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sur 780 notes
Ce roman policier semble avoir reçu des critiques très élogieuses. Sa lecture m'a été relativement plaisante, cela-dit, je ne peux m'empêcher de voir un léger plagia de « La ligne verte » de Stephen King, mêlée à des idées complotistes.
La première partie du roman, qui met en place ce sentiment de conflit politique sur fond de complots et de machinations, m'a paru très longue. J'ai eu du mal à être bercée par cette mélodie. Disons que, lorsque je sors un roman policier de ma bibliothèque, je ne m'attend pas à être noyée dans un univers si politisé. Si cette partie avait été allégée, j'aurais davantage apprécié ma lecture. D'autant plus que l'auteur a une très belle plume. Dès que je lisais le nom « Schembri », je me disais : « Oh non ! Ça recommence … Et l'histoire de Daniel, alors ? » - Parce qu'en réalité, cette première partie traite très peu de Daniel. Et j'ai vraiment trouvé ça dommage, car j'espérais vraiment un roman sous forme de témoignage, et non pas sous forme de ce qui m'a paru être une sorte de documentaire fictif. On ne peut, bien sûr, pas en vouloir à Ellory qui utilise constamment les théories franc-maçonniques, illuminatistes et complotistes en tout genre dans ses écrits. C'est sa marque de fabrication. Sa signature. On adhère ou on adhère pas. Pour ma part, je suis mitigée puisque je trouve que, dans cette oeuvre en tout cas, ça alourdit l'intrigue. Ensuite, il était peut-être utile de les utiliser afin de différencier son roman de celui de Stefen King.
D'ailleurs, venons-en aux ressemblances avec l'oeuvre de Stephen King. En 1996, King sortait « La ligne verte ». Une oeuvre largement reconnue et même adaptée au cinéma. En 2003, Ellory décide de surfer sur la même vague que King. D'accord ! Mais pourquoi user des mêmes outils ? Un personnage afro-américain, qui dénonce l'Amérique raciste emplie de préjugés. Un gardien de prison absolument abjecte qui s'en prend aux détenus et qui le paie très chèrement à la fin des deux oeuvres. Un gardien très agréable, soucieux de l'état de santé de l'accusé au point de lui proposé des beignets (dans « La ligne verte », ce sont des petits pains de maïs). Bref, on ne peut que rapprocher les deux oeuvres. Ce n'est pas déplaisant, mais c'est un peu frustrant cela-dit. On aurait aimé lire autre chose. Être emporté dans l'imagination de quelqu'un d'autre et ne pas voguer sur un mélange des deux.
Ellory dénonce ici la loi qui légalise la peine létale en Amérique. Pour cela, il use d'un personnage condamné à mort, évidemment, mais surtout innocent. J'aurais aimé qu'il y ait une contre-argumentation provenant des proches des victimes. J'avoue avoir un peu de mal avec les auteurs qui décident de défendre un sujet sans opposer une argumentation contraire. Je ne comprend pas qu'on puisse adhérer à un point de vue ou à un autre sans que chacun ait eu la chance de défendre ses idées. C'est une sorte de facilité … le sujet mériterait d'être soutenu de façon, je dirais, plus sérieuse afin d'être entendu et surtout bien compris.
En ce qui concerne les personnages, l'auteur a taillé Nathan tel un super-héros. Il est courageux, travailleur, presque sage. Il devient un homme qui sait ce qu'il veut et qui sait surtout ce qu'il ne veut pas. Daniel, lui, est présenté comme un faiblard. Il a peur de tout, n'est pas particulièrement fort et ne prend jamais de décision. Lui, son truc, c'est de suivre Nathan. le caractère de Nathan a tendance à nous énerver, parfois on se dit qu'il a bien cherché ses problèmes … Pourtant, sa candeur nous attache à lui. Un utopiste qui croyait en la bonté et en la douceur du monde. C'est un innocent au grand-coeur. Son amitié pour Nathan est sans limite. Même lorsqu'il lui vole sa petite-amie. Son ami est ce qu'il a de plus cher. Mais, on a le sentiment que l'amour qu'il donne à Nathan ne lui revient pas avec la même fougue. Nathan aurait pu partir sans lui, Nathan lui a volé sa petite amie … le super-héros n'était plus un super-héros, mais était devenu un gros égoïste au final. Et c'est un bon point pour l'auteur d'avoir créer un personnage comme celui-ci. Il a ancré le lecteur dans la réalité en l'extirpant de la fiction.
Par contre, il y a peu de suspens sur le fait que Daniel s'est fait piéger par le père de Linny Goldbourne. C'était cousu de fil blanc. Autant que son étonnant procès à la fin du récit. Pas de doute non plus sur le fait que le père John le fasse libérer de prison … En résumé, je n'ai pas ressenti beaucoup de suspens à la lecture de ce roman, et je trouve ça dommage car le sujet s'y prêtait parfaitement. Malgré tout, ça reste un roman relativement intéressant.
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Premier roman de R.J. Ellory et Prix des lecteurs polar des éditions Livre de Poche, ce roman a toutes les qualités nécessaires pour en faire un coup de coeur. Un roman noir, engagé pour les droits civiques. Un roman politique et social qui retrace le portrait d'une certaine Amérique des années 50 à 80. Un roman d'amitié et d'amour où la fuite n'est pas une option. Alors que les critiques, qu'elles soient professionnelles ou pas, résonnent encore sur les pages et les écrans, moi, Lili, 32 ans, le crie haut et peu-être pas fort, mais j'ai eu assez de peine à le débuter. Pourquoi ? Pour le savoir, il va falloir me lire....

