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3,55

sur 462 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:

Monsieur Ellory,

J'ai décidé de n'écrire qu'une seule lettre. Une seule lettre à votre attention pour exprimer mon admiration pour ce roman. Comme je souhaiterai que vous la lisiez, même si vous l'oubliez ensuite, ça serait mon petit bonheur… Après, je me fondrai dans le décor et je m'en retournerai dans le monde où JFK est bel et bien mort le 22/11/63, un monde d'inhumanité, un monde de guerre: notre monde réel. Mais pas aujourd'hui…

Aujourd'hui, je m'abandonne à un monde fantôme: le jour où Kennedy n'est pas mort. Un monde que vous avez créé où personne ne se doute qu'on vient de passer à côté d'un drame qui va bouleverser l'ordre du monde: le cortège présidentiel poursuit tranquillement sa route sur Dealey Plaza et s'en va vers d'autres objectifs, notamment une probable réélection…Alors, forcément aller dans ce monde, c'est plonger dans les méandres de la politique, explorer un univers ténébreux, regarder bien en face les enjeux noirs de la course à la présidence, mais Cher Monsieur Ellory, vous le faites dans une espace-temps parallèle et c'est toute l'ingéniosité de ce thriller sombre. C'est tellement brillant cette manière que vous avez de mettre en lumière les possibles perspectives d'une trajectoire présidentielle sombre…

Mais cet espace temporel que vous ouvrez en enlevant sciemment, un événement de l'Histoire des Etats-Unis, ça n'en est pas moins un monde empli de douleurs et de peines, de supercheries et de pratiques immondes, de solitudes et de chagrins. Il me semble que personne n'a votre égal pour les raconter avec autant de profondeur, en tout cas, quand j'ouvre un de vos romans, je sais que je vais être absorbée, imprégnée d'une atmosphère qu'il me sera difficile d'oublier…Force est de constater que les hommes ne changent pas de beaucoup, même dans une ligne temporelle différente et que vous avez l'air d'en connaître beaucoup, des coeurs ombrageux, pour aussi bien en faire ressortir la lumière…Les hommes sont presque toujours hantés par quelque chose: hantés par leurs regrets, des fantômes acharnés, leurs amours perdus, leurs failles intérieures…Et puis, vous nous présentez Mitch, qui dans son imperfection d'homme arrive à emprunter le chemin direct vers nos coeurs. Enfin, de sûr, vers le mien…Il me semblait ressentir sa souffrance autant que son acharnement à saisir la vérité. Il me semblait toucher vraiment sa peine et les sanglants souvenirs de la guerre…Il me semblait que je pouvais voir les éclats de son coeur éparpillés et l'ampleur démesurée de son amour pour Jean…

Alors dans cette faille temporelle, je suis allée aussi saisir des histoires fantômes, des mémoires fantômes, des souvenirs fantômes. Mais il paraît que les fantômes ne parlent pas. Quand on est mort, on est mort. Reste plus que les vivants pour faire revivre ceux qui sont partis trop vite, trop tôt, trop précipitamment, trop injustement…Alors, j'ai décidé comme Mitch que le moins que je puisse faire, c'était d'écrire une lettre pour dire merci à Mitch d'être allé jusqu'au bout de la vérité…D'avoir eu la belle intention de rendre justice aux âmes errantes…Le moins que je puisse faire aussi, c'est de dire grand merci à vous, Monsieur Ellory, pour ce sublime roman, pour ce moment de lecture tout en émotions…

