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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Faye Travers vit avec sa mère, d'origine Ojibwée, dans le New Hampshire. Chargée d'inventorier la maison d'un ancien agent du bureau des affaires indiennes, elle découvre parmi une multitude d'objets indiens un tambour. Très vite, elle est troublée et croit entendre les battements du tambour. Elle s'en empare pour le ramener dans sa tribu.

Quel roman étrange et envoûtant ! Envoûtant comme le tambour qui est au centre de l'histoire. Louise Erdrich nous entraîne dans son univers de légendes et croyances indiennes, un univers peuplé d'Esprits.

Construit en plusieurs parties, ce récit nous mène du New-Hampshire au territoire ojibwé près des grands lacs ; il nous relate des vies d'aujourd'hui ainsi que l'histoire d'ancêtres ojibwés.
Dès le début du roman, j'ai été séduite par l'écriture très belle et poétique ; ainsi que par les descriptions de la nature et des animaux, le rapport à la matière (les pierres, les arbres...) et au milieu.

Mais j'ai encore été plus captivée par l'histoire d'Anaquot et de son amour passionnel pour Simon Jack, un amour qui la ronge et qui ne peut finir qu'en drame. Et par l'histoire de la construction du tambour et de sa magie ; le récit navigue entre le conte et le réel.

J'ai été séduite par la vie, les rites et les croyances de cette tribu ; Louise Erdrich nous fait découvrir ces croyances et la spiritualité indienne à travers la vie des personnages, rien n'est expliqué ou simplifié et par conséquent, elle a su éviter de tomber dans le folklore. Et elle ne tombe pas non plus dans le travers d'enjoliver ou de tomber dans une admiration béate comme on peut le voir souvent.

En revanche, et c'est le seul bémol, je trouve que le roman manque de rythme. La première partie, qui n'est pas la plus intéressante, est trop longue, trop diluée dans des détails. Je conseille donc à ceux qui seraient tenté d'abandonner leur lecture au début du livre de persévérer jusqu'à la deuxième partie.

Un roman pour les amoureux de la nature et des légendes indiennes, pour ceux qui aiment les romans contemplatifs.

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Un roman à plusieurs volets, avec des aspects contemporains et des légendes des Premières Nations.

Une première partie où Faye, une femme mûre, vit et travaille avec sa mère. Elles sont chargées d'évaluer et de vendre ou disposer de successions. Dans la maison d'un voisin qui a été agent du gouvernement sur une réserve, Faye découvre un ancien tambour amérindien qu'elle ne peut s'empêcher de s'approprier. En parallèle, ses amours avec un voisin artiste, un accident d'auto mortel et des bribes de son enfance.

Une seconde partie raconte l'histoire du tambour lui-même, comment il a été créé, avec des péripéties comme celle d'une enfant dévorée par les loups, celle d'un homme dont les deux épouses décident de se venger ou celle d'un père inconsolable et d'une famille brisée.

Dans une autre section du roman, Faye n'a pas pu se résoudre à vendre le tambour, mais elle l'a rendu à la communauté autochtone qui en était le légitime propriétaire. le tambour manifestera encore son pouvoir en aidant des enfants résilients à échapper à la mort.

Une belle écriture, avec des dimensions humaines dans un monde où les esprits ancestraux demeurent présents.
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Faye réside avec sa mère à "Revival road" dans un coin perdu du New Hampshire. Drôle d'adresse pour ces deux femmes aux existences minées par le passé. Elles travaillent ensemble à expertiser des objets dans les successions. Au cours d'un inventaire, Faye tombe sur un objet qui retient tout de suite son attention : un tambour indien très ouvragé. Saisissant toute l'importance de cet instrument dans la culture ojibwée, elle le subtilise et le remet au descendant de son concepteur. Elle découvrira ainsi les vertus magiques du tambour et les existences bouleversées de ses propriétaires. Louise Erdrich mêle avec habileté un récit réaliste à une légende indienne. Si le roman s'étire et s'essouffle dans la première partie, l'histoire tragique du tambour offre un élan et un sens à l'oeuvre. J'ai trouvé le style de l'auteure parfois particulier car certaines de ses phrases sont hachées ou tronquées. Mais son écriture sait aussi se montrer contemplative et poétique, notamment pour décrire des personnages en communion avec la nature. La reprise de chants oubliés et de rites perdus va permettre de purger des esprits noircis par la culpabilité, thème central de son roman. Si le style de Louise Erdrich m'a parfois gêné dans ma lecture, j'ai été convaincu par son talent de conteuse.
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Faye Travers , une femme plus toute jeune vit et travaille avec sa mère dans le New Hampshire . Elles font des inventaires dans les maisons lors de succession ou de départs .
Lors d'une première visite dans une vieille demeure où vient de mourir un ancien agent aux affaires indiennes , Faye , tombe en arrêt devant un tambour rituel différent de ceux qu'elle a déjà vus et, chose totalement inhabituelle de sa part, elle subtilise l'objet se promettant d'en découvrir le propriétaire.