Caroline du Sud, années 50. Daniel Ford, six ans, croise pour la première fois la route de Nathan Verney. Une amitié alors indéfectible va unir les deux garçons. La vie de famille, l'église, les bêtises...tout aurait pu s'arrêter là jusqu'au jour où Daniel, pour défendre une jeune fille dont il est secrètement amoureux, déclenche une bagarre. C'est ainsi que la machine raciste s'enclenche. Parce que Nathan est noir. Parce qu'un blanc ne peut pas être ami avec un noir, surtout à l'aube dans les années 60. Jeunes adultes dans l'Amérique de J.F Kennedy puis de Johnson, en faisant l'expérience des premiers émois amoureux, ils vont également vivre la lutte des droits civiques, les meurtres, la guerre du Vietnam...le couloir de la mort. Car Nathan Verney est mort et semble-t-il sous les coups de son ami d'enfance Daniel Ford. Alors qu'en 1982, ce dernier attend son exécution, il se remémore ces années de bonheurs, d'errances et ses choix. A-t-il réellement tué son ami et pourquoi ? le prêtre John Rousseau recueille ainsi les précieuses confidences d'un homme piégé derrière les barreaux.

Alternant récit du passé au présent carcéral, l'auteur tient là un outil merveilleux qui lui permet d'utiliser un large spectre historique. En retraçant la politique du pays, il en explique les conséquences sur sa population, notamment sur la vie des deux protagonistes...mais de façon inégale. La première moitié du roman m'a franchement ennuyé ! Certes, les sujets sont très intéressants mais énumérés soit de façon rapide ou au contraire noyé sous les détails. La seconde moitié quant à elle est à l'opposé. Alors que j'ai pris presque trois jours à lire la moitié, un seul jour m'a suffi pour la seconde. Pourquoi ? Tout simplement parce que le suspense s'emballe, le fil conducteur du meurtre prend de plus en plus de place pour attirer l'attention du lecteur sur un et seul fait. 

Sous couvert de références musicales, de personnalités, de politiques ; notamment la guerre du Vietnam ; l'auteur essaie simplement de dénoncer ce régime américain et ses institutions. Comme une fascination de la violence des années 60, on se perd parfois dans les conflits et complots. Alors que les problèmes raciaux battent leur plein dans un pays divisé, les guerres internes au gouvernement sont à leur paroxysme. Quel est le vrai du faux ? Toutefois, le sujet des droits civiques est intelligemment bien mené puisqu'il fait malheureusement encore écho à notre époque. Triste monde.

Au-delà de l'ampleur historique, il s'agit ici d'un roman sur l'amitié. Cet amour si particulier qui lie ces deux personnes, de la vie à la mort résonne encore comme le principal pilier du roman. Mais encore une fois l'inégalité, cette fois des personnages, est saisissante. Alors que Nathan est sûr de lui, Daniel est naïf. Nathan, moteur de toutes leurs aventures entraîne Daniel avec lui avec les conséquences que l'on connaît. Comme un défaut de caractère, j'ai passé le roman à engueuler intérieurement Daniel à plus d'actions, plus de réactions ! 

