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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous faisons la connaissance de Victor Forde, le narrateur, alors qu'il est en train de s'installer dans un quartier populaire de Dublin, celui de son enfance.
Il vient de rompre avec sa femme, la célèbre Rachel Carey et doit donc s'organiser une nouvelle vie.

Ce nouveau départ l'incite à se remémorer, à faire émerger les souvenirs, les pans de sa vie passée qu'on découvre avec curiosité...

Pour ne pas rester seul, il s'oblige à sortir régulièrement au pub, il aimerait se faire de nouveaux amis.
Et là, il rencontre un ancien du collège, Ed Fitzpatrick qui se souvient très bien de lui, mais (et là c'est un peu gênant) lui n'a absolument aucun souvenir de ce garçon.
Ce drôle de type, toujours attifé du même short et du même tee-shirt rose, cherche à s'accaparer l'attention de Victor et devient vite un boulet.

Roddy Doyle est un grand écrivain !
Il m'a complètement promenée dans son récit, installant tranquillement la matière, le temps et l'espace autour de son personnage, jusqu'à l'uppercut final...
Il est vrai qu'il y avait des détails par ci par là qui m'intriguaient, des petits cailloux abandonnés (j'en ai d'ailleurs mis un dans ce billet, l'air de rien !), mais je ne m'attendais pas à cette chute là...
J'ai terminé ce livre hier soir, tard, parce que je n'ai pas pu lâcher les dernières pages... Et bien je peux vous dire que ce n'est pas facile de trouver le sommeil ensuite...
Il n'y a qu'une question qui me chafouine un peu : pourquoi ce titre ? J'ai dû passer à côté d'un truc...

Le caillou de mon billet :

CQFD :-)




