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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au bord de la Floss, les Tulliver coulent des jours heureux dans leur moulin, et les enfants, Tom, l'aîné, comme Maggie, la cadette, s'épanouissent chacun selon leur caractère et leur sensibilité, ce que nous découvrons dans une première partie qui les décrit sous toutes les coutures, de même que tout le reste de la famille – père, mère, oncles, tantes… Mais ces jours heureux sont finalement de courte durée : alors que les enfants sont en pension pour parfaire leur éducation – ce qui ne sera pas de tout repos pour Tom, peu porté aux études classiques pour lesquelles son père a investi afin de lui permettre de réussir mieux que lui, au contraire de Maggie, qui en éprouvera plaisir et parfaite complétude -, des mésaventures surviennent, les faisant revenir au foyer, pour le meilleur comme pour le pire…

Roman éminemment victorien, tant par ses thèmes que dans sa construction, mais dans lequel l'on en sent déjà le crépuscule par des interventions parfois ironiques de sa narratrice, le Moulin sur la Floss nous conte avec réussite – bien que la première partie m'ait été assez fastidieuse : il m'a fallu du temps pour m'habituer au rythme très traînant du récit – le destin douloureux d'une fratrie que tout oppose de prime abord, mais que tout réunit finalement. A travers cette fratrie nous seront également contés la vie de Saint-Ogg, village dont fait partie le Moulin, dans ses qualités – la solidarité de certains habitants envers d'autres – comme dans ses défauts – les médisances sans fondement qui ruinent certaines réputations -, et les bouleversements économiques et commerciaux subis par les populations rurales anglaises en raison de la Révolution Industrielle en plein apogée, qui sera bénéfique pour ceux qui font les bons placements, ou au contraire funestes pour ceux qui parient sur le mauvais cheval.

Roman social et roman de moeurs en somme, que ce deuxième opus de George Eliot, mais plus encore roman psychologique, en ce qu'il dépeint avec une grande vraisemblance et une incroyable force les tourments d'une âme face à son destin, face à la contradiction des sentiments et des émotions qu'elle éprouve parfois, et à laquelle elle a bien du mal à se soustraire et à faire face. Que ce soit Tom, Maggie, ou certains personnages qui gravitent autour d'eux, comme Philip Wakem ou Stephen Guest, chacun se voit mis à nu dans sa sincérité la plus troublante et complexe, dans ses faiblesses les plus violentes, tout simplement humaines.

