AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,29

sur 250 notes
5
29 avis
4
9 avis
3
0 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme expliqué lors de la critique des Jardins de la Lune, premier volume de la décalogie de l'écrivain canadien Steven Erikson, le destin éditorial tragique du cycle The Malazan Book of the Fallen en France ne permettait plus d'envisager une traduction digne de ce nom avant longtemps. Pire encore, son échec éditorial chez Calmann-Levy à l'époque ainsi que l'imposant nombre de pages de cette épopée fantasy rendaient son retour quasiment impossible dans la langue de Molière en l'état actuel des choses. C'est donc vers les versions originales que se sont tournés les plus vaillants lecteurs pour plonger dans cet univers gigantesque à la réputation des plus flatteuses…et aujourd'hui vers la courageuse entreprise des éditions Leha. Les Jardins de la Lune laissait déjà entrevoir tout l'énorme potentiel du monde d'Erikson tout en révélant quelques lacunes de jeunesse que l'on espère corrigés pour ce second tome de 836 pages : Les Portes de la Maison des Morts (Deadhouse Gates en VO)

Remise en situation.
Après la tournure pour le moins dramatique des événements de Genabackis pour les armées malazéennes, l'impératrice Laseen a déclaré les Brûleurs de Pont, la seconde Armée et Dujek Onearm lui-même comme traîtres à l'empire. Steven Erikson fait donc le choix de scinder son fil narratif en deux. D'un côté les personnages restants sur Genabackis que l'on retrouvera dans Memories of Ice — troisième volume du cycle à venir en 2019— de l'autre ceux qui partent pour le continent des Sept Cités pour mener à bien une mission secrète fomentée par Whiskeyjack, Kalam et Quick Ben.
Du coup, on suit cette fois une partie des personnages des Jardins de la Lune, à savoir Kalam, Crokus et Apsalar (anciennement Sorry), qui débarque sur un continent où une sanglante révolte est sur le point d'éclater : le Whirlwind, mené par la prophétie de Dryjhna qui annonçait la venue de la déesse Sha'ik pour repousser l'envahisseur malazéen. Bien conscient que l'Apocalypse arrive, Coltaine, Fist (aka commandant) de la septième armée malazéenne et chef du clan Wickan des Corbeaux se prépare à protéger les civils dont il a la garde contre la rage des fanatiques de Sha'ik. Duiker, historien impérial, va être le témoin privilégié de la longue marche de Coltaine à travers le continent pour sauver des dizaines de milliers d'hommes, femmes et enfants du massacre.
Pendant ce temps, à Unta, les nobles continuent à subir le courroux de Laseen et de son nouvel adjoint, la redoutable Tavore Paran. Celle-ci faisant même arrêter sa propre soeur, Felisin, pour l'envoyer en compagnie de l'ancien prêtre de Fener, Heboric, et de nombreux brigands et voleurs, dont l'impressionnant Baudin, vers les mines d'Ototoral de Skullcup.
Enfin, Mappo et Icarium, un Trell et un Jaghut, traversent le désert de Raraku à la recherche du chemin des Ascendants pour y trouver des réponses à un lointain passé.
Tous ces destins vont se croiser pour le meilleur, mais surtout pour le pire.

Steven Erikson fait un choix radical avec Les Portes de la Maison des Morts. Au lieu de continuer de façon linéaire son récit, il abandonne quasiment toutes les bases qu'il a posé dans Les Jardins de la Lune pour les relayer au second plan et s'intéresser à un tout autre continent. On se retrouve ainsi dans un univers presque neuf où tout reste à découvrir… ou presque. Presque parce qu'Erikson a déjà placé ses bases auparavant : les maisons des Dieux — Shadowthrone, Hood, Cotillion…- l'histoire de l'empire malazéen, la magie…c'est tout le reste qui change en réalité. du coup, il n'y a aucune redite dans Les Portes de la Maison des Morts, c'est même tout le contraire. le canadien prend un risque salutaire et qui, finalement, s'avère payant. Utilisant à fond l'aspect fantasy de son univers (à l'opposé total d'un Trône de Fer), l'écrivain nous fait retourner dans un monde bourré de magie, de mythes, de légendes et de créatures inquiétantes. Nous sommes dans un monde de Dark Fantasy qui s'assume et se revendique comme tel.

