Egault (Ego car centré sur lui-même) est la vedette, orateur hors pair, philosophe donnant des conférences partout dans le monde. Il a l'habitude qu'on l'écoute et c'est pareil à la maison. Il y règne en dictateur, tyrannique, handicapé du coeur.
Shirley sa femme de quinze ans sa cadette, était âgée de 18 ans lorsqu'elle a croisé son chemin à l'université. Elle est devenue son assistante et sa femme, c'était plus pratique. Elle est soumise, sous son emprise, elle est la protectrice de leurs trois enfants.
Donatien : 26 ans, effacé, irrécupérable de la société pour son père car il préférait lire des bd plutôt que les livres de philo achetés par son père. Il est prof de français.
Sixtine : 24 ans, fait des études de médecine. C'est la sacrifiée, celle qui a appris à vivre par l'injustice (méthode d'éducation d'Egault)
Olga : 18 ans, la préférée, la confidente de son père mais aussi devenue l'insoumise, attirée par l'Afrique et les
Beaux- Arts.
Voilà le portrait de la famille mais tout va basculer.
D'entrée de jeu sans ménagement, le docteur Crohn annonce à Shirley et Egault qu'il est atteint d'une maladie dégénérative de la mémoire et du langage, du type Alzheimer ou Parkinson.
Shirley collationne ses souvenirs qui malheureusement corroborent ces dires.
Egault réfute la situation, il est dans le déni le plus grand. Ce n'est pas possible, il a une mémoire d'acier, un QI élevé, c'est une erreur et continue ses activités comme si de rien n'était …mais petit à petit arrivent des incidents.
Shirley doit prévenir ses enfants de la situation. C'est là que cela devient intéressant car Véronique Emmenegeer axe son récit non pas sur la maladie mais surtout sur les conséquences de celle-ci sans l'entourage familial. Sur la façon dont chacun va vivre la situation, se remettre en question et sa prise de conscience.
Shirley se remettra en question en comprenant qu'au final le bonheur n'était pas toujours au rendez-vous. Comment réagira-t-elle ? Et les enfants ?, comment réagir face à ce père qui a toujours été égoïste, centré sur lui-même, froid.
L'écriture de Véronique Emmenegeer n'est pas non plus sans humour, certaines situations devenant carrément drôles. le récit est bien documenté sur l'évolution de la maladie, il projette chacun dans les réactions que nous pourrions avoir, pas pathos du tout, il décrit simplement la vrai vie. Un récit sur le deuil des mots, touchant, mordant, féroce aussi.
Un livre marquant sur un sujet universel.
Ma note 8.5/10
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