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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
flux et reflux d'un chef-d'oeuvre.
Je suis rentrée dans ce roman comme dans un tableau de Constable : un village Saint-Ogg, aux toits rouges , lové le long d'une rivière La Floss, un vieux moulin le Dorlcote, niché entre forêts et prairies.
Dans cette ancienne demeure, la famille Tulliver, le père fier et borné, la mère aimante mais sotte et les deux enfants Tom et Maggie.
Un amour fraternel très fort lie Tom sérieux, fonceur mais sans fantaisie à Maggie intelligente, éprise d'idéal et de liberté.
Cette relation passionnée entre ces deux êtres va se dénouer rapidement par trahison, amour ou appât du gain.
cette histoire, reflet de la société anglaise du XIX ième siècle où régnaient argent et progrès, m'a emportée tel le courant du ruisseau qui coule au fil des pages.
Ce drame, malgré la place dérisoire des femmes, à cette époque, n'a pas pris une ride.
L'écrivaine sait enchanter le monde de l'enfance, souligner le carcan familial, dénoncer la mesquinerie de la bourgeoisie ou analyser , avec subtilité, le sens du devoir et des sentiments amoureux.
J'ai pris un énorme plaisir à me plonger dans ce magnifique livre de la grande George Eliot.
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C'est avec Middlemarch que j'ai fait la découverte de George Eliot. J'avais fortement apprécié cette lecture grâce à son héroïne assez anticonformiste – aux idées et au caractère bien arrêtés ainsi qu'à l'altruisme et la bonté sincères et profonds – et je dois dire que si j'ai aimé découvrir cette oeuvre c'est à nouveau grâce à Maggie, cette nouvelle héroïne à l'amour pur et inconditionnel que cette dernière porte à son frère ainsi qu'à sa famille.

J'ai vraiment été touché et subjugué par l'incroyable et importante dimension sentimentale conférée à l'oeuvre de George Eliot. le Moulin sur la Floss est une véritable hymne et ode à l'amour dans son plus simple appareil et dans toutes ses formes. Cette dernière le sublime et l'affute autant qu'elle le déprave et l'abaisse. J'ai vraiment trouvé fascinante cette juste et nuancée analyse des relations réalisée au cours de ce long et beau roman. Et bien qu'il est avant tout question d'amour fraternel, j'ai apprécié que l'auteure dévoile d'autres de ses formes le concernant tels que celui maternel par exemple. La force des sentiments de notre héroïne est vraiment palpable et offre une dimension puissante à cette oeuvre et ce jusqu'à la dernière page qui m'a laissé sans voix. Ainsi, j'ai vraiment pris plaisir à suivre la relation intime et étroite qu'entretiennent Maggie et Tom. Faisant moi-même partie d'une fratrie, je me suis très souvent identifié à chacun d'eux ce qui m'a permis de très vite m'attacher à ce duo qui semble autant s'adorer que se détester. Les relations fraternelles sont bien souvent houleuses mais se dévoilent aussi les plus sincères, ce que George Eliot est parvenue avec force et brio à retranscrire avec cet étrange sentiment de ‘je t'aime moi non plus'.

Il faut dire que nos deux héros devront traverser énormément de crises et même si certains sujets ne sont plus vraiment d'actualité, d'autres – comme le décès d'un parent – le sont encore fortement. Cela permet à cette oeuvre de ne pas souffrir de son vieillissement et de lui apporter un certain pan fortement initiatique. Grâce à la douceur de sa plume et la beauté de son style, l'auteure dévoile cette initiation avec acrimonie et affection. Bien entendu et malgré toute la bienveillance de ce dernier, le Moulin sur La Floss se dévoile mélancolique et un fort élan d'amertume rythme ce dernier. Cette ambiance cafardeuse offre un contraste vivement éloquent que j'ai totalement adoré et qui colle parfaitement à l'atmosphère que je me suis fait des lieux dévoilés. Sans pour autant être expert comme peut l'être celui de Thomas Hardy, le style de George Eliot se démontre vivement visuel et je n'ai eu aucune difficulté à m'évader aux abords de ce moulin ou dans les autres lieux dévoilés. Cependant et malgré la très belle impression que me fait cette histoire, je dois bien reconnaître quelques longueurs et autres redondances qui sont parfois venus alourdir ma lecture. Sans pour autant être un réel pavé, ce livre est assez dense et certaines parties manquaient réellement d'intérêt et d'utilité à l'avancée de l'intrigue.

