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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Août 1944. Une grande partie de la France est libérée, mais au milieu de la liesse populaire se déroulent des scènes dramatiques, car il s'agit aussi de faire payer ceux qui ont pactisé avec l'ennemi, de se venger, voire de se dédouaner à bon compte. Quelques jours après la libération de la ville, trois gars attendent Marguerite à la sortie de l'usine pour la conduire sur la place de l'hôtel de ville où elle sera tondue, enduite de trois croix gammées au goudron sur son front et ses joues et affublée d'un carton portant l'inscription «collaboratrice horizontale».
Après cette scène inaugurale violente, Jacky Durand reprend le récit dans sa chronologie. Il retrace les cinq années qui ont précédé, depuis cette année 1939 qui a vu la célébration de son mariage avec Pierre et l'emménagement dans leur nouveau foyer. Un bonheur qui ne durera que quatre semaines, jusqu'à la mobilisation générale et le départ du jeune mari vers le front de l'Est. La période qui suit va être difficile à supporter pour la jeune fille, confrontée à une brutale solitude.
« Marguerite s'effraie et enrage de ce manque trop grand pour la seule absence d'un vivant, de son impuissance à la maîtriser, à le supporter. » Il lui faut certes gérer les affaires courantes, constituer des réserves pour l'hiver, mais le temps s'est comme arrêté dans l'attente d'informations venues de la ligne Maginot.
Et quand un cheminot arrive, porteur d'un message de son mari, les quelques lignes griffonnées pour rassurer son épouse sont décevantes.
Ce n'est qu'à l'approche de Noël qu'une vraie lueur d'espoir arrive : « Mon amour, retrouve-moi à la gare de A., le 24 vers midi, nous passerons Noël tous les deux, je te le jure. »
Un voyage périlleux qui a fallu ne jamais avoir lieu. Fort heureusement l'épouse d'un officier a offert son aide à Marguerite et elle a pu partager quelques heures d'intimité avec Pierre. Sans se douter que cette rencontre sera la dernière avant la fin de la guerre, Marguerite «sent déjà le froid de sa cuisine quand elle ouvrira la porte.»
Quelques heures de ménage chez Raymonde, la receveuse des Postes, vont permettre à Marguerite d'améliorer son ordinaire. Mais aussi de se rendre compte qu'une femme n'est pas forcément sous les ordres d'un mari, fidèle servante d'un ordre établi. le jour où elle découvrira que Raymonde s'est engagée dans la résistance, qu'elle fait passer la ligne de démarcation à des personnes recherchées, elle gagnera en assurance. Quand elle est embauchée à l'usine, elle tiendra tête au contremaître qui semble tenir pour acquis son droit de cuissage sur les ouvrières.
Une autre rencontre va la transformer bien davantage, celle du jeune André qui vit avec sa mère et ses frères et soeurs dans une roulotte. Elle offrira au garçon de la nourriture et des vêtements, il coupera du bois pour elle. Mais surtout, il se liera d'amitié avec Franz, un Allemand qui le prendra son son aile protectrice et évitera à la famille d'être raflée par la Gestapo.
Si Marguerite est plus que méfiante face à cet ennemi, il lui faudra bien vite convenir que ce soldat est «plus courageux que la plupart de ses voisins. Elle veut savoir pourquoi il agit ainsi, à prendre des risques qui pourraient le mener au peloton d'exécution. »
Avec beaucoup de finesse, l'auteur décrit ce lent et imperceptible mouvement, l'évolution de la psychologie de Marguerite, la mutation de l'attente «en un espoir immobile», ce «drôle de sentiment, mélange d'amertume, de résignation mais aussi de soulagement.» L'émancipation d'une femme qui choisit de ne plus subir, mais de décider de son destin, de chercher le vrai derrière les apparences, de ne pas cacher ses sentiments. Quitte à déplaire au point d'en arriver à la scène traumatisante qui ouvre le livre.
Car l'un des points forts de ce livre tient justement à sa construction. le lecteur va finir par comprendre pourquoi et comment Marguerite a été tondue. Mais il sera ensuite invité, en guise de conclusion, à suivre Marguerite durant l'été 1945. L'été où tout devient possible.

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Marguerite est belle, intelligente, conforme à son éducation et à son époque où une épouse se dévoue à son homme, le seul, l'unique, avec lequel la vie s'écoule dans une maisonnette désuète aux biens succincts. L'amour gomme les aspérités et les jours glissent jusqu'au départ de Pierre pour la guerre dont il ne reviendra qu'à la libération.

