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3,78

sur 268 notes
Ma mère a été atteinte de la maladie d'Alzheimer au début des années 80...
Un livre brutal, où l'humanité des personnes est mise à mal par la maladie mais aussi par les situations et les sentiments contradictoires qui s'entrechoquent dans l'esprit de l'auteur.
Un livre dur, qui heurte l'intimité des personnes, et qui ne correspond qu'à la vérité de l'auteur.
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Maladie d'Alzheimer, vieillesse, mère.
"Je ne suis pas sortie de ma nuit": dernière phrase que sa maman a écrit. Sa mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer, Annie Ernaux est obligé de la mettre en Ehpad; ce sont 3 années de prise de notes lors de ses visites à l'Ehpad.
Ce sont des phrases brutes, douloureuses sur ce que l'autrice voit, vit. Et les souvenirs...
C'est la déchéance, ce sont des faits terribles: une hygiène déplorable ( elle se fait pipi dessus, des excréments au sol), des cris , des couches, des odeurs. La culpabilité sans pouvoir agir et puis les mots qui ne seront jamais dits.
Un ouvrage fort, perturbant. le début du deuil, la solitude.
Touchant.
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Témoignage bouleversant autobiographique d'Annie Ernaux sur sa mère.
L'auteure tient une sorte de journal de bord, un journal des visites rendues à sa mère à l'hôpital durant ses dernières années, alors qu'elle était malade d'Alzheimer.
Elle relate avec des mots forts, violents, émouvants ces jours qui ne se ressemblent jamais, étant donné que l'attitude de sa mère et de ses camarades résidents pouvait passer du noir au blanc du jour au lendemain.
L'odeur d'excréments environnante dès la sortie de l'ascenseur, les pertes de mémoire sur l'identité de sa fille, ou sur des évènements de sa vie passée, la déchéance de son corps au fur et à mesure du temps qui passe, la culpabilité d'Annie Ernaux qui a dû se résigner à laisser sa mère entre les mains du personnel hospitalier car elle ne pouvait plus s'occuper de sa mère chez elle, les souvenirs d'enfance qui ressurgissent incluant beaucoup de traumatismes.
Tout cela constitue ce livre, ce journal écrit par une fille sur sa mère.
C'est le moment où la réalité bascule, où le parent qui nous a éduqué fait inverser les rôles et nous fait devenir son parent, faisant oublier l'enfant.

"D'une certaine façon, ce journal des visites me conduisait vers la mort de ma mère."
Phrase qui donne des frissons quand on a terminé le livre et que les dernières pages évoquent la mort de sa mère et le début du deuil si difficile.

On ne peut qu'être touché à la lecture de ce livre qui est inclassable, d'autant plus que le titre choisi est la dernière phrase écrite par la mère de l'auteure dans une lettre.
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Livre proposé par notre club de lecture pour le mois de novembre. Difficile de discuter de la maladie d'Alzheimer et des proches, surtout quand chacun de nous ou presque a été confronté à la maladie d'un proche et aux difficultés à concilier sa vie professionnelle et familiale au statut d'aidant d'une personne gravement malade.
Annie Ernaux décrit magnifiquement la difficulté de devenir le parent de son parent qui retombe en enfance.
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Dans"Je ne suis pas sortie de ma nuit", Annie Ernaux a tenu un journal de bord pour mettre en mots les trois dernières années de la vie de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer.Dans son style très particulier, s'attachant aux faits , au constat de l'évolution de la maladie, l'auteur arrive à donner une valeur universelle à sa propre histoire.Les difficultés du début à reconnaître la maladie, la perte progressive de l'autonomie jusqu'à la mort sont bien décrites ainsi que l'ambivalence des sentiments: le déni, la terreur et l'effarement, la colère. Dans toutes ces phases de sentiments, le lecteur pourra facilement se reconnaître si'il a été confronté à la maladie de ses parents.
"A chaque fois que j'arrive, j'ai du mal à la reconnaître, son visage n'ai jamais le même, aujourd'hui la bouche tirée vers la droite." La force de ce texte est le constat impitoyable de cette déchéance qui montre que sans les facultés intellectuelles, l'être est réduit à un corps, une simple enveloppe charnelle.Un fait, un détail, une situation suffit à nous transporter dans le quotidien des soignants qui accompagnent ces malades.
Un témoignage bouleversant !
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Terrible maladie d'Alzheimer!!! Mélange de déchéance, de tristesse, d'amour filiale plus fort que tout. Histoire qui à peine écrite nous donne tous les détails a venir, pas de suspens, pas d'éclaircies, pas de rémission, juste la recherche d'un accompagnement le plus beau possible. Voilà tout ce que ce petit « carnet de notes » nous donne sans pudeur mais avec amour écrit sur chaque page!
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"Je ne suis pas sortie de ma nuit" est la dernière phrase que la maman d'Annie Ernaux a écrit avant son décès survenu le 7 avril 1986.