La suite de la critique sur : https://justaword.fr/the-malazan-book-of-the-fallen-volume-2-deadhouse-gates-7a676c03cbef
Lien : https://justaword.fr/the-mal..
Commenter  J’apprécie          50

il m'aura fallu aussi longtemps que le T1 pour en venir à bout, c'est à dire juste moins d'1 mois, sachant qu'il est nettement plus gros non: je n'ai pas eu plus de temps à disposition c'est surtout que sa lecture a été nettement plus facile d'accès et fluide.

Mais ce n'est pas la seule différence notable avec le T1. Cette fois-ci on bouge. Et même beaucoup : et les personnages marchent et marchent et marchent... Heureusement qu'il y a la carte même si pour certains groupes de personnages elle est totalement inutile...

L'action va donc majoritairement se passer sur le continent de 7-cités dont l'ambiance est "arabisante" mais sans toutefois tomber dans les énormes clichés de la Rose du Prophète de Weiss et Hickman. On serait nettement plus proche d'un Beaulieu et de sa saga des 12 Rois de Sharakai.

Nous allons donc suivre plusieurs groupes de personnages, d'abord Félisine Paran, mis aux fers par sa soeur Tavore la nouvelle adjointe de l'impératrice, et accompagnée d'un ancien prêtre du Dieu Sanglier et d'une montagne de muscle nommée Baudin: j'ai beaucoup aimé tout ces chapitres consacrés à ce trio malgré le calvaire infligé à Félisine.

Puis Kalam qui ne rêve que de régler son compte à l'impératrice mais dont la première mission est de rendre un livre sacré à Sha'ik, élue d'une révolution religieuse contre l'Empire Malazéen. Kalam est l'un de mes personnages préférés, et ce depuis le tome 1. Là aussi ses chapitres sont passionnants.

Coltaine le wickien, Point renégat qui doit emmener des dizaines de milliers de réfugiés au travers du continent jusqu'à la ville d'Aren qui est la seule qui ne soit pas tombé aux mains de la révolution cité plus haut. Il est accompagné de Duiker l'historien impérial, probablement une projection d'Erikson lui même. C'est aussi pour l'auteur l'occasion de dénoncer les horreurs de la guerre sous toutes ces formes. Clairement si vous aimez l'action ce seront vos chapitres préférés. Avec une fin digne de

Violain et Krocus qui doivent raccompagner Mes Regrets devenues Apsalar dans son village natal d'Itko Kan.

Et enfin Icarium le Jaghut sans mémoire accompagné de son ami Mappo le Trell. Soyons clair je n'ai rien capté aux aventures de ces 2 là.

Et puis une horde de personnages assez étranges notamment les marchands qui se déplacent par Garenne et qui m'ont fait penser à certains personnages de Douglas Adams.