Le roman débute brutalement en 1944 sur la violence des hommes dont les femmes ont pâti, tondues, humiliées sur les places communales pour avoir fricoté avec l'occupant. Marguerite est de celles-là, traînée face à la haine, rasée, insultée ; elle est de celles que l'on punit parce qu'elle est femme. A-t-elle fauté ?

Du départ de Pierre à son retour, l'auteur trace le destin de son héroïne dont l'émancipation se dessine peu à peu. L'amitié borde sa route, le courage, la force, jusqu'à l'amour aux fils discrets noués dans la solitude d'une nuit froide.

Introspectif, ce roman partage les divers sentiments de Marguerite, accrochés aux attentes, aux espoirs, aux désirs d'une femme jeune et seule que la vie voit éclore. Un peu cliché, il se lit sans déplaisir laissant parfois sur le bord de ses mots. Je n'ai pas été pleinement conquise mais j'avoue avoir passé un bon moment de lecture, vif et rapide, un peu en survol, sans parvenir néanmoins à ressentir pour la jeune femme une empathie véritable. Il m'a manqué un « petit quelque chose » pour vraiment me fondre dans l'histoire. Je le regrette.

La lecture d'un après-midi.
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UN bon roman peut-être un peu trop manichéen dans ses personnages. Heureusement la découverte d'une autre vie faite de liberté pour l'héroïne est plutôt bien faite. Mais il manquait sans doute un souffle, un personnage central plus attachant, un style plus relevé.... UN bon point pour la fin.
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« Pensez donc, elle a couché avec les Allemands, Marguerite. C'est écrit en gros sur son front et ses joues : trois croix gammées peintes avec le trait épais et gras du goudron encore tout frais».
Nous sommes en août 1944 dans une petite ville française désertée par les allemands. Des mâles ont chopé deux femmes, dont Marguerite, accusées d'avoir couché avec l'occupant. Ces hommes qui la tondent se prétendent de la résistance, mais certainement juste après le départ des allemands ! Mais là n'est pas l'argumentaire du livre de Jacky Durand.
Après cet épisode, nous remontons le temps. Août 1939, Marguerite est heureuse, elle vient de se marier avec son homme, Pierre. Un bonheur qui ne durera qu'un mois.
« La guerre va frapper à leur porte, Marguerite le sait, Pierre sait qu'elle sait mais ils n'en parlent pas. le silence est la plus supportable des complicités. »
Pierre part au front, enfin là où on l'envoie dans cette drôle de guerre. Commence le mal de l'absence du corps de Pierre, l'ennui, la lente descente dans la solitude.
« C'est le vide et le silence qui se sont engouffrés entre les murs. Tout est devenu froid, inanimé. »
Une petite éclaircie avec une permission volée et des retrouvailles teintées de gris un soir de Noël, puis plus rien, il est prisonnier quelque part.
Heureusement quelques figures bienveillantes mettent un peu de bleu dans son ciel gris. Raymonde la receveuse des Postes, entrée en résistance, lui propose des heures de ménage. Ce sera sa première décision prise sans en référé à son homme. Germaine sa vieille voisine, tant détestée aux heures heureuses, la soutient.
André, un jeune gitan va lui permettre de redonner un peu de sens à la grisaille de sa vie. Juste avant Noël,
« Un gamin rougeaud apparaît, il a les bras chargés de paniers en osier de toutes les ailles dont les anses strient sa pauvre veste rapiécée ». Après l'avoir refoulé, elle remarque que le gamin à la place de godasses « a les pieds enroulés de lambeaux de tissus crasseux maintenus par de la ficelle ».
Prise de pitié, elle lui achète un panier, lui offre un bon café chaud et une tartine beurrée, quelques provision et… la peau du lapin qu'elle vient d'écorcher. C'est leur première rencontre, mais pas la dernière. Un rituel se met en place ; chaque dimanche, il vient manger avec elle et repart avec nourriture et vêtements pour lui et sa famille qui vit dans une roulotte délabrée.
Un jour, elle découvre André chantant la Marseillaise à un soldat allemand ! Imaginez la scène ! C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Franz officier allemand, occupant... Les clichés sur le boche en prennent un coup avec cet allemand qui prend André, un gitan, sous son aile.
«Plus courageux que la plupart de ses voisins. Elle veut savoir pourquoi il agit ainsi, à prendre des risques qui pourraient le mener au peloton d'exécution. ».
Des sentiments contradictoires agitent Marguerite, entre attirance et méfiance, curiosité et peur.