Un roman irrégulier oui, mais une construction réfléchie comme documentée, peut-être trop d'ailleurs. Une fin devinée à des kilomètres a achevé cette lecture assez laborieuse, il faut bien l'avouer. Je terminerais tout de même par une note positive oui, c'est possible ! Malgré toutes mes remarques, il me semble qu'il se dégage l'essentiel dans ce récit : la célébration de la vie. Car en dépit de la guerre, des violences et des injustices, Daniel ne regrette rien sinon de vivre.

Comme toujours, je vous conseille un thé, cette fois-ci noir comme l'âme de ce roman, ainsi que des meringues à la framboise pour adoucir une époque qui ne l'est pas.

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Daniel est dans le couloir de la mort. En prison depuis douze ans, il est accusé du meurtre de Nathan, son meilleur ami. Lui sait qu'il est innocent. Les parents de Nathan le savent aussi, il en est persuadé. Pour Nathan, c'est le plus important.

Aujourd'hui, il ne se bat plus. Il n'y aura plus d'appel ; il n'en a pas les moyens financiers et il a de toute façon bien compris que ça ne servait à rien. Daniel s'est retrouvé dans quelque chose de plus grand que lui, quelque chose de très bien organisé, il en est sûr. Serait-il un adepte de la théorie du complot ? Dans l'Amérique des années 1960, tout le monde l'est …

Nathan était noir. Et Daniel était le seul blanc assez fou pour être son ami. du moins, c'est ce que les autres pensent.
Daniel a juste lié une amitié très forte avec un garçon de son âge. Ils ont grandi ensemble, comme des frères, parce qu'ils se comprenaient si bien.

Nathan et Daniel grandissent dans les années 1960. JFK, Martin Luther King, le Vietnam, … certaines années, il se passait tellement de choses qu'il était difficile de les dissocier. Mais et si tout était lié ?

J'ai retrouvé tout ce que j'attendais et bien plus dans ce Papillon de nuit. R.J. Ellory m'a pris par la main pour me raconter la petite et la grande histoire de cette Amérique qui souffre durant cette décennie de métamorphoses – cette époque sur laquelle je peux lire un trillion de choses et continuer à en apprendre ! Les personnages de papier prennent vie, Daniel nous raconte son histoire et la leur, les histoires qui se tissent, les fils qui se mélangent. le tout dans un premier roman qui avait déjà tout d'un grand !


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Avis de Grybouille (Chroniqueur chez Léa Touch Book) :

R.J Ellory, un Auteur référence dans le monde du Polar / Thriller pour le « Léa Touch Book ». le livre qui nous est proposé aujourd'hui, est une nouveauté dans sa traduction en français en fait il s'agit du Premier livre publié de notre romancier britannique préféré.
Léa possède déjà toutes ses publications mais pour Grybouille lire en anglais c'est oui, mais comprendre les subtilités dans la langue de Shakespeare… C'est un autre monde… Alors j'ai attendu, attendu, attendu…

J'ai découvert R.J il y a maintenant quelques années avec « Seul le silence » puis « Vendetta », ces livres ont leur place à vie dans ma bibliothèque.
A chaque parution le P'tit Duc a aimé lire et partager ses Ellory's lectures.
Avec R.J, j'ai compris pourquoi certains livres me touchent.
La technique n'est pas tout, elle compte, l'histoire est importante, les recherches rendent crédibles l'action mais ce n'est pas tout, il faut encore ce lien, cette envie de partager, le coeur… Pas celui physique mais celui qui donne l'énergie, qui nous fait vibrer, cette humanité et cet amour pour ses lecteurs…
Dans ce premier livre publié, R.J possédait déjà cette grande qualité, cette flamme, cette envie de partager.
L'auteur est ici tel un diamant, il brille, coupe, nous attire.
Au cours de la lecture de ce petit livre gris, il y a déjà TOUT ce qui va nous le faire aimer ce diable d'Ellory.

Papillon de nuit, a comme fil conducteur les choix que nous faisons !
Car R.J c'est bien un des éléments de ton livre, les choix, ce qui nous échoit ?