Stelphique.
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Quel conteur que ce R.J. Ellory ! Encore une fois j'ai été séduite. Séduite par la maestria avec laquelle il a manipulé un fait historique et nous a sortis des sentiers officiels de l'histoire, la grande et la petite.
Jack Kennedy est épargné le 23 novembre. Une tentative d'assassinat qui rate. Mitch, photo-journaliste foutu, apprend le suicide de la femme de sa vie, Jean, amour de jeunesse qu'il a abandonnée pour la Corée et qui le regrettera toujours. Jean, elle-même journaliste s'était rendu à Dallas le 23 novembre. Qu'y faisait-elle? Elle travaillait sur quel sujet? Car pour Mitch, impossible que cette fille se soit suicidée. Il reprend donc le parcours du travail de Jean, il cherche avec peu d'aide et peu de moyens.
Et c'est là qu'Ellory en profite pour nous faire entrer dans les coulisses de l'histoire. La quête de Mitch se butera aux services de sécurité du président. Tout ce que l'on est prêt à faire pour sa protection, son bien-être, sa satisfaction. Car un président autant souffrant que dépendant c'est exigeant. Et, le petit frère du président, Bobby, procureur général des États-Unis est toujours là, derrière son président de frère à réparer les dégats, à faciliter les parcours, à veiller...
Une fiction, une uchronie réussie et plus que.
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« le Jour où Kennedy n'est pas mort » est une formidable uchronie où l'échiquier de l'histoire se retrouve renversé, balayé par un R.J. Ellory au sommet de son art. R.J. Ellory convoque les fantômes de ce qui aurait pu advenir si John F. Kennedy n'avait pas été assassiné ce jour là, le 22 novembre 1963, à Dallas. Il faut une sacrée dose de talent pour réécrire ainsi l'histoire à l'image d'un Stephen King pour son 22/11/63. Il nous parle du poids du destin face à l'inéluctabilité de la mort. Peut-on échapper à son destin ? Une lecture hautement recommandable où la ligne jaune entre vérité et mensonge se trouble allègrement. le maître incontesté du thriller, signe ici, un de ses tous meilleurs livres. Un thriller hallucinant, dans une ambiance paranoïaque et baroque où R.J. Ellory nous embarque pour ne plus nous lâcher, sur fond de sexe, d'abus de pouvoir, de manipulation, de complot au coeur même de l'antre présidentielle. Une enquête au plus haut sommet de l'État, dans les plus hautes sphères du pouvoir qui nous montre un J.F. Kennedy bien loin de l'image de père, de mari idéal et fidèle, toujours souriant et bronzé. le portrait de J.F.K. est saisissant, implacable et Ellory de nous démontrer que les plaies sont encore béantes et les démons loin d'être exorcisés lorsque l'on parle de Kennedy. L'histoire est palpitante, pleine de souffle. Lorsque Mitch Newman apprend le suicide de son ex fiancée dans des circonstances inexpliquées, il peine à croire que Jean, la jeune femme qu'il avait quitté pour partir faire son métier de photographe quatre mois durant la guerre de Corée en 1950, ai pu commettre ce geste. Pourquoi les documents et autres écrits de la journaliste ont-ils été saisis sans mandat ? Pourquoi venait-elle d'être licenciée de son poste de journaliste dans un grand journal de Washington ? Mitch va devoir repousser ses limites, faire la paix avec lui-même pour trouver la vérité. Une vérité qui va le conduire dans les arcanes les plus secrètes de la politique américaine, dans cette arène où toutes les bassesses sont permises. C'est grandiose, superbement écrit, inventif, émouvant. R.J Ellory n'a pas son pareil pour nous faire vivre une histoire d'une telle intensité. C'est définitivement LE maître du thriller américain. Jetez-vous sur ce livre, lisez le et croyez moi vous ne pourrez plus le lâcher avant d'en connaître l'issue. Je rejoins tous les ami(e)s blogueurs qui ont eu un énorme coup de coeur pour « le Jour où Kennedy n'est pas mort » paru aux Éditions Sonatine !
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Dallas, novembre 1963. Lee Oswald va rater sa cible, et Kennedy ne sera pas assassiné.

Washington, juillet 1964. Alors que pour Kennedy la course électorale afin de se faire réélire pour un deuxième mandat fait rage, Mitch, un jeune journaliste-photographe free-lance va apprendre une terrible nouvelle. Son ex-compagne Jean, celle-la même qu'il devait épouser il y a dix ans, est retrouvée morte. Elle se serait suicidée. Mitch, qui a bien du mal à y croire, va débuter une enquête qui le fera marcher sur les pas de Jean. Cette dernière était aussi journaliste et semblait s'intéresser de près à Kennedy. Que s'est-il réellement passé ?

Sous forme d'uchronie, qui n'est pas sans rappeler celle de Stephen King et son fameux « 22/11/63 », Ellory nous propose une véritable petite pépite sous fond d'intrigues politiques, de disparitions mystérieuses et de noirceur.

Je ressors essoufflée de ce thriller mené tambour battant. Je n'ai décelé aucune fausse note à un postulat de départ qui peut sembler avoir été revisité maintes fois. Pourtant, Ellory fait ressortir son récit de manière indéniable, puisqu'il en maîtrise tous les tenants et aboutissants et tous les codes de ce genre littéraire qu'est le roman noir.