Une première lecture de George Eliot qui ne sera pas la dernière, ayant retrouvé dans ce roman ce que j'apprécie dans mes découvertes romanesques du XIXème siècle.
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Vous avez-vous aussi, chers amis Babelio, de ces moments où, écoeurés de lectures trop formatés, piteux peut-être de vous être vautrés dans la facilité d'un page turner, vous rêvez aux arides heures qui ont formé vos lectures de jeunesse ? de ces moments où les longues descriptions des Confessions, les digressions un peu pompeuse d'un Balzac étaient votre pain quasi quotidien et où le summum de l'agitation romanesque résidait dans un dialogue bien troussé ? L'été est propice à ce genre d'évocations douces amères. Avec lui vient le loisir aussi de tenter à nouveau cette échappée dans quelque bon gros classique du 19e siècle, ce challenge qui consiste à croire que notre attention peut encore soutenir un rythme qui ne soit pas effréné, un roman qui n'ait pas été écrit selon les règles des as du marketing littéraire. Ceci et une émission de radio mentionnant George Eliot expliquent ma découverte du Moulin sur la Floss.
Comme la mer, avant le réchauffement climatique, au début, la rencontre fut frisquette. A force de me persuader que c'était merveilleux un roman qui ne parle de rien, qui fasse la part belle aux sensations et émotions de ses personnages en faisant fi de toute péripétie sur tant de pages, j'ai manqué plusieurs fois m'endormir et renoncer. Pourtant, ces premières pages sur l'enfance de Maggie, son rapport à la nature et la vigueur avec laquelle s'imprime tous les ressentis dans son jeune coeur sont absolument charmants. le temps n'impose rien, les journées ne s'écoulent que cadencées par les émotions fortes que provoquent des retrouvailles, une visite familiale ou mille autres petits riens. La rivière coule de tout son flot, les grands frères sont brutaux et injustes, les petites soeurs espiègles et redoutables. Les vieilles tantes ne comprennent rien à rien et la bêtise des pères, pourtant respectés et adorés, fait frémir le lecteur.
C'est ainsi que peu à peu se dessine une trame romanesque et que les principaux personnages tissent ce qui s'apparente alors à un roman d'apprentissage autour de la bêtise du père. Laquelle bêtise lui vaudra ruine, maladie et mort. A partir de ce programme peu réjouissant, le roman se concentre sur Tom et Maggie, les deux enfants, et la manière dont chacun va faire sienne une morale personnelle lui permettant de dépasser l'adversité. Maggie, de sauvageonne indomptée devient peu à peu une splendide jeune fille recueillant tous les suffrages. A elle donc de se gouverner et de trouver une voie entre la piété filiale, l'affection enfantine pour d'anciennes attaches et la redoutable passion qui la saisit malgré tous les interdits.
Pour le coup, dans cette partie du livre, il y a beaucoup plus d'action et l'ouverture prend une autre résonnance à la lumière de tous les malheurs affectant nos pauvres personnages. On y songe comme à un paradis perdu, dont la douceur vaut moins pour les souvenirs heureux qu'il contient vraiment que pour son caractère inexorablement révolu. Un peu comme moi avec mes lectures adolescentes, tiens.
Avec notre oeil féministe contemporain, on pourra reprocher à cette pauvre Maggie de ne pas aller au bout de ses désirs et d'accepter que la morale considère différemment son action de celle des hommes. Mais on pourra admirer aussi le raffinement avec lequel les grands sentiments torturent cette pauvre jeune fille et combien se livre en elle ce combat entre inclinaison personnelle et altruisme. Il y a sans doute un dessein édificateur derrière cette narration mais il n'a rien de simpliste et je n'ai pas pu me résoudre à trancher sur ce qu'elle invite ses lecteurs à penser. Cela fait partie du charme désuet du livre et remet en perspective des notions de morale qui nous semblent complètement étrangères. C'est aussi cette complexité du personnage de Maggie qui ne se résout dans rien d'univoque qui fait l'intérêt d'un tel ouvrage.
Emportée par tout cela, et malgré quelques passages que j'ai trouvés assez longuets, j'ai finalement triomphé du Moulin sur la Floss avec beaucoup de plaisir. Cette lecture ne m'aura pas simplement dépaysée un temps. Plus subtilement, en déployant des motifs sans doute évidents pour son siècle, elle a fait résonner la singularité des nôtres et donné à réfléchir sur la valeur tout sauf absolue de ces derniers. Ce n'est jamais inutile.
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Voilà bien longtemps que je voulais découvrir George Eliot, je me suis lancée dans ma lecture sans attente particulière, un peu intimidée par la taille du roman et j'ai passé un bon moment de lecture.

La famille Tulliver est une famille heureuse et prospère, le père possède son propre moulin sur la rivière La Floss et il entretient sa femme issue d'une famille bourgeoise et ses deux enfants Tom et Maggie. Une fratrie très unie pourtant très différente, Tom est un garçon calme, très sérieux, à l'esprit pratique avant tout, Maggie est plus spontanée, rêveuse et passionnée et son intelligence est plus analytique. Comme dans toute famille de l'époque, le père souhaite offrir une solide éducation à son fils mais celui-ci est bien peu fait pour les études et doit fournir des efforts bien souvent inutiles. A contrario, Maggie présente de grandes capacités dont son père est le seul à être fier mais n'a pas la chance de se voir offrir les même chances que Tom. Tous deux souffrent de cette situation.
Mais la famille est ruinée à force de procès contre les Wakem et Tom se voit charger d'un bien lourd fardeau. Quant à Maggie, elle ne peut s'empêcher d'accorder son amitié et même son amour là où il ne faut pas....

A travers les bonheurs et tragédies de la famille, l'auteur s'attache à dépeindre la condition des femmes à l'époque, le peu de possibilités et de liberté qui s'offraient à elles, mais aussi le poids de la famille et de la société, des serments imposés, du devoir auquel on ne doit pas déroger. Tom est tout aussi prisonnier des conventions que sa soeur. Tous deux sont victimes du carcan des convenances et des obligations allouées à leur sexe.

