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3,27

sur 204 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magnifique ! J'ai été happée dès les premières lignes... J'ai adoré l'écriture, même la mise en page, espacée, correspond si bien au tempo lent du récit.

J'ai été intégrée dans l'âme des personnages et j'ai eu l'impression d'être, moi lectrice, l'un des protagonistes, car j'avais de la place _je tournais autour des personnages pour les regarder de plus près, presque comme sur une scène de théâtre à les suivre dans leurs mouvements_ et tout méritait exploration, et me laissait juge de prendre tel ou tel chemin pour continuer la lecture.

Le style utilisé par Marguerite Duras, tout en esquisse, en dialogues, tellement épurés, permet au lecteur de s'attacher aux âmes présentes dans ce roman, très court, confortant ainsi le sentiment de fugacité, d'immatérialité et finalement j'ai comme ressenti de la folie qui surgissait au détour des pages. D'autant que l'ambiance était oppressante, "la musique des fêtes mortes", "des plantes noires remuent dans le vent qui entre par la porte" de l'hôtel, la station balnéaire pas vraiment idyllique !

Tout commence par un triangle amoureux, deux hommes et une femme sur une plage, les vagues les rapprochent pour les séparer dans une écume crémeuse. Et puis, dans une immobilité feinte, on sent les remous et on plonge entre des murs blancs d'un hôtel, on marche sur les planches de la plage avec eux pour se retrouver dans un décor fantôme.

N'ai-je finalement fait un voyage dans la tête de l'un des trois protagonistes, lequel était-ce ? Je ne saurais le dire.. Cet esprit cherche une ouverture au travers de souvenirs, mais ils reviennent par bribes. "Les murs augmentent en nombre, se multiplient, ils se coupent, se suivent, se recoupent, ils battent dans les tempes, font saigner les yeux. Il n'y a toujours aucune ombre".

Une peine d'amour, de mort (peut-être d'un enfant) a créé un vide et tout a basculé. "Je suis la morte de S. Thala."

Je pense qu'il ne peut y avoir de demi-mesure, on aime ou on déteste ce récit et que, pour une même personne, d'un moment à un autre, la lecture bascule aussi. Aujourd'hui ces mots ont fait écho en moi, et quelle chance !

"Il n'est plus là. Elle est seule allongée sur le sable au soleil, pourrissante, chien mort de l'idée, sa main est restée enterrée près du sac blanc."

J'adore
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Magnifique! Génial! Important!
J'ai lu plusieurs critiques négatives et je les comprends toutes.
Je comprends qu'on soit dérouté quand on espérait lire un roman d'amour et qu'on se retrouve perdu sur une plage inconnue où il ne se passe rien, sinon qu'un homme marche et qu'un autre regarde une femme.
Je comprends qu'on soit déboussolé de cette inaction apparente. Je comprends qu'on flanche devant tant d'inconnu car les personnages, le lieu et même le sens demeurent insaisissables et obscures.
Je comprends et pourtant...
Moi cette langueur, cette absence d'action et d'explications, cette folie apparente des mots, c'est justement ce que j'aime chez Duras, et qui m'a fait adorer ce roman.
Je crois que pour l'aimer comme je l'ai fait il faut surtout ne s'attendre à rien. Il faut se laisser porter comme dans un rêve par la puissance des mots qui convoquent des images. Il faut regarder ces images et c'est tout. Sentir le vent, la chaleur, regarder l'homme qui marche au loin et l'autre qui voudrait mourir. Il faut sentir la folie de ces trois personnages, et accepter de ne rien y comprendre, à cette folie là... Alors, quand on a abdiqué, quant on a rendu son savoir et ses à priori sur ce qu'est une histoire, on peut , je crois, aimer Duras et "L'amour".
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Je vois beaucoup d'avis négatifs sur ce livre, ce que je peux tout à fait comprendre. Mais du coup ça me donne envie de défendre ce roman qui a été pour moi une sorte de révélation.
D'ailleurs ceux qui découvrent Marguerite Duras avec ce roman ne devraient pas s'arrêter à celui-ci, car dans une certaine mesure il n'est pas significatif de son oeuvre (Enfin si, mais avec un côté radical qui peut le rendre difficile à aborder)
Pour ma part c'était le premier livre de Marguerite Duras que je lisais et c'est lui qui m'a donné envie de lire le reste, que j'ai apprécié à différents degrés, mais "l'amour" garde vraiment une place particulière pour moi.

Ce qui est fascinant c'est l'écriture, le rythme et la force de certaines images, qui influent sur tout le reste. Cette histoire de rythme, c'est essentiel. Dans une certaine mesure on peut lire ça comme de la poésie. D'ailleurs c'est un des rares romans que j'ai relu plusieurs fois, rien que pour le plaisir « d'entendre » ce rythme.
Cette écriture nous fait ressentir à quel point tout ce qui se passe ici est essentiel, même si cela peut donner l'impression que l'action est très limitée. Tout ce qui se passe parait essentiel, vital, et de fait ça l'est même si cela reste souvent mystérieux. D'ailleurs après l'avoir lu si on peut s'intéresser aux liens que ce romans à avec « le Ravissement de Lol V Stein » et tout le « cycle indien » de Marguerite Duras, mais ce n'est vraiment pas indispensable.
En écrivant cette critique je relis les premières lignes. Elles me donnent immédiatement envie de continuer :
« Un homme.
Il est debout, il regarde : la plage, la mer.
La mer est basse, calme, la saison est indéfinie, le temps, lent. »
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S.Thala, l'homme qui regarde la mer, le voyageur, l'homme qui marche, la femme, les enfants, le hall, l'incendie, le vent, la mer, la plage.
Aucun nom, si ce n'est celui de la ville envoutante, oppressante, le noyau, S.THALA, nom aussi puissant et qui revient souvent dans le récit que le Manderley de Daphné du Maurier (Rebecca).
J'ai eu l'impression de lire un scénario de David Lynch.
Le temps s'écoule, lentement.
Les corps avancent, les corps sans nom.

