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sur 268 notes
Ce ne sont que des mots mais des mots justes. Tous ceux et celles qui ont été confrontés à la fin de vie d'un proche se reconnaissent dans "Je ne suis pas sortie de ma nuit". le sujet est triste mais nous ne pouvons pas détourner notre regard des situations qui nous dérangent. Annie ERNAUX met des mots sur les situations de fin de vie. Cela peut nous apaiser en nous disant que tous ceux qui ont été confrontés à une fin de vie ont connu les mêmes choses que nous. Un livre dans lequel je me suis reconnu. Il apporte de la rêflexion et de la sérénité.
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Un livre en appelant un autre, j'ai emprunté celui-ci à la médiathèque. On ne peut pas parler de roman puisque c'est un écrit fragmentaire même s'il regroupe les notes prises par l'auteur autour d'une même thématique : la vieillesse de sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Annie Ernaux analyse ses réactions et ses sentiments vis-à-vis de sa mère et de son environnement hospitalier.
Il faudrait que je lise "Une femme" pour le portrait de sa mère plus jeune.
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Livre coup de poing sur la perte d'une mère à cause de la maladie d'Alzeihmer. Retrouvant des émotions, des sensations, que je vis actuellement avec la démence sénile qui s'installe peu à peu chez ma mère (sautes d'humeur, pertes de mémoire à court terme, mélange de la réalité et d'imagination, etc), ce roman a été pour moi une montagne russe émotionnelle. J'ai fini en larmes (ceux à qui je le passe aussi), mais cela fait du bien que d'autres passent par les mêmes "rites" lors de la vieillesse de leurs parents. A lire absolument (quand on a le moral...).
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« Quand je revenais de mes visites, il fallait que j'écrive sur elle, son corps, ses paroles, le lieu où elle se trouvait »

C'est donc ce « carnet » intime d'Annie Ernaux que je viens de lire ; Les dernier mois de sa mère, malade de l'Alzheimer, placée en maison spécialisée à Pontoise.
Ses visites sont rythmées par les soins qu'elle doit donner à sa mère ; lui couper les ongles, la raser, la changer… et les paroles cinglantes qu'elle doit entendre et subir de la part de la pauvre femme qui perd les pédales…

Dans la poursuite de ma découverte de l'oeuvre d'Annie Ernaux, dont je suis devenue une inconditionnelle, j'ai lu ce court roman… un condensé de souffrances mais aussi de souvenirs et d'amour.

Je ne suis pas sortie de ma nuit… C'est la dernière phrase que la maman d'Annie a écrite dans une lettre à une amie…

Annie a tenu ce journal de 1984 à 1986, date de la mort de sa mère. Et c'est 10 ans plus tard qu'elle le publiera.

L'Alzheimer, la dégradation, la dépendance, les derniers jours… C'est difficile, douloureux à lire. La mémoire flanche, le corps se détériore…
L'autrice va droit au but, sans ménagement, sans paillettes autour… Récit cru, parfois brutal… mais tel qu'est la réalité.
Et c'est tout ce que j'aime chez l'écrivaine, elle ne ment pas, ne surjoue pas.
Elle me touche beaucoup
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Un coup de poing au coeur avec ce livre très court mais tellement dense. Je n'aurais jamais pu le lire avant et pendant la maladie de maman. Je peux maintenant, 2 ans après son décès. Elle n'a pas eu alzheimer comme celle d'Annie Ernaux, mais j'ai retrouvé tellement de points communs ! Alors attention, c'est très très dur, voir insoutenable et pourtant, c'est la vérité crue des tripes.
Alors, oui, il faut s'attendre à ce que nos parents redeviennent des enfants, qu'ils perdent toute pudeur, mangent avec les doigts, n'ont plus de retenue physique, mélangent tout et aient parfois des propos violents .
C'est difficile et pourtant, il faut être là, ils attendent notre visite et qu'au fin fond de leur conscience, ils ont besoin de nous.
Remontée des souvenirs d'enfance, bouillie du temps qui n'a plus de logique et la peur de les perdre, tout en étant parfois tellement en colère de les voir ainsi.
