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EAN : 9782414363209
60 pages
Edilivre-Aparis (04/07/2019)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Dans un contexte perturbé, écartelé entre le désir de maintenir un confort acquis parfois de haute lutte et l'évidence de contraintes physiques peu prises en compte jusque-là, Range ma chambre ! a pour but de mettre à plat une partie des problématiques de notre temps, et d'y apporter des réponses... ou au moins des pistes de réflexion. Considérant que les générations passées et actuelles ont abondamment profité des ressources à leur disposition, ce manifeste propose... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je recommande.

Si je ne connaissais pas l'auteur de « Range ma chambre ! », jamais je ne serais allé acheter son bouquin, imaginant tomber, vu son titre, sur un recueil bourré de conseils destinés à aider les mères surmenées à convaincre leurs ados rebelles de mettre un peu d'ordre dans leurs affaires.

J'ai rencontré Jean-Marc Douls à l'occasion d'un déjeuner chez une amie commune. On avait bien sympathisé tous les deux. On s'était retrouvés sur pas mal d'idées non conventionnelles et plutôt à rebrousse-poil de la pensée dominante. le prix des carburants, par exemple : on s'accordait pour dire qu'il est ridiculement bas, ce prix. Ou plutôt – nuance –, qu'il ne reflète pas la vraie valeur du produit et surtout qu'il ne tient pas compte des « externalités négatives » que sa consommation engendre : impact environnemental, santé, etc. Un litre de gazole coûte 1€40, soit dix minutes de travail. C'est donné.
Comment ? Vous n'êtes pas convaincu ? Pour Jean-Marc Douls, le calcul est simple : un litre de gazole nous permet de nous traîner sur 20 kilomètres de routes enchantées (allez, disons 15 pour être large). Traîner non seulement nous et nos grosses fesses, mais aussi toute une masse conséquente de plusieurs centaines de kilo de ferraille, plastiques, tissus et matériaux divers. Et si la route est celle des vacances, la voiture sera en plus bourrée à craquer de notre petite famille, du chien, du chat et de tout un barda pas possible. 15 kilomètres pour 1€40, qui dit mieux ? Qui accepterait de pousser sa voiture sur 15 kilomètres pour 1€40 ? Avec les côtes, les pentes qui s'enchaînent ? C'est pourtant ce que nous demandons au gazole en nous lamentant que ce soit hors de prix.
Le ton est donné. Autant vous prévenir de suite, si on n'aime pas être bousculé dans ses certitudes, si on n'est pas un peu curieux d'une façon différente d'envisager certains problèmes de notre époque, il vaut mieux ne pas lire la suite.

Sur une soixantaine de pages, Jean-Marc se pose la question de savoir où nous en sommes, comment nous y sommes arrivés, où l'on va. Il brosse le tableau de nos sociétés occidentales perfusées au pétrole ou à la dette. C'est direct, les problèmes sont posés en termes simples. Il bat en brèche quelques idées reçues, chiffres à l'appui : non, le carburant ne coûte pas plus cher, au contraire. Globalement, depuis cinquante ans, ce poste représente la même part dans le budget des ménages. Par contre, nous en utilisons plus.

Ce petit bouquin est pédagogique et pragmatique. L'auteur ne cherche pas à faire la morale ni à culpabiliser. Pour lui, les énergies fossiles représentent le magot du grand-père découvert par hasard sous la pierre de la cheminée, les économies de toute une vie de labeur. Nous, les petits-enfants, on aura claqué toute cette fortune en deux mois d'alcool, de drogue, de jeu.
Nous qui ? Nous tous. Car l'auteur s'inclut lui-même dans le lot (j'y suis aussi), avoue qu'il aime bien l'objet bagnole, qu'il apprécie le confort. Il nous pose et se pose la question de l'après-perfusion, du comment-on-fera-sans, de la décroissance (oui, parce que comme le professait le regretté Bernard Maris, sur une planète aux ressources finies, la croissance infinie n'a aucun sens). Jean-Marc se veut confiant, en tout cas optimiste. Il explore les solutions. Il propose des pistes. Il faudra revenir à une certaine frugalité. Sans employer le terme, il évoque la « sobriété heureuse » chère à Pierre Rabhi. Bref, pour lui, la fin n'est pas écrite et on peut encore infléchir la trajectoire. Il croit en la jeunesse et en sa capacité à raisonner différemment.

C'est ici, que nos chemins divergent. J'ai, moi, la quasi-certitude qu'à l'image d'un ivrogne en manque, le pétrole on le boira jusqu'au dernier litron. Et qu'ensuite on ira laper les fonds de verre après le banquet. L'Australie, ce superbe pays, cet écosystème à lui tout seul, est en feu. Une conséquence du réchauffement climatique ? Très certainement. En tout cas, le réchauffement a créé les conditions favorables à une pareille catastrophe.
L'Australie est en feu, mais là-bas comme partout ailleurs, les climatiseurs fonctionneront à fond cette année encore, et nos amis Australiens emporteront une fois de plus la palme du fameux jour du dépassement. Je ne nie pas que des efforts sont faits, mais je crains qu'ils n'aillent pas assez vite tant ils impliquent d'efforts, de sacrifices et de renoncements pour être efficaces. Ce sera le même « toi-d'abord » qui prévaut actuellement…

À la fin de son livre, Jean-Marc évoque nos enfants et leurs questions inévitables : « Dis, Papi, avec toutes ces lumières rouges qui clignotaient partout, pourquoi vous n'avez rien fait ? »
Sur ce point, on se retrouve, Jean-Marc et moi, parce que c'est une interrogation qui me hante, celle du regard des générations futures sur les jouisseurs-gaspilleurs que nous aurons été. Et le sous-titre du bouquin résume bien cet aspect : (Range ma chambre !) ou comment nos enfants devront nettoyer le bazar qu'on aura mis.
Pas sûr qu'ils arrivent à nettoyer, d'ailleurs, tellement il y en aura partout, sous les tapis, derrière les plinthes, incrusté entre les lames du parquet ou éclaboussé sur les murs. le plastique des océans, les décharges, les sols, les nappes phréatiques et même les fûts radioactifs enfouis que la mémoire collective aura oubliés dans cinq siècles. Ils devront vivre dans nos déchets et feront de bien tristes découvertes.


Trop court disais-je. Il y aurait tant à dire. J'aurais bien aimé voir la réflexion de l'auteur se prolonger sur d'autres problématiques. Celle du nucléaire, par exemple, ou celle du bilan énergétique du grand réseau mondial qui, selon des chiffres entendus hier, exploserait celui du transport. Celle de l'eau, aussi, qui, dans certains territoires, risque de devenir l'enjeu crucial des prochaines années. Et là encore, les questions que nos petits-enfants nous poseront : « Mamie, c'est vrai que quand tu étais petite tu faisais pipi dans de l'eau potable ? Et après, pour plus voir le pipi, tu envoyais encore des litres d'eau potable ? »

Ben oui, c'était vrai.
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