Néanmoins et avec le Moulin sur la Floss j'ai passé un très doux et agréable moment de lecture en compagnie de personnages attachants, aux sentiments pures et sincères. George Eliot n'hésite pas à écorcher et à mettre à nu ces derniers afin d'offrir à son lectorat un hymne à l'amour dans toutes ses formes d'une magnifique douceur et mélancolie.

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Maggie et Tom grandissent au bord de la Floss, enfants d'un propriétaire de moulin jouissant d'une modeste aisance. Maggie est une petite fille à l'esprit original, préférant les livres aux poupées. Intense dans ses émotions comme dans ses affections, elle souffre d'un puissant désir mal assouvi d'être aimée. Elle-même s'attache aux autres avec un amour absolu et dévoué. Maggie n'est pas une petite fille modèle. Ses maladresses lui attirent les lamentations de sa mère et les reproches souvent cruels de son frère. En grandissant, Maggie tournera-t-elle aussi mal que ses tantes le suspectent ? Trouvera-t-elle la paix de l'âme ? l'amour ?

Le Moulin sur la Floss se déroule dans un milieu plutôt modeste de petits bourgeois mais l'intrigue pourrait aussi bien mettre en scène des héros de tragédie grecque. Au fur et à mesure que l'histoire se dévoile, on devine que les choses vont se compliquer pour Maggie. Cette héroïne très attachante lutte et tache toujours de faire ce qui est juste, de ne pas faire de mal à ceux qu'elle aime mais encourt le blâme de ceux qui devraient avoir pour elle amour et compassion.
Tous les autres personnages sont bien campés, tout en nuances. George Elliot leur donne une épaisseur qui les rend réalistes. Elle s'égaie et nous amuse avec la bêtise ordinaire des tantes et les manies des oncles mais cela est présenté avec beaucoup de finesse, par petites touches suggérées. On retrouve la même délicatesse dans sa façon d'aborder la place des femmes dans la société ou la religion. Cette finesse ne m'avait pas autant frappé dans les autres romans que j'ai lus d'elle mais peut-être seulement parce que j'y avais été moins sensible.

L'intrigue peut paraître un peu mince et essentiellement psychologique. Cependant, elle m'a maintenue en haleine jusqu'au bout.

Ce roman m'a laissé l'impression d'une oeuvre d'une grande qualité et d'une grande finesse, peuplée de personnages mémorables et attachants.

Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2020
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Le moulin sur la Floss, c'est tout d'abord un univers, celui de la campagne des tableaux d'autrefois, ces charmantes scènes rendant hommage à la vie honnête des travailleurs, des honnêtes gens pour lesquels le bonheur ne peut se concevoir sans de très hautes valeurs morales et dont la beauté de l'âme n'a d'autre équivalent que celle de la nature. Ainsi les peintres Hollandais, inspirés du protestantisme ont ils su rendre compte de ces atmosphères où l'esprit des hommes rencontre celui de la nature avec une délicatesse dans le trait, des subtilités dans les couleurs et dans les vibrations de la lumière. Ainsi George Eliott, dont la longueur des phrases, la précision du vocabulaire et la profondeur de la réflexion ne peuvent que décourager ceux qui rêvent de révolutionner la littérature, rend compte des tourments de l'âme d'une petite jeune fille. Attachante, déroutante, agaçante, le personnage de Maggie se révèle au fil des pages une enfant d'une sensibilité extrême qui fait tout autant sa force que sa faiblesse. Cette sensibilité exacerbée l'amène dès la plus tendre enfance à se tourner vers les livres afin de comprendre le monde, de se comprendre elle-même et tous les sentiments complexes qui l'animent. Car Maggie évolue dans un monde ancien, où la femme n'a pas sa place, un monde brutal où l'argent manque et pour lequel tous les sacrifices et toutes les prières s'avèrent vaines. Et enfin parce que Maggie aime son frère, qui le lui rend mal, qui ne le mérite guère, d'une force inexplicable. Ce caractère passionné, lié à une beauté singulière, une grande intelligence et surtout à cette sensibilité aiguë va l'exposer très rapidement aux hommes qu'elle va rencontrer. Devenue adolescente, ayant traversé des épreuves trop lourdes pour se jeunes épaules, Maggie se débat en permanence pour faire le bons choix, ceux qui lui permettraient de trouver le bonheur sans jamais faire de mal à ceux qu'elle aime. On suit avec passion les tourments de son âme que les événements dramatiques ont forcé à mûrir trop vite, ses analyses et ses raisonnements philosophiques pétris d'austérité religieuse qui nous amènent nous aussi à comprendre, entre autre, combien il est difficile d'être heureux sans faire, ne serait-ce qu'un tout petit peu, le malheur des autres.
Le moulin sur la Floss est un grand roman qui sait entrer dans le labyrinthe de la conscience, faire émerger une multitude de petites questions qui se posent au gré des événements de la vie, des rencontres. George Eliott sait se faire pédagogue et philosophe, elle nous éclaire et nous interroge, nous rassure et nous inquiète, nous menant ainsi sur le chemin de la vérité, en prenant bien soin de ne pas aller jusqu'au bout.
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Une histoire qui suit le cours de la Floss. Source de vie et de mort, le moulin sur la Floss voit passer des personnages proches de la Famille Tulliver, dont les enfants Mary et Tom sont les principaux protagonistes de l'histoire.