Je ne sais pas si l'on peut aimer ce livre sans avoir vécu ce passage, sans doute, mais là, j'ai revécu cette période si douloureuse mais aussi formatrice parce ce forcément, je ne pourrais pas aborder ma vieillesse de la même façon, j'y suis quelque part préparée même si mémoire m'aura fait oublier ces souvenirs aussi.
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La Feuille Volante n°1074 – Octobre 2016
« Je ne suis pas sortie de ma nuit » – Annie Ernaux – Gallimard.

« Je ne suis pas sortie de ma nuit » est la dernière phrase que ma mère a écrite ». Ce sont les premiers mots de ce court texte qui est avant tout un témoignage émouvant de l'auteure sur les dernières années de sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer.
L'auteure indique d'emblée qu'elle culpabilise d'écrire sur sa mère comme si elle était morte et aussi de la faire revivre jeune, par l'entremise de l'écriture. Cette culpabilité se renforce encore quand elle commence à se débarrasser de ses affaires alors qu'elle est encore vivante parce que c'est un geste que l'on fait seulement quand la personne est décédée. C'est un peu anticiper sa disparition, même si celle-ci est inévitable. Ne pas avoir pu la garder chez elle est aussi pour elle une source de malaise intime. Au départ elle l'a effectivement accueillie mais sa démarche n'a pu perdurer, puis ce fut l'hôpital et la maison de retraite, autant d'étapes dans cette lente descente vers le néant que certes elle accompagne comme elle le peut, avec dévouement, patience, détermination, lui change ses couches, lui rase le visage, accompagne ses propos désordonnés qui prennent de plus en plus leur source dans une mémoire perturbée par le temps et les rêves qu'elle fait. Elle finit même par s'habituer à sa déchéance, à ce parcours sans retour dans la « déshumanité ». En plaçant, par force, sa mère dans ces établissements, elle l'a mise dans un microcosme social reconstitué où là aussi les forts dominent les faibles, le tout dans des odeurs de pisse et de merde, comme elle le dit elle-même. Dans cette ambiance dégradante, c'est peut-être une consolation pour elle de voir sa mère adopter une position de solitaire. le plus difficile pour l'auteure est sûrement que sa mère a sur elle un effet miroir : non seulement elle se voit en elle comme elle sera elle-même dans sa vieillesse mais cette promiscuité avec sa mère fait remonter à la surface de sa propre mémoire des souvenirs personnels désagréables de sa vie liée à cette femme. A travers ses propos et ses gestes parfois violents, elle la revoit comme elle l'a toujours connue, une « mauvaise mère », brutale et inflexible dont elle s'occupe néanmoins maintenant avec soin. Les images délétères dont elle est le témoin dans cet établissement lui en rappellent d'autres de son enfance. C'est un peu comme si la perte de mémoire dont est victime sa mère ravivait la sienne. Dès lors, le temps qu'elle croyait perdu ou qu'elle avait oublié revient, lui faisant prendre conscience qu'elle s'inscrit dans la chaîne de la vie, dans la fuite inexorable des années et qu'elle est tout simplement mortelle, elle-même usufruitière de sa propre existence. Elle enrage de la voir de jour en jour devenir une femme sans mémoire, alors que la sienne se peuple de plus en plus de souvenirs de sa vie antérieure sans qu'elle soit capable de maîtriser ce phénomène. Assister impuissante à cette lente descente vers l'inconscience et la puérilité est désarmant. Sa culpabilité augmente encore quand elle fait à ses fils la relation de ses visites à sa mère dont les réactions, les remarques portent à rire. C'est, une façon inconsciente peut-être d'exorciser la douleur de ces situations mais elle s'accuse intérieurement de ne pas l'avoir assez aidé « à traverser sa nuit ». Que dire dès lors de sa volonté de voir finir cette épreuve devant l'incapacité qui est la sienne de ne pouvoir la vaincre que par la mort de cette femme pour qui elle ne peut plus rien que de la regarder se dégrader de jour en jour. Pourtant quand elle meurt, l'auteur confie « Je la préférais folle que morte », comme si cette habitude de la voir ainsi avancer vers le trépas était finalement plus supportable que l'absence et ce même si on tente de se rassurer en voyant dans cette issue fatale une délivrance, comme si ces visites étaient devenues avec le temps un rituel que rien ne pouvait bousculer. le plus étonnant sans doute c'est que cette mère qui jadis avait été violente et qui n'admettait comme seule explication du monde que celle de la religion n'en parle pas, oublie ce qui pour elle aurait pu être une consolation.