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Titre : Smile
Auteur : Roddy Doyle
Editeur : Joelle Losfeld
Année : 2018
résumé : Victor Forde revient dans le quartier de son enfance. Récemment célibataire, il se rend, chaque fin de journée, dans un pub Dublinois pour tenter d'y prendre ses habitudes. Un soir comme un autre, il fait la rencontre d'un certain Ed Fitzpatrick, qu'il a bien du mal à reconnaître; à priori un ancien camarade de classe de son école chrétienne. En sa présence, Victor ne se sent pas à l'aise mais presque chaque soir, à cause de Fitzpatrick, des pans entiers de son enfance lui reviennent.
Mon humble avis : Malaise. Rarement un mot n'aura été si juste pour évoquer un roman. Un malaise presque palpable, une gêne, quelque chose qui ne tourne pas rond, comme un gravillon dans la chaussure. C'est ce que j'ai ressenti tout au long de la lecture de Smile, et c'est, je pense, l'effet recherché par Ruddy Doyle. Dans la tête de Victor, ce sont des tombereaux de boue, de souvenir douloureux, d'immenses douleurs enfantines qui se mêlent à un présent sans intérêt, un quotidien sans rêve ni aspiration. Dans une société Irlandaise sclérosée, une société ployant sous la chape de plomb des traditions et de la religion, Victor tente de garder la tête hors de l'eau. Pourtant sa vie se présentait sous les meilleurs auspices : marié à une star de la télévision, futur écrivain de génie, dandy radiophonique adulé ou méprisé pour ses prises de position progressistes, le garçon faisait la fierté de sa mère et de son épouse, la sublime Rachel. Et puis le poids du passé, un destin retors, une mémoire tenace et voici Victor, a qui l'on promettait un avenir radieux, le voici dans un appartement minable, seul et perturbé. Vous l'aurez compris, Smile est un roman sombre, un texte simple en apparence où l'auteur radiographie la société irlandaise par le prisme du destin d'un homme. C'est fort, surprenant, noir sans être larmoyant et la fin - bien que prévisible - est tout simplement vertigineuse. Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé ce roman. J'ai aimé les passages lumineux alors que Victor s'ouvre à la vie, j'ai aimé l'émergence progressive et douloureuse de la mémoire, j'ai aimé la manière dont Ed pousse Victor dans ses retranchements, leur relation toxique. Je ne connaissais pas Doyle, à peine gardais-je un souvenir de l'adaptation de l'un de ses romans par Alan Parker au début des années 90. J'ai découvert un auteur passionnant, un texte d'une acuité rare, une charge contre la société Irlandaise, un texte au suspens psychologique distillé avec maestria, bref un bouquin marquant. L'un de ses romans courts et percutant qui vous frappe au foie et vous laisse pantelant, au moment de refermer l'ouvrage.
J'achète ? : Smile se délecte comme un bon whisky irlandais. Apre et surprenant au premier abord puis doucereux et addictif. Ensuite on s'y laisse prendre, les verres  s'enchaînent et on finit ivre et penaud, avec une gueule de bois persistante et des images qui ne s'effacent plus. Un excellent roman.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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« Je n'avais aucune idée de son identité. Trente-huit ans, disait-il. Nous avions dû nous connaître au collège. Mais je ne visualisais aucune version plus jeune de cet homme. Je ne l'aimais pas. Ça, je l'ai su immédiatement. »
Victor Forde, 54 ans, connu essentiellement pour ses interventions jugées provocantes dans des talk-shows radiophoniques et pour être marié à Rachel Carey, célébrité de la télévision dont il vient de se séparer, est revenu vivre dans le quartier de son enfance dublinoise. C'est là, dans un pub, le Donnely's, dont il a décidé qu'il y aurait dorénavant ses habitudes, qu'il croise l'étrange et quelque peu inquiétant Ed Fitzpatrick. C'est que si Fitzpatrick semble savoir beaucoup de chose sur l'adolescence de Victor et fait remonter à la surface de bien désagréables souvenirs, Victor, de son côté, n'arrive pas à se rappeler de cet homme à l'époque du collège.
À partir de cette inconfortable situation initiale, Roddy Doyle fait peu à peu émerger le passé de Victor Forde. Un passé sur lequel Forde lui-même, ainsi qu'il s'en rend peu à peu compte, avait posé un couvercle. Il y a certes les bons moments, la rencontre avec Rachel et leurs premières années de vie commune, il y a aussi les amitiés du début de l'adolescence et le souvenir de la rude éducation dispensée par les frères chrétiens, leurs poings ravageurs et leurs mains baladeuses. Chaque passage au Donnely's, chaque rencontre avec Fitzpatrick fait ainsi resurgir des souvenirs de plus en plus désagréables.
À travers l'introspection comme forcée de Victor Forde, Roddy Doyle fait émerger avec une délicatesse renforcée par une pointe d'acidité les contradictions de la société irlandaise. Une société obsédée par la manière dont les femmes disposent de leur corps et qui entend à tout prix légiférer, s'immiscer dans leurs choix ; c'est ce qui fait connaître Victor au public, lorsqu'au moment du référendum de 1983 sur l'avortement, il plaide en faveur de l'IVG. Mais aussi une société qui détourne le regard, refuse de se mêler et se fait ainsi complice des scandales sexuels dans les institutions catholiques dont sont victimes des milliers de jeunes irlandais.
Embarqué dans une intrigue dont il ne sait jamais vraiment où elle va le mener mais qui le met de plus en plus mal à l'aise au fur et mesure que se fait de plus en plus prégnante une certaine sensation d'anormalité, le lecteur de Smile se trouve quelque peu malmené jusqu'aux vertigineuses dernières pages. Terriblement émouvant dans sa manière de faire émerger la violence de la confrontation à la réalité et la recherche désespérée d'une supposée normalité, le roman de Roddy Doyle est de ceux qui vous frappent à l'estomac.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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« J'allais dans ce nouvel endroit tous les soirs – enfin, toutes les fins d'après-midis. Au commencement, je devais me forcer à le faire, comme je serais allé à la messe, ou dans une salle de musculation. »

Victor Forde, 54 ans, est abordé un soir dans son pub familier par un type lourdingue, immédiatement désagréable, qui se présente comme un ancien camarade d'école. Ed Fitzpatrick. Cependant, bizarrement, Victor n'arrive pas à se souvenir de lui.

« Je n'appréciais pas Fitzpatrick. Mais il m'avait ramené tellement loin en arrière ; c'était l'appât, le leurre. Il ne s'agissait pas de nostalgie. Je ne le pense pas. »

Dialogues de pubs aux petits oignons, souvenirs d'enfance, d'école, Victor se livre, se rappelle, écrit, semble-t-il. Il raconte son grand amour, sa femme Rachel, leur rencontre, leur différence de milieu et de rapport à l'existence, la célébrité montante de Rachel, un jeune traiteur qui devient un entrepreneur en vue. Il raconte l'Irlande de ces années-là, la mort de son père, les années de collège chez les frères chrétiens, les brimades.