Cette première partie m'a beaucoup plu , le personnage de Faye est atypique , et l'auteur sait installer rapidement un climat de tension lié au passé de cette femme, un drame dans son enfance qu'on découvre peu à peu et qui explique sa conduite . On sent la lourdeur du chagrin .

Le deuil et le chagrin sont les thèmes de ce roman.

Les parties suivantes s'attachent à retracer l'origine, la fabrication et les pouvoirs du tambour . J'ai eu, je l'avoue plus de mal à m'y retrouver parmi les amérindiens et les époques bien que le fil conducteur soit toujours évident .

La nature est omniprésente avec de magnifiques descriptions, les corbeaux et les loups deviennent de véritables personnages dans ce récit qui frise souvent le conte .
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Aïe aïe aïe, je dois commencer direct par avouer un truc… J'ai lu un autre livre après celui-ci - avant de démarrer ce billet - et je m'aperçois avec effarement qu'il ne me reste pas grand chose de cette lecture. Si ça se trouve, que ce qui a dévoré nos coeurs a également dévoré ma mémoire ? à moins qu'il ne s'agisse d'un cas rare de contamination à l'Alzheimer par voie électronique ? Dans tous les cas, c'est flippant et quoi qu'il en soit, on est mal ^^

Bon, mais qu'à cela ne tienne, le free style ça me connait ! Je suis capable de blablater pas mal de temps pour dire pas grand chose au bout du compte, je vous assure, c'est pas pour rien que j'avais toujours des supers notes en philo. Tenez, même une fois j'ai eu un 19, et là, sérieux, je pense que le prof devait avoir des idées derrière la tête, ça n'existe pas 19 en philo en terminale, nan mais quel vieux vicieux ! Heureusement, j'avais déjà l'esprit avisé et je ne suis pas tombée dans le panneau. Pfffiou quelle histoire ! Pour les curieux qui aiment bien tout savoir et surtout les détails croustillants, ce prof avait des mains de pianiste mais une tête d'alcoolo et au final il s'est quand même tapé une fille de ma classe, Françoise qu'elle s'appelait, même qu'elle a eu un 20 une fois. Après il s'est fait virer. Bien cliché ce truc, mais 100% véridique. Ensuite Françoise est partie un an en Inde, dans un āshram, je l'ai perdue de vue, et quand elle est revenue je l'ai croisée juste une fois à une soirée bien zarbi dans un grand appartement chez des gens que je ne connaissais pas, soirée dont je n'ai pas beaucoup de souvenirs sauf elle avec sa grande robe et son machin en forme de goutte sur le front, même qu'elle m'en a collé un aussi. Elle dansait super bien Françoise. Bref, aucun rapport avec ce qui a dévoré nos coeurs, vous voyez que je sais bien meubler ?

Bon, mais rassurez-vous, je ne vais pas vous parler plus longtemps de mon étourdissante scolarité et j'ai quand même quelques petites choses à raconter à propos de ce roman de Louise Erdrich. Déjà, pour commencer, je dois dire que j'ai été fascinée par la profession de Faye et de sa mère, j'adorerai faire ça, vraiment, farfouiller dans les vieilles maisons et les affaires des gens pour en dresser l'inventaire dans le cadre de successions. Merveilleux ! J'ai déjà beaucoup réfléchi à ça, comment au final tout se résume à une sorte d'inventaire, comment on est bien peu de chose (comme mon amie la rose) et comment les objets qui restent et qui ont vraiment du sens tiennent en si peu de place (et pour aller jusqu'au bout comment ce sens lui-même va en s'amenuisant avec le temps…)
J'ai déjà testé et vous ne pouvez même pas imaginer la quantité de choses qui peuvent rentrer dans une boîte à chaussure, et comment ladite boîte à chaussures peut prendre elle-même si peu de place au fin fond d'un placard (surtout que je chausse du 36, ça fait de petites boîtes hein)…

