Je baisse la nuque et je dis sans réfléchir. Rester vivant, monsieur. Rester vivant.
Maxence
"tu l'ignores, mais les voyages scolaires, c'est l'angoisse. Dans le bus, les gens dégueulent et on reste coincés dans l'odeur du vomi pendant des heures. On s'ennuie. On fricote avec n'importe qui et on le regrette après." (p39)
"Toujours les mêmes soirées, les mêmes gueules enfarinées, les mêmes blagues avant d'avaler cul sec sur des punchlines de PNL."
Tu es parti avec ma tranquillité. Je ne dors plus, je vis mal, mes nuits sont bruyantes et mes journées deviennent de longs tunnels silencieux.
Tu aurais entrepris de grandes choses.
Une grande école, une carrière prometteuse, des marinières et des vacances sur l'île de Ré, des marmots beaux à en pleurer. C'est dégueulasse. Pardon, injuste. Je rectifie en automatique.
Tu sais, j'aurais échangé ta vie contre la mienne sans hésiter. Parce que je sais que tu aurais vécu mieux que moi.
C’est à ce moment que tu m’aperçois.
On se regarde comme deux complices.
C’est le coup de foudre, pas vrai ?
On peut le dire maintenant, nos conquêtes féminines ne nous en voudront pas.
Ce jour-là dans la lande, c’est la foudre qui frappe.
Si vite, tu es devenu mon meilleur ami. Mon meilleur pote, à la vie à la mort. Indécent de dire ça. Pendant trois ans, tu m’apprends mille trucs. T’es Robinson, Mac Gyver, Dora l’exploratrice combinés. Tu me montres comment rafistoler un grille-pain, allumer un feu, faire des nœuds marins. Tu m’apprends même à conduire. Trois ans de confidences, de joie, de gueule de bois. Trois de joie, c’est ça.
" Parmi les rejetés de la nuit, parmi les dangereux, la vie azimuthée, les regards de détresse, tu ne bouges pas d'un cil. "
(Emile)
Il me répète, Alors l'an prochain ? Je baisse la nuque et je dis sans réfléchir. Rester vivant, monsieur. Rester vivant
Après l'attentat, c'est le monde à l'envers.
Sébastien (2nde14)