Un roman dense où les sentiments des personnages aux caractères bien définis, sont décrits avec beaucoup de subtilités, entre désirs et devoirs, entre promesses et émotions. Tom et Maggie suivent un destin tragique en s'éloignant, en se rapprochant, en s'aimant, en s'affrontant...

Une jolie découverte que je poursuivrai bien volontiers.
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Ce roman raconte la destinée semée d'embûches d'un frère et d'une soeur, Tom et Maggie Tulliver, issus d'une famille au départ assez aisée, dans l'Angleterre pleine de préjugés des années 1830. le moulin du titre est celui dont leur père a hérité et où ils ont grandi, situé au bord d'une rivière, la Floss, qui aura une grande importance physique et symbolique dans leur vie.

Ce grand roman anglais du XIXème siècle dépeint avec talent les relations à mi-chemin entre amour et haine, générosité et mesquinerie qu'il peut y avoir entre membres d'une même famille, à travers notamment les deux personnages principaux, très liés mais de manière tumultueuse, mais aussi grâce à une belle galerie de personnages secondaires très justes. L'intrigue est construite de manière impressionnante et si les presque 700 pages du livre ne sont pas sans longueurs, l'auteur arrive avec une réelle maîtrise à maintenir l'intérêt jusqu'à la fin, devant laquelle il est difficile de rester de marbre.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé le personnage de Maggie, intelligente, obstinée, mais qui sait admettre qu'elle s'est trompée. le traducteur et préfacier Alain Jumeau y reconnaît certains traits de l'auteure elle-même. Mais si cet ouvrage est aussi une peinture assez critique de la société d'une petite ville anglaise des années 1830, il ne s'agit pas d'une autobiographie. C'est un roman passionnant, émouvant (mais dont il ne faut pas lire la préface ou la quatrième de couverture qui en dévoilent beaucoup trop), que j'ai dévoré en un week-end.
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Magnifique peinture de la société anglaise rurale du 19 ème siècle. L'auteure a été redécouverte récemment, merci à Mona Ozouf qui a publié "l'autre George" pour nous la faire lire!
En effet, on peut penser à George Sand, mais surtout à Jane Austen.
J'ai beaucoup apprécié cette intrigue romanesque qui met en valeur des personnages forts, tourmentés par la bien-pensance, la pudibonderie, le sens du renoncement, et du sacrifice.
Une jeune femme se démène face à deux figures masculines contraignantes : son frère soumis au devoir d'aîné, jouet d'un puissant sans scrupule ; le père, qui, même mort les fait se courber pour rembourser sa faillite et restaurer son honneur.
Quand l'amour survient ainsi qu' une possibilité de sortie, elle choisit de renoncer par égard pour sa cousine, promise du jeune homme aimé.
Belle mise en scène à déguster.




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Brillant ! La lecture est fluide et très poétique. L'auteur nous montre avec beaucoup de sensibilité le monde rural, le quotidien de ses habitants ordinaires, tout en déployant avec finesse la psychologie des personnages. Elle pointe avec délicatesse la nostalgie et l'importance des souvenirs d'enfance. Les personnages sont, bien que très différents, attachants. le personnage de Maggie, inspiré de l'auteur elle-même, est incroyablement moderne et on ne peut qu'applaudir le féminisme présent dans ce roman. L' écriture est belle, l'intrigue prenante et dramatique.
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Cela fait dix jours que je n'ai pas mis à jour mon blog. Même à 10 000 km de Paris, ne vous inquiétez pas je n'oublie pas de lire ! J'ai juste choisi des ouvrages plus denses qui me prennent un peu plus de temps.
J'ai connu ce livre un peu par hasard et ce fut une découverte magnifique. Ce livre est un ouvrage « impressionniste », où l'auteur saisit chaque petit événement, l'analyse et décortique les sentiments et les émotions des principaux protagonistes. On sent un long travail psychologique derrière chacun des personnages et on arrive à les comprendre, à les côtoyer, à les aimer aussi malgré leurs innombrables défauts. J'ai beaucoup aimé l'héroïne, Maggie, et souvent je me suis sentie très proche d'elle comme si elle était une amie de longue date que je comprenais par coeur. J'ai aimé sa gentillesse, son intelligence, cette affection qu'elle portait à tout le monde. Et même malgré tout ce qui s'est passé, j'ai compris son geste altruiste.
L'auteur aborde beaucoup de thèmes dans cet ouvrage : l'amour familial, la vie paisible d'une petite ville de province anglaise du XIXème siècle, le quotidien d'une famille de condition moyenne et les conséquences sociales engendrées par la faillite commerciale. Elle critique beaucoup aussi son époque : la montée de l'individualisme et du matérialisme bourgeois et capitaliste au détriment des valeurs chrétiennes et humaines, la pression et l'emprise qu'exerce la société sur la vie des gens, la différence d'éducation selon le sexe..
C'est un livre dense avec un style d'écriture très riche ponctué de temps en temps par une pointe d'humour. Il y a beaucoup de descriptions qui parfois ralentissent l'intrigue mais selon moi, cela fait partie du charme et de l'intérêt du livre. L'auteur ne se contente pas de raconter une histoire : elle creuse, approfondit et tente de donner un sens à des actes humains, qui pourraient être bien les nôtres.
A lire pour comprendre la complexité de la nature humaine !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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"Dans la mort ils ne furent pas séparés"