Soyons honêtes ils rentent encore pas mal de zones d'ombres dans le déroulé de l'histoire, comme l'apparition de dragons qui sortent de nulle part et en repartent tout aussi vite. Mais j'ai envie d'en savoir plus, alors me voila déjà dans le Tome 3 :)
Commenter  J’apprécie          42
Si le tome 1 m'avait séduit, le tome 2 est encore plus captivant.
Cette fois l'action se déroule sur le continent de Sept Cités. La rebellion du Tourbillon est en place et les troupes impériales vont devoir y faire face.
Erikson tisse encore une fois plusieurs fils narratifs chacun menant à la quête d'un groupe de personnages. Cette fois encore ceux-ci sont nombreux.
On en retrouve certains du 1er volume : les Brûleurs de ponts, Kalam et Violain, Crokus , Apsalar ; d'autres qui avaient seulement été évoqués : Icarium, Mappo, Félisine ; enfin de nouveaux comme Coltaine, Duiker pour ne citer que ceux là...
Si je dois m'arrêter sur une trame narrative, je choisirai la marche de la chaine des chiens. Coltaine, le nouveau Poing a juré d'emmener les 40 000 réfugiés civils victimes de la rebellion de Sha'ik à Aren. Outre la longue et épuisante marche à travers le continent, la faim, la soif, ils auront à affronter sans cesse les attaques des rebelles qui recourront à toutes les ruses, toutes les magies pour les écraser. Le défi est énorme. Coltaine sait qu'il n'a rien à attendre du nouveau Haut Poing en terme de soutien militaire. Il devra de plus, comme chef wickien du Clan des Corbeaux s'imposer aux autres tribus. J'ai beaucoup aimé la grandeur de cet homme, digne et héroïque jusqu'au bout. J'ai beaucoup aimé également Duiker, l'Historien, le vieil homme qui accompagne ce périple insensé comme observateur, ses descriptions des combats, ses états d'âme, sa sagesse...
Quelle hâte j'ai eu à la rencontre avec ce veule et bête Pormqual !!!
Quelle exapération avec Duiker a subir l'outre cuidance des nobles, leur morgue !!!
Je ne détaillerai pas plus ce qui m'a plu... Il y aurait trop à dire.
Je terminerai avec une remarque plus globale.
Je crois que l'ambition de Erikson est encore plus démesurée que ce que je pensais. En effet, je suis d'accord avec BlackWolf qui évoque un puzzle que le lecteur doit compléter pièce par pièce. Mais il me semble que ce puzzle ne formera un tout que quand toutes les pièces des 10 volumes auront trouvé leur place.
D'emblée je devine que le volume 3, que je viens de me procurer, sera consacré à Genabackis autour de l'Oracle de Pannion .
Je le répète, c'est très bien pensé, fait. Je suis admirative. Je n'ai qu'une inquiétude... le volume 1 : 600 pages ; le 2 : 900 ; le 3 : 1100..... ...... .... le 10 : ????
Ah, encore une remarque. Il est vrai que ce volume présente pas mal d'erreurs quant à la forme : tournures de phrases fautives, fautes d'orthographe... mais il faut garder à l'esprit que le défi pour les Editions Leha est de sortir 2 tomes par an. Alors tant pis. Je propose mes services de relectrice (???) s'ils veulent...
Commenter  J’apprécie          40
Deuxième tome de la sage, et c'est toujours aussi bien. Voire mieux. Et, oui, c'est possible.
J'avais exprimé, dans ma critique du premier opus, comme la plupart des autres lecteurs, à quel point la lecture pouvait être difficile. En particulier du fait du nombre des personnages. Nous avions en effet affaire avec pas moins de 250 personnages de premier plan. J'exagère à peine. Quelle ne fut ma surprise de constater que, en tout début de ce deuxième volet, deux nouveaux personnages apparaissent. Ou alors, c'en est d'anciens dont j'avais oublié l'existence. Ce qui revient à peu près au même. Je blêmis, je tremble, la sueur perle sur mon front.
Mais je suis vite rassuré. D'une part, la grande majorité des personnages de ce deuxième tome sont connus et d'autre part, ils ne sont pas très nombreux cette fois-ci. Qui plus est, ils sont constitués en groupe facilement identifiables.
Et pour une fois, parce que le cas n'est pas si fréquent, chacun des groupes est intéressant à suivre. Car souvent, il faut le reconnaître, lorsque l'histoire s'intéresse à plusieurs protagonistes, les péripéties sont inégales.
Ici, ce n'est pas le cas, même si, je dois l'avouer, les aventures qui concernent le groupe auquel appartient l'historien Duiker, sont les plus passionnantes à suivre. Il faut dire que Duiker évolue au sein d'une armée et que la partie qui leur est consacrée est de loin la plus importante du roman en terme de taille. Il y a de quoi raconter et la tension dramatique y est à son comble.
Nous faisons un peu plus connaissance avec quelques personnages qui deviennent vraiment attachants. Quant à l'aventure, elle est toujours aussi présente dans cet opus et les près de 900 pages du livre se dévorent sans aucun souci.
Lien : http://aruthablog.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          30
Quel plaisir de continuer la chronique de cette grande saga que j'ai découverte cette année. le livre des Martyrs ou Malazan Book of the Fallen dans son titre original, est une décalogie écrite par Steven Erikson. Depuis 2018, Leha s'est lancé dans l'édition et la traduction de cette oeuvre après deux échecs de publication chez buchet Chastel et Calmann Levy, ce dernier avait d'ailleurs découpé le livre que je vais chroniquer aujourd'hui en deux parties. C'était un choix d'édition qui ne me paraît pas judicieux avec le recul tant cette histoire mérite d'être racontée en un seul tome. Pour ceux qui n'auraient pas entendu parler de la série, je vous renvoie à mon premier article sur le tome 1 Les jardins de la Lune. Cette fois-ci nous quittons le continent de Genabackis et laissons les personnages que nous connaissons bien, exceptés quelques-uns, pour rejoindre le continent de Sept-Cités où couve une rébellion.