A travers un éphéméride haché, elle confie au lecteur « Écrire sur sa mère pose forcément le problème de l'écriture », ou bien encore « Vieillir c'est se décolorer, être transparent », «La mort c'est l'absence de voix par dessus tout », « Exister, c'est être caressé, touché », autant d'aphorismes qui sont rédigés avec une brièveté sèche où je choisis de lire un réel désarroi face à l'inéluctable.
Ces pages sont l'invite à la fois à la réflexion, la constatation abrupte dans le simple domaine de la vie, de son déroulement et surtout de sa fin. Elle pose à nouveau le problème de l'écriture de ce qu'elle voit dans cet établissement, doit-elle faire acte de témoignage ou au contraire s'abstenir, mais l'écriture c'est aussi la vie ! Annie Ernaux a fait de sa propre vie la source de son écriture, délaissant du même coup la fiction qui est le domaine de l'imaginaire. Même si ici, elle choisit de parler de sa mère et de son histoire, de son vécu, cette démarche me paraît en effet authentique même si, à bien des occasions et pour autant que je puisse en juger, sa façon de s'exprimer repousse les limites de l'intime voire de la pruderie. Cela donne parfois les confidences qui chez d'autres écrivains restent du domaine du secret. Pour autant, elle avoue à son lecteur que ces mots même s'ils conservent le souvenir n'en sont pas moins impossibles à formuler parfois et souvent même à relire. Son style, fluide et agréable à lire, poétique parfois, est ainsi agrémenté de mots crus et tout à fait évocateurs dans leur simplicité et dans leur réalité. Cela ne me gêne pas et explorer ses livres est souvent pour moi un bon moment de lecture.
© Hervé GAUTIER – Octobre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Un ressenti très négatif de ma part à la lecture de ce journal qui selon moi n'aurai jamais dû sortir de son tiroir. Quelle complaisance envers soi même, quelle horrible distanciation. On a envie de dire c'est tout, rien que cela ? Je vous invite à lire le témoignage de Simone de Beauvoir "Une mort très douce " et son essai "La vieillesse", et plus que tout je vous engage à lire "Mort d'un personnage" de Jean Giono, tout le chapitre V. Il est pétri d'un humanisme d'une compassion qui embuera vos yeux.
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Au départ, un simple accident de la circulation. Une femme, fauchée par une voiture qui a grillé un feu rouge. Un accident à priori sans conséquence. Au cours de l'été 1983, au plus fort de la canicule, la mère d'Annie Ernaux fait pourtant un malaise et est immédiatement hospitalisée. Les médecins et la famille de la patiente découvrent alors qu'elle ne s'est plus alimentée depuis plusieurs jours. Un unique paquet de sucres occupe son frigidaire. Sa fille la prend alors en charge chez elle, à Cergy. Mais la mémoire de sa mère se détériore de plus en plus et son médecin décide de la faire transporter à l'hôpital de Pontoise où elle décèdera d'une embolie en avril 1986, à l'âge de 79 ans. Sa maladie a un nom : Alzheimer.
