AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 465 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Peut-on écorner un mythe ? Mettre au centre d'un roman un mythe iconique et révéler l'aspect obscur de sa personnalité en risquant de se mettre à dos tous ceux qui pensent qu'il est indécent de « salir » la mémoire de quelqu'un ? Voilà un procédé sacrément osé. Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas ici de ternir le souvenir, il s'agit de poser la question de la vérité, de révéler ce que bon nombre de personnes, et notamment d'Américains ne veulent pas entendre : et si, leur président tant adulé n'était en fait qu'un homme faillible, faible parfois, aux nombreuses contradictions, à l'éducation pesante et psychologiquement anxiogène, aux tares nombreuses et inavouables ? Et si, Kennedy n'avait pas été assassiné ce 22 novembre 1963 à Dallas, que ce serait-il passé ? Comment aurait tourné l'Histoire ? Après Stephen King dans 22.11.63, RJ Ellory se livre ici à un formidable exercice de style : imaginer un évènement du passé qui aurait eu une issue différente.

Pour ce faire, et comme d'habitude avec Ellory, l'auteur place les personnages au centre de tout. L'intrigue navigue par delà eux, mais c'est bien eux qui jouent la partition de la musique du roman. On retrouve ici le charme de la plume incandescente de l'auteur, celle qui déclenche les émotions. Alors oui, difficile de susciter plus d'empathie que pour Joseph Vaughan (« Seul le silence ») ou Evan Riggs ( « le chant de l'assassin ») ou encore Daniel Ford (« Papillon de nuit »), salement amochés par la vie. Et pourtant Mitch rejoint la liste des héros emblématiques d'Ellory dans leur capacité à susciter des émotions, mais aussi dans le souvenir éternellement palpable qu'ils laisseront. Même si j'ai trouvé ce personnage moins fort que ceux cités précédemment, il n'en reste pas moins touchant et terriblement attachant, de par ses années de vie ratées, une succession de mauvais choix, un ennemi sangsue : l'alcool.

Dans cette uchronie, Ellory construit son intrigue autour de Mitch, un journaliste free-lance dont l'ancienne petite amie Jean s'est suicidée. Ce suicide pose vite questions, car Mitch, très proche d'elle par le passé, ne la croit pas capable d'avoir commis un tel geste. Au cours de son enquête, il va découvrir que Jean s'intéressait elle aussi de très près à Kennedy, qui est alors en campagne pour un second mandat. (oui, souvenez-vous, il n'est pas mort)

La force du récit repose sur l'imagination fertile de l'auteur qui se prend au jeu d'imaginer comment Kennedy, alors en grande difficulté politique pourrait reconquérir le pouvoir. Si vous êtes familiarisé avec le système politique américain, vous saurez apprécier les alliances, les petits arrangements entre amis et le donnant-donnant nécessaire à la réélection d'un candidat. Les campagnes électorales se financent grâce à de grands industriels, des banquiers et une fois le candidat élu, ces gens-là réclament un retour d'ascenseur. «  La présidence est une pièce de théâtre ; le président est un personnage qui a été choisi. Il y a de nombreux metteurs en scène, de nombreux producteurs, et il est rare qu'ils soient d'accord sur l'intrigue. » Ellory démontre fort bien comment le chef suprême est très loin de gouverner seul. Habilement, il établit ici combien la politique n'a pas réellement changé depuis ces années-là, et j'en veux pour preuve le terrible choc de l'arrivée au pouvoir de Trump. La politique n'est qu'un ignoble puits sans fond dans lequel se repaît la lie que forment ces hommes égocentriques et assoiffés de pouvoir, ambitionnés par un seul but : la quête de l'autorité suprême.

Ellory est ici fidèle à lui-même dans ses codes de narration : une écriture immersive, une plume noire, des personnages charismatiques, une histoire d'amour. Un savant mélange, un habile dosage, un très bon synopsis de départ, et dès les premières pages c'est l'immersion totale dans son imaginaire.