Au départ, ce tome devait être le troisième mais il se trouve que Steven Erikson perdit la carte mémoire avec les 350 premières pages de Les souvenirs de la Glace suite directe des jardins de la Lune, qui devait être le deuxième tome de la saga. Il choisit donc d'abandonner ce projet et de se consacrer à la rédaction du tome suivant qui finalement deviendra le 2e : Les Portes de la Maison des Morts. Et quel choix judicieux dans la conception de la saga, car croiser les trames scénaristiques de son histoire aussi tôt dans la globalité de son récit crée une intensité émotionnelle qu'il n'aurait peut-être pas atteinte si Les souvenirs de la Glaces avait été le deuxième tome.
La structure du récit est peut-être plus facile à suivre que dans le premier tome. le style est assez différent du premier roman, peut-être est-ce dû à la traduction assurée cette fois par Nicolas Merrien, mais plus probablement parce que celui-ci a été écrit 8 ans après le premier et que le style de l'auteur a évolué. Nous allons suivre une fois de plus plusieurs groupes de personnages, amenés parfois à se retrouver en fin de volume. Je n'en ai pas parlé dans la chronique précédente mais les romans se découpent en plusieurs parties (Livre). Chacune va se centrer sur des événements bien précis.
Nous quittons donc Genabackis le continent du premier tome pour nous rendre en Sept-Cités, un continent sous l'emprise malazéenne dont nous avons entendu parler dans le premier tome. La rébellion gronde. Nouveaux décors, nouveaux personnages, nouveaux dramas, Steven Erikson nous régale comme toujours avec ses poèmes en début de chapitres qui, d'après la dernière interview que j'ai écouté, sont écrit avant le chapitre, une manière pour lui de placer le thème de ce dernier, et de se remémorer le but qu'il se fixe dans celui-ci. Car il le dit lui-même, il n'écrit aucune phrase au hasard. Chaque mot, chaque élément, est réfléchi. Et pour ceux qui pensent qu'il cherche une nouvelle idée à chaque nouveau tome et bien non, nous ne sommes pas comme dans certaines séries que l'on rallongent artificiellement pour le bénéfice financier à réaliser. On sent bien que le premier roman n'était finalement qu'une entrée en matière, la partie visible de l'iceberg, et, bien que chaque livre se suffise à lui-même, c'est à dire qu'ils ont chacun leur trame principale et leur dénouement, l'auteur nous incite à vouloir en savoir plus sur son univers. Quelles sont donc ces races fondatrices ? qu'ont-elles fait ? Qui sont les Ascendants ? et les Dieux d'où viennent-ils ? Les Ascendants et les Dieux sont-ils identiques ? Pourquoi Ombretrône et La Corde dans le tome précédent souhaitaient la mort de l'Impératrice? Autant de question qui vont trouver en partie réponse dans ce nouveau livre, bien sûr pas toutes, sinon ce serait trop facile et on le sait Steven Erikson déteste la facilité.
Nous allons donc suivre de nouveaux héros, comme Mapo et Icarium qui arpentent le monde depuis très longtemps. On sent qu'ils sont source de savoirs et en même temps, paradoxe incroyable, Icarium ne possède plus aucun souvenir de son passé. D'autres également comme Félisine la jeune soeur de Ganoes Paran, rencontré dans le premier tome, qui va malheureusement subir les conséquences de la politique malazéenne alors que Tavore sa soeur ainée vient de devenir l'adjointe de l'Impératrice. Félisine m'a personnellement tapé sur les nerfs les 3/4 du roman, mais je pense que c'est voulu par l'auteur. L'histoire de la jeune Paran prend de l'importance au fil des pages, et une chose est sûre, Erikson est sans complaisance avec ses personnages, encore moins pour ses lecteurs. A l'instar d'un GRR Martin, il n'hésite pas à prendre le contre-pied de ce que nous pensons être la suite logique. Cela est le cas avec cette partie du récit mais le sera d'autant plus avec le plus gros morceau de l'histoire de ce tome, j'y reviendrai plus tard.