C'est d'ailleurs pour ça que je partage totalement la philosophie (tiens la philo, vous voyez on y revient lol) de Faye, à savoir éviter au maximum de s'encombrer avec des objets,
“c'est le rappel constant de notre mortalité qui nous retient. L'inutile vanité consistant à s'accrocher à quoi que ce soit est, évidemment, toujours là devant nous. S'efforcer de posséder quelque chose d'une valeur phénoménale nous paraît en général absurde, vu notre propre biodégradabilité.”
Clap clap clap, permettez-moi d'applaudir, je n'aurai pas su mieux dire !

Et Erdrich frappe plus fort encore en évoquant une des rares fois où Faye a envie de récupérer et de garder quelque chose d'une succession :
“un coffret de bois contenant ce qui semblait être des mouchoirs enveloppés dans du papier de soie, uniquement des mouchoirs, marqués aux initiales de la propriétaire, L.M.B.” et devinez quoi ? “Épinglé à chaque mouchoir en coton, en batiste, bordé de dentelle ou brodé, ai-je constaté, il y avait un morceau de papier soigneusement découpé. J'ai évidemment examiné les papiers. C'était à chaque fois une étiquette portant une date notée d'une écriture féminine. Un nom ou des noms étaient inscrits. Et puis des événements. Baptême de Teddy. Mariage de Venetta et John Howard. Et puis, obsèques de Teddy. Veillée funèbre de Frère Admantine. Premier opéra, La Traviata. Mariage. Bras cassé. Et tout en bas de la pile, peut-être le premier mouchoir ainsi conservé et l'ancêtre de la collection, un petit carré d'étoffe, ayant appartenu à un enfant, maladroitement marqué des initiales et étiqueté Obsèques de ma Mère.”
Alors là, vous voyez, je ne peux même plus applaudir, je reste sans voix... “Cette boîte contenait les larmes de toute une vie de femme”. Que voulez-vous que je dise après ça ? Je pourrais faire du mauvais esprit et dire que ce n'est plus de nos jours de ça arriverait vu que les gens utilisent des saloperies de Kleenex, je pourrais aussi faire une petite pirouette et dire que finalement je n'ai pas tout oublié de cette lecture, oh non pas l'essentiel, et d'ailleurs j'ajoute que s'il y avait une seule chose à retenir de ce roman, je choisirais ça (bon c'est ce que j'ai fait). Sacrée leçon non ?

Voilà, j'ai vraiment bien aimé ce livre au démarrage, vers les trois quart j'avoue que je me suis un peu perdue, c'est devenu plus flou, je me suis embrouillée quelque peu. Peut-être parce que j'étais malade ce week-end ? On s'en fiche, il me reste tout de même une assez forte impression et pas mal de grain à moudre dans ma petite tête.

Je vais m'arrêter là, c'est déjà assez long pour quelqu'un qui n'a soit-disant pas grand chose à dire, je ne voudrais surtout pas vous effrayer ;)
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Quand les fantômes viennent hanter les vivants au son d'un tambour qui bat au rythme des coeurs ! Voici le résumé que je ferai de ce livre si je devais le faire en seulement quelques mots. Louise Erdrich, que je découvre avec ce titre, m'a tenue en haleine tout au long de ces pages. Ce ne sont pas des rebondissements ou des intrigues palpitantes qui viennent interpeler le lecteur mais la force des personnages, leurs incroyables destins et l'influence que les morts continuent d'avoir sur les vivants à travers les objets et les chants. C'est ce tambour qui pulse les derniers battements de coeur d'une petite fille et qui va servir de fil conducteur à tous les personnages du livre.

L'auteur a su créer un univers envoûtant qui prend sa source dans les légendes indiennes et nous entraîne à travers les croyances et les mythes. J'ai aimé la façon dont est construit ce livre, découpé en trois parties, reliées les unes aux autres par un personnage. On rencontre Faye, d'origine Indienne, elle vit avec sa mère et gagne sa vie en expertisant les successions. C'est lors de l'une d'entre elles qu'elle tombe sur le tambour, un objet oublié qui l'attire au point que l'impensable se produit : elle le subtilise, le confisque, l'enlève, l'adopte… emportée par un irrépressible besoin de possession comme si le tambour chantait déjà à son oreille et lui contait alors les histoires terribles d'Anaquot, de Shawnee, de Simon Jack et de tous les personnages qui viennent hanter ces pages… J'ai beaucoup aimé ce mélange de rêve et de réalité, le monde des esprits est continuellement présent et interfère dans celui des vivants par petites touches pour les guider dans leurs choix. Cela crée une athmosphère étrange et fantastique qui envoûte le lecteur petit à petit. Je me surprenais parfois à retenir ma respiration, emportée par l'histoire et le destin bouleversant de ces personnages.