Ô combien difficile, l'effort de rassembler ses esprits, pour faire une critique d'un roman poignant, lors que des larmes vous perlent encore aux paupières...

Le Moulin sur la Floss, patrimoine ancestral des Tulliver, fanal dans les tempêtes de l'existence, est le symbole et le refuge d'une famille de gens laborieux qui, malgré le déchaînement des flots de la rivière, les traverses du destin, auront su garder le cap, celui de la dignité et de la probité, remboursant leurs dettes à force d'économie et de privation, pliant sous le faix, mais sans jamais déchoir, nonobstant la mesquinerie d'une parentèle soucieuse du qu'en dira-t-on et les commérages malfaisants du voisinage.

Second opus de George Eliot, le Moulin sur la Floss confirme - s'il est besoin, la place imminente de Mary Ann Evans dans le roman anglais du XIXéme siècle. Il n'est que de rappeler l'admiration qu'avait Marcel Proust pour ses oeuvres, et les critiques particulièrement élogieuses d'Albert Thibaudet de la Nouvelle Revue Française. On retrouve l'humanisme profond d'une femme libre, véritablement attachée à l'esprit de l'Évangile, sachant charmer par l'évocation pleine de sensibilité des moeurs campagnards.
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J'avais entendu parler de George Elliott comme d'un classique à lire. Ma première surprise fut de découvrir que, à l'instar de George Sand, George Elliott était en fait une femme. Mais ce ne fut pas la seule bonne surprise. L'écriture est précise, moderne tout en restant classique, du Proust avant l'heure. Et le thème abordé est avant-gardiste, à l'image de son auteur qui s'est beaucoup inspirée de sa propre vie pour écrire celle de son personnage principal. Les acteurs du livre ne sont pas manichéens mais complexes et cela nous permet d'autant mieux de nous identifier à leur destin. Avec en plus un final prenant, ce livre a tout d'une aventure moderne... enrobée de classicisme.
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Nous sommes ici dans un roman à la croisée entre "Le Jardin secret" pour le rapport à la nature et le récit du point de vue d'une enfant -tout du moins au début- et "A la recherche du temps perdu" pour son effacement de l'action au profit de la réflexion et ce côté roman-fleuve.

Le roman nous montre l'évolution d'une famille, et surtout d'une petite fille, qui bascule d'une vie confortable aux difficultés et témoigne de la vie au XIXe dans les petites campagnes anglaises.

J'ai d'abord été rapidement lassée des querelles familiales pitoyables menées en grande partie par les tantes de notre héroïne mais attisées par les oncles, ou de la supériorité ressentie par son frère, en petit homme privilégié jamais puni au contraire de sa soeur (même si elle est très appréciée de son père qui la défend). Puis l'on découvre un peu d'entraide dans ce malheur, de l'espoir, de l'amour et de l'honneur. le frère et la soeur ont mûrit, cultivant leurs propres valeurs...

Alors même que j'ai eu du mal avec la première partie du roman et l'enfance prodigieusement agaçante, j'étais fascinée par la suite, emportée 😉 Si tu es patient et que tu aimes découvrir les soucis d'une autre époque, je te conseille donc le Moulin sur la Floss !
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Ce roman a été adapté par la BBC en 1991 avec Iain Glen, Susannah Harker et Patsy Kensit :

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