On sent assez vite que quelque chose cloche avec Victor, ou a cloché dans son passé. Des réactions épidermiques, une allusion de ci de là, au coin d'un dialogue ou de suspensions. Victor est un écrivain reconnu, mais il semble ne jamais rien avoir publié. Il se considère comme un imposteur. L'est-il vraiment, ou juste à ses yeux ? Cache-t-il un secret, à lui, à nous, va-t-on nous le livrer plus tard dans la lecture, ou devra-t-on le deviner ? Ce roman a une construction implacable. le malaise et le mystère sont distillés avec art et parcimonie, tout au long de la narration, en alternant de grands pans de vie qui font rire et touchants. Mais toujours on revient au noeud gordien. Et sur les dernières pages, Roddy Doyle nous assomme. Jamais je n'aurais pensé à ça. J'ai terminé le roman avec cette envie de le reprendre immédiatement au début, comme Fight club, Usual suspects.

Même si j'ai bien aimé A la poursuite du grand chien noir, un des romans jeunesse de Roddy Doyle paru ces dernières années, avec Smile nous sommes un cran au-dessus. Dans la veine de la femme qui se cognait dans les portes… Quelle claque j'ai pris ! Une marqueterie de mots où chaque phrase est à sa juste place ; avec quelques angles vifs qui font saigner. du très bon ! A découvrir. Merci aux éditions Joelle Losfeld et à Babelio !

« Je me suis penché par-dessus l'accoudoir du canapé et j'ai vomi. le thé qua j'avais bu avec Brenda, les pintes, les lasagnes, les mensonges, les lacunes, les faits, tous les fragments de ma vie sont sortis en une seconde. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Ce roman est surprenant.
Premièrement car Roddy Doyle produit ici un de ces romans les plus sombres depuis plus de vingt ans (et vraisemblablement depuis, d'après moi, « La Femme qui se cognait aux portes »).
On peut dire qu'il résume l'oeuvre de Doyle. En quelque sorte, il associe les thèmes chers à l'auteur irlandais : les souvenirs d'enfance, les regrets de l'adulte et les conversations dans les pubs et que tout ceci s'emboîte parfaitement.
Ce roman est vraiment, profondément, émouvant car il touche la part d'enfance du lecteur. Cette enfance brisée, chez Victor, ce trouble, ce traumatisme que ce jeune garçon a enfoui pendant des décennies et qui lui explosent au visage.
Victor conte des pans de sa vie, heureuse ou pas, des moments forts, des moments sensuels ou sexuels, des moments difficiles à assumer, ou même des moments de solitude. Il alterne ici, là, seul, à deux, en famille, sans, etc.
Il possède cette honnêteté et cette lucidité envers ses actes et décide d'explorer sa jeunesse jusqu'à la dernière page.
C'est également l'ironie de ce roman… car entre humour et les faits, les souvenirs se transforment en prise de conscience…
On pourra toujours dire que la fin du roman est aussi courageuse que complexe et étonnera certains lecteurs et même que certains d'entre eux ne seront pas séduits mais, personnellement, elle est telle que j'aurais pu l'écrire.
Ce « Smile » est troublant, dans tous les sens du terme…


Merci aux Editions Joëlle Losfeld pour ce SP et cette avant-première, divine surprise de l'été !
Lien : https://lisagiraudtaylor.blo..
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Traduit par Christophe Mercier


Victor Forde, cinquante-quatre ans est fraîchement divorcé de Rachel, une célébrité irlandaise. Pour se reconstruire, Victor est retourné vivre dans le quartier dublinois de son enfance. Il a pris l'habitude de réfugier dans un pub, pour tenter d'achever le roman qu'il écrit depuis des années : L'Irlande. Un conte d'horreur. Un jour, un certain Ed Fitzpatrick déboule dans le pub et affirme le connaître. Tout de suite, Victor déteste cet homme qui prétend avoir été élève avec lui chez les Frères chrétiens. Pourtant Victor n'en a aucun souvenir. Ce type va devenir collant et inquisiteur dans la vie personnelle de Victor. Il connaît tout de lui. Ed Fitzpatrick va le suivre comme un ombre, ne plus lui lâcher les baskets. Dès que Victor pénètre dans le pub, il y aura aussi ce type. Cette confrontation va obliger Victor à replonger dans son enfance et son adolescence, à se remémorer sa scolarité chez les Frères chrétiens.
Comme Victor, nous, lecteurs, nous allons nous interroger sur l'identité de ce Fitzpatrick, qui a tout l'air d'être un imposteur.
Victor nous entraîne dans l'Irlande des années 70-80. Nous nous retrouvons élève chez les Frères chrétiens. Une scolarité entre garçons chez des pince-sans-rire où pourtant les gamins affublent tous les adultes d'un surnom. Il y a Patch, Tom Jones et bien d'autres. Les gamins affabulent des idées fantaisistes sur ces religieux : ce peut-être des zombies, ce sont sûrement des zombies... ! Ils sont déjà morts ! :) "Nous étions tous d'accord. Les professeurs laïques n'étaient pas des zombies.
Ce son justes des connards."