J'y ai retrouvé une originalité époustouflante durant tout le récit. Bien évidemment, Ellory prendra des libertés, puisque pendant toute la fin de l'année 1963 et la moitié de l'année 1964, il va imaginer ce qu'aurait été le quotidien de Kennedy pendant sa présidence et comment se serait déroulée la campagne électorale. Ellory ne nous rend pas forcément la figure de Kennedy sous un jour très favorable, bien au contraire. Il la fait plutôt évoluer sous bien des travers, tels que trahisons et complots.

L'enquête de Mitch est des plus réussies. Elle m'a tenue en haleine tout au fil des pages, et j'ai été en immersion totale. Ellory s'est rénové avec ce récit, que j'ai trouvé être l'un de ses meilleurs opus, mais a gardé ce qui fait la force de ses romans, à savoir les personnages torturés. C'est le cas ici avec Mitch. Je l'ai trouvé très attachant et son parcours et ses méandres intérieurs m'ont beaucoup émue. J'ai eu une grande empathie pour lui. C'est l'un des personnages qui m' a le plus touchée dernièrement.

Tout au fil des pages, la famille de Kennedy va faire son apparition, que ce soit son frère Bobby, sa femme Jackie , ou même sa fille Caroline. Ellory a su romancer le tout et tisser des intrigues au sein de ce clan si mythique. Ce ne sera pas le point central de ce roman, malgré tout, puisqu'il se concentre davantage sur les recherches de Mitch.

La plume est toujours aussi particulière. le style de l'auteur est puissant et empli de noirceur. Lorsque je lis un roman d'Ellory, je sais que l'auteur ne se contentera pas de rester en surface. Il apporte une densité unique et un relief impressionnant à son récit. Cependant, à la différence de ses autres romans, j'y ai retrouvé davantage de rythme et beaucoup moins de langueur dans le déroulé de l'histoire. J'ai du coup encore plus apprécié cette lecture, les pages ayant défilé sans même m'en rendre compte.

Une uchronie où l'auteur revisite l'un des événements les plus marquants de l'histoire politique, et où sous fond d'intrigues, de disparitions, de mystères, un personnage principal torturé devra mener une enquête haletante. C'est une réussite totale et c'est un roman à ne pas manquer.
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Mon grand coup de coeur de cet auteur reste" Seul le silence" mais je me suis passionnée pour celui-ci. Pourtant, je ne suis pas fan d'uchronies, comme le laisse déjà suggérer le titre.

Et si? Et si John Kennedy n'avait pas été tué le 22 novembre 1963? Et si Oswald l'avait raté ? J'ai cru comprendre que Stephen King avait auparavant exploité lui aussi le thème, en imaginant un voyage dans le temps pour empêcher l'assassinat.

L'auteur s'est beaucoup documenté, on le sent, il faut dire que de nombreuses théories ( dont bien sûr celle du complot) et articles, films en tous genres ont fleuri à propos de la mort de Kennedy.

L'angle d'approche est original : entrecouper des scènes ( fictives évidemment...) présentant Kennedy et son entourage, depuis le 22 novembre 1963 jusqu'à fin août 1964, au moment de la convention dėmocrate, à Atlantic City, et le parcours d'un journaliste, Mitch.

J'ai beaucoup aimé ce personnage, brisé par la vie, et ses propres manquements. Il apprend que Jean, son ex-fiancée, ( ils se sont séparés, lorsqu'il a décidé de partir à la guerre en Corée, comme reporter, contre son avis à elle) , journaliste également, qu'il n'a pas revue depuis une dizaine d'années, se serait suicidée. Il n'y croit pas et commence une enquête le conduisant à Dallas, là où s'est rendue Jean en novembre 63; elle semblait s'être intéressée de très près à Kennedy...

Je n'en dirai pas plus, sauf que Kennedy, devenu un mythe, n'offre pas ici une belle image de lui-même ! Et l'auteur n'invente pas, il s'appuie sur les faits. J'ai pensé au comportement ridicule de Trump, car il est question d'allégations de républicains comme quoi l'élection de Kennedy en 1960 était truquée. La seule grande différence, c'est qu' à l'époque, c'était sûrement vrai...