Le récit se déroule en deux temps: autour de l'enfance de Tom et Mary et ensuite de leur entrée dans la vie d'adulte. toute l'histoire est construite autour d'un conflit juridique entre leur père M. Tulliver et le père de Philipp, enfant bossu qui tombe amoureux de Mary. Un conflit qui va empoisonner la vie des deux enfants et de leur famille.

Le livre est admirable pour sa manière de croquer les mesquineries quotidiennes, les élans de solidarité qui ne sont qu'autant de reproches passées et à venir. Dans ces familles, que de ressentiments, que de mauvaises intensions, que de calomnies et que d'amour. Planche de salut ou potence, les relations familiales se tissent au gré des conflits qui laissent une empreinte indélébile dans l'histoire de leur vie. Peu de miséricorde et peu de rédemption si ce n'est dans une dernière partie tragique.

est-ce que Mary constitue le prolongement littéraire de George Eliot? sans doute un peu dans sa passion pour la lecture, pour son érudition qui se heurte à une société patriarcale, à ses passions qui ébranlent le frêle équilibre familiale, à la tendre affection que lui porte son père?

Je pensais disposer d'une culture générale correcte mais je viens seulement de découvrir George Eliot. Une auteure incroyable du 19ème siècle et dont les croquis de ces gens de province m'ont passionné, notamment lors de la vente publique des objets de la famille Tulliver. Les relations entre les personnages sont subtiles ainsi que l'évolution de leur relation, si ce n'est peut-être dans la partie finale. Les grilles de lecture sont nombreuses car si on suit finalement le parcours de Mary, les points de vue des autres protagonistes sont partagés avec le lecteur le laissant arbitre de ces tensions familiales. Entre l'honneur, la raison, la vengeance, l'amour et la fidélité, les motivations des personnages ne manquent pas. Au lecteur d'évaluer celles qui sont sincères ou méritantes.

Finalement, je ne suis pas mécontent de découvrir cette auteure et cette oeuvre si tardivement. Une belle surprise qui ne m'aurait peut-être pas tant plu à 20 ans.
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Le moulin de Dorlcote, sur la Floss, près de la petite ville de Saint-Ogg, appartient à la famille Tulliver depuis cinq générations. Lorsque l'histoire commence nous sommes en 1829. La famille Tulliver fait partie de la petite bourgeoisie rurale. Il y a deux enfants : Maggie, 9-10 ans, et Tom, 12-13 ans.Maggie est une enfant vive à la riche imagination et toujours plongée dans les livres. Tom est plus terre à terre, il a une intelligence pratique. le père Tulliver souhaite que son fils s'élève au-dessus de sa condition de meunier et pour cela il décide de lui payer des études classiques. Tom n'est pas attiré par les langues anciennes et l'arithmétique, Maggie est avide de connaissances mais lui est un garçon et chez une fille l'intelligence est du gâchis, pense M. Tulliver dont elle est pourtant la favorite. Malheureusement pour la famille M. Tulliver est ruiné et le moulin vendu à celui qu'il considère comme responsable de cette ruine. Tom est chargé alors de restaurer l'honneur familial, tâche à laquelle il va s'atteler avec le plus grand sérieux ce qui va dégrader ses relations avec sa soeur.