Le 4 juillet 1964, Ellory imagine que la loi sur les droits civiques a enfin été votée. Ce jour est « celui où l'Amérique s'est libérée des derniers vestiges de l'injustice », le pays a voté l'égalité de traitement entre blancs et noirs. Aujourd'hui, 3 juin 2020, nous vivons avec les images de la mort par étouffement, en direct, de Georges Floyd, les menaces de Trump d'envoyer l'armée face aux émeutes, la garde nationale dominant les rues. Nous sommes bien loin des voeux pieux de Kennedy, extrapolés par la plume de RJ Ellory. L'auteur n'aurait pas pu imaginer l'incroyable résonance de l'actualité par rapport à ce moment clé imaginé dans le roman. Néanmoins, à titre tout à fait personnel, je salue le pouvoir de l'imagination, l'audace de la trame, la connaissance du système politique américain et l'attachement immédiat ressenti pour les personnages, fabuleuse force de l'écrivain. Aujourd'hui, il fait partie des plus grands écrivains du noir, capables de susciter une empathie rarement égalée. Une plume noire. Une plume puissante.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          160
Depuis son médiatique assassinat à Dallas le 22 novembre 1963, John Fitzgerald Kennedy n'a cessé d'alimenter l'imagination d'écrivains ou de scénaristes, transportant le plus jeune président élu des États-Unis d'Amérique dans une sorte de panthéon de la mémoire collective. Il faudrait en effet avoir aujourd'hui plus de soixante ans pour pouvoir prétendre avoir un quelconque souvenir de cet évènement et pourtant, pas une année ne passe sans que JFK, son ascension sulfureuse et sa fin tragique, ne se retrouvent au coeur d'une quelconque actualité, fut-elle littéraire.

Et il faut tout le talent d'un écrivain que j'adore sans aucune réserve, Roger John Ellory, pour revisiter l'histoire sans nous ennuyer en écrivant cette superbe et passionnante uchronie qui sortira dans quelques jours chez vos libraires, toujours chez Sonatine, dont le catalogue est incroyablement riche de romans parfaits.

Mitch Newman est un photo-reporter sans grand talent, assez solitaire, rongé par l'alcool, le traumatisme de quelques mois passés à couvrir la guerre de Corée et la solitude qu'un chagrin d'amour avec la flamboyante Jean Boyd aura laissé. C'est justement quand il apprend, après quinze ans sans avoir eu de ses nouvelles, qu'elle se serait suicidée dans son appartement, que sa vie bascule. Pour lui comme pour celles et ceux qui côtoyaient Jean, difficile de penser que cette jeune journaliste talentueuse, flamboyante et opiniâtre ait pu choisir de s'ôter la vie par elle-même.

Pour sa mère Alice autant que pour lui, il se lance sur les pas de sa dernière enquête, non sans mal car tout semble auréolé de secrets et Mitch ne tardera pas à comprendre que des enjeux bien supérieurs à ceux qu'il aurait pu imaginer sont probablement dans l'ombre de cette enquête. de Dallas à Washington, il poursuivra son enquête dans le sillage du président Kennedy et de son entourage, partira à la recherche de Lee Harvey Oswald, interrogera toutes celles et ceux qui pourraient l'aider à comprendre pourquoi, où pour qui, Jean était devenue trop gênante.

L'histoire est brillamment construite, je vous dirais sans surprise car c'est une habitude des romans d'Ellory, et j'ai autant aimé l'aspect polar, enquête et suspens que de me plonger dans une histoire que je ne connais que de très loin en découvrant la face cachée de ce jeune président qui, finalement, semblait destiné à devoir mourir.
Lien : http://www.hql.fr/le-jour-ou..
Commenter  J’apprécie          51
John Fitzgerald Kennedy, JFK, fait partie de la légende, une icône qui est restée dans l'inconscient collectif ce président américain assassiné par Lee Harvey Oswald un 22 novembre 1963 à Dallas.

Et pourtant quand on gratte la première couche brillante, le vernis se met à craqueler, on découvre un homme un peu moins glorieux qu'il n'y paraît : d'abord son image d'homme fort et confiant en prend un sacré coup lorsque l'on sait qu'il souffrait de multiples affections chroniques.
Il portait constamment un corset car son dos le faisait affreusement souffrir, au quotidien il éprouvait des douleurs liées à divers problèmes (gastrique et hormonaux) et prenait en conséquence un cocktail médicamenteux des plus détonant. Évidemment, sous sa présidence tout cela a été soigneusement caché… pas question d'entacher l'image du Président !

Et puis il y a son rapport sulfureux aux femmes et l'énigme Marylin (même si on en parle pas ou peu dans le livre) : fait-elle partie des dommages collatéraux ? Il collectionnait les femmes, et sur le plan moral, ses multiples liaisons auraient-elles pu lui couter une élection ?
Enfin on s'interroge sur le devenir du clan, le début de la "malédiction" Kennedy, son histoire, ses amitiés avec le monde mafieux, ses mensonges…
Voilà la base sur laquelle l'auteur s'est appuyée pour dérouler ce nouveau synopsis.