Mais c'est l'histoire personnelle de Mitch qui m'a surtout plu. R.J Ellory a un don pour créer une empathie spontanée du lecteur pour son personnage principal. Il cherchera sa vérité intime, à travers l'enquête dangereuse qu'il mène.

du très beau travail, vraiment, mêlant habilement réalité et fiction, une écriture toujours aussi attractive, et un sens psychologique aiguisé. Je recommande ce livre!
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"Le jour où Kennedy n'est pas mort" est seulement le deuxième roman de R. J. Ellory que je lis. Honte sur moi ! Autant j'avais aimé ma première lecture, autant j'ai adoré, et je pèse mes mots, celle-ci. Pourquoi? Je ne sais pas, je crois que ça ne s'explique pas.

L'histoire de ce président m'a toujours intéressée, la faute à qui? La faute à quoi? Plus que probablement à cet excellent film d'Oliver Stone sorti en 1991. Mais celui-ci reste somme toute assez classique dans son analyse de la situation. Ce qui n'est absolument pas le cas dans ce roman uchronique. J'adore le parti pris de l'auteur partant du postulat suivant : Que se serait-il passé si Kennedy n'était pas mort ce novembre ?

En effet, ce président qui est devenu une légende serait-il toujours considéré comme l'un des meilleurs présidents des Etats Unis s'il n'était pas mort? Difficile à dire car il faut dire qu'il traînait pas mal de casseroles derrière lui ... Pas certain qu'il ait rempilé pour un second mandat. Ce qui aurait fait de lui un des rares présidents démocrates à ne pas être réélu (espérons qu'en novembre prochain, un certain président, républicain lui, ne le soit pas !).

Que vous vous intéressiez à l'histoire de JFK ou pas, cette uchronie est pour vous car bourrée d'informations intéressantes et pourtant d'une simplicité à lire déconcertante. Je ne peux que vous la conseiller !

Cette fois, je ne resterai pas aussi longtemps avant de lire mon prochain R. J. Ellory ... mais j'ai tellement de livres à lire et tellement peu de temps pour le faire.
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L'un des grands Maîtres du Roman Noir s'essaye à l'uchronie, change un événement majeur de l'Histoire et déroule le fil pour en suivre les conséquences.

R.J. Ellory est décidément un auteur étonnant, que je n'attendais pas sur ce terrain-là. Et pourtant, le traitement qu'il applique à ce bouleversement lui ressemble tout à fait. En treize romans traduits en français, il a largement fait montre de l'étendue de son talent. Des histoires qui se déroulent toutes aux USA, où l'émotion est palpable et l'aspect politique plus ou moins en arrière-plan.

Si je devais catégoriser ce roman, je le verrais comme un mix entre Les anonymes et Les fantômes de Manhattan, mêlant rouages politiques de l'Amérique et histoire d'amour déchue.

Cette réécriture de l'Histoire sert d'abord à nous plonger dans les mécanismes gouvernementaux, entre stratégies et jeux de pouvoir. Et à mettre en avant les failles et les excès des hommes qui le détiennent.

Il fallait oser s'attaquer au mythe JFK et à son aura auprès des foules. le plus jeune président des États-Unis n'aura passé que trois ans au pouvoir avant d'être assassiné. L'une des scènes tragiques les plus marquantes de l'Histoire contemporaine, pour le grand public.

Ellory « sauve » donc la vie du président et le pousse à travailler à sa réélection. Ou plutôt à ce que son entourage le fasse, son frère Robert en tête sous sa casquette de procureur général. Mais aussi comme représentant influent de la dynastie Kennedy.

Il n'est pas inutile d'avoir un bagage pour ce voyage dans le temps et les coulisses du pouvoir. le lecteur profitera d'autant plus de ce puissant récit s'il connaît l'affaire, le mythe autour de John (surnommé Jack) et les arcanes du pouvoir américain. Je suis sacrément chanceux d'avoir lu 22/11/63 avant, le chef d'oeuvre de Stephen King m'aura clairement aidé à bien appréhender cette intrigue.

L'écrivain mélange réalité et fiction, avec des personnages connus qui ont gravité autour de cet assassinat, et d'autres fictionnels qu'il relie à cet épisode.

Il ne se gêne pas pour écorner l'image fantasmée de JFK et démontre parfaitement qu'après une mort brutale, la vision collective d'une personne s'en trouve changée. le commun des mortels ne garde souvent que les bons côtés du défunt, ses actes illustres et l'illusion de son halo positif sur le monde.