C'est le livre tout entier qui vibre au son du tambour grâce à l'écriture pleine de poésie de Louise Erdrich, le lecteur est bercé, entraîné, ému, bousculé… J'ai aimé la musicalité des mots et le rythme qui se dégage de l'ensemble du récit. Cela donne un roman prenant et dense où les émotions sont à l'honneur à travers des histoires plus bouleversantes les unes que les autres.
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En vrai, je ne sais pas tellement comment vous parler de ce livre. Il ne m'a laissé que des impressions. L'impression d'un conte sur la culture amérindienne, l'impression d'une poésie onirique sur fond de légende, l'impression d'une odeur de bois, de poussières et de vieilles choses. Si ce sont des images qui vous parlent et vous attirent, je ne peux que vous conseiller Ce qui a dévoré nos coeurs. L'écriture est belle et la lecture facile. Pour le reste, j'imagine que c'est une question de sensibilité.

La chronique complète à découvrir sur :
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Plusieurs impressions affleurent après lecture de cet excellent roman. D'abord, immédiate, une sensation de bien-être propre aux écrits de Louise Erdrich. Après lecture je me sens bien, j'ai le sentiment qu'une boucle a été bouclée et qu'un lien intime s'est tissé entre l'auteur et son lecteur.
Absurde me direz-vous.
Pas si sûr. Les romans d'Erdrich sont le plus souvent un entrelacs de situations passées et présentes et celles-ci n'ont de cesse de conférer à l'action une dimension temporelle élastique, pas vraiment intemporelle ou universelle, non, ses récits sont fortement ancrés dans une culture propre et définie. Mais l'atmosphère qu'ils dégagent rejoindraient malgré tout une notion floue définissant parfaitement la condition humaine. Grossièrement, quand on lit Louise Erdrich, on pense souvent à soi. le personnage, ici la magnifique Faye Travers, est d'abord un prolongement de soi-même.
Bizarre, je ne suis pourtant pas d'origine amérindienne ni ne partage le quotidien de cette femme intelligente, dont le job de collecteur et recenseur d'objets après décès devrait me laisser de marbre.

Certains appellent ça le talent. Ils ont raison. le talent de Louise Erdrich revient à proposer au lecteur une situation simple : le vol d'un objet, et d'en faire une très grande histoire. D'abord parce que l'objet est vivant, qu'il a vu et vécu un univers de catastrophes et aussi parce qu'il a eu une naissance, et que celle-ci figure parmi les plus douloureuse qui soit. Difficile d'en parler sans dévoiler un noeud essentiel de l'intrigue mais ces pages sont à tomber à la renverse tellement elles sont simples et poignantes.

Ce qui a dévoré nos coeurs va mêler en quatre parties distinctes les récits liés à ce fabuleux tambour et l'on va comprendre jusqu'où peut aller la perte lorsqu'elle se lie à celle d'un objet sacré. le deuil, ses variations, le conditionnement qu'il met en branle, la consternation et la colère qu'il agite, voilà tout le propos de ce roman et la raison pour laquelle j'affirmais en préambule que sa portée, sans être universelle, résonnait en chacun de nous.
Encore un très beau roman d'une romancière exemplaire.
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Comme l'indique le titre original, c'est un objet, un tambour peint fabriqué par un amérindien en bois de cèdre, qui est le sujet du roman. La première partie relate la découverte à l'époque actuelle de ce tambour par deux femmes, Faye Travers et sa mère Elsie, dont l'activité consiste à évaluer les objets issus de successions. La vie quotidienne de Faye, et de la petite collectivité qui l'entoure, est dessinée à cette occasion, et si d'autres lecteurs ont trouvé cette première partie longuette, je m'y suis trouvée à l'aise. J'ai aimé le personnage de Faye et la découverte des habitants de ce coin rural du New Hampshire. A tel point que j'ai été un peu déboussolée par la deuxième partie qui change de narrateur, pour faire entendre la voix du petit-fils de celui qui a fabriqué le tambour.
Je ne me souvenais pas, par contre, avoir été autant éblouie par le style de Louise Erdrich, flamboyant, débordant d'ellipses et de raccourcis surprenants, comme je les aime, quoi ! Il permet de se laisser porter, entre réalité et vieilles légendes indiennes, par une histoire qu'on pourrait nommer : La petite fille et le tambour, et qui donne lieu à de très très beaux passages, dont l'image reste forte et inoubliable. Après La chorale des maîtres bouchers et La malédiction des colombes, j'ai retrouvé avec plaisir l'univers de Louise Erdrich et ses thèmes de prédilection, comme les objets chargés d'histoire qui traversent les époques, les légendes indiennes... Ce roman m'a donné envie de retenter la lecture de Four souls, attaqué en anglais, et auquel je n'arrivais pas trop à accrocher. L'un des personnages est présent dans les deux livres, cela devrait m'aider à me plonger dedans !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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J'achève ce week-end dans un état d'extase incomparable... Une étreinte fougueuse? Une lecture réjouissante? Un chouette ciné?