Petit à petit Marguerite découvre la liberté, s'enhardit, est capable de tenir tête au contremaître de l'usine où elle travaille comme un homme, accepte de déplaire aux autres, à ne pas être un mouton. Je la vois prendre de l'assurance au fil des pages. le manque de Pierre se dissipe pour laisser place à un espace de liberté et une crainte du retour, quelque chose d'indéfinissable, même si elle pense que son Pierre n'est pas comme les autres
« Mais Marguerite, elle, redoute qu'avec les hommes revienne la soumission »,
.Marguerite découvre la liberté de soi. Forte tête, elle a trouvé un certain équilibre dans la solitude, s'abrutissant des besognes autrefois accomplies par Pierre, elle y trouve beaucoup de fierté.
André satisfait son besoin de tendresse, de prendre soin de quelqu'un d'autre. C'est osé, à cette époque, d'aider des gitans, alors voués aux camps d'internement.
Marguerite ne veut pas que je m'apitoie sur son sort et l'écriture de Jacky Durand par une certaine distanciation permet cela. Pourtant, à certains moments, le voile se déchire et l'émotion arrive.
Une femme digne.
Livre lu dans le cadre des 68 premières fois

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Nous faisons connaissance avec Marguerite en août 1944 alors que le visage enduit de goudron en forme de croix gammées, elle est tondue devant une foule déchaînée sous les insultes et les rires. On découvre tout de suite une femme à la forte personnalité qui en impose avec son regard hautain.

Flash back sur ses années de guerre. Pierre, son mari, un homme solide et bon, est mobilisé après seulement quatre semaines de vie commune, Marguerite et Pierre se sont mariés en août 1939.
Après quelques heures volées avec son homme à la veille de Noël 39 lors de la drôle de guerre, elle reste des mois sans nouvelles de Pierre, plus tard elle apprend qu'il a été fait prisonnier.
Pour Marguerite, après le choc du départ de Pierre, la vie s'organise dans la solitude, le froid et la faim, elle doit apprendre les gestes de son homme, bêcher, fendre le bois... Déterminée et calme, elle vaque à ses occupations, nourrit ses poules et ses lapins et fait preuve d'assurance, de crânerie et de courage mais elle découvre également le plaisir d'être une femme indépendante aussi forte qu'un homme et une liberté inédite qui l'inquiète mais la grise aussi.
En juin 40 elle refuse de se joindre à l'exode des réfugiés, elle voit ceux qui fuient comme le "troupeau de la débâcle". Elle se lie avec Raymonde la postière, une femme forte et engagée, entretient des relations avec sa voisine Germaine, une femme résignée dont elle ne veut absolument pas suivre le destin, et protège Paul, un jeune gitan.

Elle parle à son homme en accomplissant les gestes du quotidien dans l'attente permanente de son retour jusqu'au jour où, près de trois ans après son départ, elle commence à se résigner, Pierre devient de plus un étranger pour elle, elle se sent soudain libérée d'un poids. Un jour arrive où elle ne relit plus chaque jour ses lettres "La solitude a chassé le besoin de l'autre." Ces années de guerre et d'occupation l'ont changée...

Ce livre dresse un beau portrait de femme qui découvre, par la solitude forcée que lui impose la guerre, que les femmes peuvent accomplir les mêmes choses que les hommes. Elle découvre aussi la sensation grisante de la liberté. Une forte personnalité qui refuse toujours de courber l'échine, qui refuse d'avoir la vie résignée de sa mère. J'ai trouvé ce roman assez intéressant dans ce qu'il nous donne à comprendre de l'évolution de Marguerite mais j'ai été déçue par le côté assez convenu de l'histoire et par une écriture assez banale.



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"Marguerite", premier roman de Jacky Durand, raconte l'histoire d'une jeune femme, mariée peu de temps avant la seconde guerre mondiale, rieuse, amoureuse, courageuse, qui du matin au soir vaque à ses occupations ménagères, brique son intérieur, prépare ses repas, s'affaire dans l'attente de son homme, une femme parfaite. Pierre, le mari, est viril, brave, entiché de sa jeune et belle femme, un homme parfait. Lorsque la guerre dérange ce bel ordonnancement et que Pierre doit rejoindre le front, Marguerite se retrouve seule et fait face.

J'ai aimé la composition du roman même s'il s'ouvre sur une scène des plus cruelles. Nous sommes alors en 1944, au mois d'août, époque à laquelle une partie de la France est déjà libérée. Puis, en un long flash-back, toute l'histoire est déroulée qui permet de remonter le cours des vies. Seule, Marguerite continue sa vie, se bat pour sa liberté, commence à travailler pour subsister, fait des rencontres. C'est d'abord André, qui fuit avec sa maman et sa fratrie devant l'avancée des Allemands. Elle lui donne des vivres, le gâte et s'en fait un ami qui l'aidera à couper son bois. Et puis il y a Germaine, sa voisine, Raymonde, la postière, femme de conviction, et enfin Franz, le soldat allemand, ses yeux azur et ses cheveux blonds, différent des autres, honnête, attentionné.

