le plus vite possible".
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Dans ce roman épistolaire, nous suivons les échanges entre deux voisins : une jeune fille, Varenka, et un homme, Makar, qui vivent tous les deux dans une extrême pauvreté. Makar est très attaché à la jeune Varenka et n'hésite pas à la couvrir de cadeaux même si ses moyens sont plus que précaires. Varenka, elle, raconte son passé à son nouveau protecteur et lui décrit son quotidien.

J'ai bien aimé l'aspect de ce roman qui nous fait découvrir la pauvreté extrême de certains russes de l'époque, mais j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages et donc à m'intéresser à leur vie. La relation entre Makar et Varenka, qui peut s'apparenter à une relation père/fille, m'a parfois gêné, notamment à cause de Makar et des nombreux surnoms qu'il emploie au fil de ses lettres. Son engouement pour la jeune fille m'a également paru un peu étrange. Je vous recommande tout de même de lire ce roman qui est le premier qu'a écrit Dostoïevski car il nous permet vraiment de découvrir le mode de vie des russes de l'époque !
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