Victor se fait charrier par ses copains car un des frères en a après son sourire qu'il trouve craquant... Grâce à son sourire, Victor peut inverser le court des choses pour la classe... Mais aussi se faire traiter de "pédé" et se faire rouer de coups.

On va rencontrer les parents de Victor, et aussi Rachel.

Au début, on sourit. Mais ca ne dure pas. J'ai lu tous les romans de Roddy Doyle traduits en français et trois de ses romans pour la jeunesse (que vous trouverez les chroniques sur le blog). J'ai le souvenir assez fort de la femme qui se cognait contre les portes, qui traite, vous l'aurez deviné, des femmes battues, mais avec pas mal d'humour, pour faire ressortir une réalité pas franchement glorieuse. Ca finisssait bien, avec plaies et bosses, mais bien.
Smile est le roman le plus grave que j'ai lu de l'auteur, qui n'y va pas pas par quatre chemins. Une écriture franche, sans fioriture, qui dit une face noire d'une certaine Irlande, longtemps cachée sous le tapis, si je puis dire, longtemps taboue. le hasard a voulu que je lise ce roman au moment où le pape François se rendait en Irlande pour demander pardon aux Irlandais, au nom de l'Eglise catholique... Je ne vais pas m'étendre sur le discours du pape qui m'a choquée de plusieurs points de vue, pendant que les victimes, elles, ne peuvent pas se contenter de belles paroles creuses mais voudraient des actes concrets.
Les abus de l'Eglise catholique sont toujours un sujet brûlant en Irlande. le livre de Roddy Doyle est à mettre entre toutes les mains.

La fin est traitée d'une manière peu commune. On comprend alors pourquoi Fitzpatrick suit Victor comme son ombre.

Une histoire racontée avec tact, pudeur et sans pathos, qui pourtant vous fait l'effet d'une balle de hurling reçue en plein visage.

Un roman bouleversant. A lire absolument !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Se méfier du titre ! L'histoire de ce quinquagénaire ne prête guère à sourire. Au fil de la lecture on se demande même parfois où l'auteur veut en venir. Victor est un homme antipathique voire agaçant, qu'on a envie de «secouer» pour le faire réagir. L'autre personnage, Fitzpatrick, n'est pas plus agréable, il est vulgaire, a une hygiène douteuse et irrite Victor au plus haut point. Après une rupture amoureuse celui-ci est empêtré dans un quotidien morne et sans espoir. Comment va-t-il vivre l'intrusion de cet ancien camarade dans sa nouvelle vie ? le personnage de Rachel apporte une touche de fraîcheur salutaire dans cette atmosphère étouffante. On est en plein dans la tradition des romans irlandais mélancoliques voire tragiques, avec des thèmes bien connus : les pubs, les pintes de bière, la musique, la religion. Roddy Doyle fait un portrait réaliste et sans concession d'une Irlande conservatrice et toujours aux prises avec les mêmes débats de société. Il aborde aussi des thèmes plus intimes comme la solitude, l'amour, le couple, la mémoire et le souvenir. Difficile d'en dire plus si ce n'est que l'auteur excelle à rendre cette ambiance pesante grâce à une écriture crue et directe et une construction bien orchestrée. Un roman qui se mérite, à ne pas manquer, ne serait-ce que pour le final magnifique qui nous laisse pantelant d'émotion. Un roman à analyser avec un certain recul, comme quand on s'éloigne d'un tableau pour mieux le découvrir et en avoir une vision globale. (A.P.)
Lien : http://www.bnfa.fr/livre?bib..
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