Remontons un instant le fil de l'histoire en proposant une version alternative des événements : le jour où Kennedy n'est pas mortR. J. Ellory joue avec de troublants mensonges d'État, il efface l'histoire et la réécrit (à sa façon !) et c'est suave, grinçant, palpitant !
Commenter  J’apprécie          21
Dallas, novembre 1963. Lee Oswald va rater sa cible, et Kennedy ne sera pas assassiné.

Washington, juillet 1964. Alors que pour Kennedy la course électorale afin de se faire réélire pour un deuxième mandat fait rage, Mitch, un jeune journaliste-photographe free-lance va apprendre une terrible nouvelle. Son ex-compagne Jean, celle-la même qu'il devait épouser il y a dix ans, est retrouvée morte. Elle se serait suicidée. Mitch, qui a bien du mal à y croire, va débuter une enquête qui le fera marcher sur les pas de Jean. Cette dernière était aussi journaliste et semblait s'intéresser de près à Kennedy. Que s'est-il réellement passé ?

Sous forme d'uchronie, qui n'est pas sans rappeler celle de Stephen King et son fameux « 22/11/63 », Ellory nous propose une véritable petite pépite sous fond d'intrigues politiques, de disparitions mystérieuses et de noirceur.

Je ressors essoufflée de ce thriller mené tambour battant. Je n'ai décelé aucune fausse note à un postulat de départ qui peut sembler avoir été revisité maintes fois. Pourtant, Ellory fait ressortir son récit de manière indéniable, puisqu'il en maîtrise tous les tenants et aboutissants et tous les codes de ce genre littéraire qu'est le roman noir.

J'y ai retrouvé une originalité époustouflante durant tout le récit. Bien évidemment, Ellory prendra des libertés, puisque pendant toute la fin de l'année 1963 et la moitié de l'année 1964, il va imaginer ce qu'aurait été le quotidien de Kennedy pendant sa présidence et comment se serait déroulée la campagne électorale. Ellory ne nous rend pas forcément la figure de Kennedy sous un jour très favorable, bien au contraire. Il la fait plutôt évoluer sous bien des travers, tels que trahisons et complots.

L'enquête de Mitch est des plus réussies. Elle m'a tenue en haleine tout au fil des pages, et j'ai été en immersion totale. Ellory s'est rénové avec ce récit, que j'ai trouvé être l'un de ses meilleurs opus, mais a gardé ce qui fait la force de ses romans, à savoir les personnages torturés. C'est le cas ici avec Mitch. Je l'ai trouvé très attachant et son parcours et ses méandres intérieurs m'ont beaucoup émue. J'ai eu une grande empathie pour lui. C'est l'un des personnages qui m' a le plus touchée dernièrement.

Tout au fil des pages, la famille de Kennedy va faire son apparition, que ce soit son frère Bobby, sa femme Jackie , ou même sa fille Caroline. Ellory a su romancer le tout et tisser des intrigues au sein de ce clan si mythique. Ce ne sera pas le point central de ce roman, malgré tout, puisqu'il se concentre davantage sur les recherches de Mitch.

La plume est toujours aussi particulière. le style de l'auteur est puissant et empli de noirceur. Lorsque je lis un roman d'Ellory, je sais que l'auteur ne se contentera pas de rester en surface. Il apporte une densité unique et un relief impressionnant à son récit. Cependant, à la différence de ses autres romans, j'y ai retrouvé davantage de rythme et beaucoup moins de langueur dans le déroulé de l'histoire. J'ai du coup encore plus apprécié cette lecture, les pages ayant défilé sans même m'en rendre compte.

Une uchronie où l'auteur revisite l'un des événements les plus marquants de l'histoire politique, et où sous fond d'intrigues, de disparitions, de mystères, un personnage principal torturé devra mener une enquête haletante. C'est une réussite totale et c'est un roman à ne pas manquer.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          444
Fichtre ! Diantre ! Palsambleu ! Aurai-je basculé dans la quatrième dimension à l'insu de mon plein gré ? V'là t'y pas que je découvre que JFK n'a pas été assassiné à Dallas le 22 novembre 1963. Que nenni, son escapade texane s'est déroulée sans incident majeur à signaler…

Pardon ? Aaah, OK, c'est un roman ! Sacré Stephen King, il m'a foutu une trouille bleue sur ce coup. Mais bon faudrait qu'il se renouvelle, le coup JFK il nous l'a déjà fait, et brillamment fait même, avec l'excellent 22/11/63.

