AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 60 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Diable, comme c'est vivant et passionnant de traverser une petite page de la Régence sous la plume affutée, ironique ou tendre selon les propos, d'Alexandre Dumas ! Cette page nous est offerte avec un cortège de dialogues savoureux et sarcastiques donnant un petit esprit facétieux à une histoire pourtant relativement funèbre.

Hiver 1719, le Régent Philippe d'Orléans, talonné par son ministre l'abbé Dubois, arrive à l'abbaye de Chelles où sa seconde fille, nommée abbesse pour se ranger de quelques dissipations antérieures, semble animer le cloître avec des nuits de musiques et d'orgies. Ce genre de déportement dépasse la grande indulgence du duc qui s'en vient gronder sa fille et qui repart en la croyant folle alors qu'elle vient de jeter au feu instruments de musique et partitions pour faire pénitence.
Pour se consoler, le Régent va ensuite voir sa fille aînée bien-aimée la duchesse de Berry. Trop tard pour empêcher que celle-ci se marie en secret avec son amant que le duc avait exilé à Cognac. Une mésalliance intolérable pour Philippe d'Orléans !
Reste son fils, qui va sur ses seize ans, mais qui préfère annoter de ses idées théologiques un rouleau de papier plutôt que faire la cour à la maîtresse de son père…
Affreusement désappointé par sa progéniture, le Régent se tourne alors vers le couvent des augustines de Clisson où une fille d'un ancien amour y est soigneusement cachée depuis des années.

Changement de décor, nous voilà aux abords du couvent où l'on assiste avec tendresse aux rendez-vous amoureux d'Hélène de Chaverny avec le chevalier Gaston de Chanlay dont la barque glisse depuis plusieurs mois sur le lac, se dirigeant silencieusement vers les roseaux en contrebas d'une fenêtre où la belle attend le signal convenu. Ils sont jeunes, ils s'aiment mais l'une est rappelée à son père dont elle ignore complètement l'existence et l'autre fait partie d'un petit groupe de conspirateurs bretons et vient d'être désigné pour éliminer le Régent.

L'Histoire est en marche et nos amoureux séparés envisagent un avenir sombre même s'ils ont la chance de cheminer vers Rambouillet presque conjointement. Gaston, transi d'amour, est un honnête homme, quelque peu naïf, plaçant l'honneur au-dessus de tout. Il ne se méfie pas de l'étendue du pouvoir du diabolique Dubois qui est également prêt à tout pour assouvir son ambition, celle de décrocher la mitre d'archevêque ou un chapeau de cardinal. Corrompre l'entourage du chevalier pour une poignée de louis est chose aisée surtout lorsque Gaston est absorbé à guetter Hélène à chaque relais et savourer le moindre frôlement de robe ou perception de souffle.
De trahisons en méprises, de multiples mystifications face à la crédulité du pauvre Gaston en sournoiseries de plus en plus cataclysmiques de l'abbé Dubois, la menace de la Bastille se fait sentir pour les conspirateurs. La prison d'État abrite déjà les anciens sujets de la conspiration de Cellamare.

Amours, regards tendres échangés et angoisses étreignent cet adorable couple mais le caractère visiblement inévitable de l'acte dicté par l'honneur assombrit dangereusement leur avenir. Hélène ignore encore que son chevalier avait engagé sa parole vis-à-vis de quatre Bretons qui attendent au pays. Et comme le stipule Gaston, Le Breton est constant dans la haine comme dans l'amour.

Ce roman alliant Histoire, amour et tragédie s'amuse à entremêler des destins quitte à abuser les pauvres jeunes en se jouant des identités, faisant presque penser à une pièce burlesque.
Le Régent nous apparaît ici plein de mansuétude, je ne sais pas du tout si c'était un des traits de son caractère à l'époque ou si Alexandre Dumas lui a généreusement prêté cette qualité pour le besoin de la rédaction de cette aventure. Mes lacunes en Histoire de France ne me permettent pas de faire la comparaison ! Quant à l'abbé Dubois, qui suit son Altesse comme son ombre et devance bien souvent les ordres qu'il doit en recevoir, son portrait est on ne peut plus machiavélique et ses manigances font toujours suite à son sourire de singe. le duc d'Orléans le traite justement de faquin à plusieurs reprises et son impertinence se reflète superbement dans chacun des échanges de ce duo explosif irrésistible. le Régent est loin d'imposer ses volontés et cède immanquablement devant la tête de fouine de son ministre qui, de son côté, sauve le Régent de sa sensiblerie.