Héroïne de ce roman la pauvre Maggie traverse bien des vicissitudes avant la fin dramatique. Ses aspirations sont contraintes par la société patriarcale : aspiration à l'étude dans son enfance, à l'autonomie plus tard. Son frère a fait pour elle des projets qui ne lui conviennent pas mais dont il ne veut pas démordre : "tes idées ne s'accordent jamais avec les miennes et tu ne veux pas céder. Pourtant, tu devrais avoir assez de bon sens pour voir qu'un frère, qui va dans le monde et se mêle aux hommes, sait nécessairement mieux que sa soeur ce qui est convenable et honorable pour elle. Tu penses que je manque de gentillesse. Mais ma gentillesse ne peut s'orienter que vers ce que je crois bon pour toi".

Maggie en souffre car elle aime Tom tendrement. Elle essaie un temps de trouver le réconfort dans l'ascèse religieuse. Victime de médisances, elle est finalement mise au ban de la société. L'autrice montre bien comment fonctionne l'opinion publique qui la juge sur les apparences. Cependant, contrairement à ce que son frère pense, Maggie reste fidèle à ses principes moraux et, si elle cède à l'occasion à la facilité, ce n'est que très temporaire.

J'apprécie particulièrement l'analyse fine des caractères et des sentiments des personnages, souvent menée sur le mode ironique. C'est bien vu et plein d'humour. Il y a aussi une critique sociale, notamment quand George Eliot signale que la vie confortable de la bonne société repose sur le travail du peuple : "elle n'exige rien de moins qu'une vaste vie de labeur de toute la nation, entassée dans des usines assourdissantes et malodorantes, à l'étroit dans les mines, transpirant devant des fournaises, meulant, martelant, tissant dans une atmosphère plus ou moins chargée d'acide carbonique (...)".

Ce court passage me fait penser à ce que j'avais lu dans Nord et Sud. L'Angleterre des années 1830 est bouleversée par la révolution industrielle et on en voit les signes dans le présent roman.

Cela fait bien longtemps que j'avais le projet de lire George Eliot. J'ai chez moi un exemplaire en version originale du Moulin sur la Floss qui traine depuis des années. Je me suis enfin décidée à me procurer une traduction et je ne suis pas déçue. J'ai trouvé ce roman excellent.
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George Eliot est une totale découverte pour ma part mais quelle découverte ! Je suis littéralement tombée sous le charme de cet auteur qui nous offre une belle parenthèse victorienne. L'histoire se situe à la fin du XIXème siècle, dans la campagne anglaise où l'auteur va nous raconter la destinée de la famille Tulliver, notamment des enfants Maggie et Tom.

Maggie est une enfant indisciplinée qui n'a aucune envie de se conformer aux normes sociétales de l'époque. Elle n'a clairement pas envie de se conformer aux standards de la société, elle n'a pas envie d'être la jeune fille que l'on est en droit de penser. Heureusement que pour cette petite fille têtue et rebelle, son père ne peut résister à ses petits yeux noirs ! Il soutient donc son unique fille, il la défend. Maggie est pleine d'imagination, un brin impulsive et passionnée, avide d'affection qu'elle ne trouve que chez son père et jamais avec son frère, Tom.

Même si Maggie ne retrouve pas d'affection auprès de Tom, elle lui fait confiance, après tout, c'est son grand frère. Tom est un jeune homme têtu et obstiné qui a reçu une grande éducation : les mathématiques, le latin alors qu'il n'était pas spécialement désireux d'apprendre mais on ne choisissait pas sa condition à l'époque n'est-ce pas ?! Etre un garçon offrait bien des avantages par rapport aux filles. Il a étudié avec Philip Wakem, un jeune homme avec qui il n'a entretenu aucune amitié d'aucune sorte alors que Maggie lui a offert son amitié sans se soucier que le père de Philip, notaire, occasionnait beaucoup de soucis aux Tulliver... le père de Maggie sera ruiné et ce sera la faute du père de Philip...

