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Voici la biographie de Madeleine Hammar, née au Cameroun d'un père suédois et d'une mère camerounaise. Malgré leur désir à tous deux de se marier et d'élever ensemble l'enfant, la famille de la mère s'y oppose. (Réflexion personnelle : J'ai connu une famille au Niger qui, lorsqu'un Français est tombé amoureux de leur fille, a exigé qu'il trouve du travail à Niamey, et il l'a fait par amour. Tous les Africains ne veulent pas venir en Europe)
Biographie présentée de façon charmante, non linéaire, ne suivant pas le cours des années de la vie de cette femme exceptionnelle, qui a dû renoncer à ses racines africaines pour vivre (au début, mal) en France, puis y a vécu de manière romantique.
« Les adultes prennent des décisions. Les enfants les subissent ».
Elle devient, par un hasard de la vie, amie des peintres qui vivent à Céret. C'est avec son mari qu'elle a pu ensuite côtoyer des peintres extraordinaires : Pablo Picasso, Salvador Dalí, Marc Chagall, Joan Miró, André Masson, Pierre Brune...

Elle doit affronter l'extinction de lumière que sont les suicides de sa fille Sylvie, puis de son petit-fils : « il a fini par larguer les amarres qui nous attachent aux vivants pour rejoindre les étoiles ».
Les morts de ses proches se succèdent, elle repense à son enfance, à ses parents adoptifs, lesquels organisaient les fêtes très élitistes des expatriés, à sa rencontre avec Jacques qui deviendra son mari, qui réchauffe son coeur engourdi par sa vie en pension, où elle a l'impression d'être un zombie à cause de la couleur de sa peau. Elle retrouve tardivement son père Suédois.
Biographie donc présentée de manière décousue en apparence, dans le désordre, ce qui ajoute à son intérêt.
Picasso la poursuit de son regard d'un noir brûlant, elle lui rappelle Joséphine Baker, elle danse comme une déesse (En cherchant sur internet, je n'ai pas réussi à voir Mado jeune, dommage, je n'ai pu voir des photos d'elle qu'octogénaire)
Picasso vient d'être quitté par Françoise Gilot, de quarante ans sa cadette, qui le quitte, lasse d'être annihilée et niée.
De l'autre côté du monde, l'Indépendance, dont Eugène Eboué détaille les divers épisodes.
Ce livre sur la vie d'une femme, élargie par les évènements qui lui adviennent, dévie pourtant en particulier concernant le covid 19 : plusieurs pages d'analyse y sont consacrées, ce qui, à mon avis, n'apporte rien au destin peu commun de Mado.
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Le titre du dernier livre d'Eugène Ebodé, Brûlant était le regard de Picasso, peut laisser accroire que le peintre est la figure centrale du roman. Que nenni, il est l'un des nombreux artistes qu'à côtoyé Mado Petrasch, créatrice de l'association des amis du musée de Céret, en Pays catalan. C'est bien elle l'héroïne du récit de l'écrivain, au fil d'une vie où elle aura aussi croisé Miro, Chagall et Dali, entre autres. Mado Petrasch, aujourd'hui octogénaire, a vécu une existence peu banale, avec un père suédois et une mère camerounaise, qu'elle ne rencontrera que tard dans sa vie, après l'avoir crue morte pendant longtemps. Ce n'est pas à une biographie traditionnelle à laquelle s'est attelé Eugène Ebodé, qui a préféré slalomer entre les époques, décrivant dans un désordre très maîtrisé l'enfance africaine de Maud, son amour pour son époux Marcel, le parcours étonnant de son père Gösta, la deuxième guerre mondiale avec De Gaulle et Leclerc en Afrique, le bouillonnement artistique de Céret et même la pandémie actuelle. Outre la découverte du destin hors normes de son personnage principal, ses vies publique et privée, ce qui frappe dans le livre est le style admirable de l'auteur, qui n'a pas beaucoup d'équivalents dans la littérature française actuelle. On ignore ce que Mado Petrasch pense du roman qui lui est consacré mais elle peut être fière du résultat. La métisse, amie des artistes, est véritablement une grande dame.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Mado est née à Édéa en Afrique d'un père suédois et d'une mère camerounaise sur les bord de la rivière rouge et blanche. Toute petite elle est élevée par son père. Mais très vite celui-ci doit repartir en Suède pour voir sa famille, il est bloqué là-bas, la seconde guerre mondiale vient de débuter et tout change dans la vie de Mado.
Sa "famille d'adoption" quitte le Cameroun pour Perpignan, via le Maroc et Constantine.
L'arrivée à Perpignan est une plongée dans un autre monde, tant la vie y est différente. L'école, la religion qu'elle embrasse sans que ce soit celle d'aucun de ses parents biologiques, tout change.
Elle prend aussi conscience de sa couleur de peau, car la belle métisse attire les regards et ce n'est pas toujours un bonheur pour la jeune femme.
Jusqu'au jour où elle rencontre Marcel, l'homme de sa vie.
À Céret où ils s'installent, le couple rencontre les grands artistes de son époque, Chagall, Matisse, Dali, et "Brûlant était le regard de Picasso" sur la belle Mado.
Ils oeuvrent pour la promotion et la protection de l'art et des artistes, et pour la création du musée d'art moderne qui abrite en particulier les donations de Picasso.