Arrête… tu déconnes là ! C'est le point de départ du dernier bouquin de R.J. Ellory… Bin voyons, et moi j'suis la reine d'Angleterre ! R.J. Ellory est un auteur de polars et de thrillers, pas le genre à se lancer dans une uchronie, me prends pas pour une quiche.

Et bin si, mes ami(e)s ! Enfin pas tout à fait quand même. Si le point de départ du dernier roman de R.J. Ellory repose bel et bien sur une uchronie (tout est dit dans le titre : le Jour Où Kennedy N'Est Pas Mort), c'est dans un registre 100% thriller que l'auteur place son intrigue.

R.J. Ellory nous propose donc de retrouver JFK et son équipe, dirigée par son frère Bob, en course vers un second mandat… sauf que les choses sont loin d'être gagnées d'avance ! Ah oui j'oubliais, non content d'épargner JFK, l'auteur va surtout s'intéresser au(x) côté(s) obscur(s) du personnage. Il va en effet fouiner sans concession au-delà de l'image d'Épinal du beau et fringant jeune homme charismatique qui sentait bon le sable chaud…

Perso c'est une approche qui ne me choque nullement, je me méfie des individus que l'on dresse sur un piédestal. D'autant que post mortem, de nombreuses enquêtes ont révélé les travers et frasques du faux-cul au sourire Colgate. Et puis franchement, de vous à moi, on a plus de chance dans une vie de croiser une licorne chevauchée par le Père Noël qu'un politicien plus blanc que blanc (compétent, honnête, intègre et tutti quanti). Depuis le temps, ça se saurait si ça existait !

Si JKF n'est pas mort, il n'en va malheureusement pas de même pour Jean Boyd, jeune reporter ambitieuse et tenace. La jeune femme se serait en effet suicidée un triste jour de juillet 1964… c'est en tout cas la version officielle. Sauf que pour Mitch Newman c'est purement et simplement impensable ; le suicide ne colle pas à la personnalité de Jean Boyd. Il le sait, il en est convaincu… même s'il ne l'a pas revu depuis presque 15 ans, suite à son départ pour la Corée qui sonna le glas de leurs fiançailles et de leur idylle.

Un JFK vivant, une Joan Boyd morte et un Mitch Newman en plein questionnement… R.J. Ellory a désormais toutes les cartes en main pour nous mitonner une intrigue aux petits oignons comme il sait si bien le faire.

Et une fois de plus le Top Master Chef Ellory ne nous déçoit pas. Avec lui pas de cauchemar en lecture, c'est que du bonheur ! Son intrigue est rondement menée et saura rapidement captiver le lecteur (malgré les introspections un tantinet répétitives et une tendance poussée à l'auto apitoiement de Mitch).

La plongée dans les coulisses du pouvoir, et notamment celles du clan Kennedy, est totalement crédible et convaincante (sans perdre de vue toutefois que l'on est dans le domaine d'un futur possible et non d'un vécu historique). Pas besoin d'être un expert en politique international pour comprendre les enjeux et la façon dont chacun va déplacer ses pions pour arriver à ses fins.

Bien qu'écrit à la troisième personne, l'essentiel du roman est le reflet de la façon dont Mitch perçoit et analyse les événements. Un détail que peut paraître insignifiant, mais soyez assurés que ce choix narratif est tout sauf anodin.

Petit bémol pour la fin qui me laisse un arrière-goût d'inachevé en bouche, même si on devine aisément les conséquences de l'ultime découverte de Mitch.

Pour finir cette chronique, je vous laisse méditer sur la question que R.J. Ellory pose dans sa postface.

Si Kennedy n'était pas mort en novembre 1963, garderait-on le même souvenir de lui, ou aurait-il rejoint les rangs des disgraciés ?
Lien : https://amnezik666.wordpress..
Commenter  J’apprécie          90





Lecteurs (1046) Voir plus



Quiz Voir plus

R.J. Ellory en 10 questions

De quelle nationalité est RJ Ellory ?

américaine
britannique
sud-africaine
néo-zélandaise

10 questions
72 lecteurs ont répondu
Thème : R.J. ElloryCréer un quiz sur ce livre

{* *}