Habillement tu y intègres l'Amitié entre deux jeunes garçons que tout oppose dans cette Amérique des sixties.
Daniel Ford, jeune blanc des couches moyennes et Nathan Verney issue d'une famille black dont le père est pasteur.
Ils ont six ans, leur amitié est scellée dès lors que Daniel partage son sandwich avec Nathan sur un ponton posé au bord du lac de Greenleaf, la ville de leur enfance.
Et les voilà à vie frères de sang, ballotés par cette Amérique à deux vitesses qui a oublié une partie des siens.
Grandissants dans ces années 60, ils vont partager les peurs et les désillusions de leurs parents, l'annonce de l'assassinat de JF Kennedy « Aucune division entre blancs et noirs dans notre chagrin », la lutte de Martin Lutter King pour la fin de la ségrégation raciale, la montée de la violence, la guerre, les complots…

Une autre couche à ce mille-feuilles, la découverte des sentiments amoureux, leur grand sujet à cette époque, les filles : « Difficile de comprendre comment un unique sujet peut tant occuper l'esprit humain…d'où le jeu, rechercher l'attention »

Les années 70, arrivés à l'âge adulte ils sont confrontés aux choix de leurs gouvernants, la guerre du Vietnam… 35.000 recrues par mois…
Ils attendent leurs lettres de convocation, ce n'est pas leur guerre, les vietnamiens ne leurs ont rien fait, une guerre pour un pari d'un dollar comme le veut la légende….

Alors c'est la fuite à deux à travers les États du Sud, leurs vies chamboulées pour toujours, est-ce vraiment leurs choix ? A vous de le découvrir…

Une histoire comptée par Daniel, « Je…»

Quelques personnages :

Daniel, « Quatre fois j'ai été trahi, deux fois par des femmes, une fois par le meilleur ami qu'un homme puisse désirer et finalement par une nation. Et peut-être me suis-je trahi moi-même…Alors çà fait cinq »

Nathan, « Nathan m'a accompagné dans ce voyage délicat et douloureux vers l'âge adulte »

Eve Chantry, La sorcière une histoire inventée par elle « Car à mon âge, on a besoin de tranquillité », son terrible secret

Caroline Lanafeuille, « C'est à ce moment là que j'ai compris l'Amour »

Linny Goldbourne, « J'avais l'impression qu'elle m'avalait. Qu'elle m'avalait émotionnellement. Une drogue… »

Le père Rousseau, « En gros, il ma dit que si on était dans la merde, c'était qu'on s'y était mis tout seul »

Robert Schembri, la théorie du complot

Et M. West, ici… Il est Dieu et le Diable…

Je vous laisse avec cette clé qui vous préparera à cette magnifique lecture : « Les papillons de nuit, un animal qui faisait tout son possible pour être autre chose et qui, échouant à reconnaitre sa propre valeur, continuait d'essayer jusqu'à en mourir »

R.J t'es grand comme çààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààààà !
Ton écriture est un régal, cette histoire est émouvante à souhait, j'ai tellement aimé te lire…

Lecteurs (trices) du Léa Touch Book, merci d'avoir lu ces quelques modestes lignes, j'espère avoir servi ce roman qui est une très belle réussite.

@bientôt,

Mister Grybouille.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Daniel Ford est dans le couloir de la mort. Il attend son exécution. Comme la procédure le lui permet, un prêtre lui rend régulièrement visite pour discuter. Au gré de ces conversations avec John Rousseau, Daniel se souvient : de la naissance de son amitié avec Nathan, de l'émergence des premiers émois amoureux, des évènements joyeux et tragiques qui ont jalonnés sa vie. Au milieu du tumulte historique qui commence en 1961 par l'élection de Kennedy, des conflits ségrégationnistes, de la guerre du Vietnam, Daniel voit ses souvenirs affluer. le roman commence en 1982, Daniel a 36 ans, mais c'est bien en 1952 que nous sommes plongés, date à laquelle Daniel rencontre Nathan, petit garçon noir au rire communicatif. Entre passé et présent, les émotions ressurgissent, intactes.

Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur ce livre. « Papillon de nuit » est le premier ouvrage de RJ Ellory publié aux éditions Sonatine. Il est assez enivrant de découvrir la patte de l'auteur à ses débuts, alors que j'ai achevé il y a peu de temps, son dernier ouvrage « Le chant de l'assassin ». J'y ai retrouvé tout ce que j'aime chez lui : l'atmosphère noire, des personnages denses, des réflexions intimes sur l'Humanité et le sens de la vie, des sujets polémiques concernant l'Histoire américaine.

Je referme ce livre avec beaucoup de nostalgie, je laisse Danny et Nathan exister à travers les lignes, même d'un livre fermé, car dans ma tête ils vivent toujours, comme Evan Riggs ou Henri Quinn. Cette lecture a suivi celle de l'excellent « Replay » qui m'avait apportée tant d'émotions. Celui-ci est fait dans la même veine, du même bois : de l'émotion à l'état brut.