"Les murs augmentent en nombre, se multiplient, ils se coupent, se suivent, se recoupent, ils battent dans les tempes, font saigner les yeux. Il n'y a toujours aucune ombre. Toujours en avant, la silhouette noire dans la blancheur des murs au bout du boulevard."

Je pense que je me suis retrouvée dans la tête de chacun d'eux à des moments différents du récit, ou de leur vie, je ne saurais jamais ni l'esprit de qui, ni à quel moment de sa vie.

"Elle marche vite tout à coup. 

La mer. Elle la voit. 

Le bâtiment une fois dépassé, la voici. 

Elle était là, très proche. le coeur de S. Thala donne sur la mer. 

Le boulevard s'arrête : devant eux plus personne ne marche. Il y a un chemin de planches. Ils le traversent. Voici la plage sans murs, la mer, les sables, les eaux de la mer. 

A leur gauche, s'étale l'énorme masse du coeur de S. Thala. Sa façade principale domine la plage. 

Elle tombe sur le sable, elle s'allonge, elle ne bouge plus."

Ces courtes phrases et ce court texte singulier et poétique m'ont fait beaucoup d'effets. C'était nébuleux, c'était délicat, c'était inquiétant. Je me suis retrouvée face à moi-même, mon imaginaire aurait pu inventer des noms, des visages, des lieux. Marguerite Duras donne une direction, presque neutre, épurée, simple. C'est ce que j'ai trouvé beau. le lecteur à une grande place dans cette nouvelle. Pour inventer à son tour. 

"- Il garde le mouvement des marées, les mouvements de la lumière. 

- Non. 

- le mouvement des eaux. le vent. le sable. 

- Non. 

- le sommeil ? 

- Non - elle hésite - rien. le voyageur se tait.

Elle se tourne vers lui. Elle dit :

 -Vous ne dites plus rien

Elle se souvient :
- C'est vrai - elle s'arrête, la voix redevient tendre - vous n'êtes rien.”

Je referme le livre avec beaucoup de questions en tête, sans frustration aucune. C'est une forme de récit extrêmement rare. Je vais le relire un jour, c'est sûr et j'ai beaucoup aimé. 
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J'ai lu ce court roman le jour de la St Valentin. le titre me semblait approprié ❤

Mais ne vous fiez pas au titre, l'amour dans ce récit, est réduit à sa forme la plus épurée, la plus organique.
Il n'y a rien de romantique dans ce livre, c'est tragique, dramatique. Très durassien dans son expression.

J'ai attendu avant de poster mon avis tant j'étais déroutée par ma lecture.

Comment peut-on ressentir une telle émotion (de la tristesse, de la mélancolie) pour une histoire qui décrit presque froidement un homme et une femme sur une plage ?

Si vous cherchez de l'action, passez votre chemin, ici, ce sont les mots qui font vibrer le corps, pas l'histoire.

Je ne pourrais vous expliquer mon amour pour les romans de Duras, c'est comme si elle réveillait en moi une mémoire profondément enfouie, une douleur cachée. Je ne comprends pas ses textes, je les vis.
Duras a ce pouvoir extraordinaire de me bouleverser.

Il y a des livres qui se lisent avec le coeur, avec la tête, celui-là se lit avec son âme.
Et peut-être comme moi vous en sortirez bouleversée avec une incompréhensible envie de pleurer.
Et parfois laissez vivre son chagrin, ça fait du bien.

Alors peut-être faut-il avoir mon âge pour aimer Duras, peut-être faut-il s'être dépouillée de l'inutile pour aller à l'essentiel, je ne sais pas, mais je sais que ce texte, tout comme ses autres romans, ne plairont pas à tout le monde, mais lire des ovnis de temps en temps, ça fait du bien.

Mon avis est aussi décousu que ma pensée, mais celleux qui aiment Duras comprendront ❤❤❤
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J'ai beaucoup aimé ce roman de Marguerite Duras. C'est un de ceux qui représente le plus ce que j'aime dans son écriture, cette sorte de voile derrière lequel on entrevoit l'histoire qu'elle nous livre. Ici, tout est énigmatique, il n'y pas de concret, pas de fil à dérouler. Il faut soi même fabriquer son récit, avec les bribes laconiques qu'elle nous offre. Ce style lapidaire donne un rythme très particulier au roman, qui l'approche presque de la poésie. Je suis toujours transportée par sa manière d'évoquer et de faire vivre des atmosphères et des sensations. C'est, je crois, quand elle parle de la chaleur, de sa lourdeur et de la fraicheur qui les suit que je la préfère. Un superbe roman mais peut-être pas le plus accessible quand on est étranger à Duras.
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Une histoire complexe à résumer, construite un peu comme une pièce de théâtre, mais qui n'en est pas une. Un livre en formes géométriques, un rectangle de soleil entre l'homme et les deux enfants, un triangle entre les deux hommes et la femme. Une histoire du passé qui est juste sous-entendue, frôlée. Un peu comme les personnages, évanescents, transparents. Ce qu'il s'est passé et se passe dans ce récit est difficile à comprendre exactement. Marguerite Duras expliquera dans un entretien que les trois personnages sont elle et un homme dans le passé, et encore elle, mais maintenant. Un dialogue fictif à travers le temps. C'est un peu abscons mais beau.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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