J'ai lu ce roman sans véritable ennui mais sans passion. Certes l'auteur nous raconte ce moment dramatique de notre histoire à travers les yeux de son héroïne, naïve, optimiste, généreuse. Certes, il nous démontre que personne n'est jamais ni tout blanc, ni tout noir, et que le méchant n'est pas obligatoirement celui auquel nous pensons. Certes, il souhaite nous démontrer à la toute fin de l'ouvrage que l'espoir est toujours permis et que la vie finit par triompher. Mais je n'ai pas adhéré à l'écriture d'une grande banalité, sans relief, sans la moindre originalité. Je n'ai pas, non plus, réussi à vibrer, à entrer en empathie avec cette Marguerite. J'ai lu ce récit comme un documentaire : des faits, rien que des faits. Même les scènes d'amour ou de désir enfoui ne m'ont pas transportée. En un mot, je suis un peu restée au bord du chemin et j'en suis désolée.
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Marguerite qui vient juste de se marier voit son mari partir à la guerre. Elle n'a que très peu d'instant de bonheur. Privations, solitude vont devenir sa vie. Elle rencontrera André un jeune gitan et Franz officier allemand.
Après un début de lecture laborieux, l'histoire et les personnages ont fait de ce livre un bon roman.
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Dans le cadre de mes premières « 68 premières fois », alors même que j'en suis à ma quatrième lecture avec le roman Marguerite, je constate avec amusement et léger dépit mes erreurs de débutante, toute à sa joie fébrile et pétillante et aussi maladroite et inexpérimentée. J'avais parcouru quelques premières chroniques et messages postés autour de cet ouvrage qui suscitait des avis contraires, certains heureux, d'autres plus réservés, teintés d'ennui ou de déception. Mal m'en a pris, j'ai bien perçu ma réticence et un enthousiasme grisé quand j'ai débuté ma lecture. J'ignore si cet état d'esprit, fâcheusement influençable, a joué dans la découverte de l'histoire de cette jeune femme amoureuse, et toute jeune mariée, à l'orée d'une guerre dont elle ne peut deviner la longueur et l'horreur : j'ai éprouvé un peu d'impatience…et n'ai pas eu d'élan vers Marguerite et son Pierre.
Une belle écriture dans un style académique, ou pourrait-on dire classique, joue paradoxalement en sa défaveur…au début. Car il faut bien admettre que ce roman est très bien construit et que, chemin faisant, nous observons la mue de Marguerite, ravie et légère toute consacrée à son foyer et son homme, en une femme mature, aguerrie par la rudesse d'un pays envahi par l'ennemi et vidé de ses hommes. On admire son courage, et sa façon bien quotidienne, sans héroïsme, de résister, de refuser la fatalité et de gagner sa liberté de penser et d'agir, de mener sa barque. La vie rurale nous est parfaitement décrite dans sa dureté, dans les rapports aux autres à la fois méfiants, brutaux et en générosité non revendiquée, sans oublier la solitude. La rugueuse et triste solitude qui emmure et enveloppe tout à la fois : Marguerite s'en empare, accueille son abysse sans fuir son chagrin mais s'y appuie pour épanouir un tempérament certainement larvé, latent.
C'est bel et bien le portrait d'une femme qui apprend à s'écouter au-delà des convenances, sans clameur ou fracas, s'efforçant à réfléchir et à entendre ce qu'elle perçoit de son environnement immédiat, de ses sensations et autorisant la rencontre avec l'altérité… Marguerite évolue intelligemment et simplement et puise sa force dans les richesses de la terre, dans l'acceptation d'un temps qui défile et vieillit, dans l'observation d'un corps qui se bat, se muscle et se courbe, dans une féminité un peu ternie mais jamais vraiment abandonnée….et tout ça sans manifestation de grandeur, sans discours grandiloquent, dans la discrétion des plus grands.
L'écriture est classique mais réussit à nous faufiler dans les détails d'un quotidien de campagne qui en fait son charme. Je n'ai d'ailleurs pas relevé de phrases, ni de passages précis….J'ai d'avantage été prise dans une atmosphère, un décor, un rythme que l'écriture sert avec beaucoup de justesse. Rien de révolutionnaire sans doute dans ce roman à l'image de cette femme tout à la fois singulière et normale, tout juste « fort caractère » jeté au piloris de la bêtise groupale assoiffée de vengeance et de pouvoir, une femme qui drapera et protégera de son silence la liberté d'être soi, une femme comme de nombreuses autres sur qui les projecteurs ne se braquent pas malgré une force et une solidité dignes des bravoures honorées.
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Août 1944, le récit s'ouvre sur une scène atroce où deux femmes se font raser la tête sur une place publique ! Sentiment partagé entre l'envie de savoir le pourquoi du comment et le dégoût de se replonger dans cette Seconde Guerre mondiale…encore !
Marguerite et Pierre se marient en août 1939 mais hélas Pierre est mobilisé deux mois plus tard, ne leur laissant que peu de temps pour consommer leur mariage. Marguerite est confrontée soudainement à la solitude, à son affranchissement sans homme, à cette liberté inédite.
« Elle redoute que la guerre la prive pour toujours de la fantaisie de Pierre, de ses gestes quasi féminins quand il lie délicatement un bouquet de coucous avec un brin d'herbe à matelas. »
Elle apprend à subvenir seule à ses besoins, se préparer à l'hiver qui arrive. En novembre 1939 Pierre lui écrit, lui signifiant que tout va bien sur la ligne Maginot. Marguerite trouve du travail grâce à Raymonde, postière engagée dans la résistance, pour faire du ménage ; elles deviennent amies et confidentes. le temps du réveillon de Noël, Pierre s'échappe et passe quelques heures avec l'amour de sa vie.
« Marguerite vient de renouer avec le fil de leur histoire qui se déroule en accéléré dans sa tête. Leur rencontre, leur premier baiser, leur première nuit, leur mariage, la vie à deux ? Les images affluent tandis qu'elle mordille, caresse du bout des doigts son menton. Ça y est, Pierre est là. »
Les semaines passent, Marguerite attend le retour de son homme mais cela n'arrive pas.
« L'attente s'est muée en un espoir immobile. »
Un jour de 1941, Marguerite trouve du réconfort auprès du jeune gitan André et de sa famille. Elle partage un repas avec lui chaque dimanche. Il y a aussi Franz, ce soldat allemand parlant à la perfection le français. Que cherche-t-il ? Un lien fort se tisse entre André et Franz laissant Marguerite dubitative sur cet ennemi du peuple. En juin 1943 une chute de cerisier fait tout basculer. Arrivent enfin les alliés en août 1944, Marguerite est perdue. Que veut-elle vraiment ?
« Mais elle se sent lourde de ces cinq dernières années de plomb, indifférente à la clameur de bonheur de la rue. »