Ma fille aînée me demandait hier si je n'avais pas l'impression de vivre une vie par procuration en étant sans cesse plongée dans un livre narrant la vie des autres. Il y a peu d'auteurs capables de vous emporter à la fois dans un récit, mais aussi au fond de vous-même, tout au fond, là où sont terrées vos émotions, vos rages, vos joies. RJ Ellory est un magicien, un magicien doué avec les mots qu'il manie par le biais de phrases longues, percutantes, où la poésie virevolte à chaque page, simplement en parlant du destin d'un homme, d'une nation, de l'humanité au sens large. Son écriture vous emporte par delà le tangible, au-delà des mots que vous pourriez utiliser pour qualifier son oeuvre. Il vous laisse sans voix, mais avec tellement de béatitude, tellement de citations qui font sens, tant d'idées déclenchant la réflexion sur la condition humaine, la vie, l'absurdité de certains choix, l'honneur, l'amitié, la parole donnée, la différence, la cruauté.

Je réitère mon amour inconditionnel pour cet écrivain britannique qui n'a pas son pareil pour vous entraîner sur les chemins de l'histoire américaine avec passion, et lucidité. Il dit de lui qu'il veut « écrire des histoires qui ont un effet sur les gens ». Il est, sans conteste, une voix de la littérature noire qui résonne dans votre tête longtemps après le livre refermé, et laisse dans votre coeur une plaie béante. J'ai souri en lisant les remerciements à la fin du roman : « À tous ceux qui ont cru que je ne vaudrais jamais rien. » Joli pied de nez à la vie, à ceux qui ont le coeur aussi noir que celui du gardien de prison West, à tous ceux qui par leurs mots ont tenté de détruire un être en construction.

J'aime son regard sur l'histoire américaine : il est sans concession et d'une grande lucidité. Les années 60 sont une période de prédilection pour l'auteur et souvent je me demande si, en enlevant les dates dans ses romans, les faits d'hier ne pourraient pas s'appliquer à ce qui se passe dans le pays aujourd'hui. Je vis en Californie, mais avant cela, j'habitais près de Detroit, Michigan où les problèmes de couleur de peau étaient toujours extrêmement présents. Certes, les noirs ne sont plus parqués au fond des bus, et pourtant, le racisme ordinaire est toujours d'actualité. J'ai retrouvé dans cette citation, « Je crois qu'elle venait du genre de milieu où elle pouvait obtenir à peu près tout ce qu'elle voulait sans trop d'efforts. Quand vous vivez comme ça quelque temps, je crois que les choses commencent à perdre leur valeur. Les relations aussi. Je suppose que si vous avez de l'argent, il a toujours des gens qui font la queue pour être votre meilleur ami. », tout ce que j'ai vécu en Californie qui résume si parfaitement mon désir profond de partir. Ce drapeau qui affiche ses étoiles comme un étendard de pléthores possibles cache sa crasse sous le tapis.

Je ne suis pas croyante. Et pourtant, les interrogations de RJ Ellory sur l'existence de Dieu me touchent. le doute, prégnant « J'ai cherché Dieu, là-haut. Je ne l'ai pas vu. Je me suis dit qu'il avait mieux à faire. » se mélange sans cesse à la certitude « Je crois au karma. Je crois que Dieu existe. »

Ses personnages sont d'une profondeur incomparable. Ici, Daniel a lui aussi « plus de souvenirs que s'il avait mille ans. » L'introspection sincère, perspicace de sa propre vie est vibrante. Les êtres qu'il côtoie, cette amitié indéfectible avec Nathan, ou cette tendresse presque maternelle avec Eve Chantry engendrent sa propre construction. On ne grandit qu'au contact des autres parfois dans la fureur et dans le bruit, parfois dans l'amitié ou l'amour. Cette compassion qu'Ellory possède pour le genre humain, cette propension à accepter les forces et les faiblesses, les actes justes et les injustices, font de ses romans des oeuvres humanistes. L'opposition des gardiens Timmons et West en est une magnifique démonstration.