J'ai aimé partager la vie et les tourments de Mado enfant, en quête de ses parents, de sa famille biologique. Cette héroïne forte et fragile à la fois que l'on se prend à aimer si fort.
Il fait dire que l'écriture d'Eugène Ébodé est magnifique, travaillée sans être trop littéraire et nous entraîne dans cette vie que nous avons tous envie de connaître. Car Mado vit à Céret, femme forte, mère et grand-mère, si attachante, non pas sortie de l'imagination de l'auteur mais bien personnage important de l'histoire de la ville. Elle a traversé le siècle et connu tant de chagrins et de joies.
Une superbe lecture que je vous recommande vivement.
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Eugène Ebodé raconte la vie de Mado Hammar née en 1936 d'un père suédois et d'une mère camerounaise à une époque où le système colonialiste européen vivait son ultime apogée sur le sol africain. Autour de cette fillette, qu'on séparera très tôt de sa mère Monica, un couple français résidant à Edéa, Jacques et Hélène Boissont, l'adopte afin de libérer de ses responsabilités parentales Gösta Hammar, retourné en Suède durant la Seconde Guerre Mondiale.
Mado sera finalement éduquée dans un pensionnat catholique de Perpignan et habitera toute sa vie cette région des Pyrénées-Orientales, y prenant mari et pays, mais ayant toujours en tête de retrouver sa mère biologique dont on l'a tenue éloignée de façon délibérée. Une quête permanente logée profondément au sein de sa propre famille et de ses activités communautaires en vue de faire rayonner les artistes-peintres de Céret et leurs oeuvres.
Le parcours de cette femme est fort intéressant car inscrit dans les grands moments de l'Histoire du XXe siècle et de l'avenir du continent africain au seuil de l'indépendance de ses états. Cependant, Eugène Ebodé s'éparpille par moments dans des considérations plus terre à terre, cassant de ce fait le rythme de son récit. le regard de Picasso s'est peut-être attardé mais sa présence dans le roman y demeure fugitive.
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Mado est née au Cameroun des amours d'un expatrié suédois et d'une Camerounaise. La seconde guerre mondiale éclate et bouleverse les familles. La jeune métisse devra suivre des parents adoptifs vers la France où elle fera sa vie, en particulier dans cette Catalogne française autour de Perpignan où elle croisera de grands artistes tels que Picasso, Chagall et d'autres.
Sur le thème des rapports entre la France et ses colonies, des conditions de vie et de la psychologie d'une métisse dans la France au temps de la fin des colonies, il y a dans ce livre de bonnes lignes. Cependant, tout est noyé dans des digressions inutiles – en particulier sur la période de la pandémie du coronavirus – qui n'apportent rien. On a même l'impression que c'est du remplissage. Dommage.