Cette page d'Histoire est réellement prenante et je l'ai dévorée en deux petits jours me figurant le carrosse du couvent sur les routes glissantes de cet hiver 1719, les lettres habilement décachetées à la vapeur pour déjouer le complot, les querelles faisant émerger les épées, les chevaux couverts d'écume pour déjouer le destin. Et on y trouve, pour les fervents admirateurs des écrits du XIXe siècle des exclamations amoureuses enflammées désuètes, des coeurs fondants de bonheur ou lamentablement désespérés, un vocabulaire et des temps de verbe oubliés et cette richesse des échanges pleins de politesse même lorsqu'ils sont finement mais diablement railleurs.
Commenter  J’apprécie          372
Après ''Le chevalier d'Harmental'', je poursuis mon parcours Dumas avec celui-ci, histoire de rester à la même époque, la régence, et pour assister à une autre conspiration menaçant la vie du régent qui a décidément beaucoup d'ennemis. Je retrouve donc quelques personnages familiers : Philippe d'Orléans, avec son aplomb et son charme qui ne fait pas l'unanimité, ainsi que son malicieux (pour utiliser un terme gentil) ministre Dubois. Cela commence avec le régent faisant l'amusante tournée de ses enfants, tournée soldée par un douloureux constat de déception. Pour pallier à cette mélancolie, il décide de se rapprocher d'une autre de ses filles, illégitime celle-là et élevée secrètement à l'écart, et la fait mander. Cette dernière, ignorante de ses origines, s'est récemment liée avec un jeune gentilhomme breton (sans atteinte aucune à sa chasteté virginale), qui est lui-même, lié par serment solennel, voué à la perte du régent. Tous deux doivent se rendre à Paris...

L'on comprend aisément qu'il y a là amplement matière à imbroglio, d'autant plus tortueux que Dubois L épaissira de ses habiles et retorses manoeuvres manipulatrices, fort plaisantes à suivre du reste. L'habituelle satisfaction est encore au rendez-vous avec ce savant mélange d'histoire et de péripéties romanesques. J'ai également apprécié la sinistre atmosphère de la finale.
Commenter  J’apprécie          183
Venant de terminer L'Air était tout en feu de Camille Pascal consacré à une conspiration sous le Régent, je suis revenue au maître du roman historique, mes premières amours, Alexandre Dumas. C'est un autre roman de conspiration, quelques années après, toujours sous le Régent Louis d'Orléans dirige la France au nom du jeune Louis XV qui est encore dans sa minorité.
Je dois dire que la comparaison n'est pas en faveur du roman de Camille Pascal – mais je ne suis jamais objective avec Dumas. Dumas est un conteur et un dramaturge, adepte des coups de théâtre – au sens propre, tout le récit repose donc sur des variations de rythme et des mises en tensions permanentes. Les cent dernières pages sont ainsi haletantes, tout dépend de la course, de la chevauchée du héros, vêtu de noir sur un cheval noir, qui peut apporter la grâce et donc sauver ses amis, ou n'arriver que pour leur exécution. Dumas ne s'arrête donc pas au milieu pour nous faire un exposé de géopolitique européenne en ce début de XVIII ème siècle, il fait agir ses personnages, donnant ensuite le contexte. L'action prime sur l'explication.
Ensuite, Dumas a une âme de poète romantique, et certaines scènes sont frappantes pour leur beauté évocatrice : le lac pris dans la glace sur lequel marche l'amant pour retrouver son aimée, la princesse de sang qui passe la nuit dans son catafalque, la sorcière qui hante les landes bretonnes pour prédire la mort...
Bien sûr, on peut regretter l'écriture du personnage féminin, en retrait bien que ce soit elle qui donne son nom au roman. Elle est réduite à sa relation amoureuse – mais comme de nombreuses héroïnes de la 1ère moitié du XIX ème siècle.
Le personnage le plus fascinant est celui du Régent, qui a des points communs avec la figure du cardinal de Richelieu dans les Trois Mousquetaires : c'est un homme d'Etat qui doit faire primer l'intérêt général sur ses passions personnelles – qui sont nombreuses : les orgies, les femmes, le vin, le jeu, mais aussi la famille légitime ou non. Il y a du Auguste de Cinna dans la posture du Régent, prêt à la clémence. Par contraste, l'abbé Dubbois apparaît comme une fouine sournoise, prête à tout par ambition individuelle, alors que le Régent agit pour la France.
Commenter  J’apprécie          133
Mais pourquoi ai-je attendu aussi longtemps pour relire Alexandre Dumas après avoir été conquise par le Comte de Monte Cristo (Le Comte 💙) ?
Honnêtement, je n'en ai aucune idée mais sachez qu'après avoir lu Une fille du Régent, je regrette d'avoir mis tant de temps...
Et je compte bien récidiver avec Monsieur Dumas plus rapidement cette fois.