Ce livre couvre deux ans et demi de leur vie, de 1984 à 1986.

C'est le journal des visites que fait l'autrice à sa mère à l'hôpital.

"Quand j'écrivais sur elle après les visites, est-ce que ce n'était pas pour retenir la vie?"

Sa mère était atteinte de la maladie d'Alzheimer.

"Elle était à nouveau un enfant mais elle ne grandirait pas."

Avec beaucoup d'émotions, Annie accompagne sa mère dans la fin de sa vie, elle doit accepter sa régression, accepter de la voir perdre une à une ses facultés, accepter de l'avoir déjà perdue, non sans colère parfois, avec beaucoup de tristesse surtout. 

Annie revient sur leur vie de famille, les souvenirs, les phrases que sa mère disait, ce qu'Annie faisait enfant dans telle ou telle situation et que sa mère fait à présent dans la vieillesse, quand elle perd ses repères. 

Ce livre est bouleversant !!! 

"Je suis allée la chercher à Us. Elle est définitivement au service de gériatrie de Pontoise. Elle se promène peut-être pour la dernière fois en voiture, elle ne le sait pas. Quand nous arrivons dans la cour de l'hôpital, son visage se défait. Je comprends qu'elle croyait revenir chez moi. Sa chambre est maintenant au troisième étage. Un cercle de femmes nous entoure, elles tutoient ma mère. «Tu vas être avec nous?» On dirait des gamines avec une « nouvelle » à l'école. Quand je pars, elle me regarde d'un air perdu, affolé : «Tu t'en vas? »
 Tout est renversé, maintenant, elle est ma petite fille. Je ne PEUX pas être sa mère."
Page 29
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« Je ne suis pas sortie de ma nuit » Annie Ernaux (Folio 110p)
Près de trois ans de prises de notes, des lignes sans retouche, à propos de la déchéance de sa mère qui, sombrant dans la maladie d'Alzheimer, est hospitalisée en EHPAD jusqu'à sa mort. le très beau titre reprend la dernière phrase que la vieille femme a été capable d'écrire.
Qu'est-ce que ce livre ? Je ne sais pas trop, mais est-ce vraiment nécessaire de chercher à le coller dans une case ? Dans une sorte de prologue, postérieur de bien des années à la période de prise de notes telles qu'elles sont éditées ici, l'autrice (puisqu'après avoir revendiqué pendant des décennies le titre d'auteur, Annie Ernaux a déclaré il y a peu s'être trompée et a choisi de se faire désormais nommer au féminin recomposé) nous dit surtout et d'abord ce qu'il n'est pas : « En aucun cas, on ne lira ces pages comme un témoignage objectif sur le ‘long séjour' en maison de retraite, encore moins comme une dénonciation (les soignantes étaient, dans leur majorité, d'un dévouement attentif) », avant de le qualifier de « seulement comme le résidu d'une douleur. »
Pourtant, c'est d'abord pour ce qu'il n'a pas la prétention d'être que je l'ai apprécié. La dénonciation des conditions de vie dans un établissement gériatrique qui doit ressembler à beaucoup d'autres n'a pas besoin d'être explicite ni de prendre le ton de la déclamation révoltée, les faits si quotidiens simplement cités sans commentaires se suffisent : indifférence face à la perte des objets personnels (lunettes, dentier), des heures dans des couches souillées, une forme de promiscuité agressive…
Les odeurs écoeurantes d'urine ou de selles (que A.E. retrouve parfois dans le tiroir de la table de nuit), prennent le lecteur à la gorge, la perte de toute forme de pudeur et l'exhibition des corps abimés bouleversent, la crudité des descriptions est la force première de ce livre au point que : « Je me dis brusquement qu'au train où va le monde, dans vingt, cinquante ans, on ne gardera pas vivants des êtres comme ma mère. Je ne sais pas juger une telle éventualité, son bien-fondé ou non. »
Mais oui, aussi, l'expression page après page de la douleur intime d'une femme perdant sa mère aimée et parfois haïe depuis si longtemps est très émouvante. le terme de culpabilité revient sans arrêt, page après page. On ne peut pas dire que c'est « bien écrit », en fait, ce n'est pas écrit, c'est crié, gémi. Ce n'est pas un texte construit, mais des éclats mis bout à bout. Très souvent les phrases ne sont pas terminées, il n'y pas le temps de l'écriture posée, réfléchie, pas même une pensée qui file, seulement des écorchures, des souvenirs qui surgissent, des pleurs qui s'imposent, une souffrance présente à chaque page…
« J'ai partout cherché l'amour de ma mère dans le monde. Ce n'est pas de la littérature ce que j'écris. » Qu'est-ce que ce livre ? Je ne sais pas, mais le très particulier n'est-il pas la meilleure manière de frôler le plus commun, ce qui nous concerne tous ?