NB : page 46, l'auteur écrit au sujet de Jean Ferrat  : « Mado a aimé La montagne qui renvoie à Font-Romeu ». Je pense qu'il s'agit d'une erreur. Ferrat a écrit cette chanson en 1964 alors qu'il venait d'acheter une maison en Ardèche. Les paroles de la chanson font d'ailleurs clairement référence à l'Ardèche : "Avec leurs mains dessus leurs têtes / Ils avaient monté des murettes / Jusqu'au sommet de la colline", paysage en terrasses, typiquement ardéchois. C'est un détail, j'en conviens.
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Mon Coup de coeur de la rentrée littéraire !
« On est des lieux qu'on aime. Et j'aime l'Afrique. On ne justifie pas ses amours. »
Brûlants sont ces mots d'Eugène Ebodé ! Lumineuse la personne de Mado qui nous entraîne, sous la plume de l'auteur vers cette lumière qui est essentielle à nourrir l'être en profondeur.
Ce roman est une pépite et le style de l'auteur n'est plus à saluer. Il nous conforte dans ce bonheur qu'est la belle littérature. Quant au regard de Picasso, il colore cet écrit telle une oeuvre Inédite. Et nous entraine dans ces contrées tant aimées, ces lieux qui font de nous ce que nous sommes : des amoureux épris des mots, des humains attachés à des valeurs inestimables.
Mado rime avec Picasso. La vie rime avec l'envie. Brûlant est le feu de la littérature qui réchauffe l'âme. Et la nourrit. La littérature qui à l'instar de l'Afrique, est « le continent d'avant les autres ! »
À découvrir sans tarder aux Éditions Gallimard - Continents noirs-
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C'est l'histoire d'une femme inconnue pour la plupart d'entre nous. L'histoire d'une femme dont l'enfance a été kidnappée, d'une femme née en 1936 d'un métissage avec tout le poids du regard des autres. Elle s'appelle Mado Hammar, figure incontournable dans les Pyrénées-Orientales pour avoir créé, administré nombre d'entités dans le domaine de l'art, elle qui a côtoyé Picasso, Dali, Chagall, Matisse, Soutine…

Edea, Cameroun. C'est là qu'est née une petite fille de mère camerounaise et de père suédois. Gösta Hammar avait déjà une fille, fruit d'une relation avec une native de ce pays où il a débarqué en 1929 à l'invitation de son oncle. Quelques années plus tard il tombe amoureux d'une autre beauté, Monica Yaya. Mais le mariage ne voit pas le jour malgré le désir commun des jeunes gens de faire vie commune. La guerre mondiale éclate et la petite Mado est séparée de ses parents, le père repart en Europe pour une durée indéterminée et la mère est chassée. Jacques et Hélène Boissinot, un couple ami de la famille Hammar, va s'occuper de la fille, Hélène n'ayant pu avoir d'enfant après un avortement qui s'est mal passé. La mère adoptive va élever Mado sans aucun amour et la petite fille pensera toujours aux longues marches avec son père près de la Rivière Rouge et du parfum perdu de sa maman, maman que l'on dit morte. En 1943, elle quitte définitivement l'Afrique pour habiter à Perpignan avec sa mère adoptive puis avec la mère de celle-ci.. Une nouvelle vie commence, faite déjà de regrets mais avec une détermination prodigieuse qui fera de Mado une femme libre, amoureuse jusqu'à la mort de son Marcel et combative pour l'amour de l'art et des injustices raciales.

Eugène Ebodé peint un portrait romancé avec des couleurs lumineuses autour de ce personnage féminin en portant un regard excessivement affectueux envers cette femme invincible malgré les coups du destin qui s'acharneront sur elle. Les passages avec Pablo Picasso sont brefs mais pas ceux consacrés à la peinture, le couple Mado et Marcel Petrasch s'étant installés à Céret et levant des fonds pour dynamiser le moribond musée d'Art moderne. Mado Petrash sera aussi l'un des piliers pour mettre en lumière le premier Congrès des écrivains et artistes noirs fondé par Alioune Diop, éditeur de présence africaine, dont l'affiche est signée par un certain Pablo Picasso, celui dont le regard était brûlant selon Mado.