Au crédit des personnages déjà connus, nous retrouvons Violain, Kalam, Crokus et Apsalar, seuls personnages issus du tome 1. Les anciens Brûleurs de Ponts ont décidé de ramener Apsalar, anciennement Mes Regrets, chez elle en Ikto Kan, Violain et Kalam, profitant juste du prétexte pour avoir une explication avec l'impératrice sur les événements qui se sont produits en Genabackis. Un vrai plaisir de retrouver l'assassin ancien membre de la Griffe, plus mortel et perspicace que jamais. Nous découvrons un peu plus Violain dans ce tome, alors que nous l'avions à peine croisé dans le premier, et il s'avère être un soldat plutôt astucieux. Seul Crokus au milieu de tout cela m'a paru un peu inutile, en amoureux transi. Mais avec Erikson toujours se méfier de ce que peuvent devenir les personnages…

Oh, Coltaine…

Evidemment à ce stade d'exposition on se demande bien comment l'auteur va réussir à nouer toutes ces ficelles, et comme si cela ne suffisait pas, il choisit de faire éclater la rébellion (grâce à un petit coup de pouce du destin) au beau milieu des vacances en Sept-Cités de nos Brûleurs de Ponts. Au coeur d'une ambiance arabisante que Prince of Persia n'aurait pas renié, Steven Erikson choisi alors de mettre en place le drame le plus puissant que je n'ai jamais lu : La Chaîne des Chiens de Coltaine et sa 7e Armée. Oh… Mon Dieu… Que dire sans vous spoiler? Tout d'abord que Calmann Levy lors de sa publication avait fait une sacrée erreur de séparer cette trame scénaristique du reste, car je pense que relié ainsi à l'histoire complète, l'émotion n'en est que plus grande. Un grand merci aux Editions Leha qui encore une fois fait les bons choix éditoriaux afin de respecter la qualité initiale du livre. La rébellion a poussé des milliers de réfugiés fidèles à l'Empire sur les routes et Coltaine le poing de la 7e Armée, doit effectuer une retraite de plusieurs centaines de kilomètre à travers le désert escortant les civiles. Voilà le pitch pourrait-on dire, or cela parait dès le début désespéré tant la distance à parcourir et la masse concernée sont grandes. Et pourtant chaque page qui passe, l'espoir s'allume, un espoir de fou que nous vivont au travers des yeux de l'historien impérial Duiker, membres du cortège, la mort est partout, les héros aussi, les légendes s'écrivent. Chaque chapitre qui passe loin de Coltaine et de sa Chaîne des Chiens, nous interroge, nous pousse en avant. Un récit d'une poignante émotion. le plan humain, comme l'aspect militaire, sont magnifiquement traités, la justesse des descriptions et des événements qui composent cette histoire sont tous simplement incroyables, jusqu'à la dernière ligne du livre. Je dois l'avouer, pour la première fois depuis une éternité, j'ai pleuré sur mon livre lors du dénouement et mon coeur sera à jamais au milieu de ces dernières pages du livre, avec la 7e Armée.

Le reste du livre est également d'une grande qualité et les révélations sont nombreuses, de celles qui vous laissent les yeux grands ouverts, la bouche en forme de O, et qui vous obligent à relire plusieurs fois le passage pour être sûr que vous ne rêvez pas. L'univers se met en place, toujours aussi lentement mais de façon implacable, l'auteur ne facilite toujours pas le travail, mais donne quelques pièces supplémentaires du puzzle. Et qu'il est gratifiant pour le lecteur de tenter de les assembler et parfois d'y parvenir, dévoilant un peu plus le délicat canevas tissé avec précision qui nous sert de toile de fond. Chaque révélation entraîne invariablement d'autres interrogations, mais n'est-ce pas ce que nous souhaitons quand nous lisons ? Nous questionner et tenter d'y apporter des réponses? Et en terme de réflexion, notamment d'ordre philosophique, Erikson n'est pas en reste. Son récit, bien qu'étant un monde de fiction est un excellent reflet de la complexité humaine, vu sous différentes facettes. Ici pas de noir ou de blanc, pas de bien ou mal, juste des personnages qui suivent leurs morales, leurs motivations, ou du moins qui essayent, pris dans un tourbillon de sable jaune aveuglant qui peut ressembler au destin…
Lien : https://latavernedonos.wordp..
Commenter  J’apprécie          30
Première vision du livre : sa couverture. Et de ce côté on est de nouveau servi de manière exceptionnelle par monsieur Simonetti qui s'arrange pour pondre une superbe couverture. Magique et pleinement en conformité avec l'image que je me faisait de la scène.

