Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Mégane et les Éditions Jets d'Encre pour ce nouveau partenariat.
Concernant la couverture, elle est très jolie, entre le bokeh (l'arrière-plan flou qui figure le sous-bois) et la belle fleur bleue et mystérieuse mise en valeur. Elle ne pouvait pas être plus dans le thème.
Concernant la plume de
Laurie Alice Dumas, je l'ai trouvée assez agréable. On y ressent néanmoins la jeunesse d'un tout premier roman avec des répétitions et, parfois, un certain manque de fluidité. Mais rien de bien méchant. La pointe de fantastique est présente juste ce qu'il faut.
Dena est une mère qui aime énormément sa petite fille. Comme (quasiment) toutes les mamans, vous direz-vous. Et bien non ! Dena aime trop sa fille. Tellement qu'elle va prendre, sans lui demander son avis, une décision lourde de conséquences pour la garder, telle qu'elle est, pour toujours à ses côtés. Elle va lui faire ingérer à son insu une plante qui va empêcher Irène, 7 ans, de tomber malade, mais aussi de grandir et de vieillir.
C'est une belle preuve d'amour, vous direz-vous. D'une certaine façon, oui, ça l'est. Mais c'est surtout un geste très égoïste. Par son choix, Dena condamne Irène à voir ses proches vieillir puis mourir sans prendre une ride, sans pouvoir rien y faire. Mais ce n'est pas forcément le pire. Elle condamne aussi sa fille à la solitude en vivant recluse dans une maison éloignée de tout aux abords de la forêt. Elle la contraint à abandonner son père (qui est parti de lui-même, étant contre cette décision) et tous ses amis pour vivre cachée du monde, parce que seule sa famille, les Leroy, est au courant de l'existence de cette plante mystérieuse et rare qu'est l'elantana.
Nous suivons donc les vies de Dena et d'Irène, cette dernière étant prisonnière du désir égoïste de sa mère, ainsi que de sa maison dans les bois d'où elle a interdiction de sortir, sauf pour aller dans le jardin (et encore, elle a un périmètre à ne pas dépasser). Voir du monde lui est interdit.
Dena est un personnage qui illustre parfaitement que trop d'amour est un cadeau empoisonné pour qui le reçoit. Pour preuve : son choix de couper Irène de tout contact, même en sachant qu'elle en serait malheureuse, juste pour pouvoir la garder auprès d'elle pour toujours. Désir purement égoïste. Mais elle ne semble pas s'en rendre compte, ne pense pas à mal et est persuadée d'avoir fait le bon choix.
Irène, quant à elle, aime sa mère de tout son coeur, mais quand celle-ci lui révèle la vérité, elle lui en veut. Elle lui reproche, et à juste titre, cette décision, apparemment irréversible aux dires de sa génitrice, qui a été prise sans qu'elle n'ait été consultée au préalable. Si elle peut sembler avoir rendu les armes, la fillette n'en passe pas moins chaque journée à espérer une libération et à tenter de trouver un antidote permettant de contrer les pouvoirs de l'elantana.
Et comment pourrait-on le lui reprocher ? Ne plus vieillir serait le rêve de beaucoup d'entre nous, mais rester bloqué dans le corps d'une fillette de 7 ans ! ? Impossible d'être autonome, de trouver un travail, de vivre seule sans attirer l'attention... Aucune relation à long terme, aucun amour possible, tout comme avoir des enfants... En gros, c'est une promesse de solitude pour l'éternité... Oui, c'est un vrai cadeau empoisonné que Dena offre à sa fille... ce qui explique l'acharnement de celle-ci à trouver une solution.
Mais comme tout bon secret qui se respecte, celui-ci ne fera pas exception à la règle et ne le restera pas pour toujours.
C'est un jour où Dena sera absente que la vie de la fillette (enfin la jeune femme qui conserve ses 7 ans physiquement) va changer. Parce qu'elle va oser braver les interdits de sa mère, cela l'amènera à faire des rencontres qui pourraient être décisives. Seront-elles salutaires ? Ça, vous le saurez en le lisant. ;-)
Ce livre est un roman polyphonique où les destins de chacun vont entrer en collision les uns avec les autres, avec pour aimant principal : Irène !
Ce qui m'a dérangée durant ma lecture, c'est que je n'ai pas ressenti d'évolution dans le personnage d'Irène. Entre ses 7 ans et ses 22 ans, je n'ai pas senti la maturité prendre place, comme figée à l'exemple de son corps. Pour ses 7 ans, il faut dire qu'Irène est déjà assez mature, mais j'ai trouvé qu'à 22 ans, elle était exactement pareille alors qu'il est bien dit qu'elle évolue... Après, malgré l'éducation de sa mère, elle vit recluse, donc en marge de la société, ce qui n'est pas forcément simple pour avoir les bons codes. Je l'ai néanmoins trouvée aussi courageuse dans son obstination qu'avec des réactions de petite fille (sur la fin).
Je ne vais rien vous dire concernant ladite fin, parce que sinon vous allez deviner comment cela se termine et ça ne serait pas drôle. Sachez juste, du coup, que je l'ai appréciée.
En résumé, j'ai passé un assez bon moment entre les pages de ce livre, malgré la jeunesse de la plume de
Laurie Alice Dumas, et le manque d'action, sauf peut-être un peu sur la fin. J'ai aussi eu un peu de mal avec un ressenti d'un manque d'évolution sur le personnage d'Irène, pour lequel j'ai éprouvé de la compassion et que j'ai soutenu, mais auquel je n'ai pas vraiment accroché malgré son espoir et sa résistance à une apparente fatalité. J'ai aimé la façon dont est traité l'amour toxique d'une mère pour sa fille et de ce qu'il la pousse à faire dans son désir égoïste.
Un roman qui ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais que je recommande si vous aimez les histoires de secrets familiaux avec une touche de fantastique.
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