Brûlante aussi est cette lecture qui nous entraîne sur les chemins du XX° siècle, d'une Afrique colonisée et d'une Europe colonialiste, sur la mouvance de l'art moderne, de toutes les créations, et, nous invite dans des demeures opposées, de ceux qui gardaient l'esprit colonial et de ceux qui rejetaient toute forme de supériorité. le tout avec un phrasé riche puisé dans l'immense palette des mots.

En remerciant la Fondation Orange et lecteurs.com pour l'envoi de ce livre

Lien : https://squirelito.blogspot...
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Eugène Ebodé est un auteur camerounais qui a écrit huit romans, sept nouvelles, de la poésie, un conte et des textes de réflexion; je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler ni de l'écrivain, ni de son oeuvre avant "Brûlant était le regard de Picasso".
Il s'agit, ici, de la biographie romancée de Mado, née en 1936 au Cameroun, d'un père suédois et d'une mère camerounaise; sa vie ne sera pas un long fleuve tranquille mais sera riche de magnifiques rencontres, de l'amour de son mari et de l'art. Elle vit à Perpignan, a 84 ans et se souvient : le départ de son père en Suède en 1939 où il restera bloqué pendant la guerre, sa vie avec ses parents "adoptifs" auxquels son père l'avait confiée, la fuite du Cameroun avec sa mère adoptive vers la France pendant la guerre, son déracinement, son sentiment de solitude. Sa rencontre avec Marcel, qui deviendra son mari, oriente sa vie vers l'art, elle devient conservatrice du musée d'art moderne de Céret , à la frontière avec l'Espagne, auquel elle redonne vie; elle va côtoyer les plus grands noms de la peinture (Max Jacob, Georges Braque, Jean Dubuffet, Salavador Dali, Picasso, Chagall....).
Cette biographie met en exergue de nombreux thèmes importants : la difficulté de trouver sa place entre plusieurs cultures pour une métisse, le regard des autres sur la différence; l'auteur évoque également la deuxième guerre mondiale vue d'Afrique, le racisme avec l'épisode honteux, imposé par les américains, du "blanchiment" des troupes françaises avant le débarquement et la libération de la France, la décolonisation avec ses espoirs mais aussi ses excès.
L'écriture est belle; elle se fait poétique et mélancolique à l'évocation du Cameroun que Mado a toujours porté en elle, qui lui a manqué et lui manque toujours. Elle sait nous émouvoir lorsqu'elle raconte Mado, arrachée à sa famille et à sa terre. La plume se fait douce lorsqu'elle décrit l'amour qui a uni Mado et Marcel pendant plus de 60 ans.
Cependant, ma rencontre avec ce livre ne s'est pas vraiment faite; j'ai souvent été perdue par la temporalité de la narration qui fait des allers-retours entre différentes périodes de la vie de Mado, par les membres de sa famille surgis de nulle part et dont les liens avec elle sont explicités ultérieurement. Enfin, quelques digressions dont une très longue de huit pages sur la Covid 19 et la gestion de la crise en France, m'ont profondément ennuyée, n'en ayant pas compris la finalité.
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J'avais imaginé une autre histoire, avec ce titre. Je pensais que cette biographie serait plus axée sur les relations de Mado et des artistes cités sur la quatrième de couverture, alors qu'ils sont juste mentionnés à plusieurs reprises. de nombreuses digressions, notamment sur la période covid que nous vivons et dont je me serais bien passée. Une déception donc, malgré tout l'intérêt pris à découvrir la vie atypique de cette femme.
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Madeleine Petrasch, dite Mado, est née en 1936 au Cameroun d'une mère camerounaise et d'un père suédois. En 1929, à l'âge de dix-huit ans, son père, Gösta Hammar, a rejoint à Douala son oncle maternel qui était à la tête d'une société forestière florissante. Dans ce Cameroun colonisé en partie par les britanniques et en partie par les français, Gösta et son oncle se distinguaient des autres européens dont ils ne partageaient pas les préjugés racistes. Son père, bel homme au tempérament d'explorateur, découvre le monde africain et s'y sent chez lui, complètement à l'aise.