« Je ne suis pas sortie de ma nuit » sont les derniers mots écrits par la mère d'Annie Ernaux. Ils disent tout le mal être d'une femme à l'aube de sa maladie et symbolisent le long et douloureux parcours qui s'annonce pour la malade et ses proches. « Je ne suis pas sortie de ma nuit » n'est pas un roman qui a été pensé, ce sont des notes écrites sur le vif, « dans la stupeur et le bouleversement ». On découvre, au fil des pages, l'évolution de la maladie et ses conséquences. Les premiers changements commencent à apparaître durant le séjour à Cergy : « Elle est devenue une femme égarée, parcourant la maison en tous sens ou demeurant assise des heures sur les marches de l'escalier du couloir. » (p.10), « les choses lui échappent » (p.15) le constat est douloureux pour Annie qui assiste à la lente dégradation de l'état de santé de sa mère : elle n'est plus que l'ombre d'elle-même, elle passe de longs moments assise sur sa chaise, comme prostrée. Elle est incapable de dire son âge, enfile deux soutiens-gorge l'un par-dessus l'autre, ne reconnaît pas Philippe, son beau fils, et confond les pièces. Elle commence aussi à parler seule et ne veut rien avaler d'autre que des petits-suisses et des sucreries. Les rôles s'inversent peu à peu mais pour Annie Ernaux, malgré la douleur, l'envie de voir sa mère en vie est la plus forte : « J'ai peur qu'elle meurt, je la préfère folle. » (p.20) A l'hôpital ou dans la maison de retraite où sa mère sera placée, ce que l'auteure voit, les détresses qu'elle croise, sont « au-delà de la tristesse ». « Je ne suis pas sortie de ma nuit » est le récit douloureux d'une fille obligée d'attacher sa mère à son fauteuil, une fille qui a vu partir peu à peu ses petites voisines de chambre et tremblé à chaque instant pour elle. Je retiendrai de ce récit l'émotion ressentie par Annie à chaque fois qu'elle apercevait le visage de sa mère dans l'entrebâillement des portes de l'ascenseur, au moment de la quitter. J'ai découvert une nouvelle Annie Ernaux, bien différente de l'auteure de la Place dont j'avais regretté la froideur. Ici, l'émotion affleure à chaque page.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Ce livre est le journal d'Annie Ernaux au moment de la mort de sa mère. Je n'ai pas réussi à le lire tant cela m'évoquait la fin de ma propre mère.
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Tout ou presque a été écrit ici pour présenter cette publication des phrases qu'Annie Ernaux écrivait après ses visites hebdomadaires - ou presque - à sa mère, qui partait en morceaux car son cerveau était rongé, étouffé par le phénomène de la maladie d'Alzheimer ( beaucoup moins connue à l'époque qu'aujourd'hui). Je n'insisterai donc pas sur le caractère brutal, perturbant et bouleversant de ce qu'elle y décrit. Au passage je ne pense pas que les progrès de "prise en charge" (comme on dit de manière révélatrice) soient si importants depuis les années 1980.
La publication de ces écrits lui a posé problème et question : au début elle n'y pensait même pas. J'ai envie d'ajouter "bien sûr". Mais elle s'est décidé à le faire, de nombreuses années après pour "mettre en danger la cohérence d'une oeuvre" (quelque chose comme ça, je cite de mémoire). Ce que j'ai lu d'A. Ernaux à ce jour (dans l'ordre du livre "Écrire la Vie") me semble on ne peut plus cohérent, par le sujet ( sa vie, des événements forts dans sa vie, son père, sa mère, la complexité de l'évolution de ses relations avec eux, la condition des femmes, le mépris de classe etc..) et par l'écriture - rejeter l'émotionnel, le pathétique, décrire, dire, le plus précisément sans être long, le plus juste et proche des pensées, ressentis..
Pour ce "journal" publié, la fonction cathartique me semble évidente : sortir de soi en écrivant des mots des émotions submergentes ( ça se dit ça ?), garder des traces, redire la vie de sa mère (une Femme), formuler l'indicible, se débarrasser de ses affects et pensées inconfortables ..
Depuis 5 ans Annie Ernaux est plus âgée (84 ans) que sa mère quand celle-ci est morte (79 ans) et, je crois, heureusement pour elle en bien meilleure condition psychique, pour le bénéfice de tous ceux et celles qui apprécient et sont, paradoxalement à son style descriptif, touchés, émus par ses livres dont celui-ci, dont les dernières pages, principalement, sont à mon avis bouleversantes, qu'on ait vécu ou pas le même genre de situation.
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