Scénario : contrairement à l'opus précédent, l'histoire va ici moins s'attacher à des groupes de personnages, mais plus à l'histoire d'un continent, Sept-Cités, et par là des différents groupes qui le parcourent pendant la rébellion de Sha'ik.
On va donc avoir un fil rouge bien plus conséquent, à savoir ici la rébellion de Sha'ik et la chaîne des Chiens de Coltaine, ainsi que les différents événements qui s'y raccrochent.

Côté histoire, c'est une histoire épique, une histoire tonitruante, une histoire à couper le souffle fait d'impossibles possibles en ode à la ténacité de l'Homme (pour le meilleur et pour le pire) qui nous est servie.

Des combats à couper le souffle, mais aussi des huis-clos psychologiques (ou psychotiques) et toujours, toujours, des histoires dans les histoires.
Les intrigues politiques, même si plus éloignées et moins au centre du récit, restent présentes et apportent leurs lots de stratégies à tiroirs et de traîtrises qui jaillissent à point nommé à l'encontre des différents partis.

Et toujours, le plaisir de voir remettre en question des scènes vécues plus tôt... et ouvrir des possibilités immenses. Sans parler des remises en question de fond qui apparaissent au fil des pages.
Ni de ce qu'il fournit pour échafauder des hypothèses pour le futur... Qui seront probablement battues en brèche... mais pas sûr.

Côté personnages, même si on reste sur un grand casting, le nombre de personnages significatifs diminue un peu par rapport au premier tome d'une part, mais surtout se recentrent par thématique du récit. Appréhender qui est qui est donc beaucoup plus facile.

Pour le coup, on va avoir plusieurs groupes principaux à suivre :

Coltaine, les Wickiens et la 7ème dans leur périple maudit : Vous cherchiez de l'épique ? Coltaine va vous en remontrer. Lui, ses clans, son armée et Druiker l'Historien impérial vont redéfinir la signification des mots « sacrifice » et « devoir », sans parler de l'humour caustique associée aux différents protagonistes.
Et pour le coup, si vous aviez du mal à vous attacher à des personnages avant, je gage que la 7ème saura compenser les faiblesse de l'armée de Dujek sur le sujet.

Félisine, Héboric et Baudin - le trio improbable : Prisonniers des mines d'Otataral, chacun pour des raisons qui leur sont propres, chacun à la recherche d'un objectif qui lui est propre. Les suivre c'est voir l'évolution psychologique de ces 3 compagnons qui ne se sont pas choisis et qui, pour survivre, devront apprendre à... S'entraider ? Non pas vraiment... À ne pas s'entre-tuer peut-être pour commencer.

Les Brûleurs de Pont : Une partie de l'escouade est de la partie avec Violain (le sapeur) et Kalam (l'assassin) qui sont partis accompagner Apsalar - anciennement Mes Regrets, fille de pêcheur utilisée par Cotillon / La Corde, le dieu des assassins - à la recherche de son père, le tout accompagné du jeune Crockus - voleur et aussi amoureux d'Apsalar.
On notera que pour aucun des Brûleurs de Pont, cette balade ne semble facile et que les pièges du passé les guettent, Violain ayant fait parti de ceux qui ont conquis le continent par le passé, tandis que Kalam en est originaire avant d'intégrer les Brûleurs de Ponts. Je vous laisse donc imaginer qu'ils n'accompagnent sûrement pas Aspalar par pur altruisme.

Mappo le Trell et Icarium le demi Jaghut : Sans doute le couple de personnage qui m'a fait le plus vibrer. le mystère qui plane sur leur destiné se dévoile au fur et à mesure de leur périple, et le déchirement qui entache leur amitié est un supplice qui n'a d'équivalent en amertume que la force de leurs liens d'amitié et la durée de leur vagabondage.

Le Saint-désert Raraku car au final, n'est-il pas le point central de toutes les histoires qui sont contées ? N'est-il pas celui qu'on découvre au fur et à mesure des périples de chacun ?
Un désert que le récit rend presque aussi complexe qu'une personnage à part entière... Avec un passé tout aussi riche.

Comme pour le premier opus, on croise de jeunes innocents en devenir, mais aussi des vieux briscards brisés par la vie, des jeunes que la vie brise dès le départ, et des vieux briscards qui se redécouvrent une vie.
Chacun des personnages dépeints ont leur propre motivation, leur propre psyché, leurs propres démons et part d'ombre.
Le manichéisme n'existe pas. Nul n'est méchant ou gentil par essence. Mais chacun cherche quelque chose à assouvir.
Et c'est l'assemblage de toutes ces motivations, qui vont dans le même sens ou qui s'affrontent, qui donne un aspect si grandiose à cet opus.