Un joli portrait de femme mené par une main de grâce par Jacky Durand. Cette femme seule qui est décisionnaire de son existence m'a beaucoup touchée. Roman bien construit, nous suivons la ‘transformation' de Marguerite, femme se dévouant à son foyer devenue femme de liberté. J'admire son courage, sa force de caractère, sa façon de surmonter cette fatalité, d'être libre et heureuse selon sa volonté. le bonheur ne se refuse pas en temps de guerre.
Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois, édition 2017.
Lien : http://mesecritsdunjour.cana..
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Dans Marguerite de Jacky Durand, on suit le cheminement intérieur subtil et tout en nuances d'une femme tout au long de la seconde guerre mondiale. D'abord jeune mariée, Marguerite s'investit avec joie dans la construction de son nouveau nid avec son époux, qu'elle aime de toute son âme. Seulement quelques mois après leur mariage, Pierre est mobilisé au front et Marguerite se retrouve seule entre les 4 murs de leur petite maison. Alors que la scène d'ouverture du livre, violente, nous montrait l'héroïne tondue à la Libération, les chapitres suivants repartent en arrière en 1939 et l'écriture s'étire en montrant Marguerite tentant de se raccrocher au quotidien pour tenir et combler le vide abyssal que l'absence de Pierre génère dans son esprit et dans son corps. Si l'approche globale des émotions et pensées qui agitent Marguerite est plutôt réussie, il n'en est pas de même pour l'évocation du manque physique qui revient à chaque chapitre sous la plume de l'auteur. Dans un premier temps, la litanie régulière du manque de l'homme et de son désir est un peu lassant et même lourde dans la structure du livre. de plus, la description du désir féminin est maladroite et remplie d'un certain nombre de clichés qui fatiguent la lectrice que je suis. Néanmoins, j'ai apprécié l'approche de la psychologie de l'héroïne, faites de nuances, d'hésitations, de prise de conscience et d'émancipation. Avis partagé, mais auteur à suivre.
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