A lire le dos du livre, on peut s'attendre à un thriller de SF mené sans complexe.
A la fin, on n‘est pas déçu mais on y trouve bien autre chose qu'u simple divertissement.
L'argument du récit ? Une mystérieuse multinationale qui détient le secret de l'immortalité l'offre à Haiden, un flic plutôt rigoriste qui vient de tirer la fille du patron d'un fort mauvais pas. Lorsque il ouvre les yeux après l'enregistrement de ses données corporelles et intellectuelles, il se retrouve dans un autre corps…
Ce qu'il s'est passé, ce qui arrive ensuite lors de la confrontation du héros avec ses anciens amis, sa famille et ses patrons constitue l'intrigue de ce livre.
Pour le coup, l'auteur, pour son troisième livre démontre qu'il a du métier et sans user des grosses ficelles habituelles mène son récit jusqu'au bout, sans temps mort, réussissant toujours à nous surprendre par de nombreux rebondissements. Un véritable turn-over qui vainc la fatigue et peut mordre sur votre temps de sommeil !
Le décor ou se déroule l'action, une ville anonyme et tentaculaire où se déroule l'action est fort bien décrit et tient un rôle essentiel.
Il touche en effet le propos de l'auteur qui veut nous faire ressentir l'injustice de cette société future : ses disparités sociales avec ses quartiers différents, ses privilèges pour les nantis (dont la fameuse immortalité), son écologie de façade et l'abandon de certaines couches sociales que l'on découvrira lors d'un des plus saisissants chapitres du livre (le meilleur du roman selon moi).
L'autre propos de l'auteur est le cri d'alarme qu'il lance pour l'avenir. La place croissante que prend la technologie dans la société, le pouvoir exorbitant de certaines sociétés capitalistes (on peut penser que l'auteur vise particulièrement dans ce livre les fameuses GAFA), l'abandon même des hommes de leur intégrité morale et physique pour le gain.
Tout cela est incorporé au roman sans nuire une minute à l'histoire que nous conte
Guy Roger Duvert.
Les personnages ne tombent pas dans des archétypes que l'on trouve habituellement dans ce genre de récits. Ils ne sont pas d'un seul bloc et l'auteur n'hésite pas à se séparer de certains d'entre eux au fil de l'action. Ce ne sont pas toujours ceux que l'on pourrait penser. Une des très bonnes surprises du livre.
Les bons sont plus gris que blancs et n'hésitent guère à se salir les mains pour accéder à ce qu'ils pensent être un but noble. (Mention spéciale à la touchante Natsuko)
Les méchants ne sont pas monolithiques et leur parcours explique parfois leur absence de scrupules.
Enfin le roman est un peu paranoïaque. J'ai souvent pensé à Philippe K Dick en lisant ce livre. Qui manipule qui ? Et surtout Qui est qui ?
J'ai même tendance à penser que l'auteur a voulu nous laisser cette impression de malaise, dans les derniers chapitres qui figurent un superbe twist final.
Si vous ne connaissez pas l'auteur, vous certainement à la fin de ce livre comme moi envie de vous pencher sur ces autres oeuvres en particulier son cycle «
Outsphere » et son film «
Virtual Révolution ». Un roman qui réveille sans ennuyer le lecteur.