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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce livre, Marguerite Duras raconte la terrible douleur qui l'étreint durant les jours où elle attend le retour de son mari, prisonnier politique déporté à Auschwitz. Nous sommes en 1945, les premiers camps sont libérés par les alliés et les rescapés reviennent, au compte goutte. Chaque heure, chaque minute, elle attend un coup de fil qui lui dira qu'il est vivant...L'angoisse est telle qu'elle n'est plus que "douleur".
N'est-ce pas indécent de "noter" les livres de Marguerite Duras ? Si, je pense. Mais il évidemment permis de donner son avis, et même de ne pas aimer.
Pour ma part, je fais désormais partie des amoureux inconditionnels, ébahie par la puissance de cette écriture. J'ai découvert assez tard cette oeuvre, mais chaque nouveau livre est un régal.
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Il est rare que je chronique mes livres de fac, il faut qu'ils soient ou bien très bons, ou bien très singuliers, ou bien les deux. La principale raison est que la littérature blanche n'étant pas ma tasse de thé, je ne m'estime pas spécialement apte à la juger (cela dit, quand j'entends « Patrick Modiano », je sors mon revolver quand même). Il est malgré tout des livres parmi elle qui marquent, et La Douleur en est un.
De Marguerite Duras, je ne connaissais malheureusement que la célèbre citation de Desproges : « Marguerite Duras, qui n'a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmé ». On comprend mieux maintenant pourquoi il n'a jamais percé en littérature. Mais trêve de petites piques, car l'heure n'est pas à l'humour mais au drame. Ce recueil de six textes de taille hétéroclite se penchent sur la Résistance et l'Occupation, quatre d'entre eux étant autobiographiques et deux autres fictionnels ; Marguerite Duras fait malgré tout quelques concessions face à la réalité, comme pour s'épargner d'en revivre pleinement le souvenir, à l'image des deux textes du milieu où elle choisit de raconter à la troisième personne et de remplacer son nom par Thérèse.
Le recueil s'ouvre sur le texte éponyme, où elle recherche son mari dans les bureaux chargés de ramener les déportés survivants ; une fin de guerre bien moins glorieuse que ne le racontent les livres d'Histoire, où les temps sont au traumatisme et aux scissions politiques. Les communistes se sentent trahis et l'aristocratie gaullienne semble dépourvue de toute empathie. À travers ce journal intime, nous découvrons cette Libération différente, mais aussi un combat permanent pour sortir de la dépression raconté dans un style simple et dépouillé… ainsi que sa longue guérison.
Le texte suivant, "Monsieur X. dit Pierre Rabier", s'intéresse à l'époque où elle était une résistante active. Un membre de la Gestapo s'entiche d'elle sans se douter de rien, et c'est le début d'un long jeu au chat et à la souris. le suspense est palpable autour de ce bourreau presque sympathique, mais qu'elle ne cessera de critiquer quand un héros plus naïf se serait laissé aller à l'attachement. Mais la tension éclate vraiment avec "Albert des capitales", faisant voler en éclats tout manichéisme en montrant une scène de torture et d'épuration sauvage. Fallait-il démonter violemment les derniers réseaux collabos ? Quitte à risquer d'en perdre son humanité ? La violence envers l'autre est finalement ce qui peut générer l'autodestruction.
"Ter le milicien" continue cette démarche de montrer que l'ennemi était lui aussi humain en mettant en scène un soldat naïf, presque enfantin, sans véritable idéologie et prêt à accepter la mort à tout instant. Les deux derniers textes, "L'ortie brisée" et "Aurelia Paris", sont loin d'être mauvais mais sans doute plus anecdotiques, l'un racontant une simple rencontre où la symbolique est omniprésente, le second retraçant de manière très intime l'histoire d'une juive qui tente de survivre.
À la fois électrique et douce-amère, "La Douleur" est un pied-de-nez magistral à la mémoire d'une France glorieuse et rappelle que les grandes luttes se font dans la souffrance, mais plus encore qu'il ne nous suffit pas d'être humains pour être bons. Elle réveille les vieux démons de la Seconde guerre mondiale pour que nous nous n'oubliions plus, nous sort violemment hors de notre zone de confort pour nous rappeler la violence et la complexité de cette époque. Ici, pas d'héroïsme, pas de longs discours, seuls les actes comptent ; les actes, et ce qui nous empêche de les commettre. Un livre à lire pour tous les passionnés d'Histoire comme de psychologie, car après tout, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Ce livre m'a réconciliée avec DURAS (la jeune).
Superbe !
L'attente d'une femme : son mari revient à la maison après les camps de concentration.
le quotidien après l'horreur.
Très très réaliste, très profond et surprenant
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Au travers de six textes, c'est de l'horreur de la Seconde Guerre mondiale que Marguerite Duras témoigne. La narratrice commence un journal quand son mari Robert est arrêté en 1944. Lorsque les Alliés commencent à libérer les camps de concentration, elle attend le retour De Robert. Les jours semblent interminables, le doute lui est insupportable, et elle se vide alors peu à peu de tout espoir.