John Fitzgerald Kennedy était une personne complexe, physiquement et mentalement touché par les maladies, et accro au sexe. Ses travers et carences sont au coeur de l'intrigue qui découle de sa « résurrection ».

Mais c'est la plongée dans les tréfonds du système qui fait bien plus froid dans le dos… D'autant plus que l'immense travail de recherches est parfaitement intégré dans l'intrigue.

Un livre de Roger Jon Ellory, autant axé sur la politique, ne peut pas uniquement suivre cette voie. Même si elle est moins présente que dans son précédent roman, le chant de l'assassin, l'émotion est là. Elle est ressentie à travers une histoire d'amour qui s'annonçait intense, mais qui s'est terminée, elle aussi, par la mort.

Le photojournaliste Mitch Newman ne supporte pas l'annonce du suicide de son ex-fiancée et part en quête de réponses (et de rédemption ?). Son enquête est donc d'abord un devoir de mémoire et un cheminement très personnel. Sauf que sa petite histoire va vite s'entrechoquer avec la grande.

A la différence d'autres de ses romans, assez peu de personnages fictifs gravitent autour de ce récit. Parce que c'est aussi une histoire de solitude. Un peu moins d'émotions parfois, mais exacerbées durant certains passages.

Ellory est un conteur hors pair, capable de s'épanouir dans toutes les intrigues. Sa focalisation sur l'Amérique est protéiforme, même si on y retrouve souvent ses obsessions en lien avec les guerres du pays (extérieures ou en interne). Toujours avec habileté et un sens inné de la narration. Et puis, il y a son écriture, si expressive, si forte.

Dallas 1 PM, pas la fin d'une route cette fois-ci, mais le début d'un autre chemin bien tortueux. le jour où Kennedy n'est pas mort démontre que le talent de R.J. Ellory est lui bien vivant ! Une histoire à part, par un écrivain aussi sublime qu'unique.
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Un gros coup de coeur pour ce polar de type uchronie très réussi, un nouveau coup de maître pour cet auteur anglais qui sait nous tenir en haleine. Ici Kennedy n'est pas mort à Dallas en novembre 1963, mais ça ne saurait tarder.

Le 4 juillet 1964, Mitch apprend le suicide de Jean, son ex fiancée par sa mère. Il l'a quittée en 1950 alors qu'ils étudiaient tous les deux le journalisme. Mitch a voulu partir comme reporter de guerre en Corée, il se voyait comme le nouveau Cappa et n'a pas écouté son amie qui le suppliait de renoncer à ce projet. Quatre mois plus tard, il est rentré après avoir échappé à une embuscade, il a écrit douze lettres à Jean pour lui demander pardon, mais celle-ci a refusé de le revoir. Depuis sa vie est une suite d'échecs, il est devenu photographe indépendant faute de mieux. Il ne peut croire que Jean se soit suicidée et se met à enquêter sur ce qui a bien pu la déprimer à ce point. Mitch apprend qu'elle venait de se faire renvoyer de son poste de journaliste à Washington et qu'elle s'est rendue à Dallas en novembre 1963 car elle enquêtait sur les allégations de fraudes électorales qui auraient permis à Kennedy d'être élu en 1960 grâce à la mafia. Mitch essaie à la fois de faire la lumière sur son propre passé pour faire le deuil de sa relation avec Jean et sur ce qui semble être un complot contre le président.

Ce thriller est très documenté et très bien écrit, il nous embarque complètement dans la politique américaine des années 1960. Ellory imagine que l'assassin a manqué sa cible à Dallas et raconte d'une manière complètement vraisemblable ce qui aurait pu se passer alors jusqu'à la Convention démocrate de 1964 où Kennedy postulerait pour un second mandat. On est à des années-lumières du personnage mythique, souriant, dynamique dont on se souvient. On a ici un homme sombre, hanté, malade et obsédé par le sexe, une Jackie découragée et surtout un Bobby Kennedy qui veille au grain, conscient des faiblesses de son frère. Mitch est un personnage très touchant, qui saura se réconcilier avec lui-même et devenir ce que Jean attendait de lui lors de cette étrange enquête où il est seul contre les services secrets.