Enfin, il a le don de me laisser hagarde, les yeux dans le vague, à juste lire certaines phrases qui me remuent les tripes. « La vérité est ce qu'elle est, tu es ce que tu es, et même si ton point de vue peut changer, même si tu as peut-être une perspective nouvelle sur quelque chose, ton coeur, et ce en quoi tu crois et qui tu es au fond de toi seront toujours toi…et du dois écouter ce coeur, tu dois croire que ce que tu as fait est juste, et qu'importe ce que peuvent dire, penser ou faire les autres, tu dois avoir foi dans tes décisions. » Puis plus loin, « Je me demande ce qu'est la vie, ce qu'elle signifie. Peut-Être n'est-elle rien de plus qu'une histoire, une voix chaque fois différente et rare, racontée avec une voix propre. »

Quand je lis Ellory, je sens toujours l'homme et ses valeurs en premier. Puis vient l'écrivain. Il n'a pas son pareil pour brosser l'enfance, l'amitié, et l'amour. Son écriture est tripale. Quand il vous emmène dans les couloirs du couloir de la mort, c'est comme si vous y étiez. Quand il oblige un personnage à l'introspection, il déterre la substantifique moelle de son destin « Le recul — notre conseiller le plus cruel et le plus perspicace — vacillait dans le rétroviseur de mon esprit. »

Nous sommes tous des papillons de nuit « attirés par la lumière, car nous voulons être vus, nous voulons que notre propre beauté magique soit reconnue ». Nous sommes des êtres de contradictions. Nous sommes des êtres de lumière et d'ombre et RJ Ellory pose toujours sur nous son regard bienveillant.


