Davide Enia nous emmène à la rencontre d'une famille palermitaine des années 1980, et nous fait remonter son histoire sur trois générations par le biais de portraits croisés, et essentiellement masculins.
Davidù a 9 ans au début du roman et nous le suivons durant une petite dizaine d'années.
Orphelin de père, élevé par sa mère (Zina) infirmière, ses grands-parents paternels et son grand-oncle, on le voit grandir, s'affermir, se chercher, tomber amoureux, éclore…
Bien qu'il s'en défende, il devient l'ami de Gerruso, souffre-douleur de la bande d'alors. La Principale qualité de ce dernier étant qu'il est le cousin de la belle et indépendante Nina, cheveux roux, yeux noirs, une odeur de citron et de sel... Et dont il tombe amoureux dès le premier regard. Ces deux-là n'auront de cesse de se retrouver de manière décousue, mais prégnante, tout au long du roman.
De son grand-père Rosario, de son grand-oncle Umbertino et de son père, Francesco surnommé le Paladin, il a hérité le goût, et le don, de la boxe.
Lui-même appelé Poète (merci Nina !) sur le ring, il évolue rapidement, enchaîne les entraînements et les matchs en vue de la finale.
Une finale qui cristallise tous les espoirs et rêves de ces hommes, un titre qui leur a toujours échappé.
Mais loin de l'étouffer, cela le porte, l'enrichit et le galvanise. Il est leur continuité.
Car il connaît les parcours de ses aînés, leurs expériences avec et sans les gants, les âpretés et vicissitudes de leurs vies. Il apprend la valeur de la persévérance et du courage.
Le rapport au corps est très présent dans ce roman, tant par les efforts (pour le sport notamment) que les privations.
En trois parties non chapitrées, au gré d'une chronologie bouleversée, faite d'allers-retours entre le présent et un passé plus ou moins lointain (deuxième guerre mondiale) et de passages d'un personnage à un autre avec juste un saut de ligne, l'histoire de chacun nous est contée. Ce puzzle, d'abord déconcertant, m'a happée et donné envie d'en savoir toujours plus.
Par exemple, l'issue d'un match nous est dévoilée avant son déroulement, lui-même décrit par petits bouts. C'est haletant, intense. Moi qui aime la boxe, j'ai adoré les nombreuses descriptions relatives à ce sport.
Le parallèle avec le cheminement de Davidù se fait alors tout en subtilités.
Ce bouillonnant premier roman (mais pas premier écrit de l'auteur) est un pari osé, audacieux, et brillamment relevé.
Sa thématique et sa narration, empreinte de dialecte sicilien, m'ont totalement immergée!
A lire!
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