Un magnifique roman qui ravira tous les passionnés de l'histoire américaine. On ne sait pas encore tout sur l'affaire Kennedy et on ne le saura pas avant bien longtemps, mais la piste tracée par Ellory ne me paraît pas du tout invraisemblable dans ce monde où tous les coups sont permis, surtout les plus mauvais. Dans l'épilogue, il donne un éclairage sur le président si loin de son mythe en Europe et se demande s'il serait autant adulé s'il n'y avait pas eu Dallas. Un gros coup de coeur pour moi.
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Peut-on écorner un mythe ? Mettre au centre d'un roman un mythe iconique et révéler l'aspect obscur de sa personnalité en risquant de se mettre à dos tous ceux qui pensent qu'il est indécent de « salir » la mémoire de quelqu'un ? Voilà un procédé sacrément osé. Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas ici de ternir le souvenir, il s'agit de poser la question de la vérité, de révéler ce que bon nombre de personnes, et notamment d'Américains ne veulent pas entendre : et si, leur président tant adulé n'était en fait qu'un homme faillible, faible parfois, aux nombreuses contradictions, à l'éducation pesante et psychologiquement anxiogène, aux tares nombreuses et inavouables ? Et si, Kennedy n'avait pas été assassiné ce 22 novembre 1963 à Dallas, que ce serait-il passé ? Comment aurait tourné l'Histoire ? Après Stephen King dans 22.11.63, RJ Ellory se livre ici à un formidable exercice de style : imaginer un évènement du passé qui aurait eu une issue différente.

Pour ce faire, et comme d'habitude avec Ellory, l'auteur place les personnages au centre de tout. L'intrigue navigue par delà eux, mais c'est bien eux qui jouent la partition de la musique du roman. On retrouve ici le charme de la plume incandescente de l'auteur, celle qui déclenche les émotions. Alors oui, difficile de susciter plus d'empathie que pour Joseph Vaughan (« Seul le silence ») ou Evan Riggs ( « le chant de l'assassin ») ou encore Daniel Ford (« Papillon de nuit »), salement amochés par la vie. Et pourtant Mitch rejoint la liste des héros emblématiques d'Ellory dans leur capacité à susciter des émotions, mais aussi dans le souvenir éternellement palpable qu'ils laisseront. Même si j'ai trouvé ce personnage moins fort que ceux cités précédemment, il n'en reste pas moins touchant et terriblement attachant, de par ses années de vie ratées, une succession de mauvais choix, un ennemi sangsue : l'alcool.

Dans cette uchronie, Ellory construit son intrigue autour de Mitch, un journaliste free-lance dont l'ancienne petite amie Jean s'est suicidée. Ce suicide pose vite questions, car Mitch, très proche d'elle par le passé, ne la croit pas capable d'avoir commis un tel geste. Au cours de son enquête, il va découvrir que Jean s'intéressait elle aussi de très près à Kennedy, qui est alors en campagne pour un second mandat. (oui, souvenez-vous, il n'est pas mort)

La force du récit repose sur l'imagination fertile de l'auteur qui se prend au jeu d'imaginer comment Kennedy, alors en grande difficulté politique pourrait reconquérir le pouvoir. Si vous êtes familiarisé avec le système politique américain, vous saurez apprécier les alliances, les petits arrangements entre amis et le donnant-donnant nécessaire à la réélection d'un candidat. Les campagnes électorales se financent grâce à de grands industriels, des banquiers et une fois le candidat élu, ces gens-là réclament un retour d'ascenseur. «  La présidence est une pièce de théâtre ; le président est un personnage qui a été choisi. Il y a de nombreux metteurs en scène, de nombreux producteurs, et il est rare qu'ils soient d'accord sur l'intrigue. » Ellory démontre fort bien comment le chef suprême est très loin de gouverner seul. Habilement, il établit ici combien la politique n'a pas réellement changé depuis ces années-là, et j'en veux pour preuve le terrible choc de l'arrivée au pouvoir de Trump. La politique n'est qu'un ignoble puits sans fond dans lequel se repaît la lie que forment ces hommes égocentriques et assoiffés de pouvoir, ambitionnés par un seul but : la quête de l'autorité suprême.

Ellory est ici fidèle à lui-même dans ses codes de narration : une écriture immersive, une plume noire, des personnages charismatiques, une histoire d'amour. Un savant mélange, un habile dosage, un très bon synopsis de départ, et dès les premières pages c'est l'immersion totale dans son imaginaire.