Nous revoilà quelques années plus tard où Tom va enfin percer dans le monde des affaires. Il devra sa réussite grâce à sa ténacité et aussi à l'aide de son Oncle. Il va pouvoir éponger les dettes de sa famille. Dans le même temps, Philip Wakem va déclarer sa flamme à Maggie qui faut le dire est quelque peu gênant et déplacé car le paternel de ce dernier ne peut voir en peinture les Tulliver, il déteste clairement les hommes de cette famille...

Maggie est une jeune femme naïve et attachante à la fois. Elle sait reconnaître ses torts et je trouve que c'est un beau trait de sa personnalité. A contrario, je n'ai pas trop compris cet amour sans fin qu'elle a pour son frère. J'aurai envie de vous dire que ce n'est plus de l'amour mais presque de la rage. J'ai trouvé cela un peu dérangeant, mais bien sûr, cela n'engage que moi. Maggie n'a jamais caché l'amour qu'elle éprouve pour son frère, et ce, dès son plus jeune âge mais elle souffre beaucoup d'être elle, telle qu'elle est, telle qu'elle se voit : moche, impatiente, imprudente...

La fresque familiale que nous dépeint l'auteur est gigantesque. Les parents, les oncles, les tantes de Maggie et Tom prennent une grande place dans ce roman ! On se plaît à les découvrir à travers les lignes de ce récit qui sont denses.

Ce roman est très riche et intense. L'auteur nous parle de la condition de la femme à l'époque et il faut bien se l'avouer, sa place dans la société n'était pas grande. Par exemple, la maman de Maggie ne connaissait pas les difficultés que rencontraient son époux. de nos jours, c'est une situation impensable !

La plume de l'auteur est belle, fluide, descriptive, très agréable à lire. le style de George Eliot est poétique, romantique avec un ton ironique qui m'a beaucoup plu ! Pour ce qui est de la fin de l'histoire, je dois vous avouer que j'ai été surprise, je ne m'y attendais absolument pas ! L'auteur m'a totalement décontenancé, je ne l'ai pas vu venir et malgré que je sois frustrée, je suis forcée d'admettre qu'elle coule de source...

Tout ça pour vous dire que les amateurs de romans historiques, de romans historiques britanniques, vous ne pouvez passer à côté de ce titre qui en vaut le détour !
Lien : https://leslecturesdeladiabl..
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Le Moulin sur la Floss a été publié pour la première fois en 1860. Époque où le romantisme anglais se développe. Et dont le roman relève en partie, même s'il est probablement plus réaliste que romantique.

C'est un roman relativement long (697 pages chez folio classique).

Le récit se déroule dans l'Angleterre rurale du XIXème siècle. Histoire de famille, fresque sociale, roman psychologique, le Moulin sur la Floss, est riche.

C'est l'histoire de Maggie qui, on le comprend dès le début, est différente. Elle a l'esprit vif et, on pourrait dire, qu'elle est légèrement en avance sur son temps.

Son impulsivité, son besoin d'émancipation mais aussi sa curiosité, la rendent souvent maladroite. Et elle désespère sa famille, sa mère et ses tantes surtout.

Elle le regrette. Elle aimerait être aussi sage et distinguée que sa cousine. Mais elle ne peut aller contre sa nature et luttera entre ces deux influences tout au long du livre.

Elle se retrouve donc coincée entre ses propres instincts et les principes de son époque incarnés de manière presque caricaturée par sa mère, ses tantes, mais surtout son frère.

Le lien entre Maggie et son frère Tom est très fort. Mais cet amour fraternel est malmené et menacés par des conceptions, des caractères et de valeurs qui s'opposent.

L'histoire est relativement simple. Pas d'intrigue compliquée. Pourtant le Moulin sur la Floss fait passer le lecteur du rire aux larmes en passant par la crainte. Et la succession de ces émotions rend le roman difficile à lâcher.