Côté univers, toujours aussi grandiose, toujours aussi bien décrit... et jamais fourni avec le mode opératoire. Au lecteur d'assembler les éléments, de convertir les bribes éparses pour construire le puzzle de ce background grandiose et qui ne fait que s'agrandir.

On notera aussi qu'en plus de s'étoffer, ce background se précise, car on y découvre des éléments qui viennent préciser des éléments introduits précédemment, ou au contraire complexifier ce qui semblait être relativement simple.

Au final, ce tome manie l'épique avec maestria. Je ne crois pas avoir encore croisé de livre de Fantasy m'ayant fait ressentir cela comme ça.
Ce tome est moins difficile d'accès que le premier opus, sans toutefois en venir à vous prendre par la main, ce n'est clairement pas le style de l'auteur.
Il est épique certes, mais il n'en reste pas moins au lecteur de réfléchir et d'assembler par lui même les éléments de complément de l'univers d'une part, mais aussi des différentes intrigues qui émergent ça et là.

Complexe, riche, et ô combien bien construit. Qu'attendez-vous pour succomber ?

Chronique complète sur : https://plume-etoiles.blogspot.com/2019/06/livre-des-martyrs--T02--Portes-de-la-maison-des-morts--Steven-Erikson.html
Lien : https://plume-etoiles.blogsp..
Commenter  J’apprécie          33
Changement de décor pour ce tome 2, puisque nous embarquons en Sept-Cités, continent plus méridional que Genabackis. On y trouve un grand nombre de tribus, toutes éparpillées à travers différents déserts, et l'occasion leur est donnée de se réunir sous un seul pavillon afin de se rebeller contre l'empire Malazéen. le Tourbillon va s'élever du Saint-Désert de Raraku et Sha'ik va guider l'Apocalypse.

Ayant des différents à régler avec l'impératrice elle-même, Kalam, le Brûleur de Ponts, va devoir traverser Sept-Cités pour atteindre Malaz, la capitale de l'empire. D'un autre côté, Violain, autre Brûleur de Ponts entame aussi un périple en compagnie d'Apsalar, la jeune femme possédée par Cotillon, le patron des assassins dans le tome 1 et de Crokus, le jeune voleur, épris d'Apsalar. Leur route va croiser celle de deux êtres légendaires : Icarium, vagabong de demi-sang Jaghut, qui a perdu la mémoire et Mappo le Trell, son fidèle compagnon.
Nous suivons également la descente aux enfers de Félisine, soeur de Tavore, la nouvelle adjointe de l'impératrice Laseen. Tavore elle-même va exiler sa soeur dans les mines d'Otataral, où Félisine va s'adapter, embrasser complètement le fatalisme de sa situation et tomber dans le cynisme le plus noir. Elle va côtoyer Héboric, ancien historien de l'empire, ancien prêtre du culte de Fener. Culte qu'il a renié.
Puis c'est avec Coltaine, Poing de la 7ème armée de l'empire et ancien renégat, que nous partirons dans une course folle et désespérée à travers les contrées arides de Sept-Cités. Lui et son armée trimballent un lourd fardeau, des milliers de réfugiés qui n'ont que cet homme fier et taciturne pour tenter de survivre. Leur périple est raconté du point de vue de l'historien de l'empire et ancien soldat, Duiker.

La lecture de ce tome se révèle plus fluide que celle du premier, mais non moins exigeante.
Le périple de Coltaine, laborieux et désespéré, est jonché de batailles, de morts, mais aussi d'actes de bravoure. Hommes, femmes et enfants réfugiés sont coincés entre la bêtise des représentants aristocratiques et la rude gouvernance de Coltaine. Duiker, à la fois acteur et spectateur de cette débâcle, confronte son humanisme à ces conditions extrêmes.
Les Garennes sont très utilisées dans ce tome, et Steven Erikson prend un malin plaisir à nous déstabiliser quand ses personnages empruntent ces portails dimensionnels (le mage Kulp est bien dépassé par moments !). On rentre dans des mondes uniques, difficilement concevables et seuls des êtres légendaires ou des dieux s'y baladent en toute quiétude. L'étrange et le fantastique pullulent quand l'auteur nous raconte brièvement le déclin de civilisations millénaires, quand il fait intervenir les D'ivers et les Solipris, des "changeurs de forme" alléchés par l'ascendance, l'accession au pouvoir divin. L'horreur est de mise, avec de purs moments de dark fantasy où le destin des humains sombre sous une couche putride d'insectes hématophages et où les créatures les plus abjectes vous dévorent en un clin d'oeil !