Aujourd'hui, devenue une vieille dame de plus de quatre-vingt ans dont l'oeil " pétille toujours de la même soif de savoir et d'émerveiller", Mado a reconstitué son histoire à partir des "carnets d'Afrique" de son grand-oncle, un taiseux qui aimait écrire. Elle a reconstitué le puzzle de sa vie : la rencontre de ses parents, sa naissance suivie du refus de leur mariage par la famille de sa mère, le geste d'amour de sa mère, Monica Yaya, qui accepte de confier sa garde à Gösta en attendant que leur situation puisse être régularisée. Ensuite ce sera son adoption par un couple de français expatriés à qui Gösta l'a confiée le temps d'un séjour en Suède qui durera plus longtemps que prévu car la seconde guerre mondiale éclate juste à ce moment là.

Mado a pris conscience du poids de la guerre sur son destin... Une fois son père adoptif engagé volontaire auprès du général Leclerc, sa mère adoptive Hélène rejoint la France avec elle. La guerre terminée ses parents adoptifs repartent au Cameroun la confiant à la mère d'Hélène qui vit près de Perpignan, Mado est alors inscrite dans un pensionnat catholique. Que de coupures dans la vie de la jeune Mado qui vivra dans le souvenir du fleuve Sanaga, appelé Rivière rouge et blanche, sa "boîte à chagrins" et recherchera toute sa vie son identité entre ses origines suédoise, camerounaise et française. Mado ne retrouvera son père qu'à l'age de quinze ans, remarié avec une cantatrice finlandaise avec qui il a eu quatre enfants. Quant à Monica, sa mère biologique, on lui a dit qu'elle était morte...

Mado, devenue une beauté souvent comparée à Joséphine Baker et danseuse hors pair, épouse Marcel et suit une formation dans la promotion des arts. Installés à Céret, petite ville réputée pour ses cerises et fréquentée par des artistes de renom, ils contribuent à sortir le musée d'Art moderne de sa léthargie. Mado crée l'association des amis du musée de Céret et rencontre Picasso qui pose son regard incandescent sur elle "Brûlant était le regard de Picasso", dira-t-elle plus tard.

Eugène Ebodé a choisi de raconter sous la forme d'un roman l'histoire fascinante de Mado qu'il a rencontrée plusieurs fois. Il nous livre une biographie romancée qui fourmille de détails, un texte essentiellement axé sur la vie de Mado. Ses rencontres avec les artistes, Picasso, Dali, Chagall, Miro, Matisse... ne sont que brièvement évoquées contrairement à ce que suggère le titre, mais cette vie est tellement riche et singulière qu'elle méritait bien un roman.
Mado a eu une vie faite de déracinements et de séparations, elle a vécu les douleurs de l'exil, la blessure du racisme, la sensation de n'être nulle part à sa place en France. Elle a réussi à maintenir des liens avec son père malgré ses absences, malgré les questions qu'elle n'a jamais réussi à lui poser, à maintenir des liens avec sa mère adoptive malgré son manque d'affection, sa raideur, sa brutalité et surtout malgré son horrible mensonge sur la disparition de Monica, sa mère biologique, dont elle n'apprend que vers l'âge de trente ans qu'elle est en vie. Avec un pouvoir de résilience remarquable, elle a su malgré tout former avec eux tous, parents, frère et soeurs, une famille soudée. Pour son 83ème anniversaire en 2019, beaucoup de ceux qui étaient encore vivants étaient autour d'elle.
Mado a vécu des drames intimes, des deuils abominables mais sa vie a été éclairée par son amour de l'art et par son amour pour Marcel avec qui elle a formé un merveilleux couple. Sa rencontre avec des artistes de renom, son engagement pour le musée, sa contribution à l'élan culturel de Céret ont rendu sa vie très riche et intense.
La plume d'Eugène Ebodé est très poétique, il restitue les souvenirs de Mado dans un désordre qui ne nuit nullement à la compréhension, j'ai cependant trouvé complètement déplacée sa tirade pleine de hargne et d'ironie contre le gouvernement à propos de sa gestion de la crise sanitaire, seul avait sa place dans ce récit l'avis de Mado sur cette période qui l'a séparée de ses enfants et au cours de laquelle elle a perdu son mari.
Un récit passionnant sur une femme au parcours très singulier. Une belle réussite.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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