Dans Une fille du Régent, ce dernier, Philippe d'Orléans, a fort à faire entre ses filles, son fils qui lui ressemble tellement peu, la fille illégitime dont il décide soudainement de prendre soin, les complots visant à lui ôter la vie, tout cela se mélangeant parfois joyeusement.
C'est "aidé" (si l'on peut dire) de Dubois, ministre cynique, manipulateur et calculateur qu'il va tenter de faire face et de se protéger tout en restant fidèle à ses valeurs.

J'ai passé un moment de lecture tout à fait divertissant avec ce roman entrainant, où les manigances laissent place à de nouveaux complots et autres jeux de dupes.
Les personnages sont bien croqués, mauvais à souhait, ou dignes comme on peut l'attendre de gentilhommes.
J'ai souri et pouffé souvent, je ne me rappelais pas Dumas aussi drôle dans le Comte de Monte Cristo.
Pour résumer mon impression, je vous recommande chaudement ce roman méconnu d'Alexandre Dumas !
Commenter  J’apprécie          50
N'ayant pas de résumé sous la main lorsque je me suis décidée à entamé ce livre (la seule édition que je possède datant de cette (lointaine) époque où ce n'était pas d'usage sur les quatrième de couverture), j'ai eu je dois le dire une hésitation...

Mais pour finir à tort, car on retrouve bien Dumas dans ce petit livre qui se lit bien plus vite qu'on ne l'imagine.
Une jolie jeune fille très pure (évidemment très naïve aussi et un peu passive) et un père très haut placé (chercher le père... ), un jeune garçon au sens de l'honneur un peu trop développé (misère, pourquoi avoir tant d'honneur et que cela ne vous porte pas chance comme à Rodrigue? c'est une perte, et un supplice pour le pauvre lecteur), un politique rusé et sans pitié (quoiqu'il e soit pas entièrement diabolique, il garde ses raisons, ce qui nous empêche pas de le détester) une belle conjuration (pourquoi ont elles cette fâcheuse tendance à mal tourner?) et une belle histoire d'amour impossible (Rodrigue lui au moins avait eu le bon sens de savoir à quoi il devait s'en tenir)... bref autant d'ingrédients qui font un bon roman de cape et d'épée, de ceux que l'on déteste tout en adorant (pour la fin évidement :) ) et on l'on passe un excellent moment.


Bon j'espère que je vous ai à la fois donné envie de le lire, sans trop gâcher le plaisir. Et pour les indices que j'ai semé concernant une fin brise-coeur... de toute manière vous vous en doutiez ou vous ne connaissiez pas Dumas.
Commenter  J’apprécie          30
Pas le meilleur Dumas mais ça reste passionnant et trépidant. Roman d'histoire, roman d'aventure, roman d'amour, ce livre comblera tous les goûts même si son souffle romanesque est moins puissant que d'autres romans du génial écrivain. Un roman qui fera découvrir une période d'histoire mal connue.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (168) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Trois Mousquetaires et Vingt ans après

Sous quel nom connaît-on monsieur du Vallon de Bracieux de Pierrefonds ?

Athos
Porthos
Aramis
D'Artagnan

9 questions
181 lecteurs ont répondu
Thème : Alexandre DumasCréer un quiz sur ce livre

{* *}