Le personnage de Maggie est particulièrement intéressant, parce qu'il est subtilement nuancé. Ni tout à fait révolutionnaire, ni tout à fait soumises. Entre les valeurs que lui présente la société et ses propres sentiments et intuitions Maggie est plus perdue que révoltée. le lecteur suit en cela plus une errance qu'un combat et c'est particulièrement touchant.

Certains personnages, comme les tantes, sont légèrement caricaturés, mais de ces caricatures qui nous font rire et en même temps soulèvent tout le ridicule de certaines constructions sociales.

J'ai particulièrement été touchée par le père de Maggie, Monsieur Tulliver. Tellement têtu que j'ai souvent eu envie d'entrer dans le roman pour le secouer et lui montrer à quel point son obstination était ridicule. Et pourtant, on ne peut pas lui en vouloir. On ne peut qu'être attendri par cet homme qui n'a pas trouvé d'autre moyen de s'en sortir avec ce qu'il appelle lui-même ce casse-tête qu'est la vie.

Le roman est fluide. Les phrases, les images, les descriptions coulent à travers les pages comme l'eau de la Floss dans le roman dans un style intimiste, poétique, romantique, mais aussi légèrement ironique.

Certains parlent de longueurs, encore une fois, je n'en ai ressenti aucune. Il y a peut-être confusion entre longueurs et rythme. Il est vrai que le récit tantôt s'accélère, tantôt ralentit. Mais ces variations me semblent indispensables pour laisser au lecteur le temps d'assimiler toute la richesse du roman.

Le Moulin de Dorlcote laisse dans l'esprit du lecteur une image qui risque bien de l'accompagner toute sa vie. Comme un endroit magique, romantique, dans lequel il peut lui-même se retirer pour méditer. Plus qu'un lieu, George Eliot en fait tout un symbole.

Le Moulin sur la Floss, à travers l'histoire de Maggie, ses relations au monde, à sa famille mais également ses propres conflits psychologiques, pose énormément de questions. Questions auxquelles George Eliot a la sagesse de ne pas prétendre avoir les réponses. Puisque chacun devra trouver les siennes. Puisque chacun fait comme il peut avec ce casse-tête qu'est la vie.

Il sonde ainsi notamment l'enfance. Sa magie, son innocence, mais aussi son pouvoir inconscient sur notre manière d'aborder le présent.

Il aborde également la position de la femme dans le monde. Son besoin d'indépendance sans cesse confronté non seulement aux réalités sociales mais également à la dépendance psychologique de la femme. Dépendance dont il est autrement plus difficile de se défaire que de la « simple » dépendance financière.

À cet égard, le renoncement de Maggie peut nous paraître frôler l'absurde. N'oublions pas que nous appartenons à autre siècle.

Certains déplorent que George Eliot ferait dans le Moulin sur la Floss l'apologie du renoncement. Je ne partage pas cet avis. Encore une fois. George Eliot interroge, sans juger ni décider à notre place ce qui est juste ou non.

En ce qui concerne le renoncement, je dirais même qu'en nous peignant les conséquence absurdes et malheureuses qui peuvent en découler lorsqu'il est poussé à l'excès, il difficile de prétendre que l'auteur nous inviterait d'une quelconque manière à suivre cet exemple.

Le Moulin sur la Floss nous montre par contre, avec humour et poésie, la nécessité de nous interroger constamment pour ne pas rester enfermer dans un système de pensées, un point de vue dont, à défaut de remise en question il n'est pas possible de voir l'absurdité ou les défaillances.

La fin m'a surprise, je ne vous le cacherai pas. Dans un premier temps, je me suis même sentie déçue. J'ai eu l'impression que Maggie avait encore beaucoup de chemin à faire. Que ça ne pouvait pas se finir comme ça. Que c'était comme si George Eliot en avait eu marre et avait mis brusquement un terme à son histoire. Et dans un premier temps j'ai donc trouvé cette fin trop facile et trop expéditive.

Et puis, en constatant à quel point cette fin restait incrustée dans mon imaginaire, j'ai changé d'avis.

La fin est douloureuse et émouvante, mais, je l'ai compris plusieurs jours après avoir refermé le livre, c'est aussi un magnifique message d'espoir et d'amour. Parce que c'est bien l'amour que fait finalement triompher George Eliot.