Ben non, j'ai aspiré. Pas de la coke. de la poussière. Des poils (les miens, ceux de mon chat... pas sûr que les siens gagnent en nombre). Des saletés.

Je suis amoureuse de mon aspirateur. Pour expliquer un peu mon état, il faut savoir que suis dans une phase très bizarre de complusion ménagère. Vous vous dites que c'est toujours mieux que les compulsions alimentaires mais, comme pour les poils, c'est pas bien sûr.

Ca a commencé mollo avec l'achat d'un balai à serpiller où il n'y a plus à essorer la serpillère mais juste à pousser sur le bras du balai qui se plie en deux et essore tout seul la lavette . Incroyable. J'adore. Ca m'a comblée une semaine.

Et puis l'excitation est retombée. J'ai commencé à loucher sur les aspirateurs. Extase : un Silent Force Rowenta .SILENT FORCE, ce qui veut dire que si je le mets au minimum, je dois m'assurer qu'il est en marche et si je le mets au maximum, je peux écouter la radio en aspirant. Ca veut surtout dire que je peux le passer à des heures indues : le matin à 7 heures, le soir à 23 heures. En plus d'être Silent Force, il est tellement puissant qu'il a délatté mon parquet. Je l'aime. J'avoue qu'il m'est arrivé de renverser des trucs exprès pour pouvoir le sortir...

Vous savez ce que c'est la drogue... Il en faut toujours plus... du coup, je me suis penchée sur le cas de ma machine à laver... 18 ans d'âge, carcasse rouillée, un côté dessoudé, plus de fond. Bonne pour la casse... J'ai acheté une "FAURE faite dans le Vercors". Je l'ai attendue une semaine... Lorsque le jour de livraison est arrivé, je ne tenais plus en place. Les livreurs ont procédé à l'échange. Ils ont poussé la vieille et mis la jeune à la place (Le monde des machines à laver est très similaire au notre). C'est quand ils ont incliné la vieille pour la faire passer sur le palier que j'ai résolu le mystère de la chaussette manquante. Sauf que dans mon cas, c'était pas des chaussettes mais des strings. Des vieux. Ceux qu'on ne prend même pas la peine de mettre dans le petit filet protecteur. Ma machine s'est mise à vomir des strings. J'en ai ramassé trois pendant que les vendeurs, qui faisaient semblant d'être gênés, regardaient ailleurs. le pire, car il y a pire, c'est que certains étaient coincés en dessous, j'ai dû me mettre à quatre pattes sur le palier (bien-sûr, c'était jour de ménage et l'employé de ménage a fait sa pause syndicale en me regardant) et tirer sur ceux qui étaient coincés en dessous.

Je fais donc désormais partie des anecdotes qu'on raconte aux apéros entre livreurs : "Tu te souviens la nana en pyjama qu'a été obligée de récupérer ses strings sous la machine?" (je précise que ce n'était pas un pyjama mais un survêt pyjama très classe, très sobre, en pilou gris à peine déformé) (il est loin le temps où je m'habillais pour recevoir les gens de l'extérieur)(le temps où je me maquillais, c'est genre la préhistoire.)