Le 4 juillet 1964, Ellory imagine que la loi sur les droits civiques a enfin été votée. Ce jour est « celui où l'Amérique s'est libérée des derniers vestiges de l'injustice », le pays a voté l'égalité de traitement entre blancs et noirs. Aujourd'hui, 3 juin 2020, nous vivons avec les images de la mort par étouffement, en direct, de Georges Floyd, les menaces de Trump d'envoyer l'armée face aux émeutes, la garde nationale dominant les rues. Nous sommes bien loin des voeux pieux de Kennedy, extrapolés par la plume de RJ Ellory. L'auteur n'aurait pas pu imaginer l'incroyable résonance de l'actualité par rapport à ce moment clé imaginé dans le roman. Néanmoins, à titre tout à fait personnel, je salue le pouvoir de l'imagination, l'audace de la trame, la connaissance du système politique américain et l'attachement immédiat ressenti pour les personnages, fabuleuse force de l'écrivain. Aujourd'hui, il fait partie des plus grands écrivains du noir, capables de susciter une empathie rarement égalée. Une plume noire. Une plume puissante.

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Il est impossible de rester objectif, pour faire une chronique sur cet auteur, je suis une fan inconditionnelle, et jusqu'à présent, je n'ai jamais été déçue. Je pense que j'ai trouvé qui est vraiment R.J, c'est un extraterrestre venu sur terre pour hypnotiser , envouter ma petite personne. Je ne pourrais jamais dire que
que ce roman est détestable.
Il nous emmène dans les années 60, remettant en cause ,l'assassinat du président Kennedy., le 22 nombre 1963., une tentative ratée de Oswald. Une période d'élection, qui peut mettre en doute le peuple américain, aura t-il la même niaque , la force de repartir pour un mandat de 4 ans, reprendre les commande du pays. Nous avons une autre vision de cet homme, celui qui incarnait l'homme idéal, avec une famille exemplaire, mais nous sommes loin de la réalité, Il nous le présente comme étant une personnage antipathique , détestable ., un homme diminué psychologiquement et physiquement, un homme dépravé vivant dans la luxure du sexe. Un roman où la fiction et plus forte que la réalité. Nous sommes dans une période historique, où le décès de personnalités célèbres ,est remis en cause, entre assassinat, suicide, sommes nous dans la réalité ou dans un complot, telle l'histoire qui entoure la mort de Maryline Monroe. Une question qui restera malheureusement sans réponse. Nous avons , également, une autre vision de Jacky Kennedy , qui subit et se tait, sur l'infidélité de son mari, jusqu'à quand pourra t-elle vivre de la sorte.
Il y a également l'histoire de Mitch, journaliste qui apprend la mort mystérieuse de son ex ami , Jean qui l'a quitté il a dix ans mais leur amour était intense, le métier a été plus fort, il est parti en Corée détruisant sa relation. Il décide de partir à la quête de renseignements, pour comprendre, cette tragédie, cette femme qui aimait la vie. Il se rend compte qu'elle faisait des recherches sur le clan Kennedy. Entre Dallas et la Maison Blanche, il essaie se savoir, pourquoi s'acharnait- elle sur cette famille? Beaucoup de secrets enfouis , qui n'est pas bon de déterrer, surtout quand cela touche directement le gouvernement. ces deux histoires ont -elles un lien?
Comme je le dis tout le temps R.J Ellory est un écrivain qu'on aime ou pas. Il déambule dans une histoire où l'atmosphère est d'un extrême noirceur, suffocante. Ces romans sont toujours aussi long et lent, c'est sa touche personnelle, et grâce à cela, il tient ses lecteurs en haleine du début jusqu'au dénouement final.
Une écriture sombre, subtile , poétique. C'est un amoureux des mots, il jongle avec. Il a une connaissance de vocabulaire impressionnante. J'aimerai parler l'anglais couramment, lire ses romans avec ses mots , aurais -je le même ressenti, je dois avouer que son traducteur est exceptionnel. La lecture est une addiction, impossible pour moi de lâcher un de ses romans une fois commencé.
RJ ELLORY , prouve une nouvelle fois qu'il est indétrônable, qu'il est, et restera , le plus grand, le meilleur auteur de polar , de thrillers (ressenti personnel).
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