Témoignage de l'omniprésence de la douleur dans un contexte qui restera à jamais gravé dans les mémoires, ce roman s'appuie principalement sur un journal que Marguerite Duras avait écrit à cette époque. le traumatisme des événements étant si important, l'autrice avait oublié ce journal : « Comment ai-je pu écrire cette chose que je ne sais pas encore nommer et qui m'épouvante quand je la relis. Comment ai-je pu de même abandonner ce texte pendant des années dans cette maison de campagne régulièrement inondée en hiver ».

Roman autobiographique, La douleur met en avant l'atrocité dont est capable l'humanité, et les répercussions que cette atrocité engendre sur les différentes populations, qu'elles aient été victimes, témoins, résistantes ou complices. La véracité de ce récit le rend extrêmement compliqué à lire. Les émotions nous submergent en même temps qu'elles submergent la narratrice, s'accompagnant d'un sentiment de honte. Ce roman est un chef d'oeuvre qui mérite d'être lu et qui ne vous laissera pas indifférent.e !
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La douleur de Marguerite Duras

Marguerite Duras...! L'incomparable. Quelle plume !

Le récit d'une attente. La reconstruction d'un homme. À lire après avoir pris connaissance de l'oeuvre de Robert Antelme L'Espèce humaine.

« S'il avait mangé dès le retour du camp, son estomac se serait déchiré sous le poids de la nourriture ou bien le poids de celle-ci aurait appuyé sur le coeur qui lui, au contraire, dans la caverne de sa maigreur était devenu énorme [...] » p67

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Un des livres les plus beaux et les plus poignants de Marguerite Duras. Pour dire le retour de déportation de son mari, elle a des phrases bouleversantes d'authenticité et de poésie à la fois.
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Bon dieu, quel texte !
(est-il besoin de 250 caractères pour exprimer "putain, quel texte !" ? Si oui, alors allons-y !).
Une femme parle avec ses tripes de l'attente de l'homme aimé, dont elle n'a pas de nouvelles depuis qu'il a été arrêté par la Gestapo (qui pourrait être n'importe quelle police secrète/politique de n'importe quelle dictature).
Putain, quel texte !
Elle y parle de Bergen-Belsen, de Dachau. Il se trouve que j'y suis allé, à Bergen-Belsen, à Dachau. Alors je visualise...
Il se trouve qu'un vague oncle à moi a été arrêté (aléatoirement, dans une rafle quelconque) et n'est jamais revenu. Alors je visualise...

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Retour sur ce livre après quelques mois, l'émotion étant tombée…
Juste un point de morale…
L'auteur raconte que des fonctionnaires partent de Paris en voiture chercher à Dachau son mari. Très bien pour lui (à part que ce qu'elle veut lui dire c'est qu'elle l'a remplacé par un autre amant) car cela lui sauve la vie, à lui qui agonise dans un coin perdu du camp, et pour elle.
Mais les centaines d'autres Français qui agonisent dans ce camp ? Dont les familles ont payé des impôts pour financer le voyage de ces fonctionnaires ?
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Découvert par hasard au Centre d'histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. Mon premier livre de Duras, ayant toujours eu un a priori négatif, sans trop savoir pourquoi.
Surprise ! Tant le fond de ces nouvelles que la forme sont excellents. La première, qui donne son nom au volume, est particulièrement forte avec cette attente désespérée du retour hypothétique d'un déporté en mai 1945. le style est très sobre mais son énergie est d'une efficacité redoutable pour retracer les épisodes les plus douloureux de l'histoire des gens au 20e siècle. A noter la publication de l'opus quarante ans après l'époque qu'il retrace.
Pour autant, un plaisir de lecture aussi vif qu'inattendu.
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A partir de nouvelles autobiographiques retrouvées, l' écriture est intense dans l'acceptation ou pas, face à la trahison en période de guerre.

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"J'ai choisi de l'attendre comme je l'attends, jusqu'à en mourir." C'est cette attente, celle de son mari Robert L. (Robert Antelme, résistant et écrivain), déporté, que Marguerite Duras, elle-même résistante, raconte dans la première partie de ce texte. Dans toute sa cruauté et son espoir.
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On envisage également ce recueil comme un témoignage à propos d'une période. Celle de la fin de la guerre à Paris. Les Alliés en Normandie, le début de la fin pour les Allemands, la libération des camps, mais aussi les déportés assassinés massivement avant la fuite de ceux en passe d'être battus. Puis l'attente angoissée - et angoissante - des familles, le retour, au compte-goutte, de ceux qui ont été amenés à vivre cette tragédie. Un regard sans complaisance est porté sur l'inhumanité bureaucratique dans la manière de traiter les "revenants" et leur famille.
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Présentés soit comme des textes extraits d'un journal rédigé par Duras ou bien comme des textes fictifs, l'ensemble proviendrait finalement d'un journal de cette attente, rédigé cependant après les faits, entre 1946 et 1947. D'un style extrêmement travaillé, les différentes parties racontent, dans le désordre, des épisodes d'une période noire de l'histoire de Paris. Et l'on croise des déportés de retour auprès des leurs, François Mitterand, des résistants avides de vengeance, des miliciens, des collaborateurs. S'appuyant sur une partie de faits réels, l'auteure donne force à son propos et émeut, mais y mêle habilement la fiction. Et se joue de la temporalité pour créer une oeuvre puissante.
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