Bref, deux choses à retenir, primo, les vieilles machines ont une âme et vous font payer l'abandon, deuxio, les strings et chaussettes disparaissent entre le tambour et la carcasse de la machine (merci Stokholm de m'attribuer le Nobel de sciences 2011).

Tout ça, ça a gâché l'effet recherché par l'achat. du coup, la semaine suivante, qui était la semaine dernière, je me suis souvenue de Kévin (le prénom n'a pas été modifié). Kévin m'avait appelée en novembre pour me vendre une porte. Il s'était fait jeter en beauté. Je l'ai rappelé, je lui ai dit "Kevin, laisse tomber la porte, ramène-toi avec des fenêtres". Il est arrivé ventre à terre avec tout son attirail de VRP, m'a sorti le grand jeu ("Je vais te les prendre tes fenêtres, Kévin, épargne moi toutes tes conneries de VRP".) et la grande facture.

Donc voilà, j'en suis là... Un trousseau électroménager flambant neuf et pas un seul mari potentiel à l'horizon, presque propriétaire de fenêtres isolantes en thermique et en phonique ("70 Décibel, Madame Bouboule, 70!")(Ouais, Kévin, est-ce vraiment une bonne nouvelle ? ça va juste me couper un peu plus du monde...). Endettée pour huit ans et déjà désoeuvrée, déjà en quête.

Et pourquoi j'en suis venue à vous parler de ça? Je refais le chemin à l'envers. C'est l'obsession de Faye Travers pour un tambour qui m'a fait penser qu'on pourrait écrire un roman sur moi, parce que moi aussi j'ai été un peu obsédée par mon tambour de machine à laver (c'est fou, le cheminement de la pensée quand on y réfléchit, mais peut-être que je réfléchis trop).

Bon ok, l'héroïne de Louise Erdrich n'est obsédée ni par le tambour de sa machine à laver ni par un vulgaire tambour de la fête à Neuneu.

Elle, elle donne dans le tambour porteur de l'histoire du peuple indien. Dans le tambour magique qui crée le lien entre les vivants et les morts. C'est un peu plus classe, mais à peine.

Ce livre. Une révélation. Faye, l'obsédée du tambour, a une entreprise singulière, elle procède aux inventaires des maisons de défunts dans le cadre de successions, fait le tri, propose la vente ce qu'il y a à vendre. C'est à cette occasion qu'elle découvre un tambour qui produit sur elle un attrait tel qu'elle le rapporte chez elle. le tambour lui parle, influe sur ses rêves... Elle sait qu'elle a fait une découverte extraordinaire et décide d'en savoir plus sur l'histoire de ce tambour.

Et nous remontons le fil des récits pour arriver à l'origine de ce tambour.

Je ne trouverais pas les mots. le seul qui me vienne est "puissant". La prose d'Erdrich est puissante et l'intrique est puissante. le résultat est bouleversant.

La partie concernant Faye, m'a fait pensé à "Best Love Rosie", l'art de mêler le quotidien et les réflexions plus profondes sur la filiation, le destin, l'amour, la solitude. le mélange de poésie, de modernité et d'humour. Les pépites. Les passages de pure poésie, ces passages que l'on relit plusieurs fois pour s'en imprégner. Ceux sur sa soeur, son père, l'amour...

La partie concernant l'histoire du tambour est différente mais tout aussi puissante. La voix narrative change, l'intrigue est forte, on suit réellement une histoire. Et quelle histoire... Elle m'a vidée émotionnellement, sa lecture m'a réjouie et éprouvée ("le châle"). La question de la transmission est également présente. Et tous ces trucs indiens, c'est tellement nouveau pour moi que je suis émerveillée : les loups, la nature...

Il y a donc dans ce livre tout ce que j'attends de la littérature. Je me suis souvent arrêtée dans ma lecture pour relire certains passages et essayer de comprendre le "comment". Louise Erdrich fait partie des auteurs dont je me demande comment ils font, comment ils font pour écrire aussi bien. Est-ce un don ? D'où ça vient? C'est du travail, beaucoup de travail mais à la base, il y a bien quelque chose. Ce paragraphe est très con, j'en ai conscience mais c'est une question que je me pose réellement. Ce souffle, d'où vient-il ? Cette imagination (même si ici, l'auteur s'est inspirée dun mythe Ojibwe), c'est quand même fabuleux quand on y pense. Je suis en admiration totale. Et heureuse parce qu'il y en a plein d'autres à lire.


Lien : http://horsdutemps.hautetfor..
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