Je me suis également rendu compte qu'en plus, en terminant le roman comme elle le fait, non seulement George Eliot fait triompher l'amour, mais elle invite le lecteur à dépasser son propre égoïsme.

La fin est telle qu'elle doit être, même si elle frustre le lecteur qui en aurait voulu plus et peut-être autrement. le lecteur doit donc mettre sa frustration de côté et reconnaître que cette fin est magnifique. Même si elle est différente de ses attentes.

George Eliot parvient ainsi en terminant son histoire, à la rendre tout simplement immortelle.
Lien : https://nevrosee.be/le-mouli..
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Le Moulin sur la Floss,

a été écrit George Eliot qui, comme George Sand, n’avait pas pu écrire sous son vrai nom, Mary Anne Evans. Ce livre est une fresque de la société anglaise victorienne et de ses campagnes au XIXème siècle. C’est George Eliot qui en parle le mieux :
« ... Vous ne pourriez pas vivre au milieu de ces gens-là ; vous étouffez parce que rien ne vous permet de vous échapper vers quelque chose de beau, de grand, ou de noble ; vous êtes agacés par ces hommes et ces femmes médiocres parce qu’ils forment une population en désaccord avec la terre... »
Ce que j’aime ? Extraits :

« ... M. Tulliver se tut une minute ou deux et plongea ses deux mains dans ses poches, comme s’il espérait y trouver une idée. Apparemment il ne fut pas déçu, car il reprit bientôt : « ... ». »
« ... M. Tulliver (...) avait conscience, par son exemple, d’illustrer cette vérité : une intelligence parfaitement saine ne se sent pas du tout à l’aise dans ce monde insensé... »
« ... Mme Tulliver n’allait jamais jusqu’à se disputer avec sa sœur, pas plus qu’on ne peut dire d’une poule d’eau, qui sort sa patte d’un geste suppliant, qu’elle se dispute avec un gamin qui lui jette des pierres... »
Bob, parlant de son chien Mumps :
« « ... les gens de la haute s’arrêtent pour regarder Mumps, mais vous prendrez pas souvent Mumps à regarder les gens de la haute... y s’occupe de ses affaires, lui. » L’expression que l’on pouvait lire sur la tête de Mumps, qui semblait résigné à l’existence superflue des choses en général, confirmait tout à fait ce bel éloge... »
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Lecture de cet été...

"Le moulin sur la Floss" de George Eliot aux Editions de l'Archipel
est un puissant roman qui retrace les affres d'une femme qui peine à trouver sa place au sein de la société de son temps.
Une famille Les Tulliver, une relation tumultueuse entre un frère (Tom) et une soeur (Maggie) puis une promesse de Tom faite à son père afin de regagner le moulin familial que la faillite a contraint à vendre. Maggie elle va se rapproche de Philip Wakem le fils de l'ennemi de son père mais le fiancé de sa cousine va attirer son attention, un amour interdit.
La plume est fluide et addictive, j'ai adoré suivre les aventures de Maggie.
Coup de COEUR
A lire +++++

4e de couverture :
Élevée au moulin de Dorlcote, dans les paysages verdoyants du Lincolnshire, la toute jeune et idéaliste Maggie Tulliver forme avec son frère Tom un couple lié par un amour indestructible.
Ce lien est pourtant mis à mal après la mort de leur père, que la faillite a contraint à vendre son moulin. Maggie se morfond dans sa nouvelle vie et se rapproche un peu plus de Philip Wakem, un jeune homme sensible et cultivé, issu d'une famille rivale. Au grand dam de Tom, qui a dû abandonner ses études pour subvenir aux besoins des siens, au prix d'un labeur acharné...
L'intérêt soudain que lui manifeste Stephen, le fiancé de sa cousine, met un comble au trouble de Maggie, tiraillée entre raison et sentiments. C'est alors qu'entre en scène un personnage inattendu : la puissante Floss en crue, qui pourrait bien tout emporter...
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Eliot on TV

Ce roman a été adapté par la BBC en 1991 avec Iain Glen, Susannah Harker et Patsy Kensit :

Middlemarch
The Mill on the Floss (Le Moulin de la Floss)
Adam Bede
Silas Marner

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