Les péripéties des différents groupes de protagonistes sont plus faciles à suivre que dans le premier tome et on lit avec un plaisir coupable les avancées tumultueuses des uns et des autres. L'univers s'étoffe encore davantage et le récit gagne en profondeur. On réfléchit, on s'émerveille et on déguste !

Commenter  J’apprécie          30
Une sacrée brique que j'ai savourée

Je n'ai pas beaucoup plus de choses à dire que ce que j'avais écrit sur le tome 1 mais je tenais à rappeler que je trouve cette saga est vraiment géniale et mérite d'être lue et enfin publié jusqu'au bout.
Ça continue à se complexifier mais on est bien dans cet univers. On ne sait pas où on va ni avec quel personnage mais on y va et ça c'est gage d'univers réussi.
Juste un point : Félisine qu'elle m'agace bon sang. Mais j'ai adoré voir mon opinion changé à son sujet au fur et à mesure. Autant on voit souvent un personnage qui rebute au départ qui fini par être attachant autant l'inverse n'est pas fréquent et là c'est bien le cas.
Commenter  J’apprécie          20
Les portes de la maison des morts a été mon coup de coeur de l'année! le premier tome était déjà très bien, mais plus difficile d'accès car l'auteur nous plonge dans le monde sans rien expliquer et il y a un aspect un peu confu a la lecture. Je n'ai pas eu ce ressenti à la lecture des Portes. L'arc narratif de l'historien Duiker est tout simplement génial, on ressent très bien le côté désespérée et l'urgence de la situation. Les autre arcs narratifs sont eux aussi très bien ficelé, les personnages sont très travaillé, leurs psychologie est mis de l'avant et ça en fait de véritable personnages et non pas de simple figurants. C'est une fantasy épique,mais c'est tout de même très original, cela ne ressemble à rien de ce que j'ai lu à venir jusqu'à maintenant. Point de jeune élu en apprentissage de la vie. Il n'y a pas de «héro» tous les personnages sont les héros de leurs propres histoires. le manichéisme est lui aussi absent, tous les personnages ont des qualité et des défauts, ils commettes tous des actes «répréhensible» et aussi des gestes de compassion et d'altruisme. de plus, l'auteur ne noie pas le lecteur dans des descriptions interminable de l'univers, il va a l'essentiel et on découvre l'univers petit à petit au fil des tomes. C'est très épique,l'arc narratif de,Duiker aurait pu facilement faire figure de final pour une conclusion de cycle tellement c'est prenant et spectaculaire et on en est seulement au tome deux c'est dire! le problème, en ce qui me concerne, est que depuis la lecture de ce livre, je peine à retrouver le même enthousiasme et le même plaisir de lecture à d'autre oeuvres de fantasy! Tout me paraît bien fade comparer à ce monument! Il y a eu une critique dans Bifrost qui était assez virulente à propos de la traduction qui apparemment frainerais la lecture. Il n'en est rien,même si elle n'est pas exempte de défauts,( mineurs) elle est tout de même bien supérieur à celle de calman Lévy. J'ai lu les deux traduction a intervalles rapproché donc je suis en mesure de comparé les deux et la traduction de Leha est beaucoup plus fluide et compréhensible que celle de calman Lévy. À tous les amateurs de fantasy épique, cette oeuvre surpasse la roue du temps de Jordan et mêmes les archives de Roshar de Sanderson. C'est une véritable bombe littéraire, le livre des Martyrs est à la fantasy ce que Dune et Hyperion sont à la SF! Un pur chef d'oeuvre!
Commenter  J’apprécie          20
Les Portes de la Maison des Morts démontre à lui seul que le Livre des Martyrs de Steven Erikson est une oeuvre immense de la Fantasy, tant en termes de qualités que de quantité. Si vous avez aimé Les Jardins de la Lune, jetez-vous dessus, et s'il ne vous avait pas convaincu, laissez une chance à ce roman. L'auteur développe son univers et mène son intrigue de manière magistrale en lui donnant un souffle épique et tragique rien qu'à travers la marche de Coltaine ou le périple des Brûleurs de Pont.
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (704) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2553 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}