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Avant d'écrire ma première critique de l'an 2019, je tiens à adresser mes voeux de santé, de bonheur à celles et ceux qui ont l'amabilité de me suivre. Que cette année soit pour vous synonyme de livres à profusion et surtout de belles découvertes littéraires.
Lors de ma dernière chronique qui portait sur « Vendetta », je m'étais engagée à lire immédiatement « Papillon de nuit », autre oeuvre de R.J. Ellory publiée en France en juin 2015 par les éditions Sonatine. Chose promise, chose due puisque c'est avec plaisir que je vous retrouve aujourd'hui pour vous en parler et tant qu'à y être, pourquoi ne pas vous donner l'envie de vous lancer à votre tour.
D'emblée, si ma précédente lecture m'avait globalement convaincue, je peux vous affirmer que celle-ci m'a enchantée et qu'elle a ouvert de la meilleure des façons mon compteur annuel. C'est incontestablement une réussite.
Lorsque nous ouvrons ce thriller, Daniel Ford, trente-six ans, se trouve dans le couloir de la mort dans une sordide prison de Caroline du Sud. Accusé en 1970, douze ans auparavant, du meurtre effroyable de Nathan Verney, son ami d'enfance. Ayant épuisé tous les recours, il ne peut désormais se soustraire à son sort inexorable : sa mort éminente par électrocution. Nous le suivons dans ses dernières semaines de vie où le temps file et les jours s'épuisent…
Tout ce qui lui reste à faire, c'est de trouver la foi, de faire la paix avec son Dieu. Tout ce qui lui reste à faire, c'est de se confesser. Confronté à l'inacceptable, il se raconte alors au père John Rousseau. Il n'omet rien depuis son premier tête à tête à six ans avec Nathan, son frère noir, autour d'un sandwich au jambon cuit sur les rives du lac Marion près de Nine Mile Road en 1952, en passant par ses premiers amours, les assassinats des Kennedy – John puis Robert -, de la guerre du Vietnam, du ségrégationnisme, de la lutte pour les droits civiques, ou encore de leur indéfectible amitié qui se terminera par le crime brutal pour lequel il est condamné.
Bien vite, il apparaît que les choses son loin d'être aussi simples qu'elles en ont l'air.
Comment a-t-il pu être reconnu coupable ? A-t-il vraiment tué ce jeune de couleur qui était son « frère de coeur », son confident, son protecteur, son protégé ? Si oui, l'a-t-il fait par jalousie, par vengeance ? Si non, pourquoi est-il dans l'attente de son exécution ? A-t-il été victime d'un complot ? Lequel ? fomenté par qui et pour quelles raisons ?
Autant de questions non exhaustives qui ne trouveront réponse qu'en entreprenant cette lecture.
Livre mi-social, mi-politique d'un peu plus de cinq-cents pages dans sa version livre de poche, qui ne ménage aucune sensibilité. Outre le fait, que nous traversons deux décennies de l'histoire des Etats-Unis, nous nous aventurons avec effroi à l'intérieur d'un centre pénitencier et plus précisément dans l'aile réservée aux condamnés à la peine de mort. Nous sommes en 1982, et c'est dans cet endroit cruel, insupportable que nous plongeons au plus près de l'âme humaine. De la bouche même de notre héros, nous apprenons combien son existence a été compliquée tout en étant très fraternelle. Nous touchons du doigt les conditions de vie extrême dans cette section de haute-sécurité. C'est saisissant, dur, percutant et beau à la fois.
Je m'étais aperçue en le lisant récemment, que l'auteur britannique excellait dans sa façon de nous dépeindre les Etats-Unis. Ici, il ne se défausse pas. Il nous fait voyager avec brio dans l'Amérique des années 60-80 en analysant, en décortiquant la mécanique de cette société. Il nous livre les tenants et aboutissants en vigueur à cette époque, parcourt tous les problèmes et les bouleversements alors présents. Si les grands évènements politiques évoqués sont évidemment connus de tous (La baie des cochons, la mort de Martin Luther King, le scandale du Watergate…), il n'en reste pas moins que ce Monsieur nous offre une véritable leçon d'histoire. Son ouvrage permet d'approfondir ces sujets d'actualité. Nous en avons, si j'ose dire, une vision de « l'intérieur ». Il porte un regard assez acerbe sur la période, n'hésitant pas à dénoncer les pratiques, à critiquer les institutions en place. J'ai beaucoup apprécié.
Bien que l'histoire oscille entre le passé et le temps carcéral, la cohésion tout au long de l'arc narratif est maintenue. John Roger arrive par une plume coulante à passer de l'un à l'autre sans difficulté aucune. Je n'ai nullement été gênée.
La tension est à son summum dans les soixante ultimes pages. Comme notre héros, nous sommes désorientés, nous avons peur, nous supplions. Partie émotionnellement forte. Paradoxalement, plus le jour J approche, plus c'est pénible, moins on ne peut s'arrêter.
Le style est direct, cinglant mais rempli de sensibilité quand R.J.H. brosse le portrait du prisonnier. C'est entraînant, addictif.
Les personnages principaux, à savoir Nathan et Daniel, sont loyaux, profonds et très humains. J'ai pris du plaisir à les accompagner. Ils apparaissent comme des garçons ordinaires vivant des situations extrêmement difficiles.
Nathan est le « fort » de ce duo inséparable. Il est volontaire, travailleur, combatif. Il a de l'assurance et ne revient jamais sur ses décisions.
Daniel est naïf, doute sans cesse, manque d'initiatives et ne s'oppose pas à son ami. Il le suit tout simplement. Son absence de réaction m'a quelquefois chagrinée. J'aurai voulu qu'il se rebiffe. Cela dit, il est très sympathique, très touchant quand il se narre. Plus nous avançons, plus nous le connaissons, plus son exécution prochaine s'avère comme étant injuste. Ses échanges avec le prêtre sont très réels, très intimes.
L'ecclésiastique joue à merveille son rôle de confesseur.
Certains protagonistes secondaires ne sont pas en reste. J'ai été charmée par Eve Chantry. Une femme de caractère ayant connu des instants de vie bouleversants.
J'ai aimé l'empathie de Mr. Timmons. Détesté Mr West.
Caroline et Linny m'ont laissée indifférente.
Je regrette seulement que le dénouement ne m'ait pas totalement surprise. Je m'attendais à l'issue d'ensemble même si certains éléments le composant étaient, quant à eux, inattendus. Sans ce bémol, ma notation aurait été de cinq étoiles.
En résumé, je viens de terminer un grand roman noir sur l'enfance, le passage à l'âge adulte et la manière dont les expériences, les évènements vécus dans nos tendres années perdurent et nous affectent pour le restant de notre vie. Scénario habilement monté dans un contexte historique décrit minutieusement. C'est maîtrisé, intelligent, réaliste, puissant et résolument troublant.
A entreprendre ? au vu de ce qui précède, est-il nécessaire de réfléchir ? Je ne peux que vous inciter fortement à sauter le pas. Vous serez aux prises avec une intrigue magnifiquement documentée, entremêlant conflits internationaux, magouilles politiques, corruption, mensonge, discrimination et haine raciale qui ne vous laissera pas de marbre. Ce texte, empli d'humanité, est aussi et surtout une vraie ode à l'amitié qui vous émouvra et vous tiendra en haleine jusqu'au dernier mot. Vous aimerez !

