Un jour,son engin en panne,il s'était retrouvé livré à lui-même en rase campagne où il avait vécu tout seul toute une semaine en Robinson.Il avait profité de l'occasion pour transcrire quelques chants d'oiseaux-ceux-ci,de guerre lasse,ayant fini par faire comme si de rien n'était,ne plus interrompre leurs trilles à la moindre explosion,ne plus se formaliser du roulement incessant des proches détonations.
(...) il finit par expliquer que ses idées, quelles qu'elles soient, lui semble toujours rester en prison dans son cerveau. (p.104, les Éditions de Minuit)
Il sait très bien ce qu'il a fait, il n'y a pas de forme à proprement parler, pas de développement ni de modulation, juste du rythme et de l'arrangement. Bref c'est une chose qui s'autodétruit, une partition sans musique, une fabrique orchestrale sans objet, un suicide dont l'arme est le seul élargissement du son. Phrase ressassée, chose sans espoir et dont on ne peut plus rien attendre, voilà au moins, dit-il, un morceau que les orchestres du dimanche n'auront pas le front d'inscrire à leur programme. Mais tout cela n'a pas d'importance, c'est seulement fait pour être dansé. Ce seront la chorégraphie, la lumière et le décor qui feront supporter les redites de cette phrase. Après qu'il a fini, un jour qu'il passe avec son frère près de la fabrique du Vésinet : Tu vois, lui dit Ravel, c'est là, l'usine du Boléro. (p.79, les Éditions de Minuit)
Allongé, il s'efforce de somnoler un moment mais, comme sa nervosité se bat contre sa faiblesse, ce conflit n'aboutit qu'à amplifier, exaspérer l'une et l'autre jusqu'à produire un malaise tiers, physique et moral et supérieur à la somme de ses composants. (p.25, les Éditions de Minuit)
Mais bon, tout cela va un moment et, comme tous ces jours se ressemblent, inutile de s'éterniser, passons sur les trois qui suivent.
Hélène s'enquiert timidement des nouvelles en désignant le quotidien : Pas grand-chose répond-il, pas grand-chose. De toute façon, c'est un journal de droite, n'est-ce-pas.