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1984, la mère d'Annie Ernaux doit être placée dans une maison médicalisée. Atteinte de la maladie d'Alzeihmer, elle périclite à grande vitesse. Au fur et à mesure de ses visites, Annie Ernaux écrit. Pendant 2 ans, elle assiste à la déchéance de sa mère. Pendant 2 ans, elle préfère sa mère folle que morte.
Si ce livre est un livre d'amour, il n'empêche qu'il s'agit davantage de matériau pour le livre "une femme".
Ces petits papiers ne font pas un livre.
Quand on aime Annie Ernaux, on est passionné par sa démarche et son travail. Alors, on peut apprécier ce livre.
Sinon, on se sent mal, pas à notre place, sorte de voyeur plus que lecteur.
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🌑 « « Je ne suis pas sortie de ma nuit » est la dernière phrase que ma mère a écrite. »
(P.13)

Annie Ernaux a 44 ans lorsqu'elle est confrontée à la maladie d'Alzheimer, dont sa mère est atteinte. Consciente de la gravité de la pathologie, démunie face à cette mère jadis si forte, elle décide de collecter dans un carnet des moments clés, des instants d'une banalité insignifiante, le quotidien d'une femme dont la vie s'échappe petit à petit…

🌑 « J'ai peur qu'elle meure. Je la préfère folle. »
(P.20)

L'angoisse. La peur. Les pages de ce récit en sont habitées. Annie Ernaux livre sans réfléchir, sans embellir, sans enlaidir : elle ne veut dire que la vérité, sa vérité, la maladie qui emporte, qui déstabilise et avilit, la déflagration à l'intérieur, la force qu'il faut pour tenir le cap, ne pas flancher.

🌑 « Son menton est tombant, sa bouche est ouverte. Jamais je n'ai éprouvé autant de culpabilité, il me semblait que c'était moi qui l'avais conduite dans cet état. »
(P.65)

A tous ces sentiments contraires s'ajoute la culpabilité : celle de ne pas pouvoir être là, tous les jours, de devoir « abandonner » sa mère à des inconnus, des étrangers qui l'abandonnent à leur tour à son sort, et qui accélèrent sa chute. Pourtant femme, la mère redevient un enfant fragile, insouciant, résigné.

🌑 « Je ne sais pas si c'est un travail de vie ou de mort que je suis en train de faire. »
(P.99)

S'agit-il de littérature ? Pourquoi rédiger ces mots, dépourvus de toute mise en beauté, sinon pour consigner la peine, une thérapie nécessaire, le besoin de s'accrocher à la vie et un jour, plus tard, se souvenir qu'elle existait, que malgré la maladie, malgré la déchéance, cette femme était vivante, elle vivait, se souvenait, riait, pleurait. Elle était là.

🌑 « Quand j'écrivais sur elle après les visites, est-ce que ce n'était pas pour retenir la vie ? »
(P.110)
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