porno soft
La porno vivait à l’époque de ma jeunesse son âge d’or. Je me souviens de Bleu nuit. Les scénarios maladroits et clichés. L’image jaune et sale. Rien à voir avec le blanc cru des vignettes pornographiques qu’on trouve sur le Web. Et les femmes étaient poilues !
Même si j’en ai peu visionné, ces quelques scènes de films pornos sont restées collées dans ma mémoire à désir. Quel pouvoir adhésif ! J’imagine le cerveau érotique de ceux qui se foutent de la porn plein les yeux tous les jours, plusieurs fois par jour. Du lavage de cerveau, en somme. Destruction massive de l’espace fantasme. Corps coupés en morceaux piégés ici et là par la caméra. Consommés. Produit avec lequel quelqu’un s’enrichit, un homme forcément. En se foutant bien de ta gueule de masturbateur-payeur. En n’ayant rien à foutre de toi non plus, l’actrice interchangeable.
Gros pénis, gros seins, gros toute. Pollués d’images.
Nous sommes pollués.
Ne pas finir découle d'un désir d'éternité. Car les textes qui somnolent, drogués, attachés, les œuvres ignorées, jetées, avortées te hantent, tentent de renaître dans tout ce que tu fais, écris. Elles cherchent à se recycler, à revivre. Des enfants difformes et amputés que tu as aimés pourtant, un jour. (...)
Tu écriras un monstre d'œuvre, gros, dégoulinant de mots. C'est ça ou être bouffée par la tête.
Je serai toujours en quête du livre à lire. Je n’ai pas d’auteur préféré, je le cherche encore, je relis rarement un livre. Partout, tout le temps, un livre, à commencer, à poursuivre, à terminer, à délaisser. Plusieurs ouverts en même temps. Perdre le contrôle. Des tours de livres. Des bibliothèques débordantes de livres. Je peux imaginer une vie sans écrire, mais pas une vie sans lire.
C’est l’accumulation. Le pire. C’est ça : l’accumulation. C’est le toujours qui fait mal. La répétition. Retrouver des traces partout qui disent que tu as déjà été sous tutelle, tuée pour des riens. Tu portes toutes ces femmes en toi. L’effet d’accumulation. C’est vraiment tannant.