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"Papillon de nuit" de RJ Ellory
Le premier roman d' Ellory et mon premier également oui je sais c'est moche, honte à moi !
Nous sommes en 1982, Daniel Ford a 36 ans et ça fait 12 ans qu'il est en prison, il est sur le point d'être exécuté mais avant il a des choses à nous raconter.
Une histoire d'amitié forte entre 2 enfants, un noir et un blanc, qu'on va voir grandir dans les Etats Unis des années 60-70 avec en fond tous les faits historiques et les personnalités qui ont marqué l'époque.
Belle histoire superbement racontée, L'écriture est fluide et on est transporté dans le passé, on s'attache aux 2 personnages principaux et à tous les personnages secondaires qui vont gravités autour de leurs vies, notamment les femmes qui ont la part belle. On veut savoir pourquoi et comment il en est arrivé là et l'auteur sait y faire pour ménager le suspense jusqu'au bout.
Roman noir, roman policier, roman historique, roman d'apprentissage, roman d'amour… « Papillon de nuit » c'est un peu tout ça à la fois.
Une bien belle découverte donc, merci à ma coupine Claire Abg pour ce cadeau.
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R.J.Ellory est un conteur extraordinaire. Dans ce roman qui nous fait revisiter les années 60 il choisit de raconter cette histoire à la première personne ce que j'aime beaucoup. Une histoire racontée au "je" donne l'impression d'une plus grande intimité avec le narrateur, comme s'il racontait ce qui lui est arrivé à moi seul. On sait des le début que le narrateur est condamné à mort et est emprisonné depuis 12 ans, la date de son exécution approchant, il raconte son histoire à un prêtre . Tout le long de cette histoire l'auteur nous tient en haleine en retardant le plus possible le moment de nous dévoiler ce qui s'est réellement passé pour qu'il se retrouve condamné à mort. On a droit à une revue complète des années 60 avec tous les personnages historiques qui ont fait l'actualité de ces années mémorables. Pour avoir vécu mon adolescence dans ces années, J'ai trouvé le retour sur ces années très juste, rien n'y manque et l'ambiance de cette époque est très bien rendue. Les personnages sont marquants, vivants, jamais ennuyants,et que dire de la façon dont est rendue l'ambiance de la prison. On tourne les pages en ayant toujours hâte de savoir ce qui se passe ensuite, on ne s'ennuie jamais, les événements s'enchaînent, les réflexions du narrateur sont justes et on prend fait et cause pour lui. À la fin du récit, au moment où le condamné est transféré dans sa dernière cellule pour y passer les deux dernières semaines on a droit à des moments de grande tension et on est témoin de l'extrême cruauté et du sadisme d'un gardien qui aurait sa place dans un roman de Stephen King. On a aussi droit à toute la vie intérieure du condamné qui vit ses derniers jours, C'est hallucinant. Dans tout le roman il n'y a qu'une seule grosse ficelle bien visible et sans doute que tout lecteur averti l'aura trouvée mais cela n'enlève rien au plaisir de lecture.

Papillon de nuit est le premier roman de Ellory et on a déjà l'impression de lire un auteur aguerri et on constate déjà le grand talent de conteur de cet auteur. C'est un vrai plaisir de lecture qui se lit en un rien de temps.
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1982 , Daniel Ford est dans le couloir de la mort . Il aurait assassiné Nathan Verney son meilleur ami . le procès a été baclé et il ne s'est pas défendu . A quelques jours de son exécution , un prêtre lui rend visite et c'est l'occasion de revenir sur les faits . Daniel , blanc , et Nathan , noir, se connaissent depuis l'enfance et sont inséparables . Cette amitié est mal vue par l'entourage qui considère toujours les noirs inférieurs .Cependant , rien ne les séparera jusqu'à la mort .
Ce récit qui ressemble à un thriller est en fait aussi un excellent roman historique : guerre du Vietnam , KKKlan , assassinat de Kennedy , watergate , Martin Luther King , Nixon , ségrégation ...
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Je n'ai pas été emballée par ce premier roman de R.J. Ellory, ayant préalablement lu les suivants, de bien meilleure facture. Papillon de nuit se veut un interminable monologue du personnage principal, Daniel Ford, coincé dans le couloir de la mort dans une prison de Caroline du Sud. L'auteur ne parvient pas à nous le rendre sympathique même si son histoire est une tragique méprise l'ayant conduit en prison. L'écriture est lourde, appesantie de redites et de retours sur le passé incessants, sans grand intérêt pour le récit. Bref, une déception sur toute la ligne. Mais je n'abandonne pas pour autant Ellory car force est de constater qu'il a su se bonifier avec le temps.
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